1. [En parlant d'une pers., de son caractère] :
6. La politesse est une sorte d'émoussoir qui enveloppe les aspérités de notre caractère, et empêche que les autres n'en soient blessés. Il n'est jamais permis de s'en dépouiller, même pour lutter contre les gens grossiers. Il y a de la bonne grâce et une sorte d'urbanité à commencer avec les hommes par l'estime et la confiance.
J. Joubert, Pensées,t. 1,1824, p. 254.
2. [En parlant d'une chose abstr.] Aspérité du style : 7. De cette observation attentive du langage campagnard et paysanesque, combinée avec beaucoup de lecture (...) est résulté chez Topffer ce style composite et individuel que nous goûtons sans nous en dissimuler les imperfections et les aspérités, mais qui plaît par cela même qu'il est naturel en lui et plein de saveur.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 8,1851-62, p. 426.
Rem. Nysten 1814 distingue âpreté de aspérité : ,,Il diffère de aspérité qui s'entend seulement de ce qui est rude au toucher, au lieu qu'on dit l'âpreté d'un fruit en parlant de son goût âpre, l'âpreté du froid, etc.`` Il semble que cette distinction ne soit (plus) guère valable. Les attest. montrent que âpreté et aspérité ont à peu près les mêmes possibilités d'emploi (avec une fréquence moindre pour ce dernier). Il faut noter toutefois que âpreté présente un caractère plus abstr. (cf. ex. 1) et que aspérité désigne davantage une réalité concr., notamment au plur. (= saillie), gardant un rapport très net avec la signif. originelle jusque dans l'emploi figuré.
PARAD. a) (Quasi-)synon. accident, arête, bosse, crête, défaut, dénivellation, dent, différence, disparate, dureté, écart, heurt, inégalité, pic, protubérance, relief, rudesse, saillant, saillie, sécheresse. b) Anton. amabilité, courtoisie, délicatesse, douceur, égalité, facilité, indulgence, lisse, monotonie, onction, perfection, platitude, poli, régularité, souplesse, uni, uniformité.