−
P. ext., VÉN. Reposée du cerf, endroit retiré du bois où il se couche pendant le jour. Pensez aux nids, dit l'un [des forestiers], aux liteaux, aux terriers, aux chambres de feuilles où les biches allaitent leurs faons (Genevoix, Routes de l'aventure,1958, p. 117).SYNT. Chambre à alcôve, à baldaquin, à coucher, à deux (trois, etc.) lits; chambre à louer; chambre d'amis (synon. chambre à donner); chambre de bonne, de domestique, d'hôte, d'hôtel, de parade; chambre avec cabinet de toilette, avec douche, avec kitchenette, avec penderie, avec placards, avec salle de bains; chambre conjugale, nuptiale, mortuaire; réserver, retenir une chambre à l'hôtel.
−
Loc. diverses ♦ Absol., HIST. La chambre. La chambre du roi, la pièce où il couchait. Page de la chambre, premier gentilhomme de la chambre, huissier de chambre (Hugo, Ruy Blas,1838, II, 2, p. 375).
♦
Femme, fille de chambre (vx), valet de chambre. Domestique attaché au service personnel de quelqu'un ou des clients d'un hôtel (v. aussi camérier, camériste, chambrière). Elle supprima la femme de chambre, ne garda plus que sa cuisinière et une femme de ménage (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 759).Péj. Objection de femme de chambre (J. de Maistre, Souveraineté,1821, p. 428).P. métaph. L'honneur et la morale sont femmes de chambre (Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 123).Rem. Vx et pop., chambrillon, subst. fém. Jeune servante à petits gages. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965.
♦ Pot de chambre. Synon. vase de nuit.
♦
Robe de chambre. Vêtement ample d'intérieur, qu'on enfile ordinairement par-dessus la chemise de nuit ou le pyjama, pour se mettre à l'aise chez soi (cf. aussi robe). Rem. On rencontre aussi au xixes. costume de chambre (Flaubert, La 1reÉducation sentimentale, 1845, p. 62) et veste, veston de chambre (cf. Ponson du Terrail, Rocambole, t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 66).
♦
Chambre d'amis (p. métaph.) : 6. ... j'avais toujours gardé à l'intérieur de moi-même une chambre d'amis à la disposition de Gide. Nulle image qui définisse mieux ce que fut toujours, ce qui est encore aujourd'hui notre relation...
Du Bos, Journal,1927, p. 218.
♦ Chambre garnie. Chambre meublée, à louer avec son mobilier. Se mettre en chambre garnie. Je vous louerai en garni la chambre que vous deviez occuper, et où se trouvent les meubles de mon locataire insolvable (Murger, Scènes de la vie de Bohème,1851, p. 28).P. ell., vx, fam. Mettre une fille, une femme en chambre. La mettre en chambre garnie ou en appartement et l'entretenir.
♦
Au fig. Mettre, tenir qqn en chambre. Le forcer à jouer et le duper au jeu (cf. circonvenir, chambrer). Rem. Attesté ds Ac. 1835, 1878, Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892 et Nouv. Lar. ill.
♦ Chambre haute. Pièce aménagée sur le toit en terrasse des maisons de Palestine (cf. Actes des Apôtres, I, 13 et XX, 8 ds Pierreh. Suppl. 1926). Ils [les apôtres] s'agenouillaient ensemble (...) dans une chambre haute, et ils s'entretenaient en commun du maître et de l'ami Jésus (G. Sand, Lettres d'un voyageur,1837, p. 197).
♦ Chambre nuptiale P. métaph. Et ces oiseaux (...) viennent chercher l'âme pour la conduire dans la chambre nuptiale de la plaie qui saigne au côté du Christ (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 265).
♦ [En parlant d'un couple marié] Faire chambre à part. Dormir chacun dans une chambre séparée. Anton. faire chambre commune.Puis, après une nuit passée dans la même alcôve, ils font chambre à part (Zola, Madeleine Férat,1868, p. 264).
♦ Garder la chambre. Rester chez soi à cause d'une maladie ou d'une indisposition. Geneviève relevait d'une maladie qui l'avait obligée à garder la chambre pendant deux mois (Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 19).
♦
[En parlant d'un artisan, d'un ouvrier] Travailler en chambre. Travailler chez soi sans avoir de boutique, d'atelier, et pour le compte d'un employeur. Ouvrier, artiste en chambre : 7. La salle à manger était devenue un véritable atelier de couturières. Maman, qui a tant cousu dans sa vie, abattait la besogne d'une bonne ouvrière en chambre. De grand matin, Marguerite allait chez le confectionneur reporter l'ouvrage et quérir des étoffes, des modèles.
G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 169.
♦
P. ext., iron. ou péj. Diplomate, politicien, stratège en chambre. Théoricien incompétent et inexpérimenté qui se permet de porter des jugements critiques en matière de politique, de guerre, etc. Moraliste, philosophe en chambre; politique de chambre : 8. En ce qui concerne le gouvernement et la politique de l'Empereur, Thiers n'est pas un historien en chambre; il sait ce que sont les affaires, la diplomatie, l'administration, les bureaux.
Thibaudet, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 271.