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Faire passer un signe linguistique de la langue* à la parole* (cf. actualisation) : 5. La langue est (...) un système de signes virtuels destinés à être actualisés dans chaque circonstance, pour l'expression d'une pensée donnée...
Ch. Bally, La Pensée et la langue, B. Soc. Ling.,t. 23, 1922, p. 118.
6. Pour devenir un terme de la phrase, un concept doit être actualisé. Actualiser un concept, c'est l'identifier à une représentation réelle du sujet parlant (...). La distinction entre virtuel et actuel vaut aussi pour le système phonologique. Un phonème est virtuel tant qu'il est isolé, par exemple a, ou qu'il fait partie d'un groupe de sons dépourvus de sens, tel que ari. Un phonème est actualisé dès qu'il figure dans une chaîne parlée significative...
Ch. Bally, Ling.1950, § 110, 118.
7. Une représentation peut être virtuelle, c'est à dire : « non encore jugée comme vraie, fausse, probable, etc. ». Ainsi, l'idée de pluie, ou celle de pleuvoir. Cette idée aura été actualisée, dès qu'on en fait l'objet d'un jugement. D'abstraite, elle devient concrète. On l'individualise, pour ainsi dire. On la rend apte à faire partie d'une pensée complète, d'une phrase. Elle ne représente plus une simple vue de l'esprit.
(...) On actualise une idée virtuelle en la localisant dans un sujet, qui devient « le lieu du jugement » (je vois la pluie), opération qui se fait au moyen de ce que Bally appelle l'assertion ou le modus; ce sera, en général, un verbe (implicite ou explicite).
De Boer1954, § 172.
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En partic. chez certains grammairiens. Poser comme probable ou effective, c'est-à-dire actuelle (p. oppos. à virtuelle) une idée préalablement examinée par la pensée : dans je vois (constate, crois, sais...) qu'il pleut, il pleut exprime l'idée actualisée; je vois signifie l'« actualité » qui fait employer le mode ind. dans la sub. En revanche, dans la phrase je crains qu'il ne pleuve, la pesée non actualisante signifiée par le verbe craindre interdit l'emploi du mode ind. : 8. Les idées regardantes (...) qui s'apparentent sémantiquement à la notion de possibilité (...) maintiennent l'idée regardée dans le mode subjonctif; celles qui s'apparentent à la notion de probabilité, et, au-delà de la probabilité, à la notion de certitude (le certain étant du probable accumulé) (...) actualisent l'idée regardée en la situant dans le mode indicatif.
G. Moignet, Essai sur le mode subjonctif en latin postclassique et en ancien français,Paris, P.U.F., 1959, p. 100.