a) [L'accent est mis sur une caractéristique tirée de l'origine, des propriétés réelles ou supposées d'une espèce d'arbres ou d'arbustes] Arbre à, arbre de :5. ... je dirai à ceux qui ne comprennent pas les termes de botanique, et particulièrement aux personnes du peuple qui désirent passer à la Louisiane, qu'ils y trouveront le chêne, le pin, le frêne, l'arbre à ciguë, le cèdre, l'orme, le bouleau, le sapin, l'arbre à sauterelles ou à cigales, le peuplier, l'arbre à suif, l'arbre à cire, l'arbre à boutons, l'arbre à l'huile ou à beurre...
Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 171.
6. ... d'autres [fleurs] même ne fleurissent que la nuit : telle est celle du jalap du Pérou, ou belle-de-nuit; celle de l'arbre triste de l'Inde, qui s'ouvre dans les ténèbres et tombe au point du jour...
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 63.
7. Les arbres qu'on y voit, et qui de loin lui prêtent un aspect riant, ne sont que des arbres à gomme, arbuste chétif et bâtard qui ne donne point d'ombre.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 252.
8. « Et quel est cet arbre qui ressemble à un petit palmier? demanda Cyrus Smith.
− C'est un « cycas revoluta », dont j'ai le portrait dans notre dictionnaire d'histoire naturelle!
− Mais je ne vois point de fruit à cet arbuste?
− Non, Monsieur Cyrus, répondit Harbert, mais son tronc contient une farine que la nature nous fournit toute moulue.
− C'est donc l'arbre à pain?
− Oui! l'arbre à pain. »
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 297.
9. − (...) nous jouions au bord du fleuve qui a de l'eau, sous les jujubiers, frères du zeg-zeg, dont les épines ensanglantèrent la tête de votre prophète, et que nous appelons l'arbre du paradis, parce que c'est sous lui, a dit notre prophète à nous, que les élus du paradis feront leur séjour, et qui est parfois si grand, si grand, qu'un cavalier ne peut, en un siècle, traverser l'ombre qu'il projette.
Benoit, L'Atlantide,1919, p. 240.
10. Le directeur de ce jardin, présente à notre émerveillement les plus intéressants de ses élèves : cacaoyers, caféiers, arbres à pain, arbres à lait, arbres à bougies, arbres à pagnes, et cet étrange bananier de Madagascar, l'« arbre du voyageur », dont les larges feuilles laissent sourdre, à la base de leur pétiole qu'un coup de canif a crevé, un verre d'eau pure pour le voyageur altéré.
Gide, Voyage au Congo,1927, p. 704.
SYNT. Arbre à caoutchouc (ou à seringue), − à chandelles, − à coca, − des conseils, − à encens, − de fer, − à fièvre, − à grives, − de Judas ou Judée, − aux lis (ou à tulipes), − à melons, − de neige, − à perruques, − saint ou à chapelets, − à soie, − à thé, − à la vache (ou à lait), − à vernis.
b) [L'accent est mis sur des caractéristiques communes à plusieurs espèces d'arbres] Arbre à, arbre + adj.♦
[Aspect naturel, écologie] :
11. De longues avenues d'arbres verts à feuilles persistantes rayonnaient dans toutes les directions. Çà et là se massaient d'épais taillis de « grass-trees », arbustes hauts de dix pieds, semblables au palmier nain, et perdus dans leur chevelure de feuilles étroites et longues.
Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 185.
12. C'était le temps où les arbres à cônes, chargés de pollen, agitent aisément leurs branches pour répandre au loin leur fécondation. Le ciel s'était chargé d'orage et toute la nature attendait. (...) Il monta de la terre un souffle si brûlant que l'on sentit tout défaillir; le pollen des conifères sortit comme une fumée d'or des branches.
Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 161.
SYNT. Arbre aquatique, − exotique (ou indigène), − à feuilles caduques, − forestier, − nain, − résineux.
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[Destination, production, mode de plantation, forme (résultant de l'action de l'homme ou des éléments)] Arbre fruitier : 13. L'arbre naturel n'a pas de beaux fruits. L'arbre produit de beaux fruits dès qu'il est en espalier, c'est-à-dire dès qu'il n'est plus un arbre.
Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 341.
14. ... dans toute l'Andalousie, il n'est pas un arbre qui ne donne quelque chose. Le caroubier succède à l'olivier, l'oranger à la vigne, puis l'olivier revient en maître, le chêne-liège et l'yeuse qui nourrit les porcs. D'immenses vergers se déroulent sur des centaines de kilomètres : noisetiers, pêchers, amandiers. Pas un arbre d'agrément, pas un chêne, pas un orme, de rares platanes pour ombrager quelques places, des eucalyptus le long de cinq ou six routes, des cyprès en haies, comme en Provence, pour briser le vent. Tout arbre qui ne produit rien ou qui ne sert à rien est impitoyablement abattu, transformé en charbon.
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 23.
SYNT. Arbre de bordure, − en buisson, − en chablis, − en colonne, − en cordon, − de haute fûtaie, − en gobelet, − de lisière, − de lumière, − en quenouille, − de pieds corniers, − de réserve, − de haute, moyenne, basse, demi-tige, − ébranché (ou déshonoré), − en espalier, − franc (franc sur franc).