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AUMÔNE, subst. fém.

AUMÔNE, subst. fém.
A.− Don matériel ou en espèces fait aux pauvres par charité. Distribuer des aumônes; donner l'aumône, en aumône, par aumône; être à l'aumône, vivre d'aumônes :
1. C'est une vérité incontestable qu'il y a en France sept millions d'hommes qui demandent l'aumône, et douze millions hors d'état de la leur faire. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 79.
Dérober l'aumône aux pauvres. Demander une aide financière alors qu'on pourrait éviter de le faire.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
Emplois partic.
1. Action de donner des aumônes :
2. L'aumône était considérée [par les chrétiens] comme un devoir strict. E. Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Marc-Aurèle et la fin du monde antique, 1881, p. 600.
2. Rare. Qualité d'une personne généreuse en aumônes :
3. Eudes, saint évêque dont la charité inépuisable et l'aumône forment les traits principaux, avait ce qu'on appelle le don des larmes : ... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 43.
3. [L'aumône personnifiée] :
4. La commisération, devant ce haillon humain, devait frissonner de dégoût, et l'aumône lui jetait son obole en détournant la tête. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 364.
B.− P. ext.
1. Toute forme d'aide accordée à une personne, parfois à une collectivité, à un animal ou à un inanimé personnifié, par une personne, une collectivité ou un inanimé personnifié :
5. ... la bonne femme le suit des yeux une minute, puis elle laisse tomber, en retournant à son feu, cette sublime aumône du pauvre : que Dieu le protège! Musset, Fantasio,1834, I, 2, p. 195.
6. Dons, offrandes, aumônes n'ont cessé, des siècles durant, de prendre le chemin de la Terre-Sainte. Weill, Le Judaïsme,1931, p. 55.
2. Au fig. Faveur accordée par charité ou par commisération à une personne, une collectivité, parfois un animal ou un inanimé personnifié, par une personne, une collectivité ou un inanimé personnifié :
7. ... mais souvent le maniaque, (...), se fourrait au lit sans faire à sa fille l'aumône d'un sourire ou d'un mot. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 758.
C.− Spéc., dans différents domaines techn.
1. BÂT., vx. ,,Maison religieuse, hôpital`` (Guérin 1892) :
8. L'avocat demanda (...) que le duc de Bourgogne fût contraint de payer un million d'or, (...) pour fonder des hôpitaux, colléges de religieux, chapelles, aumônes et autres œuvres de piété pour le salut de l'âme du défunt, ... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1824, p. 86.
2. DR. ANC. Amende infligée à un accusé pour certains crimes ou certains délits, et attribuée le plus souvent aux hôpitaux ou aux prisons.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
3. HIST. Sous l'Ancien Régime, donation ayant généralement la forme d'une terre ou d'une rente, accordée par un seigneur à l'Église; p. ext., biens d'Église :
9. Notons seulement avec Racine, en son élégant Abrégé, que l'ancien Port-Royal eut pour bienfaiteur tout spécial Saint Louis, qui donna aux religieuses, sur son domaine, une rente en forme d'aumône dont elles jouirent jusque dans le dix-septième siècle. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 49.
SYNT. Aumône fieffée. Donation faite par le roi. Aumône franche ou pure. Bien exempt de toute obligation matérielle (charges, redevances) vis-à-vis du seigneur.
4. RELIGION
a) Chrétienne
Grâce accordée par Dieu :
10. Des cœurs aimants, ô Ravisseur, Tout ce que j'ai je vous le donne À Vous qui n'êtes que douceur. Mon Don, c'est encor votre aumône, Mais la voici toute, Seigneur. F. Jammes, De tout temps à jamais,1893-1938, p. 150.
Rem. Attesté ds Lar. 19e-Lar. encyclop.
Argent que reçoit un prêtre pour l'accomplissement de sa charge :
11. Le métier de prêtre ou de papas est assez lucratif, sans être trop pénible, et la plupart des prêtres grecs élèvent confortablement leur petite famille. Si l'autel ne rend pas assez, si la récolte d'aumônes est mauvaise, le papas trouve d'autres ressources dans l'agriculture ou le commerce. About, La Grèce contemp.,1854, p. 270.
b) Musulmane. Aumône légale. Obligation imposée aux Musulmans de partager leurs biens suivant des conditions bien précises :
12. Aussi voit-on, dans de nombreux Hadîth (traditions), que Mahomet définit l'Islam comme étant la profession de foi (il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son Prophète ...), et le respect des ordres divins représentés par les obligations fondamentales, les cinq prières quotidiennes, le jeûne de Ramadan, le pèlerinage à la Mecque, l'aumône légale, à quoi s'ajoute parfois la guerre sainte. Philos., Relig.,1957, p. 5205.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. aumônage, subst. masc. (La Varende, La Sorcière, 1954, p. 69; suff. -age*). Action de demander l'aumône.
PRONONC. ET ORTH. : [omo:n] ou [ɔ-]. Dub. transcrit [o] fermé, Pt Lar. 1968 [ɔ] ouvert. Harrap's 1963, Pt Rob. et Warn. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. (à ce sujet, cf. augmenter). Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent [oˑ] fermé mi-long pour la 1resyll., mais admettent [o:] fermé long ou [ɔ] ouvert pour la 2esyll. : oˑmɔn. Grammont Prononc. 1958, p. 23, écrit : ,,Il convient (...) d'examiner tout seul le mot aumône, dont les deux o réagissent de telle sorte l'un sur l'autre que l'on rencontre pour chacun toutes les prononciations possibles; on trouve ómón avec les deux o fermés et le deuxième long, ómòn avec les deux o brefs, mais le premier fermé et le second ouvert, òmòn avec les deux o ouverts et le deuxième long; dans cette dernière prononciation, qui n'est pas la plus rare, le timbre ouvert du premier o est dû à une harmonisation avec l'o accentué, qui l'a fait déroger à la règle générale.`` Pour l'hésitation entre [o] et [ɔ] à la 2esyll., cf. aussi Nyrop Phonét. 1951, p. 171, § 237 et V. Buben 1935, p. 42, § 27. Les dict. hist. notent [o] fermé à la 1reet à la 2esyll. Le mot est écrit sans accent circonflexe ds Hugo (Les Chansons des rues et des bois, 1865, p. 212).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1remoitié xes. « don charitable fait aux pauvres » (Fragm. de Valenc., vo, 1. 30 ds Gdf. Compl. : Faites vost almosnes); 1172-75 « acte de charité » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 2827 ds T.-L. : Ja ne feras pechié ne mal, Einçois sera aumosne et biens). Du lat. chrét. elemosina (empr. au gr. eccl. ε ̓ λ ε η μ ο σ υ ́ ν η) « don charitable » (Tertullien, Idol., 22, p. 55, 24 ds TLL s.v., 351, 52); « acte, œuvre de charité » (Id., Bapt. 18, p. 215, 24, ibid., 350, 84); l'e initial est ouvert en a- au contact du l implosif suivant (Fouché p. 446).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 795. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 420, b) 1 476; xxes. : a) 1 526, b) 459.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. Suppl. 1967. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Cap. 1936. − Cohen 1946, p. 14. − Darm. Vie 1932; p. 50. − Dheilly 1964. − Dupin-Lab. 1846. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 4. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 191. − Lacr. 1963. − Lep. 1948. − Le Roux 1752. − Marcel 1938. − Pope 1961 [1952], § 380, 593. − St-Edme t. 2 1825. − Théol. bibl. 1970. − Théol. cath. t. 1, 2 1909.

AUMÔNER, verbe trans.

AUMÔNER, verbe trans.
DR. ANC. [Le suj. désigne une pers.] Payer une amende destinée aux pauvres ou à un établissement charitable, en raison d'une condamnation judiciaire :
1. Par arrêt du 3 août 1701 le parlement condamna le sieur Beausergent et la dame Jolivet, convaincus de voie de fait envers la dame de Liancourt, à aumôner chacun 100 livres au pain des prisonniers. St-Edme t. 2, 1825, s.v. aumône.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
Emploi abs. On ne condamne plus à aumôner (Ac.1835et 1878).
Au passif. [Le suj. désigne une pers.] Être aumôné. Être condamné par la justice à payer une aumône.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
P. ext., vieilli
[Le suj. et l'obj. désignent une pers. ou une collectivité] Accorder une aide ou une simple faveur matérielle ou morale :
2. ... au lieu de lui faire une pension, elle l'avait aumôné d'une misérable somme d'argent que le prince n'aurait pas dû accepter... E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1233.
[L'obj. désigne l'aumône] :
3. Hingant, conseiller au parlement de Bretagne, s'était refusé à recevoir le traitement que le gouvernement anglais accordait aux magistrats français, de même que je n'avais pas voulu accepter le schelling aumôné par jour aux émigrés... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 444.
Littéraire :
4. Princesse apanagée du jour, descend, et les pieds nus, les gradins verts du ciel pour aumôner l'enfance au front bouclé des eaux. Saint-John Perse, Amers,p. 130 (Rheims 1969).
PRONONC. ET ORTH. − Dernière transcr. ds DG : ó-mó-né. Tous les dict. hist. précédents notent [o] fermé à la 1reet à la 2esyll. du mot. Cf. aumône. Fér. 1768 écrit aumoner sans accent circonflexe sur le o pour souligner que cet [o] est bref. Aumoné. Seule transcr. ds Littré : ô-mô-né, fém. -née. Enregistré sans accent circonflexe ds Ac. Compl. 1842.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1133 « donner en aumône, céder à titre gratuit » (Test. conjonct. de Renaud, Tailliar ds Gdf. : Et ke no poieons raekater nos fourfet en eumonant as eglises de Dius et as povres [Dans les Preuves de l'H. de Cambrai, II, 18, on a écrit enmonant]), rarement attesté après le xvies. comme terme général; 1680 dr. « payer une somme aux pauvres en vertu d'une condamnation judiciaire » (Rich. : Il a été condamné à aumôner au pain des prisonniers), qualifié de ,,terme de pratique ancienne`` dep. Ac. 1835. Dér. de aumône*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 7.
BBG. − Pamart (P.). Mots de Chateaubriand. Vie Lang. 1969, p. 571. − Rheims 1969.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·