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ASPIC1, subst. masc.

ASPIC1, subst. masc.
A.− ZOOLOGIE
1. HERPÉTOLOGIE
a) Serpents venimeux d'Afrique et du Moyen-Orient :
1. De quelle mort avait péri Cléopâtre? On ne l'a bien su jamais : le bruit courut qu'elle s'était fait apporter un aspic caché dans un panier de belles figues; et lorsqu'elle vit le reptile libérateur sortir de la fraîche verdure sa petite tête hideuse, elle aurait dit : te voilà donc! ... Michelet, Hist. romaine,t. 2,1831, p. 327.
b) Vipère d'Europe, vipère commune (coluber aspis). Aspic d'eau.
2. P. ext., ICONOGR. CHRÉT. et MÉDIÉV. Animal fabuleux figurant l'emblème de la convoitise, de l'incrédulité, du mal, et représenté le plus souvent sous la forme d'un reptile court sans pattes ou bien sous celle d'un quadrupède aux pattes très courtes et à la queue de serpent (infra ex. 4).
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.
B.− Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] Homme ou femme tenant des propos médisants, calomniateurs. Langue d'aspic. Synon. langue de vipère :
2. − Si vous réfléchissez trop longtemps, vous finirez par manquer le rendez-vous de Faugerolle, qui est une langue d'aspic, le plus venimeux de tous vos futurs collègues. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier,1945, p. 88.
Rem. Cet emploi existe dans la lang. littér. comme dans la lang. arg. ,,L'aspic des voleurs n'est que la vipère des honnêtes gens`` (Larch. 1880) :
3. Le facteur cet affreux aspic il a pas omis de venir immédiatement nous raconter... Il a fait un détour exprès! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 611.
2. [En parlant d'un inanimé abstr. représentant certaines formes du mal, mauvais sentiments, bas instincts, etc.] :
4. Elle allait parmi les ténèbres, Poursuivant, chassant, dévorant Les vices, ces taupes funèbres, Le crime, ce phalène errant; Arrachant de leurs trous la haine, L'orgueil, la fraude qui se traîne, L'âpre envie, aspic du chemin, Les vers de terre et les vipères, Que la nuit cache dans les pierres Et le mal dans le cœur humain! Hugo, Les Contemplations,t. 2,1856, p. 196.
C.− Lang. techn., ARM. (artill.). Pièce d'artillerie utilisée au xvies. lançant des boulets de 12 livres.
Rem. Attesté ds de nombreux dict. du xixeet du xxesiècle.
D.− TECHNOL. Outil en forme de langue d'aspic servant à forer. Mèche à langue d'aspic (A. Croneau, Construction pratique des navires de guerre,t. 1,1892, p. 72).
Rem. Attesté ds Chabat 1881, comme terme de serrurerie.
PRONONC. : [aspik]. Dub. donne deux possibilités de prononc. aspik ou aspi. [k] final ds tous les dict. hist. Lar. 19eécrit à ce sujet : ,,quelques-uns pron. a-spi et nous ne considérons pas cela comme une faute à moins que le mot suivant ne commence par une voyelle ou un h muet``.
ÉTYMOL. ET HIST. − V. aspic3.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Chabat 1881. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 44. − Duch. 1967, § 19. − France 1907. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 90. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Michel 1856. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870. − Tondr.-Vill. 1968.

ASPIC2, subst. masc.

ASPIC2, subst. masc.
BOT. Aspic ou spic. Nom vulgaire de la grande lavande ou lavande mâle (lavandula spica) de la famille des labiées :
1. Ce ne sont, il est vrai, qu'herbes dures et sèches, cytises, thyms, aspics, lavandiers et chardons gris : sur ces plateaux pierreux qu'a grillés l'été. Mais Arnaviel, depuis trente ans qu'il conduit les troupeaux vers les Alpes, n'a jamais pris d'autre chemin, à son retour. Il aime les lieux sauvages, les hauteurs. Il est dans sa nature de hanter volontiers les crêtes des collines. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 324.
Huile ou essence d'aspic. Substance liquide, volatile, jaunâtre, d'odeur camphrée, obtenue par distillation des fleurs de cette lavande et utilisée en médecine vétérinaire et en droguerie :
2. « La maison A. Popinot tient également des huiles de la droguerie, comme néroli, huile d'aspic, huile d'amande douce, huile de cacao, huile de café, de ricin et autres. » Balzac, César Birotteau,1837, p. 182.
ÉTYMOL. ET HIST. − xies. bot. espig « Lavandula spica et parfum que l'on en tire » (Gloses de Raschi, éd. Darmesteter et Blondheim ds T.-L.); 1170-1200 espis (Lambert Le Tort, A. de Bernay, Alexandre, éd. H. Michelant, 525, ibid. : Lins, alöès et ambre, nardus et autre espis Ardoient en la sale); ca 1170 espic (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 6803, var., ibid.); 1492 eau d'espic « eau de lavande » (G. Tardif, Fauconnerie, 1, 108, Jouaust ds Quem. : Baigne son past et sa cure en eau d'espic); 1525-30 aspicq « lavandula spica » (J. Thénaud, Le Voyage et itéraire [sic] de oultre mer, éd. Schefer, p. 8 ds Fr. mod., t. 23, p. 300 : A ceste cause, nous convint jecter maintes charges de graines d'aspicq et de papier en mer). Empr. à l'a. prov. espic « épi » (xiies. ds Rayn.) et « lavande » (xiiies. ds T.-L. s.v. espic) v. épi; la forme avec initiale a- est due sans doute a) à l'influence (par étymol. pop.) de aspic, désignation du serpent ou de la vipère dans nombre de dialectes cf. FEW t. 1, p. 157b, s.v. aspis (du point de vue de l'usage : la plante pouvant être utilisée contre les piqûres d'aspic − ou du point de vue de la forme : la feuille lancéolée pouvant être comparée à un aspic); b) peut-être aussi influence du syntagme lat. sav. lavandula spica.
BBG. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Comm. t. 1 1837. − Duch. 1967, § 19. − Duval 1959. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Grand. 1962. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Nysten 1824. − Pope 1961 [1952], § 750. − Privat-Foc. 1870. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 353.

ASPIC3, subst. masc.

ASPIC3, subst. masc.
ART CULIN. Plat froid à base de viande, de volaille, de gibier ou de poisson, plus rarement de légumes ou de fruits, diversement décoré et recouvert d'une gelée prise en moule. Aspic de foie gras :
1. Il vit l'Allemagne et l'Angleterre, un peu Saint-Pétersbourg, parcourut la Hollande; mais il se sépara desdits trente mille francs en vivant comme s'il avait trente mille livres de rente. Il trouva partout le suprême de volaille, l'aspic, et les vins de France, entendit parler français à tout le monde, enfin il ne sut pas sortir de Paris. Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 609.
SYNT. Aspic de volaille, de perdreaux, de langouste, etc.
P. ext. Gelée (dont la nature diffère suivant la denrée traitée) utilisée pour préparer ces plats :
2. Sur les tables où l'on recherche la variété, on voit servir des gelées faites en moules et renversées (...). Il s'agit de faire une gelée avec du jus (...). Les cuisiniers appellent cette gelée aspic et s'en servent à chaud pour améliorer les sauces − mais son emploi le plus marquant est de la faire prendre en moule... L.-E. Audot, La Cuisinière de la campagne et de la ville,1896, p. 151.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1213 aspis « vipère » (Fet des Romains, 604 Flutre de Vogel ds Quem. : Et li premiers serpenz qui en nasqui si fu aspis, dont li venins est plus cruiex que d'autres serpenz); 1250 espic « id. » (R. de Fournival, Bestiaire d'amour, ms. Dijon 299, fo26bds Gdf. Compl. : Se jou n'avoie del herbe de quoi li espics fait salir la chenille hors du pertruis de son ni); 1461 aspic « id. » (Villon, Gr. testam., 1429, ibid. : En sang d'aspic et drogues venimeuses). II.− 1742 culin. (F. Marin, Suite des dons de Comus, Paris, t. 3, p. 361 ds Fr. mod., t. 23, p. 300 : On en peut mettre dans certaines petites sauces, ravigotte ou d'aspic, ou remoulade). I empr. tardif à forme demi-sav. du lat. aspis, -idis (Varron, Frag. rer. hum. ds TLL s.v., 842, 81) lui-même empr. au gr. α ̓ σ π ι ́ ς, -ι ́ δ ο ς. D'où maintien de i, et hésitation sur la forme aspi(c), aspide (Brunet Latin ds T.-L.). Dès le début, infl. de basiliscu(m) (cf. Ps. XC, 13 : super aspidem et basiliscum ambulabis), d'où *aspiscu(m). Un cas suj. sing. et un cas régime plur. *aspiscs ont pu donner par dissimilation de s implosif *aspics; d'où l'on a pu tirer une forme de cas régime aspic. II ce mot a été rapproché de aspic « vipère » pour diverses raisons. D'apr. Dauzat (Études de linguistique française, 1938, p. 195 et Dauzat68) parce que la gelée d'aspic était jadis coulée dans des moules dont la forme rappelait celle d'un serpent roulé sur lui-même. D'apr. Bl.-W.5, ce plat serait ainsi dénommé, p. compar. des couleurs variées de cette gelée avec celle du serpent de ce nom.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 92.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bouillet 1859. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 44, 195. − Dumas 1965 [1873]. − Lar. mén. 1926. − Lasnet 1970. − Mont. 1967. − Mots rares 1965.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·