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ANGOISSE, subst. fém.

ANGOISSE, subst. fém.
A.−
1. Vieilli. Sensation de resserrement, douleur physique localisée :
1. La diète n'a pas une moindre influence sur le sommeil et sur les rêves. Celui qui a besoin de manger ne peut pas dormir; les angoisses de son estomac le tiennent dans un réveil douloureux, et si la faiblesse et l'épuisement le forcent à s'assoupir, ce sommeil est léger, inquiet et interrompu. Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 214.
2. − Qu'as-tu? Qu'as-tu? lui disais-je, où souffres-tu? − Là, me répondit-elle d'une voix étranglée par la douleur, en portant la main à la région précordiale, j'éprouve là une angoisse inexprimable! Son pouls battait avec violence; des convulsions la secouaient tout entière. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 193.
2. Loc. [P. réf. à la sensation de resserrement] Poire d'angoisse.
a) Poire d'un goût très âpre, qu'on a peine à avaler.
Au fig., vx et littér. Mauvais traitements, mortifications, vifs déplaisirs, grands chagrins :
3. Les ennuis commencent : moires de sueur, siphons glacés, bâillements, morves, larmes, poire d'angoisse, nœud au plexus solaire. Cocteau, Poésie crit. 2,Monologues, 1960, p. 38.
Fam. Avaler des poires d'angoisse.
b) Vx. ,,La poire d'angoisse était une sorte de bâillon dont le centre était composé d'une poche de cuir remplie de son, qu'on pouvait mâcher à loisir sans pouvoir rendre au dehors aucune articulation sensible.`` (Nerval, Les Illuminés, 1852, p. 51).
Rem. Une déf. plus cour. présente la poire d'angoisse comme un instrument en fer dont se servaient autrefois les voleurs pour bâillonner quelqu'un, et qui, introduit dans la bouche, s'ouvrait au moyen d'un ressort, se développait en forme de poire, et étouffait complètement les cris du supplicié.
Au fig. :
4. Si la progression des soviets et l'action de leurs agents faisaient subir à certains gouvernements réfugiés le supplice de la poire d'angoisse, par contre le président Benès et ses ministres affectaient de s'en inquiéter peu pour la Tchécoslovaquie. De Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 203.
3. P. ext., littér., gén. au plur. Toute souffrance physique très violente :
5. Elle ressemblait ainsi à un criminel dans les angoisses de la question. Balzac, La Muse du département,1844, p. 129.
6. Nuit exécrable, malgré le soporifique nouveau que j'avais pris (recommandé par Berthelot). J'y ai même ajouté du gardénal, voyant que le « sédormid » n'obtenait rien. Gênes et angoisses respiratoires. Me suis relevé peut-être douze fois, ivre, chancelant, excédé... Gide, Carnets d'Égypte,1939, p. 1064.
Les dernières angoisses. L'agonie :
7. Après tant de souffrances aiguës, il [mon mari] mourut presque doucement (...) M. d'Eblis (...) était venu l'assister dans ses angoisses suprêmes... O. Feuillet, Le Journal d'une femme,1878, p. 239.
B.− Lang. cour. Inquiétude intense, liée à une situation d'attente, de doute, de solitude et qui fait pressentir des malheurs ou des souffrances graves devant lesquels on se sent impuissant. Anton. sérénité, quiétude :
8. Ce n'était plus l'apaisement du baiser de ma mère à Combray que j'éprouvais auprès d'Albertine, ces soirs-là, mais, au contraire, l'angoisse de ceux où ma mère me disait à peine bonsoir, ou même ne montait pas dans ma chambre, soit qu'elle fût fâchée contre moi ou retenue par des invités. Proust, La Prisonnière,1922, p. 111.
9. Il [Amiel] est souvent un peu ridicule, et quelquefois touchant à force de sincérité. C'est sa lourdeur qu'il est difficile d'accepter, mais de temps à autre, on a l'impression qu'il a ressenti l'angoisse de vivre, l'inquiétude de se sentir seul dans un univers incompréhensible; et c'est ce qui réhabilite ce sentencieux personnage. Green, Journal,1941, p. 147.
10. L'angoisse est due à la perte d'une identité véritable. Si j'attends un message dont dépend mon bonheur ou mon désespoir, je suis comme rejeté dans le néant. Tant que l'incertitude me tient en suspens, mes sentiments et mes attitudes ne sont plus qu'un déguisement provisoire. Le temps cesse de fonder, seconde par seconde, comme il bâtit l'arbre, le personnage véritable qui m'habitera dans une heure. Ce moi inconnu marche à ma rencontre, de l'extérieur, comme un fantôme. Alors j'éprouve une sensation d'angoisse. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 281.
11. Une personne que j'aime m'a dit qu'elle avait grand-peine à s'endormir, à cause de l'angoisse qui l'étreint lorsqu'elle a éteint la lumière. C'est l'angoisse de la solitude, la peur de s'en aller dans la nuit. Green, Journal,Le Bel aujourd'hui, 1955-1958, p. 272.
SYNT. Une angoisse mortelle; une grande angoisse; une angoisse profonde, horrible, affreuse; une angoisse inexprimable, indicible; une angoisse sourde; une vague angoisse; une légère angoisse; un moment, des jours, des heures, des minutes d'angoisse; un sentiment, une sensation d'angoisse; un regard d'angoisse; être en proie à l'angoisse; attendre, vivre dans l'angoisse; éprouver de l'angoisse; connaître l'angoisse; augmenter, calmer l'angoisse (de qqn); emplir (qqn) d'angoisse; (demander) avec angoisse.
Loc. vieillie. Être à l'eau d'angoisse et au pain de tribulation. ,,Se dit des moines que leurs supérieurs enferment, par punition, dans les cachots, et mettent au pain et à l'eau.`` (Littré) :
12. L'Église reconnut Simone hérétique et la mit, pour salutaire pénitence, au pain de douleur et à l'eau d'angoisse. A. France, Les Contes de Jacques Tournebroche,1908, p. 85.
Rem. Attesté également ds Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG.
Spéc., PHILOS. (notamment existentialiste). Inquiétude spirituelle et morale en face de l'inconnu de l'existence personnelle et collective :
13. ... qu'entend-on par angoisse? L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse. Cela signifie ceci : l'homme qui s'engage et qui se rend compte qu'il est non seulement celui qu'il choisit d'être, mais encore un législateur choisissant en même temps que soi l'humanité entière, ne saurait échapper au sentiment de sa totale et profonde responsabilité. Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient; ... Sartre, L'Existentialisme est un humanisme,1946, pp. 27-28.
C.− MÉD. Malaise caractérisé par une peur intense accompagnée de sensations de resserrement à la région épigastrique, d'oppression respiratoire et cardiaque, de sueurs, de frissons, ou au contraire d'une sensation de chaleur. Une angoisse nerveuse; un cri d'angoisse :
14. Lorsque sept heures du soir s'approchèrent, les angoisses de Dantès commencèrent véritablement. Sa main, appuyée sur son cœur, essayait d'en comprimer les battements, tandis que de l'autre il essuyait la sueur de son front qui ruisselait le long de ses tempes. De temps en temps des frissons lui couraient par tout le corps et lui serraient le cœur comme dans un étau glacé. Alors il croyait qu'il allait mourir. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 249.
15. ... huit heures sonnèrent à l'horloge. J'entendis la Sorbonne et le Val-de-Grâce qui répétaient lentement ces huit coups qui m'avaient semblé ne devoir jamais venir. Une angoisse profonde me serrait la gorge, mes artères battaient violemment à mes tempes, mes paupières étaient chaudes, une insupportable chaleur brûlait mes mains desséchées, une émotion puissante me contractait le diaphragme, et, comme disent les malades, je ne pouvais rattraper ma respiration; enfin, pour parler le langage scientifique, le grand nerf pneumogastrique communiquait à tout mon être les inquiétudes qu'il puisait dans mon cerveau. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 63.
16. Il reparle de son « taedium vitae », qui devient par instants une souffrance physique, une angoisse nerveuse et musculaire insupportable. Gide, Journal,1923, p. 751.
17. Les troubles physiologiques et psychologiques de l'angoisse constitutionnelle sont à prédominance matinale. Les premiers sont si obsédants qu'on a longtemps voulu expliquer l'angoisse par ses seuls symptômes organiques. Mais chacun d'eux peut se présenter indépendamment de l'angoisse : c'est elle qui les groupe en un tableau psychique significatif. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 233.
SYNT. Une sueur d'angoisse; un frisson d'−; une expression d'−; crier, suer, frissonner d'−; être saisi d'−; être étreint, serré par l'angoisse.
PSYCHOL. Névrose d'angoisse :
18. Cette névrose [la névrose d'angoisse] procède soit par crises, souvent soudaines et raptus, laissant le malade brisé et redoutant la mort subite, la folie, l'abolition de ses moyens d'existence ou de sa vie sociale, soit par périodes prolongées d'hyperémotivité, sans cause extérieure, évoluant souvent vers un état habituel d'inquiétude, sinon d'affolement, avec besoin de protection et d'assistance... Porot1960.
PRONONC. ET ORTH. : [ɑ ̃gwas]. Demi-longueur pour [ɑ ̃] ds Passy 1914. Enq. : /ãgwas/. De Fér. 1768 à Gattel 1841, on indique à la syllabe finale un a d'arrière. Kamm. 1964 relève l'évolution vers [a] ant. (p. 93). Ac. Compl. 1842 mentionne une var. orth. angoesse.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1130-1140 anguisse « oppression, anxiété physique et morale » (Wace, Vie de Ste Marg., 99 ds Gdf. Compl. : Oy parler de Jhesuchrist Et des anguisses qu'il souffrit); 1172-1175 angoisse (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. Förster, 2196 ds T.-L.); Poire d'angoisse : 1. 1184 « variété de poires de qualité » (Geoffroy de Vigeois, Chronique, année 1094, Bouquet, Hist. Gaules, XII, 427 d'apr. Faral ds Mél. Thomas, 1927, p. 149 : His diebus repertum est genus pyri a rustico in agro, cujus fructus vulgo cognominantur Poires d'angoisse. Vicus ejus sic vocitatur et est in Lemovicino); 2. 1461 par calembour « bâillon de fer en forme de poire dont on bloquait les mâchoires des prisonniers » ici par image (Villon, Grand Testament, 740 ds Gdf. Compl. : Dieu mercy et Tacque Thibault Qui tant d'eaue froide m'a fait boire [question par l'eau], Mis en bas lieu, non pas en hault Mengier d'angoisse mainte poire); 1616-1620 (D'Aubigné, Hist. univ., IV, 385 ds Mél. Thomas, p. 153 : Pour ce que ce galand se trouvoit parfois surchargé de prisonniers... il inventa une sorte de cadenas en forme de poires, aussi les appeloit-il poires d'angoisses...; leur aiant fait retirer sous le palais cette machine, avant retirer une clef qui estoit dedans, il en faisoit un tour qui grossissoit le morceau d'un travers de doigt, et par ainsi ne pouvait plus sortir de la bouche que par l'aide de la mesme clef); d'où le goût âpre et détestable prêté à la poire et son emploi fig. manger des poires d'angoisse « souffrir mille maux » : 1536-1540 au propre (Charles Estienne, Seminarium, p. 70, ibid., p. 154 : angustiana sive angustiae pyra, nominantur, vulgo Poires d'angoisse, quod dum eduntur, acerbo et austero quodam sapore ita molesta sunt ut angustiores fauces reddant et plurimum noceant); av. 1544 au fig. (Marot, Chants divers, VII, ibid., p. 153 : De cent couleurs en une heure elle change, En ses repas poires d'angoisse mange Et en son vin de larmes faict meslange). Du lat. angustia, très rarement au sing. av. la Vulgate (6 ex. dep. Salluste ds TLL s.v.), le plus souvent au plur., au sens de « défilé, passage resserré » dep. César, Gall., 1, 11, 1, ibid., 59, 76; au fig. « difficulté, situation critique » (sens plus faible qu'en fr.) ds Cicéron, Quint., 19, ibid., 60, 50. − Poire d'angoisse : 1 (poire de qualité), de Angoisse, canton de La Nouaïlle, Dordogne, Faral, loc. cit.; voir aussi Roques ds Romania t. 53, p. 409; 2 par jeu de mot sur le mot angoisse, d'où poire d'angoisse devenu au propre la dénomination d'une poire âpre, et au fig. synon. de difficulté, malheur.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 5 057. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 019, b) 6 207; xxes. : a) 8 573, b) 10 448.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bastin 1970. − Bertr.-Lapie 1970. − Bouillet 1859. − Canada 1930 (s.v. angoêsse). − Chesn. 1857. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 6. − Foulq.-St-Jean 1962. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Guizot 1864. − Julia 1964. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lapl.-Pont. 1967. − Lar. méd. 1970. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − March. 1970. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Moor 1966. − Mucch. Psychol. 1969. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1824. − Piéron 1963. − Pierreh. 1926. − Pomm. 1969. − Pope 1961 [1952] § 184, 315, 1083 N, 1161 N, 1188 N, 1226 N. − Porot 1960. − Psychol. 1969. − Sexol. 1970. − Sill. 1965. − Théol. bibl. 1970.

ANGOISSER, verbe trans.

ANGOISSER, verbe trans.
A.− [Le suj. est un subst. désignant un état (le plus souvent affectif), une sensation, un événement, ou leur perception intellectuelle ou visuelle] Causer de l'angoisse, une inquiétude extrêmement vive à quelqu'un, à une faculté de l'âme, etc. :
1. Cette pitié qui lui angoissait le cœur le faisait vivre encore avec Fanny, malgré la rupture. A. Daudet, Sapho,1884, p. 297.
2. Quand la société traverse des circonstances qui l'attristent, l'angoissent ou l'irritent, elle exerce sur ses membres une pression pour qu'ils témoignent, par des actes significatifs, de leur tristesse, de leur angoisse, ou de leur colère. Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie relig., Le Syst. totémique en Australie, 1912, p. 389.
3. Dans l'andante reparaît le génie formidable qui a saisi, angoissé notre âme dans l'Allegro [de la VeSymphonie]. J.-G. Prod'Homme, Les Symphonies de Beethoven,1921, p. 208.
4. La lune m'angoisse. La crainte que j'en ai vient de mon enfance et d'une illustration de Jules Verne qui préfigurait celles de Max Ernst (...) Est-ce le mot docteur, la falaise, la silhouette sombre des deux personnages, toujours est-il que cette petite phrase me jetait dans les transes. Il n'en reste pas moins vrai que je ne puis voir la lune que les poètes décrivent, mais une boule, effrayante, une épave, une ruine éclairée au néon. Cocteau, Poésie crit.,1959-60, p. 239.
Absolument :
5. D'ailleurs, la mort, parfois, tue d'un coup, sans souffrance, tandis que la faim vous talonne une armée pendant des jours. Elle ne terrorise ni n'anéantit. Elle angoisse, elle affole; et quand elle tient ses hommes et qu'elle en fait des loques ou des fauves, il n'y a plus d'obus qui comptent et l'ennemi n'est qu'un petit péril. Benjamin, Gaspard,1915, p. 35.
B.− Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers., son cœur, son âme ...] Éprouver de l'angoisse, un tourment douloureux, une inquiétude vive. S'angoisser de qqc. :
6. La peur naît de la perception d'un danger que nous connaissons présentement ou que du moins nous pouvons identifier. Nous nous angoissons au contraire d'un danger que nous pressentons plutôt que nous ne le connaissons. Même, nous inventons des raisons de nous angoisser et nous créons des images qui nous effraient. J. Vuillemin, Essai sur la signification de la mort,1949, p. 188.
Absolument :
7. Il y a, pour les hommes, bien d'autres occasions [que la mort] de s'attrister ou de s'angoisser... Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie relig., Le Syst. totémique en Australie, 1912, p. 576.
PRONONC. : [ɑ ̃gwase], j'angoisse [ʒ ɑ ̃gwas]. Demi-longueur pour [ɑ ̃] ds Passy 1914. Enq. : /ãgwas/.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1100 angoissier « presser, faire souffrir l'angoisse » (Rol., éd. Müller, 2010 ds Gdf. : Oliviers sent que la mort mult l'anguisset). Du lat. chrét. angustiare, d'abord « mettre dans l'embarras, dans les difficultés » (Itala, II Cor., 4, 8 ds TLL s.v., 61, 56); puis « (d'une chose) oppresser, gêner qqn dans ses fonctions respiratoires » (Vulg., Judith, 13, 29, ibid., 61, 46).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 49.

ANGOISSÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.

ANGOISSÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.− Part. passé de angoisser*.
II.− Adjectif
Qui éprouve de l'angoisse :
1. Il revit en pensée Théverand, maigre, triste, fébrile et angoissé, attendant la sentence du tribunal, écoutant son avocat. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 96.
Être angoissé de qqc., angoissé de faire qqc. :
2. J'en reviens à ce 14 juin et à cette matinée où je me promenais dans Paris, après la visite de l'Abbé Rougier, si heureux à l'idée de ma toute prochaine évasion, et si angoissé en même temps du résultat. P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 17.
3. Ô relativité! Je ne faisais même plus attention à des visages qui en d'autres lieux m'eussent rendu fou, tant ils étaient nombreux ici. Et j'étais d'abord éperdu, et comme angoissé, de laisser passer tant de biens, à cause de ce trop grand nombre. Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 637.
Emploi subst. :
4. La recherche de la perfection par la minutie peut trahir d'autres déficiences de l'élan vital; elle est parfois une sorte de disposition scrupuleuse, chargée d'affectivité morale, et spécialement appliquée aux petites choses, dans la manière de ranger une pièce, ou de soigner son écriture, avec une nuance de désapprobation envers qui considère ces vétilles comme étrangères à la morale. Précisément parce qu'il ressent l'insuffisance de ses actes incomplets, l'angoissé ou le psychasthénique veulent toujours les pousser au-delà de ce que l'utilité moyenne requiert. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 449.
P. méton. [En parlant d'un trait physique ou moral d'une œuvre, etc.] Qui exprime l'angoisse :
5. Voix coupante [de Gisèle] inquiète, angoissée même, où la colère et la peur suscitaient cette sorte de grincement qui n'était, le plus souvent, perceptible que lorsqu'elle riait aux éclats. Mauriac, Le Fleuve de feu,1923, p. 86.
6. L'atmosphère se fait fiévreuse et angoissée, les voix mezza voce sont contractées, une trépidation se dessine dans les violoncelles et les violes, ... R. Rolland, Beethoven,t. 2, 1928, p. 384.
7. ... il [Hadrien] eut peur comme un enfant dans les ténèbres et [dans les dernières heures de son agonie] composa, sur le sort incertain de son âme, les petits vers angoissés, frissonnants et plaintifs que voici... Maeterlinck, Avant le grand silence,1934, p. 13.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 266. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19, b) 23; xxes. : a) 558, b) 765.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·