1. Manière de se tenir ou de se comporter : 13. Nous n'avons peut-être, ni vous, ni moi, par l'allure de notre caractère et le tour de notre esprit ce qu'il faut pour bien apprécier ses qualités [de Villèle], mais soyons justes...
F.-R. de Chateaubriand, Correspondance générale, t. 2, 1789-1824, p. 176.
14. L'essentiel, en ces courtes fantaisies [les ballades de Victor Hugo], c'est l'allure, la tournure, la dégaine cléricale, monacale, royale, seigneuriale, du personnage, et sa haute couleur.
Ch.-A. Sainte-Beuve, Vie et pensées de Joseph Delorme,1829, p. 147.
15. De l'autre côté de la montagne au pied de laquelle gît notre village abandonné, il est impossible de labourer avec des charrues à roues, les terres n'ont pas assez de fond; eh bien, si le maire de cette commune voulait imiter notre allure, il ruinerait ses administrés, je lui ai conseillé de faire des vignobles; et, l'année dernière, ce petit pays a eu des récoltes excellentes, il échange son vin contre notre blé.
H. de Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 59.
16. Je lui ai dû certainement, quand j'étais enfant, ma meilleure notion de ce qu'était une « cocotte », comme je disais alors. Telle je l'ai retrouvée à Calais, toujours très mince et très brune, avec les mêmes allures dégagées. Elle avait laissé tout à fait de côté sa pose de femme mariée et de mère de famille, pour n'être plus, dans mes bras, qu'une femme charmante.
P. Léautaud, In memoriam,1905, p. 188.
17. Il semble d'ailleurs n'y avoir aucun rapport entre la virulence de ces parasites et l'allure clinique de la maladie humaine...
Brumpt, Précis de parasitologie,1910, p. 131.
18. Il examinait son frère avec stupéfaction, s'efforçant d'analyser ce changement complet d'aspect, d'allure, de physionomie, qui paralysait son élan.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 690.
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Avoir grande, fière allure; avoir des allures mystérieuses : 19. Nous autres, pauvres comédiens, ombres de la vie humaine et fantômes des personnages de toute condition, à défaut de l'être, nous avons au moins le paraître, qui lui ressemble comme le reflet ressemble à la chose. Quand il nous plaît, grâce à notre garde-robe où sont tous nos royaumes, patrimoines et seigneuries, nous prenons l'apparence de princes, hauts barons, gentilshommes de fière allure et de galante mine. Pour quelques heures nous égalons en bravoure d'ajustements ceux qui s'en piquent le plus...
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 96.
20. Saint-Cyran ne veut que le bien. Il est vrai que, par ses allures mystérieuses, ses airs de prophète, ses propos inconsidérés, ce malade inquiète à bon droit les clairvoyants.
H. Bremond, Hist. littéraire du sentiment,t. 4, 1920, p. 421.
2. Absol. Avoir de l'allure. Avoir de la distinction, de la classe; d'où allure, distinction, élégance : 21. Il était vraiment encore bel homme, bien que tout gris. Haut, svelte, élégant, sans ventre, le visage maigre avec une fine moustache de nuance douteuse, qui pouvait passer pour blonde, il avait de l'allure, de la noblesse, de la distinction, ce chic enfin, ce je ne sais quoi qui établit entre deux hommes plus de différence que les millions.
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Fini, 1885, p. 1015.
22. L'insolite vocation de mon père s'explique, je crois, par son statut social. Son nom, certaines relations familiales, des camaraderies d'enfance, des amitiés de jeune homme le convainquirent qu'il appartenait à l'aristocratie; il en adopta les valeurs. Il appréciait les gestes élégants, les jolis sentiments, la désinvolture, l'allure, le panache, la frivolité, l'ironie.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 36.
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Gén. au plur. et péj. Avoir des allures. ♦
Vx. ,,Avoir un commerce secret de galanterie.`` (Besch. 1845). Rem. Attesté ds Ac. 1835-1878, Littré, Guérin 1892.
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Manigancer des intrigues, des mauvais coups : 23. « Sitôt sa mission politique remplie, l'inspecteur Javert s'assurera, par une surveillance spéciale, s'il est vrai que des malfaiteurs aient des allures sur la berge de la rive droite de la Seine, près le pont d'Iéna. »
V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 342.
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Prendre des allures. Prendre des manières trop libres. Il prend de ces allures! : 24. [MmePipelet :] c'est une maison on ne peut pas plus embêtante [par la dévotion] ... où il n'y a jamais de risque qu'une jeune fille prenne des allures.
E. Sue, Les Mystères de Paris,t. 5, 1842-1843, p. 279.
25. Oh! Ne faites pas la terrible, Madame! Sur mon ame, je ne vous crains pas! Je sais vos allures. Je ne me laisserai pas empoisonner comme votre premier mari, ce pauvre gentilhomme d'Espagne dont je ne sais plus le nom, ni vous non plus!
V. Hugo, Lucrèce Borgia,1833, II, part. 1, 4, p. 102.