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Spéc., RELIG. CHRÉT. Athlète de la foi, athlète de Jésus-Christ ou absol. Personne qui lutte (jusqu'à la mort) pour défendre sa foi, martyr(e) : 8. Je lis l'abbé De Lamennais (...) c'est une conscience de martyr, toujours prête à s'immoler à ce qu'il croit la vérité, une conscience qui, comme la mienne, ne le laisse pas dormir, mais qui l'éveille en sursaut quelquefois au milieu d'un rêve qu'il prend pour une réalité. C'est un grand athlète antique qui ne craint pas d'ôter son habit et de combattre nu devant le peuple.
Lamartine, Correspondance,1836, p. 242.
PARAD. (Quasi-) synon. combattant, défenseur, émule, héros, lutteur, zélateur.
Rem. 1. Dans l'ex. suiv. athlète s'emploie comme premier élément de composé, dans un sens ambivalent (qui relève à la fois de l'accept. B a et B b spéc.) :
9. Malgré la force du soldat qui résiste dans le martyr, il y a un mouvement de douleur qui révèle bien qu'il est vaincu : − les genoux portent en dedans comme les genoux d'une femme. − Ce mouvement est très beau. − Dans un sujet pareil, abordé avec cette hardiesse qui conçoit Sébastien en athlète-martyr et le muscle pour expliquer cette masse de flèches sous laquelle il périt et qui ne l'a pas renversé encore, il n'y a que Van Dyck au monde qui pût introduire cette incroyable élégance, − l'élégance dans la force presque massive, l'élégance dans la plus physique des douleurs!
Barbey d'Aurevilly, 3eMemorandum,1856, p. 39.
Rem. 2. Athlète a parfois servi, p. métaph., personnification, à désigner une chose concr. ou abstr. qui, par sa vigueur, sa combativité, etc., rappelle l'athlète :
10. ... le tronc des jeunes arbres sortit de là-dessous, lisse, éclatant, de couleur tendre, agréable au toucher, à la vue. On eût dit de beaux athlètes nus, frottés d'huile, vigoureux, aux muscles tendus.
Gide, Journal,1916, p. 553.
11. Je vous remercie de cette grande lecture. Votre style a des muscles d'athlète, vous convainquez, et vous vainquez.
Hugo, Correspondance,1864, p. 465.
Rem. 3. Athlète est donné comme masc. par tous les dict.; pourtant, certains dict. à partir de l'Ac. 1932, signalent la possibilité d'emploi au fém. C'est sans doute en raison de son apparition tardive que la forme fém. a été remplacée, chez certains aut., par une expression périphrastique (athlètes féminins : cf. Huysmans, L'Art moderne, 1883, p. 44) ou néologique (athlétesse : cf. Queneau, Loin de Rueil, 1944, p. 78).
Rem. 4. On rencontre dans la docum. le néol. athlétiser (s'), verbe trans.; dér. de athlète*, suff. -iser*. Sp., Donner, prendre la force, la résistance d'un athlète. ,,Le garçon soi-disant souffreteux et débile dont j'ai toujours pensé qu'il nous enterrerait, peu à peu « s'athlétise », comme parlent nos sportifs; plus de foulard, plus de tricots, plus de mitaines aux poignets.`` (Blanche, Mes modèles, 1928, p. 204).