1. [Avec l'idée de couper, de diviser] a) [Cf. cisaillement A 2] Faire cesser la continuité d'une chose, ou interrompre le cours : 2. ... certains transports parallèles au front (...) ne pouvaient être que postérieurs aux principaux transports de concentration, sous peine de les cisailler.
Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 193.
b) ART. MILIT. Rompre une ligne de défense ennemie : 3. ... le « clou » de l'attaque étant l'action des chars B, qui, obliquant de l'ouest vers l'est, ont mission de cisailler l'arrière de la ligne allemande.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 36.
2. [Avec l'idée de dégrader, de détériorer] a) Arg. Dépouiller quelqu'un de tout son argent, le ruiner : 4. Je ne pouvais écrire [mon livre] qu'au bistrot et j'ai été cisaillé par les consommations... je crains fort que tous mes droits d'auteur ne me remboursent qu'à peine.
F. Trignol, Pantruche,1946, p. 199.
b) Pop. Rendre quelqu'un incapable de réagir, le stupéfier. L'inconnu se sentit à bout, vaincu. (...) les impressions contraires avaient été trop fortes; elles l'avaient cisaillé (J. de la Varende, L'Homme aux gants de toile,1943, p. 139).
3. [D'apr. la forme du fer à repasser qui ressemble à des ciseaux cf. cisaille A 1] Repasser une pièce (bonnet, collerette) en la tuyautant. Rem. Sens attesté ds Lar. 19e-20e, Littré, DG, Guérin 1892, Quillet 1965 et Lar. Lang. fr.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adjectivé cisaillant. [En parlant de l'intonation, de la voix d'une pers.] Péremptoire, tranchant. Ce ton cisaillant, irrévocable, qu'il prenait quand il ne savait plus où donner de la tête (A. Arnoux, Suite variée, 1925, p. 231). b) Le part. passé adjectivé cisaillé, arg. [En parlant d'une pers.] Ruiné, sans argent. Je l'ai toujours vu sortir du champ [de courses] cisaillé (A. Simonin, Le Pt Simonin ill., 1957, p. 68). c) Le subst. masc. cisailleur. Ouvrier qui coupe ou découpe du métal, du carton, etc. avec une ou des cisailles. Cisailleur de série, sur tracé (Mét. 1955; attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Quillet 1965 et Lar. Lang. fr. qui enregistre aussi la forme fém. du mot). d) Le subst. fém. cisailleuse. Machine-outil servant à couper les barres, plaques ou feuilles métalliques. Lame de cisailleuse (R. Champly, op. cit., t. 4, 1927, p. 54; attesté ds Lar. 20e, Lar. Lang. fr.).