1. Vie austère, sobre, frugale et saine, visant le plus souvent une fin supérieure : 6. Des journalistes qui se crurent mieux avisés, et qu'avoit trompés je ne sais quel mélange d'ascétisme d'amour et de philanthropie désespérée qui se confondent dans cette bluette, en accusèrent Madame de Krüdener, qui n'étoit pas un homme, et qui commençoit à n'avoir plus de sexe.
Nodier, Jean Sbogar,1818, p. 80.
7. Il menait une vie rigoureusement chaste. Comme dit cet autre, « la carrière d'amant est une carrière d'oisif et de riche ». La misère de Christophe, sa chasse au pain quotidien, sa sobriété excessive, et sa fièvre de création ne lui laissaient ni le temps, ni le goût de songer au plaisir. Il n'y était pas seulement indifférent; par réaction contre Paris, il s'était jeté dans une sorte d'ascétisme moral. Il avait un besoin passionné de pureté, l'horreur de toute souillure. Ce n'était pas qu'il fût à l'abri des passions. À d'autres moments il y avait été livré. Mais ces passions étaient chastes, même quand il y cédait : car il n'y cherchait pas le plaisir, mais le don absolu...
R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place,1908, p. 797.
8. En êtes-vous à croire encore que l'ascétisme est le signe d'un esprit facile et défaillant, quand il est au contraire la discipline d'une nature joyeuse, virile, martiale, héroïque?
Claudel, Gide, Correspondance[avec A. Gide],1899-1926, p. 88.
Rem. Le mot se trouve qqf. empl. dans un cont. péj. pour désigner une vie puritaine affectée.
2. [Empl. pour exprimer le trait dominant d'un art, d'une discipline littér. ou d'une démarche sc.] :
9. Ces objections sont d'autant plus sérieuses que je reconnais tout le premier que la science, pour arriver à ce degré où elle offre à l'âme un aliment religieux et moral, doit s'élever au-dessus du niveau vulgaire, que l'éducation scientifique ordinaire est ici complètement insuffisante, qu'il faut, pour réaliser cet idéal, une vie entière consacrée à l'étude, un ascétisme scientifique de tous les instants et le plus complet renoncement aux plaisirs, aux affaires et aux intérêts de ce monde, que non seulement l'homme ignorant est radicalement incapable de comprendre le premier mot de ce système de vie, mais que même l'immense majorité de ceux qu'on regarde comme instruits et cultivés est dans l'incapacité absolue d'y atteindre.
Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 319.
10. L'ascétisme littéraire dont nous parlons est moins rigoureux, la langue moyenne de cette époque, moins mortifiée, moins exclusivement raisonnable qu'on ne le croit.
Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 4,1920, p. 19.
Rem. 1. D'apr. la docum., 1reattest. 1818 (cf. ex. 6); dér. de ascète*, suff. -isme*. 2. Ascéticisme, subst. masc., néol. d'aut. Ascétisme mal compris et exagéré s'attachant plus aux pratiques de mortification qu'à l'esprit de l'ascétisme. ,,Les équivoques de « l'ascéticisme », ressentiment morbide contre l'instinct ou complaisance dans un mode excentrique d'exaltation du moi.`` (Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 132).