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P. ext. [En parlant de la physionomie, du ton de parole, du comportement] Qui est le propre de personnes affairées : 5. M., intendant de province, homme fort ridicule, avait plusieurs personnes dans son salon, tandis qu'il était dans son cabinet, dont la porte était ouverte. Il prend un air affairé, et, tenant des papiers à la main, il dicte gravement à son secrétaire : ...
Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 94.
6. J'accoutumais les capitaines à une attitude calme et forte, toute contraire à l'agitation affairée, à l'importance fanfaronne qui était le ton accoutumé de la milice citoyenne.
A. de Vigny, Mémoires inédits,1863, pp. 96-97.
7. Quand le prince se vit de nouveau seul avec son confident, il ne revint pas sur ce qui venait de se passer, mais prenant le ton le plus affairé, il lui parla du conseiller de commerce Martélius et chargea Lanze de se rendre immédiatement chez l'indispensable personnage; ...
J.-A. de Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 114.
8. C'est bon, cette vie active, affairée, où l'on n'a pas une minute à soi : il n'y a pas de place pour l'ennui ou le noir de la pensée.
E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1888, p. 870.
Rem. 1. Considéré comme fam. par Ac. 1740-1878.
Rem. 2. Le superl. abs. de affairé pose un problème. Ac. 1718-1798 donne dans un ex. : ,,il est si fort affairé que...``, qui devient en 1835 : ,,il est si affairé``, maintenu en 1932. Ce qui laisse supposer que dans l'emploi non intensif il y a passage de fort affairé (cf. infra ex. 12) à très affairé. Cette dernière tournure a été critiquée par des puristes :
9. Il est très-affairé. Quoique cette expression soit généralement répandue, elle n'en est pas moins vicieuse; dites, il est très-occupé.
E. Molard, Le Mauvais langage corrigé,1810, p. 8.
Mais les écrivains suivent l'usage commun : 10. Maintenant, elle marchait par les étroits sentiers d'herbe, entre les pièces, donnait un coup d'œil à chacune; tandis que lui la suivait, très affairé, l'air préoccupé énormément de la perte possible d'un tablier ou d'un torchon.
É. Zola, Le Rêve,1888, p. 77.
Pour le superl. rel. cf. supra ex. 5. Rem. 3. On peut se demander si sous la condamnation de très affairé ne se manifeste pas le sentiment que affairé est un part. passé, et s'il n'y aurait pas là une preuve indirecte de l'existence du verbe s'affairer, attesté seulement au dernier quart du xixes. (cf. ce verbe sous étymol. et hist.); mais la condamnation peut aussi avoir son origine dans le sentiment que affairé a de soi une valeur superl.