A.− [Le suj. désigne une chose concr.] Devenir mou, moins ferme : 7. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Du côté de chez Swann, 1913, p. 45.
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En partic. 1. MÉTÉOR. [En parlant du temps, du vent...] Vieilli (resté vivant au Canada : cf. Canada 1930). Devenir moins dur, s'adoucir, se calmer : 8. Enfin, au déclin du soleil, le vent s'amollit...
A. de Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 124.
9. Voilà enfin le temps qui semble s'amollir; je voudrais bien, cher ami, qu'il s'adoucît tout à fait, un peu pour moi, beaucoup pour vous.
J.-J. Ampère, Correspondance,Lettre de J.-J. A. à A. de T., 1855, p. 257.
2. PEINT. ou GRAV. [En parlant des contours d'une figure] Devenir moins net, s'estomper : 10. Passée la feuille du premier plan et la brique du mur, les tons commencent à s'embrumer, les contours à s'amollir...
A. Lhote, La Peinture, le cœur et l'esprit,1950, p. 223.
B.− Au fig. Devenir moins ferme, s'affaiblir : 11. Quand son pied toucha le sol, sa démarche s'amollit tout à coup et se fit si lente qu'elle mit trois minutes à descendre en scène, à pas menus d'une indolence scandée, avec des moues de tout le corps.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 212.
12. Tout est paradoxal chez l'homme, on le sait bien. On assure le pain de celui-là pour lui permettre de créer et il s'endort, le conquérant victorieux s'amollit, le généreux, si on l'enrichit, devient ladre. Que nous importent les doctrines politiques qui prétendent épanouir les hommes, si nous ne connaissons d'abord quel type d'homme elles épanouiront.
A. de Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 244.
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P. ext. Fléchir, s'attendrir : 13. L'aînée de ces tantes s'appelait Mllede Lamartine. C'était une nature angélique plus que féminine, elle avait été la favorite de sa mère, la reine de la maison sous ma grand'mère, qui ne s'amollissait que pour elle, la tutrice de ses sœurs plus jeunes, la médiatrice de ses frères; tout le monde l'adorait.
A. de Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 67.