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[Avec une nuance plus ou moins péj.] Se laisser affilier. Permettre qu'on vous affilie : 2. Les diverses branches des connaissances humaines avaient fait irruption dans mon salon, et je ne pouvais moins faire que d'y répondre par une adoption publique... Pressé un peu vivement, j'acceptais presque toujours, et me montrais, en matière de cotisation, le plus libéral et le moins regardant des hommes. Dieu sait à combien d'institutions je me laissai alors affilier, et quelle situation encyclopédique je me fis en fort peu de temps! Ainsi je devins membre des sociétés philotechnique, entomologique, asiatique, phrénologique, philomatique, numismatique, panécastique, géologique, philanthropique, de linguistique et de géographie; des sociétés des antiquaires, de tous les encouragements, de toutes les émulations, propagations et perfectionnements possibles, des beaux arts, des naufrages, d'horticulture, de l'histoire de France, de l'éducation progressive, des progrès agricoles, de la morale chrétienne; je devins membre de toutes les académies, de tous les athénées, de tous les instituts, si l'on en excepte celui de France.
L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, pp. 276-277.
3. Toute réponse à peu près plausible aux questions qu'il se pose et qu'il n'arrive pas à résoudre seul, s'offre à lui comme un refuge; surtout si elle lui paraît accréditée par l'adhésion du grand nombre. Danger majeur! résiste, refuse les mots d'ordre! ne te laisse pas affilier! plutôt les angoisses de l'incertitude, que le paresseux bien-être moral offert à tout « adhérent » par des doctrinaires! tâtonner seul, dans le noir, ça n'est pas drôle; mais c'est un moindre mal. Le pire, c'est de suivre docilement les vessies-lanternes...
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 982.
Rem. Dans ce groupe verbal, chacun des 2 verbes garde sa pleine valeur : se laisser exprime la passivité du suj. qui est affilié, affilier l'activité de ceux qui affilient.