1. [Avec compl. spécifiant la nature de l'obj.] a) [Un aspect de la condition humaine] :
13. Mon âme s'est offerte souvent sur cette croix, elle a saigné sous ces épines; elle a souvent adoré, sous le nom de Christ, la souffrance humaine relevée par l'espoir divin; la résignation, c'est-à-dire l'acceptation de la vie humaine; la rédemption, c'est-à-dire le calme dans l'agonie et l'espérance dans la mort.
G. Sand, Lélia,1833, p. 191.
14. Que dis-je? Aucune loi n'exigeait de vous l'acceptation d'une amitié, compromettante, il est vrai, que je vous donnais de bon cœur.
L. Bloy, Journal,1892, p. 54.
15. Jeanne d'Arc, dans sa solitude, décide de rompre les amarres pour aller à la tempête et à sa mission douloureuse. Prodigieux accroissement de forces, prodigieuses impulsion vers les sommets! L'acceptation du risque, bien plus, la volonté du risque et de la grande aventure, (voilà ce qu'elle enseigne).
M. Barrès, Mes cahiers,t. 12, 1919-1920, p. 158.
16. La première [moralité] se trempe peu à peu dans les renoncements successifs qui mènent de la captation à l'oblation, depuis la discipline sphinctérienne du premier âge, en passant par l'acceptation du sevrage;...
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 682.
b) Spéc., PSYCHANAL. Intégration de la réalité à sa vie consciente : 17. Le danger de cette phase est le refus du sexe. Il ne faut négliger aucun moyen d'avancer l'âge de l'acceptation du sexe. Plus tôt le garçon se sentira garçon et la fille se sentira fille, nous dit justement le docteur Pichon, plus tôt le premier aura les cheveux coupés et sera habillé en garçon, plus tôt la fille sera en robe, mieux cela vaudra.
E. Mounier, Traité du caractère,p, 1501946, p. 682.
18. Par son adaptation au « principe de réalité », l'enfant apprend l'acceptation du renoncement, l'acceptation d'autrui et l'acceptation de la lutte. Dans le travail scolaire, dans la fréquentation de ses camarades et dans l'apprentissage de la vie, il se heurte constamment à l'échec. Il faut veiller à ce qu'il sache « terminer » ses échecs, vivre et assumer consciemment le renoncement exigé par l'ordre des choses ou par la joie d'autrui, dominer la défaite passagère et repartir d'un pas neuf et plus assuré. Sinon, les épreuves inacceptées laisseront autant de blessures qui le pousseront à se séparer, à s'opposer, à revendiquer tout le long de sa vie.
E. Mounier, Traité du caractère,p, 1501946p. 683.
19. Le rêve indique nettement l'acceptation de votre brouille avec Z.
M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanalyse?,1950, p. 172.
2. [Le compl. reste implicite] Soumission à une volonté supérieure, résignation au destin : 20. Se soumettre à ce qui advient, c'est unir notre volonté à la sienne, c'est la diviniser, c'est la porter aussi haut que l'homme puisse atteindre. Aussi je trouve dans l'acte de résignation chrétienne, qui peut sembler une acceptation passive, une sorte d'affaissement sous la nécessité; j'y trouve, dis-je, le mouvement le plus sublime de l'âme.
E. de Guérin, Journal,1840, p. 337.
21. Il faut que longtemps encore je m'imagine avoir le droit de tout mépriser en jouissant de tout. Plus tard sans doute j'en viendrai − moi aussi − à cette acceptation, à cette résignation doucement fataliste, où se réunissent maintenant Barrès et Maeterlinck. Seulement, comme eux aussi et peut-être plus qu'eux, je m'attacherai toujours à mes chers et beaux désirs, qui sont la joie et la force de mon âme, à mes passions de toute sorte, qui sont les filles de mon âme. Et, ayant transformé ma clairvoyance en un acquiescement souriant, je ne m'occuperai plus, ou bien moins, de me ressasser la vanité de toute chose.
J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., févr. 1906, p. 272.
22. Mais non; je ne veux point d'une félicité que peut flétrir la clairvoyance. Il faut savoir retrouver le bonheur par delà. Acceptation; confiance; sérénité; vertus de vieillard. L'âge de la lutte avec l'ange est passé.
A. Gide, Journal,1927, p. 841.
23. Ce qui dresse l'U.R.S.S. contre lui [le Christ], c'est qu'il prêche l'acceptation. Cette doctrine de soumission, ceux qui soumettent s'en emparent par un abominable abus.
A. Gide, Journal,1932, p. 1125.
24. La vieille grand'mère ne sait pas analyser son cœur. Le sentiment qui l'habite, proéminent et inassimilé, c'est une grande souffrance générale de deuil et de fin de vie. Ne pouvant songer à se trouver malheureuse parce que, dans ses profondeurs de résignation religieuse et d'acceptation héréditaire, l'idée ne lui fût jamais venue « de s'écouter », comme ils disent, ayant cependant besoin, pour en faire l'objet de ses attendrissements, d'une autre personne qu'elle-même, elle choisissait de tous ses enfants le plus lointain...
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, p. 47.
25. Je me suis étendu au pied de mon lit, face contre terre. Ah! bien sûr, je ne suis pas assez naïf pour croire à l'efficacité d'un tel moyen. Je voulais seulement faire réellement le geste de l'acceptation totale, de l'abandon. J'étais couché au bord du vide, du néant, comme un mendiant, comme un ivrogne, comme un mort, et j'attendais qu'on me ramassât.
G. Bernanos, Journal d'un Curé de campagne,1936, p. 1113.
26. D'ailleurs, la fin de la guerre nous laisserait debout sur le vieux continent, tandis que l'Amérique se retrouverait dans son hémisphère et l'Angleterre dans son île. Pour peu que nous sachions vouloir, nous aurions donc les moyens de rompre le cercle d'acceptation résignée et de docile renoncement où nos trois partenaires entendaient nous enfermer.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 48.
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Au plur. Actes de soumission : 27. Tant qu'on est deux, la vie est possible. Seul, il semble qu'on ne pourra plus la traîner. On renonce à tirer. C'est la première forme du désespoir. Plus tard on comprend que le devoir est une série d'acceptations. On regarde la mort, on regarde la vie, et l'on consent. Mais c'est un consentement qui saigne.
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 63.
Rem. Les manuels de bon usage et récemment l'Académie française (communiqué du 21 oct. 1965) mettent en garde contre une confusion assez répandue avec acceptation. Qq. ex. de acceptation pour acception dans la docum., sans qu'il soit toujours possible de déterminer s'il s'agit d'une inadvertance de l'aut. ou d'une faute d'impression.
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Au sens de acception (cf. ce mot, I) : 28. Peloter : Flatter avec intention. Acceptation finale du mot [peloter, caresser].
Larch.1872, p. 273.
29. ... le côté désolé de la nature, qu'il a saisi mieux que personne, correspondant au côté désolé de sa nature à lui. Désolé, ce mot dans toutes ses acceptations, oh! combien il est Hardy, et comme il faudra le faire voir! Et, dans la nature, cet aspect de cécité, cécité qui, pour Hardy, s'étend jusqu'à la cause immanente de tout, jusqu'à ce qu'il appelle toujours : ...
Ch. Du Bos, Journal,janv. 1925, p. 258.
(
Cf. cependant chez le même aut. dans un cont. analogue l'emploi du mot
acception*, ex. 10).
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Au sens de acception de personne (cf. ce mot, II) : 30. L'on voit fréquemment un délinquant récidiviste condamné à l'emprisonnement et un délinquant primaire aux travaux forcés pour faits identiques − tout dépend de l'indulgence du Parquet et de l'acceptation [= acception de personne] du prévenu.
A.-L. Dussort, Mémoires,Le Ménage, 1929, dép. par G. Esnault, 1953, p. 8.