A.− Gén. Cf. agression A.
Reconnaître son agresseur (ex. 4) : 1. ... la femme doit se défendre. L'homme doit choisir les momens où le besoin de l'attaque se fait sentir, où ce besoin même en assure le succès : la femme doit choisir ceux où il lui est le plus avantageux de se rendre; elle doit savoir céder à propos à la violence de l'aggresseur, après l'avoir adoucie par le caractère même de la résistance; donner le plus de prix possible à sa défaite; se faire un mérite de ce qu'elle-même n'a pas désiré moins vivement peut-être d'accorder que lui d'obtenire elle doit enfin savoir trouver, dans la sage et douc; direction de leurs plaisirs mutuels, le moyen de s'assurer un appui, un défenseur. Il faut que l'homme soit fort, audacieux, entreprenant; que la femme soit faible, timide, dissimulée. Telle est la loi de la nature.
P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 294.
2. Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu'il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie.
H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 14.
3. Madame Lorilleux, très vexée de voir son frère lui échapper, recommençait à vomir des injures contre Gervaise. Madame Lerat, au contraire, prenait parti pour la jeune femme, la défendait en racontant des contes extraordinaires, des tentatives de séduction, le soir, sur le boulevard, dont elle la montrait sortant en héroïne de drame, flanquant une paire de claques à ses agresseurs.
É. Zola, L'Assommoir,1877, p. 477.
4. M. Granville, journalier, a été attaqué à une heure du matin, rue du Barbot, à Rouen, par un malandrin qui lui a pris les deux pièces de cent sous qu'il avait en poche. La victime se déclare incapable de reconnaître son agresseur; mais, à ses cris, MmeRidel avait mis le nez à la fenêtre et prétend avoir pu reconnaître en lui le sieur Valentin, journalier, qui comparaît à présent devant nous.
A. Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 645.
5. Exaspéré de se voir ravir le plaisir particulier pour lequel il avait payé trois francs, il quitta sa place, sauta sur l'estrade et engagea le combat. Son poing retentit sur l'œil d'un des types, mais le copain de ce dernier riposta sans hésiter et détruisit une oreille de l'agresseur d'un coup pertinent non moins qu'expert. Sur quoi, le philosophe, exorbité par la douleur, se précipita en chien de fusil sur ses adversaires et tous trois roulèrent sur le sol.
R. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 17.
B.− DR. INTERNAT. Cf. agression B.
État ou chef d'État prenant l'initiative d'une guerre : 6. À Wilna, Bonaparte reçut le sénateur Wibicki, de la diète de Varsovie; un parlementaire russe, Balachof, se présente à son tour; il déclare qu'on pouvait encore traiter, qu'Alexandre n'était point l'agresseur, que les Français se trouvaient en Russie sans aucune déclaration de guerre.
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 421.
7. ... il faut que le sol de la patrie nous fournisse la foudre que nous lancerons à ses agresseurs.
A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 164.
8. Nous luttons pour empêcher l'Allemagne d'exécuter les plans qu'elle avait longuement médités et préparés, selon lesquels grâce à ses forces accumulées elle voulait s'assurer la domination mondiale. Nous luttons pour rejeter l'agresseur et pour le mettre, nous l'espérons bien, dans l'impossibilité de recommencer.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 11, févr. 1917-nov. 1918, p. 320.
9. Jaurès avait soutenu avec énergie cette proposition, et la discussion se poursuivait, âprement, depuis le matin. Deux thèses s'affrontaient, toujours les mêmes. Les uns admettaient bien le principe de la grève dans le cas d'une guerre offensive; mais, dans le cas d'une guerre défensive, − un pays paralysé par la grève, étant voué fatalement à l'invasion de l'agresseur, − ils soutenaient qu'un peuple attaqué a le droit, et le devoir, de se défendre par les armes.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 444.
10. La France répudie solennellement tous les actes et abandons qui ont pu être consentis au mépris de ses droits et intérêts. Liée aux nations unies, elle poursuivra, à leurs côtés, la lutte jusqu'à la défaite de l'agresseur et la libération totale de tous les territoires de l'union indochinoise.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 609.