1. Interr. dir. a) [Comment interroge sur la manière dont une action se déroule ou un fait se présente] −
Comment + verbe à forme pers. :5. virelade. − Comment es-tu entré? Tu as fait lever le jardinier?
alain. − Non, Monsieur, Élisabeth m'a donné la clef de la grille, cette après-midi.
Mauriac, Les Mal Aimés,1945, II, 3, p. 190.
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[Avec un affaiblissement de sens dans les tournures comment allez-vous, comment s'appelle-t-il?] :
6. Il gloussait, s'efforçant de donner à son puissant organe vocal un timbre caressant et velouté :
− Comment allez-vous, cher Marquis? Comment va Madame de Janville?
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 16.
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Comment + inf. délibératif.Casanova. − Comment vous croire? C'est impossible! Car vos yeux ont pris mon cœur pour cible! (Apollinaire, Casanova,1918, I, 10, p. 983):7. Vers quoi tendre, sinon vers Dieu? Comment se diriger? Où s'arrêter? Quand pouvoir dire : ainsi soit-il; rien ne va plus? Comment atteindre Dieu, partant de l'homme? Si je pars de Dieu, comment parvenir jusqu'à moi?
Gide, Thésée,1946, p. 1435.
b) [Comment interroge sur la manière d'être (la réponse étant fournie par un adj. ou un adv.)] : 8. Comment est-il? continua Lartois. Quelqu'un de votre milieu? Marié? À la dernière question seulement, elle hocha la tête en signe d'affirmation.
Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 119.
c) [Comment interroge sur les conditions dans lesquelles un procès peut avoir lieu. Ces conditions étant inconcevables, pour le locuteur, la phrase tend fréquemment dans ce cas vers l'exclamation] −
Comment + auxil. de mode (devoir, pouvoir, vouloir, oser, etc.).Comment voulez-vous que ça marche, quand il y a tant de salopes et tant de coquins sur la terre? (Zola, La Terre,1887, p. 406):9. La fête pendant la peste, pendant que meurent les pestiférés, nos frères et nos sœurs, les magnifiques, les héroïques pestiférés! Comment puis-je seulement penser à la fête?
E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 326.
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Comment en tournure pronom. impers. avec les verbes faire et pouvoir (comment se fait-il que..., comment se peut-il que...) :10. georget. − Mais comment se peut-il que tu n'aies jamais aimé? ... Au fait, c'est bête ce que je demande là.
H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 12.
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Comment + verbe au cond.Si nous sommes libres de nous ouvrir à un prêtre que nous aimons, comment agirait-il de même avec nous? (Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 347):11. Il paraît qu'il ne boit jamais une goutte de vin? Et comment en boirait-il? observa Quirin avec aigreur. Ils n'ont là-bas que de la bière.
Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 269.
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Comment + verbe équivaut à : Comment + auxil. de mode + verbe (comment se fait-il que, comment se peut-il que, etc.) :12. Il avait tenu tête au Sphinx; dressé l'Homme en face de l'énigme et osé l'opposer aux dieux. Comment alors, pourquoi, avait-il accepté sa défaite? En se crevant les yeux, même n'y avait-il pas contribué?
Gide, Thésée,1946, p. 1451.
d) [Comment permet d'interroger, non pas sur la manière de dire, mais, par contiguïté, sur le contenu même de l'information. Il sert à faire répéter ce que l'on n'a pas bien entendu ou compris. De sens très affaibli, il alterne alors avec que : comment dites-vous? Comment voulez-vous dire?] : 13. − Qui l'a converti?
− L'empereur.
− Comment veux-tu dire? Un porte-dieu. Dieu lui fit la grâce qu'il demeurât tel jusqu'au bout.
Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913, p. 23.
2. Interr. indir. a) [L'interr. porte sur la manière dont une action se déroule] :
14. [Garcia] nous a dit, comme preuve de son grand talent de comédienne, que [la Malibran] ne savait jamais comment elle jouerait.
E. Delacroix, Journal,1852, p. 171.
15. gowan, à Stevens. − Vous voyez? Exactement la température qui convient. Un service parfait! Voilà comment je suis dressé!
Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, I, 2, p. 835.
b) [L'interr. porte sur la manière d'être] Je ne t'invite pas à venir. Tu sais bien comment nous sommes, nous des gens tout seuls, mais le cœur y est (Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance gén.,1882, p. 16):16. mademoiselle andriot. − Elle vient, elle fait marcher sa serinette de vertu... Allez, je sais bien comment sont les hommes : il n'y a que les crétines qui soient aimées.
Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, I, 2, p. 783.
c) [Comment interroge sur les conditions dans lesquelles un procès peut avoir lieu] : 17. Ce que nous en disons, c'est pour expliquer comment le premier nom qui vient sous notre plume est le nom de David, au lieu d'être celui de Léonard de Vinci ou de Raphaël.
T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 4.
Rem. Comment, adv. de manière, peut perdre sa valeur interr. et se substituer à comme à la faveur d'une coordination avec où ou quand. S'il y a des défauts dans la constitution des Cortès, ce sera la nation qui corrigera ces défauts, quand et comment il lui plaira (Chateaubriand, Congrès de Vérone, t. 1, 1838, p. 461).
3. [Dans des phrases interr. ell.] a) [Comment sert à interroger sur la manière] −
[En interr. dir.] La maison religieuse est jetée par terre. Il faut la relever. Comment? (Barrès, Mes cahiers,t. 5, 1906-07, p. 137):18. Et bien! Tant pis, il faut se débrouiller. Comment? Je ne sais pas très bien, mais il faut se débrouiller.
J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1905, p. 40.
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[En interr. indir. avec des verbes du type dire, savoir, sentir] Je sens que le feu brûle, mais je ne sais ni comment ni pourquoi (A. France, Thaïs,1890, p. 36).Je me trouvai dehors sans trop savoir comment (A. France, Sur la pierre blanche,1905, p. 249).Rem. Except. comment peut perdre sa valeur interr. et être employé uniquement comme adv. de manière. À cause de la tournure exclam. dans laquelle il entre alors, il signifie « d'une manière extraordinaire, bizarre, etc. » Je sors de chez moi, vêtu comment! Ça m'est égal, au contraire! (Renard, Journal, 1897, p. 381).
b) [Comment sert à marquer la surprise, l'étonnement, l'indignation] Comment! Vous voilà! cria-t-il? Mais je ne comptais sur vous que demain! (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 4).Comment, vous le connaissez? − Mais c'est un homme charmant, vous savez (Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 70):19. Elle déplorait comme un désastre cette infraction que j'allais y faire et, sur un ton navré, disait : « Comme vous êtes léger » à mon père qui, furieux, répondait : « Comment, c'est vous maintenant qui ne voulez pas qu'il y aille! C'est un peu fort, vous qui nous répétiez tout le temps que cela pouvait lui être utile ».
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 439.