1. MÉD. Procédé thérapeutique qui consiste à verser d'une faible hauteur une certaine quantité d'eau plus ou moins froide sur une partie ou sur la totalité du corps pour obtenir des effets soit sédatifs, soit stimulants : 1. Comme le sujet actuel est flegmatique, doux et malléable d'inclinations, et inepte de nature, il est difficile de juger de la méthode curative qu'on pourra lui appliquer avant de l'avoir vu dans le paroxysme qui va succéder à ses hallucinations. Le plus sûr sera d'y procéder graduellement, en commençant par les affusions d'eau glaciale sur l'occiput et l'épigastre, et en passant de là aux sinapismes, aux épispastiques et aux moxas, sans négliger, comme de raison, un fréquent usage de la phlébotomie jusqu'à syncope. Si l'éréthisme persiste, nous avons l'usage des ceps, des poucettes, du gilet de force et du maillot...
Ch. Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 184.
2. ... Charles fut mis dans une baignoire, sous le robinet de la plus forte douche; l'affusion froide commença. La souffrance de Charles devait être horrible; il pâlissait affreusement, mais il ne desserrait pas les dents.
E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 400.
3. La température du liquide et la durée de l'affusion varient selon la chaleur de la peau, la force du pouls, le degré de réaction qu'a éprouvé le malade après les premières affusions (ce moyen n'étant convenable qu'autant que la réaction se fait promptement) et suivant les effets thérapeutiques qu'on recherche : si ce sont les effets sédatifs (fièvres thyphoïde, éruptive, intermittente), l'eau, ayant 14 à 16 degrés, sera versée lentement pendant 6 à 10 minutes; si ce sont les effets stimulants (algidités, névroses), la durée de l'affusion ne dépassera pas 2 à 3 minutes, et la température restera entre 10 et 12 degrés : d'une façon générale, l'eau peut être d'autant plus froide et l'opération plus prolongée que la température du corps est plus élevée.
Littré-Robin1865.
4. L'affusion froide a un effet instantané sur le moral. Elle le relève et le décide à l'activité, quand il se sent vaincu par la paresse et le manque de vouloir. Après la pluie, on fait ce qu'on a à faire.
E. et J. de Goncourt, Journal,oct. 1871, p. 838.
5. ... il gonflait, étouffait, ne pouvait plus, après chaque tentative de repas, supporter une culotte boutonnée, un gilet serré. Il supprima les alcools, le café, le thé, but des laitages, recourut à des affusions d'eau froide, se bourra d'assa-fœtida, de valériane et de quinine; ...
J.-K. Huysmans, À rebours,1884, p. 114.
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P. ext. Même procédé, mais avec usage d'eau chaude : 6. Procédé hydrothérapique qui consiste à verser, avec un récipient à large ouverture, ou en exprimant une grosse éponge, de l'eau froide ou chaude sur une partie du corps ou sur le corps tout entier d'un malade placé nu, debout ou assis, dans une baignoire.
Affusions froides (...). Mode d'action. Effet stimulant (eau à 12o, durée 1 à 3 minutes); − effet sédatif (eau 14oà 16o, durée 10 à 15 minutes); − effet mixte (eau 14oou 16o, durée 5 minutes). Indications. Fièvres typhoïde, intermittente, éruptives, notamment scarlatine; névrose; congestion.
Affusions chaudes. − 1oSédatives, de 25oà 30o; 2ostimulantes, au-dessus de 30o. Indications. Mêmes maladies que pour les affusions froides.
Lar. méd.1970.
Rem. 1. Dans un ex. unique affusion désigne, p. ext., l'aspersion, donnée de faible hauteur, au moment de la toilette (pour une ext. semblable, cf. ablution1) :
7. Tahoser ordinairement n'était pas si matinale, et elle ne quittait guère sa couche sans l'aide de ses femmes; jamais non plus elle ne sortait qu'après avoir fait réparer dans sa coiffure le désordre de la nuit et verser sur son beau corps des affusions d'eau parfumée qu'elle recevait à genoux, les bras repliés devant sa poitrine.
T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 254.
Rem. 2. Quoique absent de notre docum. de textes du xxes., le sens propre est supposé par les emplois fig. signalés infra B.