CLINQUANT, ANTE, adj. et subst. masc.

CLINQUANT, ANTE, adj. et subst. masc.
I.− Adj. Qui a un éclat très voyant, parfois agressif ou tapageur. Cette dorure très clinquante (...) a l'inconvénient de se ternir rapidement (Viaux, Le Meuble en France,1962, p. 28).
Au fig. :
1. Pour n'avoir pas à prononcer un nom aussi clinquant que le sien [Princesse d'Austerlitz], tout le monde l'appelait Hortense... Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 37.
II.− Substantif
A. Ornement brillant fait de lamelles d'or ou d'argent (vrai clinquant) ou de lamelles de métal doré ou argenté (faux clinquant), employé en particulier pour orner des dentelles, des tissus ou des broderies. C'était un manteau de théâtre, en satin fané, bordé de franges de clinquant (G. Sand, Consuelo,t. 3, 1842-43, p. 67).Casaque de velours orangé à clinquant d'argent (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 8, 1851-62, p. 165).
P. ext., rare. Ce qui, tout en ayant une valeur certaine, a un éclat somptueux, parfois tapageur. L'emploi du sombre ébène, le clinquant de la marqueterie de cuivre, d'ivoire et d'écaille, plaisent aux contemporains de Napoléon III (Viaux, Le Meuble en France,1962p. 164):
2. Cromwell de ce clinquant veut s'entourer encor. − Quand je dis ce clinquant, c'est bien de très bon or. − Or vierge de Hongrie. Hugo, Cromwell,1827, p. 317.
TECHNOL. Métal en feuilles très minces. Clinquant d'aluminium, de cuivre, de laiton. Les premières dynamos ont fait usage de balais métalliques constitués par (...) des lames minces de clinquant (A. Soulier, Les Gdes applications de l'électr.,1916, p. 71).
B. P. ext., péj., usuel. Ce qui, malgré son apparence précieuse et son éclat parfois trop voyant, n'a pas de valeur réelle. Bijoux de clinquant :
3. ... une boutique de bimbeloterie, toute reluisante de clinquants, de verroteries et de choses magnifiques en fer-blanc. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 464.
Au fig. Ce qui est recherché, brillant, généralement superficiel ou factice et parfois de mauvais goût. Tout ce clinquant de style et de fausse érudition m'agrandissait les yeux d'étonnement (Green, Journal,1941, p. 157):
4. Par ce qu'il [Hugo] a de pire, par son théâtre, il n'échappe à ce qui relève de l'observation que pour donner dans le clinquant et dans le creux... Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 242.
Rem. 1. On rencontre en outre le verbe trans. clinquanter. Charger de clinquant. Attesté ds la plupart des dict. du xixes. ainsi que ds Lar. 20eet Lar. Lang. fr. Au fig. Ces in-octavos que le faux goût clinquante Et qui n'en sont pas moins cotés sept francs cinquante (A. Pommier, Colères, 1844, p. 105). 2. Le verbe simple clinquer est attesté ds la docum. au sens de « produire des bruits secs et sonores ». Après une journée entière de liberté alcoolique, voici les esclaves qui tressaillent un peu, (...) ils s'ébrouent et font clinquer leurs chaînes (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 371). Clinquant, part. adj. correspondant à ce sens est attesté dans les mêmes limites. Leurs chevaux libérés, étriers fous et clinquants, galopaient à vide (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 40).
Prononc. et Orth. : [klε ̃kɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ds Ac. 1694-1932 uniquement en tant que subst. masc. Étymol. et Hist. A. 1526 adj. « qui fait du bruit » (G. Cretin, Complainte, p. 62 ds Hug.); à nouv. en 1932 (Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 40). B. 1. a) mil. xves. adj. « brillant » (O. de La Marche, Mémoires ds Gdf. Compl. : or clicquant); d'où 1454 subst. clincant « lamelle d'or ou d'argent » (Archives du Nord, B 2017, fol. 249); ca 1570 clinquant (Carloix, Mémoires de la vie de François de Scepeaux, IV, 12 ds Littré); b) 1680 « mauvaise imitation de métaux précieux » (Rich.); 2. 1667 fig. « éclat faux et trompeur » (Boileau Satire IX, 176); d'où 1844 adj. « qui a du brillant mais peu de valeur » (E. Chapus, Théorie de l'élégance, p. 114). Var. nasalisée de cliquant (1306, cliquens « qui fait du bruit » [G. Guiart, Royaux lignages, éd. J.-A. Buchon, I, 2952]), part. prés. adj. de cliquer « faire un bruit métallique, résonner » (cliqueter*). L'évolution sém. de A à B s'explique par un transfert synesthésique, la représentation visuelle se substituant à la représentation auditive (FEW t. 2, 786a, s.v. klink-). Fréq. abs. littér. : 101. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 427.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·