2. Satisfaction profonde résultant d'un bien-être : 14. « Timide et contraint devant mon père, je ne trouvois l'aise et le contentement qu'auprès de ma sœur Amélie. Une douce conformité d'humeur et de goûts m'unissoit étroitement à cette sœur; elle étoit un peu plus âgée que moi. Nous aimions à gravir les côteaux ensemble, à voguer sur le lac, à parcourir les bois à la chûte des feuilles; promenades dont le souvenir remplit encore mon ame de délices.
F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 419.
15. Pour la première fois depuis qu'il avait repris le veston de civil, il se sentit heureux. Quinze francs par jour! Il supputait tout ce qu'il allait avoir de bien-être, d'aise, de bonheur, pour ses quinze francs.
R. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, pp. 311-312.
Rem. 1. Syntagmes fréq. se pâmer d'aise (J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, 1825, p. 247); soupirer d'aise (J.-P. Sartre, La Nausée, 1938, p. 303); rougir d'aise (P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 39); rire d'aise (M. Aymé, La Jument verte, 1933, p. 157); remplir d'aise qqn; être transporté d'aise, ne pas se sentir d'aise (Ac. 1798-1932). 2. La lang. du xixes. connaît les subst. composés bien-aise et mal-aise, qui sont du genre masc. et semblent des substantivations des adj. corresp. (cf. malaise) :
16. Il resta dans cet état léthargique jusque vers minuit, qu'ayant ouvert de nouveau les yeux, je lui fis prendre un bon consommé, qui le rappela à la vie. − Ce mal-aise, lui dis-je, cette longue crise que vous venez d'éprouver, ne viennent-ils point des fatigues du voyage? − Oh! Non, me répondit-il, c'est des malheurs de la vie.
J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 2, 1801, p. 369.
17. Je goûte une étrange volupté à sentir mon âme enlevée comme ce prophète qu'un ange emporta par les cheveux, et traversant d'une effroyable vitesse d'immenses étendues. Mais que me revient-il de ces voyages effrénés? Lassitude, éblouissement, surcroît de vertige, et pourtant, au fond de tout cela, un bien-aise secret de l'amour-propre qui s'applaudit du brûlant voyage et irrite sourdement la passion naissante de mon âme pour ces périlleuses aventures.
M. de Guérin, Journal intime,1834, p. 218.