B.− P. ext. [L'obj. désigne des pers.] Provoquer un attroupement de personnes par un comportement propre à susciter la curiosité, le scandale, etc. Ameuter les passants, tout le voisinage : 1. Hier, à neuf heures du matin, comme la diligence de Liège à Aix-la-Chapelle allait partir, un brave bourgeois wallon ameutait les passants, se refusant à monter sur l'impériale, et me rappelant par l'énergie de sa résistance ce paysan auvergnat qui avait payé pour être dans la boîte, et non sur l'Opéra.
V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 63.
2. Deux d'entre elles [les marchandises de coquillages à Marseille] se rencontrent, au crépuscule, et une discussion éclate, véhémente, qui se prolonge, excitant la curiosité des flâneurs qui les entourent (...) prennent parti pour l'un ou l'autre, se chamaillent à leur tour, ameutent un nouvel auditoire de curieux...
F. Jammes, Mémoires,t. 3, 1923, p. 34.
3. Ali, cravaché d'importance, poussa des hurlements à ameuter tous les gens de l'hôtel.
A. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 600.
♦
Ameuter qqn contre (qqn ou qqc.). Regrouper des gens pour les faire agir ensemble, notamment dans un sens hostile ou séditieux. Ameuter la foule, la populace. Synon. soulever. Anton. apaiser :4. − Monsieur, dit alors Armand à Léon, vous avez sans doute un ennemi aussi acharné que lâche, car il a ameuté ces deux misérables contre vous, et ils ne sont venus ici que dans l'intention de vous faire un mauvais parti.
P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 180.
5. Le professeur de libéralisme qui, en 1822, secondé de Cousin, ameutait les étudiants contre l'esprit monarchique et religieux que la restauration faisait avec peine propager, sans habileté et sans prévoyance − ce même professeur met sa rhétorique au service de l'utramontisme.
A. de Vigny, Le Journal d'un poète,1860, p. 1352.
6. Cependant, parce que nous avions pris quelques places flamandes, les Hollandais, jusque-là nos alliés, se crurent perdus et ameutèrent l'Europe contre le roi de France qu'ils accusaient d'aspirer à la « monarchie universelle ».
J. Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 239.