1. L'air en tant qu'il est respiré : 1. ... j'ai respiré ces airs tièdes et énergiques des vagues et des glaciers; rien n'a pu me rendre cette jeunesse flétrie dans mon cœur, bien que sur ma figure elle trompe encore quelquefois mes propres yeux.
A. de Lamartine, Raphaël,1849, p. 174.
2. L'air agit chimiquement sur le contenu de la graine et le rend propre à servir de nourriture première à la plante. Toute graine enfouie trop profondément est privée du contact de l'air, elle pourrit et ne germe pas. Les graines doivent être assez recouvertes pour être maintenues humides, et assez peu pour rester sous l'influence de l'air.
Gressent, Traité complet de la création des parcs et des jardins,1891, p. 694.
3. Ces cellules se laissent traverser par l'oxygène de l'air, et par l'acide carbonique du sang veineux (...) L'air atmosphérique, avant de les atteindre, traverse le nez, l'arrière-gorge, le larynx, la trachée, et les bronches où il s'humidifie et se débarrasse des poussières et des microbes qu'il transporte avec lui. Mais cette protection naturelle est devenue insuffisante depuis que l'air des villes a été pollué par les poussières du charbon, les vapeurs d'essence, et les bactéries libérées par la foule des êtres humains.
A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 78.
Rem. Syntagmes fréq. un air automnal, brumeux, chaud, débilitant, empesté, ensoleillé, frais, froid, glacé, humide, impur, insalubre, irrespirable, limpide, lumineux, malsain, marécageux, marin, maritime, moite, nauséabond, pestilentiel, pluvieux, pollué, printanier, pur, rafraîchi, raréfié, sain, salin, salubre, vicié, vif, vivifiant, volcanique... (L'adj. est toujours postposé sauf dans qq. syntagmes comme bon air, grand air, mauvais air); l'air de la campagne, des champs, des cimes, de cristal, du jour, du matin, de la mer, des montagnes, de la nuit, du soir...; la douceur, la griserie, l'inclémence, la langueur, la limpidité, la moiteur, la pureté, la salubrité de l'air ...; l'action, l'altération, la décomposition, l'exhalaison, l'expiration, l'insufflation, l'ionisation, la pesanteur, la pression, la respiration de l'air ...; aspirer, exhaler, expirer, expulser, insuffler de l'air, manquer d'air, renouveler l'air ...; le volume d'air; l'air se dilate, se réchauffe...
− Locutions
a) Le bon air. L'air pur et sain : 4. − Il ne faudra pas travailler aujourd'hui, chéri... Nous prendrons un jour de vacance, au bon air... Ça te remettra... Veux-tu?
R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 115.
♦ P. oppos. Air confiné. ,,L'air des enceintes dans lesquelles séjournent des êtres vivants, et qui se trouve par conséquent plus ou moins vicié.`` (Littré).
b) Prendre, aspirer un(e) bol(ée) d'air, faire une cure d'air. Aller dans un lieu où l'air a une valeur curative : 5. Malgré la gêne monétaire où vivait le ménage, MmeMéridier trouva le moyen de fournir à la petite Jacqueline la cure d'air à la montagne dont elle avait besoin.
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, p. 193.
c) Littér. D'air. Léger, transparent. L'air en tant que transparent et interprété comme symbole de l'inconsistance, voire de l'inexistence d'une chose : 6. Ce que vous me dites des toilettes modernes me réjouit. Je me prépare à voir nos belles dames habillées d'air. Ainsi s'habillait une princesse de Kandahar, à qui son père reprochait d'être trop décolletée.
P. Mérimée, Lettres à Madame de Beaulaincourt,1870, p. 42.
7. Il [un homme] m'a si peu sentie, si peu devinée, que j'ai eu l'impression d'être (...) le fantôme d'air qu'il allait traverser.
Colette, L'Entrave,1913, p. 2.
2. L'air en tant qu'il circule et se meut autour des hommes et des choses (air a un sens voisin de vent) : 8. ... il se croyait à la campagne; et un rhume de cerveau lui apporta, comme un « coup d'air » pris dans un wagon où la glace ferme mal, l'impression délicieuse qu'il avait vu du pays; ...
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 1, 1920, pp. 9-10.
9. La brume monte peu à peu au flanc des pâturages, jusqu'à ce que la lente oscillation de l'air la repousse à mi-côte.
G. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1471.
Rem. Syntagmes fréq. appel, bouffée, chasse, coup, courant, déplacement, filet, onde, retour, ride, souffle, vague, vibration d'air...; caresse, morsure, mouvement, roulis, tremblement de l'air...
− Locutions
a) MAR. Air de vent (cf. aire* de vent).
b) Se mettre entre deux airs. Se mettre dans un courant d'air : 10. − Mon cher maréchal! cria-t-elle en l'accompagnant au perron, levez les glaces, ne vous mettez pas entre deux airs, faites cela pour moi!...
H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 301.
c) Donner de l'air. Aérer absol. : de l'air. S'emploie pour réclamer l'aération d'une pièce, d'un appartement, d'un local quelconque : 11. dona lucrezia, éperdue. − On étouffe ici! De l'air! De l'air! J'ai besoin de respirer un peu!
V. Hugo, Lucrèce Borgia,1833, II, part. 1, 3, p. 89.
d) Se donner de l'air : 12. Elle dut écarter le haut de sa robe pour se donner de l'air.
H. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 122.
e) Fam. Le fond de l'air : 13. Il s'indignait ou se gaussait d'expressions comme : « le fond de l'air ». Qu'y faire? L'expression a raison contre lui; elle exprime excellemment ce qu'elle a mission d'exprimer; et, lorsque sa mère lui disait : « Mon enfant, couvre-toi; le fond de l'air est froid », elle entendait par là qu'il ne se fallait point fier à la température des endroits abrités où le soleil avait pu quelque peu tiédir l'air, mais qu'en lieux découverts où, dès qu'un souffle s'élevait, etc... En trente mots je parviens mal à exprimer ce que raconte si simplement cette banale phrase.
A. Gide, Journal,1910, p. 311.
f) Vx. Un air de feu. Souffle d'air chaud près du feu : 14. Nous pendant ce temps, nous n'étions pas là, nous étions restés dehors à nous chauffer avec les gens de peu, un petit air de feu ne fait pas mal par ces temps humides et frissonnants du mois de mars.
P. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 37.
g) Proverbialement, p. compar. Être libre comme l'air. Être libre d'aller où l'on désire, de faire ce que l'on veut sans entrave, sans rien qui retienne : 15. Mais, en vérité, ce n'est pas là votre situation, vous n'êtes pas prisonnier, par Dieu! Vous êtes libre comme l'air.
A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 159.