ACCIDENT2, subst. masc.
GÉOGR., GÉOL. Accident de terrain. ,,Le mot dislocation... est réservé d'ordinaire aux accidents nets et localisés, proprement tectoniques. Les dislocations et déformations de tout genre, faibles ou intenses, limitées ou étendues, lentes ou rapides, ont été réunies par G.K. Gilbert (1885, d'après J.W. Powel) sous le nom de diastrophisme... On distingue plus ou moins nettement : des mouvements intenses et localisés donnant naissance aux chaînes de montagnes, mouvements orogéniques... et des déformations modérées, étendues, affectant des continents ou fragments de continents : mouvements ép(é)irogéniques.`` (Baulig 1956). −
Au début du xixe, le sens garde encore une certaine généralité : 1. Le pays était sans beautés apparentes : je l'avais aimé d'abord pour sa tristesse uniforme, pour le silence de ses vastes plaines. J'avais espéré m'y détacher entièrement de toute sensation vive, de toute admiration exaltée. Avide de repos, je croyais pouvoir sans fatigue et sans danger promener mes regards sur ces horizons aplanis, sur ces océans de bruyères dont un rare accident, un chêne racorni, un marécage bleuâtre, un éboulement de sables incolores venaient à peine interrompre l'indigente immensité.
G. Sand, Lélia,1833, p. 177.
2. Les monts où je tournoyais ressemblaient à un éboulement des chaînes supérieures, lequel, en couvrant un vaste terrain, aurait formé de petites Alpes offrant les divers accidents des grandes.
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 457.
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Il est définitivement plus techn. dans les ex. suiv. : 3. Le pays n'est qu'une suite ininterrompue de vallons et de côtes, une sorte de moutonnement du sol, que le chemin de fer traverse, alternativement, sur des remblais et dans des tranchées. Aux deux bords de la voie, ces accidents de terrain continuels, les montées et les descentes, achèvent de rendre les routes difficiles.
É. Zola, La Bête humaine,1890, p. 29.
4. ... dans les accidents du littoral : le fiord désigne une échancrure étroite et longue; le vik représente une anse arrondie. Tandis que les mots ner et skaji s'appliquent à des promontoires élevés, peut-être plus allongés d'après le second; eyrr est une lande plate et sablonneuse.
P. Vidal de La Blache, Principe de géographie humaine,1921, p. 267.
5. Les phénomènes volcaniques peuvent être considérés comme des accidents (W. M. Davis) qui perturbent le développement du cycle morphologique.
Baulig1956.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aksidɑ
̃]. Enq. : /aksidã/. 2. Dér. et composés : accidence, accidentaliser, accidentalité, accidenté, accidentel, accidentellement, accidenter.
Étymol. ET HIST. − Corresp. rom. : a. prov. accident; n. prov. acidènt; ital. accidènte; esp. accidente; port. acidente; cat. accident; sard. aččidènte; roum. accident.
1. Apr. 1160 « événement funeste » (Benoit, Chr. ducs de Norm. éd. Carin Fahlin, I, 13 763 : Cil qui en sunt mostré a dei, En cui cuers creist e naist deslei, Maleit seit or cil aucidenz Qu'eissi comperent tantes jenz); 1268 « fait du hasard » (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, 312 ds T.-L. : L'amistiés qui naist par delit ou par profit... est amistié par accident); 2. 1170 « indice, signe extérieur (d'une passion) » (Chrét., Cligès, éd. Micha, 1580 : Bien aparçoit et voir li sanble Par les nuances des colors Que ce sont accident d'amors); 3. a) 1237 « modification passagère de l'être, terme philos. » (Roman de la Rose, éd. F. Michel ds T.-L. : Les accidens et les sustances Des choses qui sunt souz la lune); b) 1268 « id. » (Brun. Latin, Op. cit., 154 ibid. : cele mer est rouge non mie par nature, mais par accident).
Empr. au lat. accidens subst. neutre (part. prés. subst. de accidere), dep. Sénèque soit au sens d'« événement fortuit » (Epist., 90, 34 ds TLL s.v., 296, 81 : accidentia non aliter excipere quam imperata) soit d'« événement funeste » (ibid., 120, 12, ibid., 82 : vir... perfectus... numquam accidentia tristis excepit) d'où 1. Terme philos. dep. Quintilien (Inst. Orat. 3, 6, 36, ibid., 297, 46 : Theodorus de eo an sit et de accidentibus ei, quod esse constat, id est π
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ς existimat quaeri) : cf. Boèce ds Porphyr. Vict., 2, ibid., 297 : [tres definitiones] : 1) a. est quod infertur et aufertur sine ejus in quod est interitu, 2) a. est quod contingit alicui et inesse et non inesse, 3) a. est illud quod neque genus sit neque species neque differentia neque proprium, d'où 3 (cf. avec 3 a fin ves. Claud. Mamertus, p. 193, 18 ibid., 73 : corpus substantia est, non accidens; avec 3 b fin iiies., début ives. Chalcidius, Comm. in Platonis Tim., 284, ibid., 83 : omnia quae fiunt vel secundum naturam suam fiunt vel ex aliquo accidenti) d'où « signe extérieur, symptôme de maladie » dep. ive-ves. (Theod. Priscianus ds TLL s.v., 298, 22 sq) puis terme gén. (cf. fin ixes. Wolfhardus, Vita Waldburgae, 4 11 ds Mittellat. W. s.v., 87, 68 : res... ex propriis accidentibus discernuntur) d'où 2.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 847. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 4 270, b) 3 723; xxes. : a) 3 746, b) 4 216.
BBG. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Baulig 1956. − Bénac 1956. − Bonnaire 1835. − Bouyer 1963. − Cap. 1936. − Chabat t. 1 1875. − Criqui 1967. − Cros-Gardin 1964. − Divin. 1964. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Gramm. t. 1 1789. − Guilb. Aviat. 1965. − Julia 1964. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Le Breton Suppl. 1960. − Le Clère 1960. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Miq. 1967. − Nysten 1814-20. − Pamart (P.), Riverain (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, no210, p. 521. − Paré (G.). Le Roman de la Rose et la scolastique courtoise. Paris, 1941, pp. 23-51. − Piguet 1960. − Plais.-Caill. 1958. − Quillet Méd. 1965. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 339. − Romeuf t. 1 1956. − Rougnon 1935. − Sill. 1965. − Springh. 1962. − Suavet 1963. − Théol. cath. t. 1, 1 1909. − Thomas 1956.