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A, subst. masc.

A, subst. masc.
I.− 1relettre de l'alphabet et 1redes 5 voyelles (pour la voyelle, cf. phonét.).
Graphies :
A majuscule ou grand A, de forme triangulaire caractéristique
ɑ minuscule ou petit ɑ
a romain
a italique
â accent circonflexe
Obj. en forme de A :
1. ... les lettres qui sortent de votre plume ne me sont point étrangères (...) et cet A sort de notre aleph, en tête de bœuf. A. France, Le Jardin d'Épicure,1895, p. 174.
2. Il existe dans l'église de Conques (Aveyron) (...) un objet de forme triangulaire, en bois recouvert de cuivre doré (...). On appelle ce reliquaire l'A de Charlemagne et il passe pour être un présent de ce prince. P. Mérimée, Études sur les arts au Moyen Âge,1870, pp. 104-105.
La lettre a s'oppose à la prép. à :
3. Comme prép. tient encore la place d'après, poil à poil; d'avec, peindre à l'huile; de pour, bois à brûler; d'environ, cinq à six pieds; d'ou, deux à trois (il vaut mieux dire deux ou trois); de par, on juge à votre mine; de selon ou suivant, un habit à la mode; de vers, il tire à sa fin, etc., etc. Dans toutes ces occasions, et autres semblables, on met un accent grave sur l'a. C.-M. Gattel, Nouveau dict. portatif de la langue française,1797.
Un ex. de a s'opposant à o :
4. Pourquoi ne pas admettre que si l'auteur du traité du verbe dit qu'A est noir et qu'O est bleu, c'est parce qu'il le sent (...)? A. France, La Vie littéraire,t. 2, 1890, p. 7.
Expressions :
La panse d'a. Au propre. La partie arrondie de l'a ayant la forme d'une panse dans l'écriture cursive. Au fig. N'avoir pas fait une panse d'a. N'avoir rien écrit, rien copié, rien composé.
Ne savoir ni A ni B. Ne pas savoir lire, p. ext., ignorer les éléments d'une sc., d'un art, etc.
De A à Z ou depuis A jusqu'à Z. Du début à la fin.
L'ABC (pour cette expr., cf. ABC).
II.− A employé comme symbole
A.−
1. ALGÈBRE. a désigne une quantité connue.
ARITHM. a, symb. de are.
GÉOM. ,,A indique l'une des parties d'une figure qui sert à quelque démonstration (l'angle A, l'angle B d'un triangle, etc.).`` (Ac. Compl. 1842) :
5. ... si on constate que sur une ligne le point B est entre les points A et C, on se contentera de cette constatation et on ne s'inquiétera pas de savoir si la ligne ABC est droite ou courbe, ni si la longueur AB est égale à la longueur BC, ou si elle est deux fois plus grande. H. Poincaré, La Valeur de la science,1905, p. 66.
De là, prouver par A + B, ,,démontrer d'une manière rigoureuse, comme en mathématiques.`` (Dub.) :
6. ... savez-vous à qui je songeais : à Renan, dodelinant sa grosse tête au milieu de politiciens et de salonnards ébahis, expliquant Notre-Seigneur par A et B et vaticinant... L. Daudet, La Recherche du beau,1932, p. 274.
2. CHIM. A, symb. de l'azote ds Ac. Compl. 1842 (au xxes. le symb. de l'azote est N); A, symb. de l'argon.
A, symb. de l'aluminium ds Ac. Compl. 1842, a été remplacé au xxes. par Al.
3. PHYS. A, symb. de l'ampère.
4. MÉTROL. Å, symb. de l'angström et du suff. -atto : ,,Atto ... = 10-18.`` (Dict. des sigles,pp. 17-18).
5. PÉDOL. ,,A, symb. désignant l'ensemble des horizons du sol pédologique les plus proches de la surface, caractérisés par la forte activité biologique : grande densité de colonisation par les êtres vivants, enrichissement en substances organiques.`` (Plais.-Caill. 1958). Pour les subdivisions de l'ensemble A, cf. Plais.-Caill. 1958.
B.− IMPR. ,,A sert à indiquer la première feuille d'un volume, ou le premier renvoi aux notes.`` (Lar. 20e).
C.− LOG. ,,A. 1oSymbole de la proposition universelle affirmative en Logique, suivant les vers mnémoniques classiques :Asserit A, negat E, verum generaliter ambo; Asserit I, negat O, sed particulariter ambo. 2oSymbole de la proposition modale dans laquelle le mode et le dictum sont affirmés l'un et l'autre.`` (Lal. 1968).
D.− MAR. ,,A, premier pavillon du Code international de signaux. Hissé isolément, signifie : Je suis en train d'effectuer des essais de vitesse.`` (Gruss 1952).
E.− MÉD. ,,A, aa, ou ana, placé à côté d'une accolade qui embrasse l'indication de plusieurs substances, signifie : de chacune de ces substances.`` (Littré-Robin 1865).
F.− MUS. ,,Abréviation par laquelle on indique la voix d'Alto, l'Alto, instrument à cordes, et l'Alto, instrument de cuivre.`` (Candé 1961); ,,On voit dans certaines partitions d'orchestre le ton de la désigné par la lettre A pour certains instruments transpositeurs : clarinette en (ou in) A; cor en (ou in) A, etc., etc. Les facteurs ont le soin d'indiquer sur les corps de rechange (...) des instruments de cuivre les lettres correspondant à leurs tons : trompette, cor en A, etc.`` (Candé1961) :
7. ... suivant la notation anglo-germanique, H équivalant à si, A à la, D à − Y et N correspondant, du fait de l'application (...) à l'échelle diatonique de l'ordre des lettres de l'alphabet, à et sol. A. Cortot, La Musique française de piano,t. 1, 1930, p. 253.
G.− NUMISM. A désigne la ville de Paris (Ac. Compl. 1842); il est le ,,signe distinctif de toutes les monnaies frappées à Paris.`` (Comm. 1837). Il désigne aussi l'atelier monétaire de Marseille (Lar. 20e), AA celui de Metz (Besch. 1845, Lar. 20e, Quillet), Ae celui d'Aix (Lar. 20e). − De là, au fig., être marqué à l'A : ,,Il est marqué à l'A se dit d'un homme de bien, d'honneur et de mérite.`` (Littré).
III.− A employé comme sigle
A.− TITRES. A, abréviation de Altesse dans les sigles S.A.R. (Son Altesse Royale), S.A.S. (Son Altesse Sérénissime), S.A.I. (Son Altesse Impériale.) etc. : ,,Dans les nobiliaires, il est mis pour Altesse.`` (Lar. 20e).
B.− Autres sigles en usage.
1. COMM. ,,A, pour accepté quand il s'agit d'une lettre de change.`` (Ac. Compl. 1842). Il y a aussi A.M. pour Assurance Mutuelle (ibid.), S.A. (Société anonyme), etc.
2. MAR. ,,A, pour assuré ou assurance.`` (Ac. Compl. 1842ibid.).
IV.− Dans l'argot des bagnes : ,,Les A ou B sont des « internés »; ils vont du dépôt au quai d'embarquement en tête du convoi, avec les punis de cachot.`` (A.-L. Dussort, Journal,janv. 1930, ms colligé par G. Esnault, 1953).
Prononc. ET ORTH. 1. Forme phon. : [ɑ]. Warn. 1968 le marque du signe ['] qui indique que le mot ne se lie pas avec un mot précédent, mais il précise : ,,Liaison après un article : un a, des a (...) œ ̃-nɑ, de-zɑ, (...)`` Cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 440 : ,,Je dis | ɑ mais un ɑ``. − Oppos. phonol. [ɑ] ??? [a] dans a/à. Enq. : /a/. 2. Homon. : cf. à. 3. Graphèmes. − a) La lettre a entre dans les graphèmes composés suiv. :
graphèmes
prononc.
ex.
ai[e]je filai (verbe filer)
ai[ε]laine
[ε]naître
[o]Saône
aoû[u]août
au[o]auteur
au[ɔ]Paul
ay (sauf dans bayer [aj])[ε]tramway
eau[o]peau
aen[ɑ ̃]Caen
aim[ε ̃]faim
ain[ε ̃]bain
am[ɑ ̃]chambre
anc[ɑ ̃]flanc
aon[ɑ ̃]faon
ean[ɑ ̃]Jean
b) Signes spécifiques : â, à. L'accent circonflexe. − . Cet accent indique l'amuissement d'un s dans : ,,albâtre, âne, âpre, bât, bâtir, blâmer, (...); dans les formes verbales comme : vous chantâtes (et, par fausse analogie, nous chantâmes), qu'il chantât, etc. (...). Dans pâle (anciennement pasle et palle) l's n'était pas étymologique; âme n'a l'accent que depuis 1798; dans ce mot c'est la chute d'un n (aneme, anme) qui a produit l'allongement de l'a.`` (Beaul. t. 2 1927, p. 96). . Il indique la réduction d'un hiatus : âge (eage, age), bâiller (baailler). . ,,Mots dans lesquels on a mis le circonflexe sans qu'il y ait suppression d's ou de voyelle : âcre (...), châsse, crâne (...), infâme (...), grâce, disgrâce, hâbler...`` (ibid., p. 97). A, là, çà, deçà, delà, holà, déjà. − L'accent grave sur a est empl. ,,pour différencier des homonymes. On distingue ainsi la forme verbale a et la préposition à, l'article et le pronom la et l'adverbe là, la forme contractée ça pour cela, et l'adverbe çà, ... `` (Clédat 1930, p. 79). Cf. aussi Beaul. t. 2, p. 93 et déjà. c) Représentations graph. du son a :
graphèmes
prononc.
ex.
aa[a]Saale (rivière)
aa[ɑ]Saales (ville)
ê[ɑ] et [a]poêle
ea[ɑ] et [a]Jeanne
em, en[a]femme, solennel
oi[a]poil, oiseau
[a]cloître
oy[a]loyal
HIST. − A dérive, à travers le lat. et par l'intermédiaire peut-être de l'étrusque ainsi que d'autres alph. italiotes, des alph. gr. occ. A est empl., dans certains expr., comme symbole et dans des sigles (dont la création ne cesse d'augmenter aux xixeet xxes., cf. sém. III). En ce qui concerne l'importance de cette lettre, Besch. 1845 cite Voltaire : La lettre a, chez presque toutes les nations, devint une lettre sacrée parce qu'elle était la première. A.− A empl. dans certaines expr. − 1. Être marqué à l'A, à propos d'un homme de bonne réputation. 1reattest., 1576 (FEW). 2. Ne savoir ni A ni B, 1reattest. dans la lexicogr. ds Rich. 1680, subsiste (cf. sém. I) : Ci-dessous gît M. l'Abbé, Qui ne sçavoit ni A ni B. Ménag. (Trév. 1752). 3. Une panse d'A, dès Fur. 1690. L'expr. reste vivante (cf. sém. I et Rob.). 4. De A jusqu'à Z, 1reattest. ds Ac. 1798, subsiste. 5. L'ABC*. B.− A empl. comme symbole. − 1. A, 1relettre dominicale dans le Calendrier Julien (av. la réforme de Grégoire XIII, 1582) : Les Romains s'en étoient servi bien avant le temps de Notre-Seigneur. Cette lettre étoit la première des huit lettres nundinales, et ce fut d'après cet usage qu'on introduisit les lettres dominicales. (Trév. 1771). Sert qqf. de lettre dominicale même au xxes., cf. p. ex. Missel vespéral romain par Dom Gérard et les Bénédictins de l'abbaye de Saint-Maurice et Saint-Maur de Clairvaux (Turnhout-Clairvaux, 1937; signalé par M. A. Goosse). 2. A, au xviiies., marque de la monnaie de Paris, réputée du meilleur aloi (1reattest. ds Trév. 1771); AA, marque de la monnaie de Metz de 1662 à 1794 (1reattest. ds Trév. 1752, cf. aussi Quillet). Au xixes. cet emploi subsiste (cf. sém. II G), au xxeil n'est plus attesté. − Rem. Pour l'emploi fig. être marqué à l'A, p. allus. à la marque de la monnaie de Paris, cf. sup. A 1. 3. Pour la philos. scolast., il désigne une prop. gén. affirmative. 1reattest. ds Trév. 1771, subsiste (cf. sém. II C) : A affirme, mais généralement, disent les logiciens (Trév. 1771). 4. En méd., emploi attesté dep. Trév. 1752 et jusqu'au xixes. seulement (cf. sém. II E) : A, ã ou ãã, Abréviation dont on se sert en médecine pour ana, c'est-à-dire, pour désigner une égale quantité des différents ingrédiens énoncés dans une formule : par exemple prenez d'eau de lis et de syrop capillaire ãã une once, c'est-à-dire, de chacun une once (Trév. 1771). 5. En chim., AAA signifient « amalgame ou opération d'amalgamer » (Fur. 1690). Cet emploi disparaît apr. le xviiies., et A n'est plus en chim. que le symbole de l'azote et de l'argon (cf. sém. II A 2). 6. Cf. aussi sém. II (xixeet xxes.). C.− A empl. comme sigle. − Il l'était déjà dans l'Antiquité où il servait notamment d'abrév. pour les noms propres commençant par A sur les monuments ou les monnaies (A. pour Aulus, A. pour Argos). Au xviiies., cf. Trév. 1752 : A. « accepté »; A.S.P. « accepté sous protection »; A.S.P.C. « accepté sous protection pour mettre à compte »; A.P. « à protester ». . Pour les xixeet xxes. cf. sém. III A et B.
BBG. − Dem. 1802. − Fucci (F.). Dizionario del linguaggio giornalistico. Milano, 1962. − Gramm. 1789. − Gruss 1952. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Plais.-Caill. 1958. − Rougnon 1935.

À, prép.

À, prép.
I.− À dans le syntagme verbal (à sert à construire un complément du verbe)
A.− À introduit un complément unique
1. À introduit un compl. unique apr. un verbe à la forme active
a) À + subst. de l'animé ou de l'inanimé :
appartenir à céder à convenir à croire à déplaire à désobéir à échapper à échoir à importer à incomber à manquer à mentir à nuire à obéir à penser à plaire à recourir à en remontrer à renoncer à résister à ressembler à rêver à servir à sourire à succéder à survivre à tenir à
1. L'amour était un mot trop faible pour exprimer le torrent de feu qui le brûlait, dès qu'il pensait à elle. Ce n'était pas de l'amour, et c'était mille fois plus que l'amour... R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1379.
2. Il n'y a pas encore un an que ce rêve a pris fin et il me semble que j'ai déjà tout oublié de nos détresses. Je ne pense qu'à nos élévations, à nos enchantements, à notre joie. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 8.
3. Je crois en vous, comme je n'ai jamais cru à personne au monde. Je vous crois. Je crois en vous plus encore que je ne vous aime, par une sorte de nécessité, par un mouvement de l'être aussi fort, aussi spontané que l'instinct de conservation. G. Bernanos, Dialogues d'ombres,1928, p. 41.
Rem. 1. Oppos. à / -; à / de (cf. aussi hist. II A 1). − Certains de ces verbes admettent également la constr. dir. La différence de constr. va de pair avec une différenciation sém. : céder à qqn (ou qqc.), « ne plus résister » / céder qqc., « abandonner qqc. » (cf. manquer, penser, servir, tenir.) D'autres se construisent par ailleurs avec de + subst. (ou de + inf.) : convenir à qqn / convenir de qqc. (de + inf.) (cf. manquer, profiter, sourire, servir, tenir). Échapper à s'oppose à s'échapper de : la prép. de signifie l'éloignement d'un lieu concr. (s'échapper de prison). À marque au contraire que l'on s'est approché de si près du lieu (abstr.) signifié par le compl. circ. que l'on a manqué d'y être pris (échapper à la prison; échapper à « éviter de justesse »). L'idée d'éloignement n'est plus marquée dans ce cas que par le préf. é-. 2. Le verbe croire admet la constr. avec à et la constr. avec en. Cf. croire et ex. 3. 3. Certains des verbes cités peuvent être complétés aussi par à + inf. : penser à, renoncer à, servir à, suffire à, tenir à...
b) À + subst. de l'inanimé ou à + inf.
Verbes se construisant avec à + subst. de l'inanimé :
accéder à acquiescer à adhérer à applaudir à assister à atteindre à attenter à compatir à conclure à contrevenir à correspondre à déroger à émarger à faillir à forfaire à insulter à mordre à obtempérer à obvier à parer à préexister à présider à procéder à réfléchir à remédier à retoucher à satisfaire à souscrire à subvenir à succomber à suppléer à toucher à vaquer à
Pour (veiller) à ce que, cf. que.
4. La voici qui procède à une redistribution des rôles : ... P. Claudel, L'Échange,2eversion, 1954, p. 727.
Verbes se construisant soit avec un subst. de l'inanimé, soit avec un inf. :
aspirer à collaborer à concourir à consentir à contribuer à coopérer à équivaloir à jouer à participer à regarder à travailler à veiller à viser à
5. En attendant cette harmonie suprême, il est juste que ceux qui ne sont que propriétaires aspirent à devenir savants; ... Ch. Baudelaire, Salon de 1846,1846, p. 97.
6. Après un certain nombre d'années j'ai fini par comprendre que la nature des choses me faisait une loi d'aspirer à la mort. J. Bousquet, Traduit du silence,1936, p. 7.
Rem. Admettent par ailleurs une constr. dir. : aspirer qqc., consentir qqc., jouer qqc., travailler qqc., regarder qqn ou qqc., veiller qqn, viser qqn ou qqc.
Verbes se construisant avec à + inf. (ou exceptionnellement le subst. verbal corresp.) :
balancer à chercher à commencer à condescendre à consister à conspirer à continuer à exceller à hésiter à incliner à lésiner à marchander à peiner à persévérer à persister à prêter à renâcler à répugner à réussir à tarder à tendre à
7. Ils étaient vêtus de noir et cherchaient à se faire tout petits. Ils s'arrêtèrent, saisis, sur le pas de la porte, et le monsieur se découvrit machinalement. J.-P. Sartre, La Nausée,1938, p. 119.
être à + inf.signifie l'obligation, la destination... :
8. N'ayant pas le courage d'écarter de telles suppliques, je finis par écrire deux billets, l'un au signataire de la missive qui me parvint et l'autre, au couvent; plus, quelquefois, si des points sont à préciser, si des informations plus étendues sont nécessaires. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. X.
être à + inf.« être en train de », périphrase exprimant l'aspect duratif :
9. Tous deux devaient être à causer sous le hangar, lorsque lui s'était avancé pour appeler le sous-chef. É. Zola, La Bête humaine,1890, p. 59.
Rem. 1. Sens des verbes constr. avec à. − Les verbes qui se construisent avec à + inf. expriment gén. l'imminence de la décision ou l'hésitation (balancer à, condescendre à, consentir à, hésiter à, lésiner à...), l'effort en vue d'aboutir à un résultat (concourir à, conspirer à, contribuer à, peiner à, tendre à...). Équivaloir à et consister à impliquent un jugement dont le compl. représente l'aboutissement. Qq. verbes signifient sans plus divers stades de la réalisation du procès exprimé par l'inf. (commencer à, continuer à, réussir à...). Cf. aussi les verbes de mouvement ou de position, empl. dans leur signif. la plus abstr., qui ont obligatoirement pour compl. un subst. ou un inf. introd. par à - et qui expriment une idée d'aboutissement (aboutir à, (en) arriver à, parvenir à, (en) venir à, (en) rester à...) (cf. D 1). 2. Pour être à, cf. être. 3. Concurrence avec de (cf. aussi hist. I A 1). − La concurrence entre la prép. à et la prép. de n'est réelle que pour les verbes commencer et continuer. Certains verbes actuell. constr. avec à ont pu l'être avec de*. Cette constr. n'est plus vivante ou répond à une volonté d'arch. : aimer à / de balancer à / de consentir à / de hésiter à / de penser à / de réussir à / de songer à / de veiller à / de 2 verbes gén. constr. avec de le sont parfois avec à (p. arch.) : tâcher de / à et essayer de / à. Qq. verbes peuvent être constr. soit directement avec l'inf. soit avec à + inf. : adorer - / à aimer - / à penser - / à prétendre - / à 4. Insertion d'un compl. d'attrib. − Qq. verbes du type montrer ont pour obj. princ. à + inf. et admettent l'insertion d'un compl. d'attrib. : apprendre (à qqn) à + inf. enseigner (à qqn) à + inf. montrer (à qqn) à + inf. Cf. demander à + inf. / demander à qqn de + inf.
2. À introduit un compl. unique apr. un verbe à la forme pronom.
a) À + subst. de l'animé ou de l'inanimé
Constr. typiquement pronom. :
s'apparenter à(*apparenter qqn à...) s'appliquer à s'attacher à se confesser à se cramponner à se dévouer à se donner à s'égaler à se fier à se heurter à se joindre à se mesurer à s'offrir à s'en prendre à se raccrocher à se rendre à « se soumettre » : se rendre à ses arguments
10. C'était un procès gagné d'avance par les conditions écrites que j'ai; mais la situation du gérant de la presse était telle aux yeux du public qu'en le faisant j'aurais paru me joindre à ses ennemis. H. de Balzac, Correspondance,1838, p. 467.
11. Comme un aveugle qui a perdu son guide, je me suis heurté à tous les arbres de la route, et je m'en suis pris aux arbres au lieu de m'en prendre à ma cécité. M. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 271.
12. Mon Dieu! Que c'est bête, de s'attacher à un homme! Champfleury, Les Aventures de Mademoiselle Mariette,1853, p. 70.
Constr. pronom., issues de verbes à double constr. (cf. inf. B) :
s'arracher à qqn / qqc. < arracher qqn / qqc. à qqn / qqc. s'abandonner à s'annoncer à se comparer à se destiner à s'intéresser à se présenter à
13. C'était une occasion de me faire voyager et m'arracher à cette oisiveté dangereuse de la maison paternelle et des villes de province... A. de Lamartine, Les Confidences,1859, p. 135.
14. Je recommence à m'intéresser aux étalages. V. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 177.
Cf. aussi le type dire qqc. à qqn/se dire qqc. (à soi-même) :
15. « Sent-elle la force de ce qu'elle dit, se demandait-il à lui-même ... » Stendhal, Lamiel,1842, p. 99.
16. « C'est bien dommage! se murmurait-il à lui-même... bien dommage! » A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, p. 2.
Rem. S'appliquer à, s'attacher à, se destiner à se construisent également avec à + inf.
b) À + subst. de l'inanimé
Constr. typiquement pronom. :
s'adonner à s'arrêter à s'attendre à s'élever à se monter à se porter à
17. J'avais compté sur les plus nobles promesses, je m'attendais à cette publication comme au lever du soleil. E. de Guérin, Lettres,1842, p. 454.
[S'attendre à se construit également avec l'inf. : s'attendre à trouver qqn]
Constr. issues de verbes à double compl. :
s'abonner à qqc. < abonner qqn à qqc. s'affilier à s'assimiler à s'étendre à s'intégrer à se limiter à se mélanger à se mêler à se plier à
[Se borner à, se limiter à, se préparer à admettent également la constr. avec l'inf.]
18. Il fut un temps où je n'avais souci de rien autre chose que de me préparer à la noble carrière où ma naissance et mes lumières naturelles me paraissaient appeler; ... O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 7.
c) À + inf. (éventuellement subst. d'action)
Verbes typiquement pronom.
[Verbes exprimant l'attrait]
se complaire à s'entendre à se laisser aller à se plaire à se prendre à se prêter à
19. La Cibot put d'autant mieux ôter le mouchoir où la clef du secrétaire était nouée, et qui se trouvait sous l'oreiller de Pons, que le malade avait exprès laissé passer son mouchoir dessous son traversin, et qu'il se prêtait à la manœuvre de La Cibot ... H. de Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 260.
[Verbes exprimant l'effort]
s'acharner à s'apprêter à s'évertuer à s'ingénier à s'obstiner à s'opiniâtrer à
20. Quelques heures lui restaient encore, que nul ne prenait au sérieux. Les quatre dernières, de trop, s'obstinaient à sonner tout de même, dans la nuit de samedi à dimanche, ... J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, p. 12.
[Verbes marquant l'engagement dans l'action]
s'aventurer à s'enhardir à s'essayer à se mettre à se résigner à se vouer à
21. Je m'approchai d'elles, et elles se mirent à pousser des cris aigus, en essayant de se sauver, comme si j'allais les tuer aussi. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Les Rois, 1887, p. 301.
Constr. pronom. issues de verbes à double compl., du type décider qqn à + inf. → se décider à
s'astreindre à s'autoriser à se contraindre à se décider à se destiner à se déterminer à s'entraîner à s'exercer à se forcer à s'habituer à s'initier à s'obliger à s'occuper à se préparer à
22. Après une longue résistance qui l'a mené jusqu'au bout du monde, il s'est décidé à y répondre. Menant en laisse sa volonté frémissante, il s'est présenté à l'autel, et c'est de Dieu même qu'il a reçu réponse. P. Claudel, Partage de midi,1reversion, préf., 1906, p. 983.
23. Depuis le retour d'Étretat, on s'occupait à tout changer dans l'appartement des Dandillot, et il ne s'agissait presque jamais que de contrarier les goûts du disparu. H. de Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1371.
Concurrence à / de1. Un certain nombre de verbes constr. avec de + inf. à la forme active se construisent avec à à la forme pronom. a) Verbes à compl. unique : attendre de faire qqc. « ne rien faire avant de » / s'attendre à qqc. « prévoir que cette chose arrivera » essayer de faire qqc. / s'essayer à faire qqc. hasarder de / se hasarder à oublier de / s'oublier à risquer de / se risquer à b) Verbes à double compl. : refuser à qqn de faire qqc. / se refuser à faire qqc. offrir à qqn de faire qqc. / s'offrir à faire qqc. Certains verbes à constr. simple avec de exigent à à la fois dans la forme pronom. et dans la double constr. : décider de faire qqc., décider qqn à faire qqc., se décider à faire qqc.
2. On notera d'autre part les oppos. : s'arrêter de faire qqc. / s'arrêter à qqc. s'amuser de qqc. / s'amuser à faire qqc. se délecter de qqc. / se délecter à faire qqc. se divertir de qqc. / se divertir à faire qqc. se fatiguer de qqc. / se fatiguer à faire qqc. s'occuper de qqc. / s'occuper à faire qqc.
3. De tient qqf. la place de à dans une lang. archaïsante : s'accorder de se contraindre de se décider de se forcer de s'obliger de s'offrir de se refuser de se résoudre de
4. Un certain nombre de verbes qui prennent auj. la prép. de ont pu se constr. avec à : s'efforcer à s'empresser à épargner à essayer à manquer à être obligé à être pressé à
24. Ces caractères [les tyrans d'Italie] donnent à l'histoire quelques anecdotes scandaleuses, mais lui épargnent à raconter la mort cruelle de vingt millions d'hommes. Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 1, 1817, p. 13.
25. Obligé à nourrir pour lui la chaleur agréable du foyer, il détourne de temps en temps la cendre qui s'amoncelle; il ranime d'un souffle léger une étincelle qui s'étend peu à peu sur un charbon prêt à s'éteindre, et finit par embraser toute sa noire surface. Ch. Nodier, Trilby ou le lutin d'Argail,1822, p. 132.
26. ... et, de bonne heure, elle fut accoutumée à ne jamais manquer à se rendre à la grande messe, à vêpres, complies, etc. H. de Balzac, Annette et le criminel,t. 1, 1824, p. 48.
27. Sur une habitation américaine que gouverne un maître humain et généreux, de nombreux esclaves s'empressent à recueillir la cerise du café; les enfants la précipitent dans des bassins d'une eau pure; ... [A noter que s'empresser à signifie ici « accourir en foule pour ».] F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 297.
28. Pour danser d'autres bals elle [la jeune fille] était encore prête Tant la mort fut pressée à prendre un corps si beau! V. Hugo, Les Orientales,1829, p. 177.
29. Elle partit dès le lendemain, et, sur le seuil, comme il essayait à la retenir, elle répliqua : ... G. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 125.
30. En 1837, à Lausanne, j'ai côtoyé le calvinisme et le méthodisme, et j'ai dû m'efforcer à l'intéresser. Ch.-A. Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1869, p. 48.
B.− À introduit le complément indirect dans une double construction
1. À + subst. de l'animé, compl. d'attrib. (le compl. dir. est gén. de l'inanimé)
a) Apr. des verbes signifiant « donner », « acheter », « promettre », « envoyer » ou leurs anton. :
abandonner qqc. à qqn accorder, acheter, adjuger, adresser, allouer, asséner, assigner, attribuer, bailler causer (causer des ennuis à qqn) céder, communiquer, compter, concéder, conférer, confier, consacrer, consentir, décerner, destiner, devoir, dispenser, disputer, donner, envoyer, expédier, fournir, garantir, infliger, inoculer, jeter, laisser, léguer, ménager, offrir, pardonner, payer, prêter, porter, procurer, prodiguer, promettre, racheter, rapporter, remettre, rendre, renvoyer, reporter, représenter, retourner, rétrocéder, rogner, sacrifier, servir susciter (susciter des ennuis à qqn) tendre, transmettre, Anton. : arracher, dérober, enlever, ôter, prendre, ravir, refuser, retirer, soustraire, voler
31. Je ne crois pas interrompre l'ordre de mon récit en consacrant encore quelques pages à mes amis. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 266.
32. Nommé curé de la paroisse Sainte-Croix-Saint-Ouen à Rouen, le Père Du Breuil y jouissait de l'estime et de l'affection universelles, lorsque cette malheureuse imprudence commise par d'autres, et dont il fut l'innocente victime, vint l'enlever à son troupeau. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 175.
33. ... son amitié pour Lamartine, son aptitude naïve à prêter de la noblesse à des politiciens radicaux. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 6.
Cf. avec un compl. dit « de prix » :coûter (des efforts à qqn) valoir (des soucis à qqn)
Rem. Les verbes signifiant « ôter » se construisent par ailleurs avec de suivi d'un subst. de l'inanimé : arracher qqc. de qqc., ôter qqc. de qqc.
b) Apr. des verbes signifiant « dire », « enseigner », « commander » ou leurs anton. :
affirmer,annoncer, apprendre, avancer, cacher, celer, certifier, commander, communiquer, confesser, confier, conseiller, crier, défendre demander, dérober, dévoiler, dire, dissimuler, écrire, enseigner, imputer, inculquer, insinuer, inspirer, interdire, jurer lire, mander, montrer, nommer, notifier, objecter, ordonner, pêcher, prédire, prescrire, prononcer, prouver, raconter, rappeler, réciter, redire, remémorer, répéter, reprocher, révéler seriner, signifier, souffler, soutenir, suggérer, télégraphier, téléphoner, témoigner, vanter
34. Elle te dit tout ce que doit dire une mère à une fille chérie. H. de Balzac, Correspondance,1821, p. 115.
35. Demande-le aux mères, qui n'osent plus laisser sortir seuls leurs fils lorsqu'ils ont un visage agréable; demande-le surtout à Abbas-Pacha qui, pendant mon séjour au Kaire, fit faire à Boulaq une razzia d'enfants. M. du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, p. 40.
c) Apr. des verbes signifiant « fabriquer » ou son contraire :
briser, casser, confectionner, construire, fabriquer, faire
d) Dans la constr. verbe + à + qqn + de + inf. − A côté de la constr. verbe + qqc. à qqn, de nombreux verbes cités ci-dessus peuvent avoir la constr. verbe + à qqn + de + inf.; elle présente une nette anal. avec la précédente : de + inf. joue le rôle du compl. dir. de l'inanimé; seule est changée la position du compl. d'attrib. de l'animé introd. par à :
accorder qqc. à qqn / accorder à qqn de + inf. ommander qqc. à qqn / commander à qqn de + inf. conseiller qqc. à qqn / conseiller à qqn de + inf. crier qqc. à qqn / crier à qqn de + inf. défendre qqc. à qqn / défendre à qqn de + inf. demander qqc. à qqn / demander à qqn de + inf. devoir qqc. à qqn / devoir à qqn de + inf. dire qqc. à qqn / dire à qqn de + inf. écrire qqc. à qqn / écrire à qqn de + inf. garantir qqc. à qqn / garantir à qqn de + inf. inculquer qqc. à qqn / inculquer à qqn de + inf. interdire qqc. à qqn / interdire à qqn de + inf. jurer qqc. à qqn / jurer à qqn de + inf. mander qqc. à qqn / mander à qqn de + inf. notifier qqc. à qqn / notifier à qqn de + inf. offrir qqc. à qqn / offrir à qqn de + inf. ordonner qqc. à qqn / ordonner à qqn de + inf. pardonner qqc. à qqn / pardonner à qqn de + inf. prescrire qqc. à qqn / prescrire à qqn de + inf. promettre qqc. à qqn / promettre à qqn de + inf. redire qqc. à qqn / redire à qqn de + inf. refuser qqc. à qqn / refuser à qqn de + inf. reprocher qqc. à qqn / reprocher à qqn de + inf. seriner qqc. à qqn / seriner à qqn de + inf. signifier qqc. à qqn / signifier à qqn de + inf. suggérer qqc. à qqn / suggérer à qqn de + inf. télégraphier qqc. à qqn / télégraphier à qqn de + inf. téléphoner qqc. à qqn / téléphoner à qqn de + inf. valoir qqc. à qqn / valoir à qqn de + inf.
36. Mais à cinq heures, voyant le péril de Wellington, Blucher ordonna à Bulow d'attaquer et dit ce mot remarquable : « Il faut donner de l'air à l'armée anglaise. » V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 405.
37. Je reproche à Hugo de manquer de sens critique, de discipline critique, de goût de vérité, de besoin de propreté dans les choses historiques, ... M. Barrès, Mes cahiers,t. 12, 15 janv.-30 juin 1919, p. 4.
38. ... elle demanda à la comtesse De Coantré, sa mère, d'accompagner l'enfant Alban. H. de Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 385.
Rem. 1. Concurrence à / de. − Certains verbes présentent par ailleurs une constr. double avec de. La différence de constr. va de pair avec une différenciation sém. : dispenser qqc. à qqn « donner » / dispenser qqn de qqc. « exempter » fournir qqc. à qqn / fournir qqn de qqc. garantir qqc. à qqn / garantir qqn de qqc. payer qqc. à qqn / payer qqn de qqc. servir qqc. à qqn / servir de qqc. à qqn Qq. verbes de la forme pronom. constr. avec de admettent un compl. d'attrib. introd. par à : s'ouvrir à qqn de qqc. se plaindre à qqn de qqc. s'en prendre à qqn de qqc. se rapporter à qqn de qqc. se recommander à qqn de qqn
Rem. 2. Genre du compl. dir. − Le compl. dir. est gén. de l'inanimé. Un certain nombre de verbes, cependant, appellent indifféremment un compl. dir. de l'inanimé ou de l'animé : abandonner qqn (ou qqc.) à qqn adresser qqn (ou qqc.) à qqn annoncer qqn (ou qqc.) à qqn confier qqn (ou qqc.) à qqn envoyer qqn (ou qqc.) à qqn présenter qqn (ou qqc.) à qqn ravir qqn (ou qqc.) à qqn vanter qqn (ou qqc.) à qqn
2. À + subst. de l'animé, compl. d'agent dans une tournure factitive
a) [Apr. faire. − À l'emporte sur par apr. les verbes subjectifs ou dans des phrases où l'agent ne joue pas véritablement de rôle actif :]
(Personne) n'avait fait ressentir à Don Cesare (...) des sentiments aussi vifs.ces visions faisaient (...) désirer à tous la libération.Le déferlement de razzias ... faisait perdre aux Templiers leurs terres ...(des histoires) qui faisaient hocher la tête aux vieilles gens.Comment ferez-vous avaler cela à vos parents?(Elle) fait quitter le lycée à ses enfants.Tu fais boire ce jus de tomate à ton fils?(un grand seigneur) qui fait visiter ses domaines à un croquant.(Il) fait faire à son adversaire un merveilleux saut.
Except., l'agent est de l'inanimé :
... (Le danger que ce parti) faisait courir à l'unité de la nation.... (pour) faire rendre à la terre de nouvelles richesses.
Les manifestants ... font suivre aux machines le même chemin. (E. Spang-Hanssen, Les Prépositions incolores du français moderne, pp. 129-133).
b) [Apr. laisser, la tournure est arch.]
À + subst. de l'inanimé :
39. ... s'il ne fit pas arrêter Céluta, c'est qu'il se laissa fléchir aux larmes d'Adélaïde. F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, XX, p. 142.
40. Il avait son ordre secret pourtant; je me suis laissé un peu trop décevoir peut-être à sa pure grâce de causeur et d'écrivain : quelques points sont à reprendre. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 257.
À + subst. de l'animé :
41. ... mais j'étais trop timide d'un côté, trop exalté de l'autre, pour me laisser séduire à des filles de joie. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 164.
c) La tournure est également possible apr. les verbes de perception :
entendre dire à qqn que... voir faire la même chose à qqn
Cf. par et inf., hist. II A 3 a.
3. À + subst. de l'inanimé
a) [Apr. les verbes d'« attribution » :]
adjoindre qqc. à qqc.apporter qqc. à qqc.consacrer qqc. à qqc.donner qqc. à qqc.fixer un délai à qqc.
42. Le délai que je fixe à leur divulgation m'en est un assez sûr garant. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 9.
43. Je veux adjoindre à nos efforts, mettre au service de la France les forces morales pour tenir en échec les forces économiques, les forces bestiales coalisées contre nous. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 3.
44. Quelque réponse qu'apporte la suite des événements à cette question passionnante, l'honneur de l'école française restera sauf. H. Bremond, Hist. du sentiment religieux en France, t. 3, 1921, p. 513.
45. Ils donnent à leur toilette les derniers soins. M. Achard, Voulez-vous jouer avec moâ,1924, I, 1, p. 23.
Cf. aussi intéresser qqn à qqc. :
46. ... pour intéresser un Anglais à une guerre, rien de tel que de lui suggérer qu'elle ressemble à un match de boxe. A. Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 10.
b) [Apr. les verbes signifiant « mettre », « poser », « unir », « comparer » :]
allier qqc. à qqc.annexer qqc. à qqc.assimiler qqc. à qqc.associer qqc. à qqc.comparer qqc. à qqc.confronter qqc. à qqc.coudre qqc. à qqc.fixer qqc. à qqc.incorporer qqc. à qqc.joindre qqc. à qqc.lier qqc. à qqc.mêler qqc. à qqc.proportionner qqc. à qqc.rapporter qqc. à qqc.réduire qqc. à qqc.relier qqc. à qqc.subordonner qqc. à qqc.substituer qqc. à qqc.
c) [Apr. les verbes :]
borner qqc. à qqc.limiter qqc. à qqc.objecter qqc. à qqc.répliquer qqc. à qqc.rétorquer qqc. à qqc.
47. Jusqu'ici, il avait su limiter sa curiosité à des tentatives prudentes, à des demi-avances qui n'engagent pas le partage de l'être. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 255.
4. À + inf. (ou subst. d'action), compl. de destination
a) Le compl. dir. est un subst. de l'animé : il est « suj. » de l'inf. ou éventuellement du subst. d'action
[Apr. des verbes exprimant l'appel à l'action :]
amener qqn à faire qqc.appeler qqn àautoriser qqn àconduire qqn àconvertir qqn àconvier qqn àdécider qqn àdestiner qqn àdéterminer qqn àencourager qqn àengager qqn àexciter qqn àexhorter qqn àgagner qqn àinduire qqn àinviter qqn àporter qqn àpousser qqn àvouer qqn à
48. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n'ont que faire de la justice et de la charité. J. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 9.
49. Vous qui vivez auprès d'elle, vous savez combien je la vois rarement, combien sa présence m'enchante, et je suis touchée que vous m'invitiez à venir la voir. Colette, La Naissance du jour,1928, p. 5.
Cf. en emploi absolu :
50. − C'te question! fit-elle avec mépris, mais non d'une façon définitive, comme si elle eût tenté de lui imposer le silence. Au contraire, sa voix invitait à une réplique. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 10.
[Apr. des verbes exprimant la contrainte :]
assigner qqn à faire qqc.astreindre qqn àcommettre qqn à (arch.)condamner qqn àcontraindre qqn àemployer qqn àforcer qqn àobliger qqn àoccuper qqn àréduire qqn àrésoudre qqn àutiliser qqn à
51. ... ils me reprochaient la faute de ma mère, et voulaient me forcer à rougir d'elle ... G. Sand, La Petite Fadette,1840, XVIII (Rob.).
[Apr. des verbes exprimant la préparation à l'action :]
aider qqn à faire qqc.dresser qqn àendurcir qqn àentraîner qqn àexercer qqn àformer qqn àhabiliter qqn àhabituer qqn àinitier qqn àpréparer qqn àstyler qqn à
52. Je n'aiderai personne à contempler ce qui s'attache de splendeur, dans mon souvenir, aux cordons rouges d'une vigne d'automne que ruinait son propre poids, cramponnée, au cours de sa chute, à quelque bras de pin. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 8.
53. En effet, alors qu'on le préparait à sa première communion, Mmede Coantré avait donné à son petit-fils l'édition pour la jeunesse de Quo Vadis et depuis ce temps Alban était Romain. H. de Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 385.
[Apr. le verbe laisser. − Laisser est gén. suivi de l'inf. sans prép. (laisser qqn travailler). Cependant, quand l'inf. est un verbe d'entendement, la constr. avec à est possible :]
je vous laisse à imaginer l'étrange nouvelleje vous laisse à entendre ce que ...je vous laisse à penser la ...je vous laisse à deviner qui ...
b) Le compl. dir. (gén. de l'inanimé) est simultanément obj. du verbe et de l'inf.
Type avoir qqc. à faire :
il n'a pas encore grand effort à faireil avait une revanche à prendreAvez-vous d'autres informations à me demanderquand il a une colère à cuversi j'avais un conseil à vous donneravaient toutes leurs études à complétern'aurait jamais assez de jours à vivre pouril avait le tramway à prendrecomme si elle avait eu une faute à se faire pardonnerpeut-être aurons-nous du nouveau à raconterquand j'aurai de l'argent à dépenserqu'il a bien d'autres gens à haïrje n'ai plus que mon chapeau à il n'avait que la cour à traverservous n'avez qu'un mot à direje n'ai plus que ma robe à enfileril n'avait qu'un signe à faireil n'eut plus que sa femme de chambre à aimeril n'a que de mauvais coups à récoltercomme j'avais à le craindrej'ai exactement tout à apprendrej'avais encore tout à connaîtren'avoir rien de mieux à faire qu'àn'a pas autre chose à faireont toujours quelque chose à demandera quelque chose à faire savoir...
(cf. Sandf. t. 3, 1943, § 203).
Rem. Le compl. de l'inf., qui s'interprète aussi bien comme le compl. de avoir, peut se placer soit apr. avoir, soit apr. l'inf. Une nuance de signif. sépare cependant ces 2 types de constr. : avoir de l'argent à dépenser signifie « posséder de l'argent que l'on peut dépenser »; avoir à dépenser de l'argent signifie « devoir dépenser de l'argent ». La forme négative accentue cette oppos. : n'avoir pas d'argent à dépenser/n'avoir pas à dépenser d'argent.
Type trouver qqc. à faire :
elle trouva d'emblée la phrase à direpour trouver des noms à donner à ...
cf. mettre du linge à sécher/mettre à sécher du linge : le compl. dir. est « suj. » de l'inf.
Type laisser qqc. à faire (laisser à qqn qqc. à faire). Laisser admet la double constr. lorsqu'il signifie « laisser derrière soi, abandonner... » (sens concr.) :
elle ne laissait rien à direil laissait à louer cette propriétéavant de te laisser à développer en toi-même la leçon ...
Type donner qqc. à faire (avec insertion possible d'un compl. d'attrib. donner à qqn qqc. à faire) :
pour la donner à traduiredonner du fil à retordredonne-les-moi donc à porterdonne ça à composerdonnez-moi des pommes de terre à éplucheret donne son enfant à soignerje donnerais mon poing à couperdonner un os à rongerje donne à garder mon muletlui donnais à feuilleter mes brochuresavant de lui donner à lire deux lettreson lui donna juste à recopier quelques rapportsil donnait à entendre queil nous donne à penser que
c) Le compl. dir. est de l'inanimé; il n'est ni « suj »., ni obj. de l'inf. :
ils mettent leur élégance à ne pas se montreril mit pareille patience à parfaire ...il ne mettait donc aucune bonne volonté à fournir ...elle mettait tout son orgueil à faire reconnaître ...il mit tous ses efforts à me maintenir ...ils mettaient bien du temps à pousser ...il mit quelques instants à comprendreil mit plus de vingt ans à retrouver ...il mit une semaine à mourirconsacrer du temps à faire qqc.dépenser son existence à faire fortunedépenser une partie de son argent à décorer ...employer cette demi-heure à visiter ...utiliser ses connaissances à faire ...attacher le plus grand prix à démontrer ...
(cf. Sandf. t. 3, § 231).
54. Christophe avait passé la moitié de la nuit à achever un travail insipide de transcription musicale... R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1089.
d) Loc. avoir à, trouver à, donner à, laisser à (sans compl. dir)
Avoir à. − Marque l'obligation. (Empl. le plus souvent en tournure négative ou restrictive) :
j'ai à parler à qqnje puis avoir à parler à qqnje n'ai pas à entrer dans ces considérationsje n'ai plus qu'à revenirils n'ont pas à craindre une bévuevous n'aurez pas beaucoup à patienterelle a beaucoup à grandiron n'eut pas longtemps à attendreelle n'a pas longtemps à vivrequi avait encore deux ans à courirelle n'a que cinq minutes à resterj'ai quatre jours à rester absentqui ait encore eu bien longtemps à faire semblant dej'en ai pour trois nuits à rêver dej'en ai pour toute la journée à travailler
(cf. Sandf. t. 3, § 195-202).
55. Je vous dédie ce livre, mon cher maître, comme j'ai dédié « Lorely » à Jules Janin. J'avais à le remercier au même titre que vous. G. de Nerval, Les Filles du feu,1854, p. 491.
Trouver à (le compl. de l'inf. n'est pas compl. du verbe trouver) :
jamais elle ne trouvera à les marierelle avait trouvé à s'employerque vous trouviez à vous distraireelle trouva vite à se consolersi je trouvais à vendresi vous trouvez à conclureon n'avait jamais trouvé à dire sur ...il trouvait toujours à dire que
Donner à :
angoisses (qui) donnent trop à souffrirune livre (qui) donne fort à pensermieux que ces vers ne donnent à croirelui donne à choisir entreécrits qui donnent à rire ou à pleurernous donna beaucoup à réfléchirne lui donnait d'ailleurs à réfléchirqui donne à aimerqui donnent à dînerelle donnait à vivrem'a donné à penser
(cf. Sandf. t. 3, § 163).Pour donner à manger, donner à boire à qqn, donner à téter, cf. Sandf. t. 3, § 203.
Laisser à :
la solution laisse à désirerson attitude laisse à penser
C.− À entre dans la construction d'une locution verbale
1. Loc. verbales contenant la prép. à
a) À + subst. non actualisé :
à bail (avoir, mettre, prendre, tenir)à bout (être, mettre, pousser)à charge (avoir, être, prendre)à cœur (avoir, prendre)à cheval (être, monter, aller)à cran (être, mettre)à crime (imputer)à égalité (être, arriver)à faveur (avoir)à flot (être, mettre)à gage (avoir)à genoux (être, mettre)à honneur (avoir, tenir)à injure (tenir)à jour (mettre)à mal (tenir, tourner)à mépris (avoir, tenir)à part (être, mettre)à partie (prendre)à poil (être, mettre) (vulg.)à tâche (avoir, prendre)à terme (être, arriver, mener)
Pour aller à bicyclette / aller en bicyclette, cf. en.
56. ... nous n'abuserons pas de nos avantages, de peur qu'en pressant trop l'évidence, nous ne finissions par jeter les ennemis du Christianisme dans l'obstination, dernier refuge de l'esprit de sophisme poussé à bout. F.-R. de Chateaubriand, Le Génie du Christianisme,1803, p. 119.
b) À + subst. actualisé
[Apr. le verbe être :]
aux abois (être)à l'affût (être)aux anges (être)à l'article de la mort (être)à l'avenant (être)au beau (être)aux cent coups (être)au comble (être)au complet (être)aux côtés de (être)à la dérive (être)au diapason (être)à l'écoute (être)aux écoutes (être)à la hauteur (être)au mieux (être)à la mode (être)aux ordres de (être)au pain et à l'eau (être)au poil (être) (fam.)à la renverse (être)à la six quatre deux (être) (fam.)à l'unisson (être)
[Apr. le verbe être commutant avec mettre :]
à l'abri (mettre / être)à l'aise (mettre / être)à l'épreuve (mettre / être)au fait (mettre / être)à la page (mettre / être)à la porte (mettre / être)au supplice (mettre / être)à la charge de (mettre / être)au courant (mettre / être)à son aise (mettre / être)à son compte (mettre / être)à sa place (mettre / être)à sa merci (être / réduire)
57. S'il n'avait été engourdi par le sommeil, il eût mis l'homme à la porte; ... R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1090.
[Apr. mettre, prendre, tirer, etc. :]
à l'actif de (mettre, porter)au clair (mettre, tirer)au compte de (mettre, porter)à la courte paille (tirer)au défi (mettre)au dépourvu (prendre)à l'évidence (se rendre)à ses fins (arriver)au flanc (tirer) (fam.)aux mains (en venir)à l'ordre (rappeler)à la raison (appeler, mettre)à la rigolade (prendre) (fam.)au sérieux (prendre)au sort (tirer)à sa tête (en faire)aux voix (mettre)
2. À introduit le compl. d'une loc. verbale
a) À + subst.
Le subst. de la loc. verbale n'est pas actualisé :
avoir accès à qqc.avoir affaire à qqnavoir foi à qqc. (vx)ajouter créance à qqc.demander conseil à qqndemander pardon à qqndire adieu à qqndonner assaut à qqc.donner audience à qqndonner carrière à qqc.donner congé à qqndonner cours à qqc.donner ordre à qqnfaire affront à qqnfaire allusion à qqnfaire appel à qqnfaire attention à qqc.faire concurrence à qqnfaire confiance à qqnfaire crédit à qqnfaire honneur à qqnfaire mal à qqnfaire plaisir à qqnfausser compagnie à qqnporter bonheur à qqnprendre goût à qqc.prendre plaisir à qqc.prêter assistance à qqnrendre grâces à qqn
58. Il revint avec des bonds de cœur, en s'accusant d'avoir douté d'un frère, en priant pour sa conversion à l'entière vérité, en ayant foi plus que jamais à l'union définitive des hommes. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 171.
59. La preuve en est que nul ne dépensait plus largement, quand l'intérêt du pays était en jeu. Au reste, faisant confiance à ses agents et leur demandant rarement des comptes. R. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 193.
Le subst. de la loc. est actualisé :
brûler la cervelle à qqnclouer le bec à qqncouper le chemin à qqndonner l'accolade à qqndonner l'assaut à qqc.donner le branle à qqc.donner le change à qqndonner la chasse à qqn, qqc.donner son compte à qqndonner un coup de main à qqndonner un coup d'œil à qqc., qqnfaire un accroc à qqc.faire son affaire à qqnfaire un affront à qqnfaire ses amitiés à qqnfaire la barbe à qqnfaire la charité à faire ses compliments à qqnfaire la conversation à qqnfaire la cour à qqnfermer la bouche à qqnmettre le comble à qqc.mettre le feu à qqc.renvoyer la balle à qqnriver son clou à qqn (fam.)rogner les ailes à qqnsouhaiter la bienvenue à qqntordre le cou à qqn
b) À + inf.
Le subst. de la loc. verbale n'est pas actualisé :
avoir avantage à refuseravoir mauvaise grâce à insisteravoir grand'peine à faire asseoiravoir intérêt à connaîtreavoir peine à croire queavoir plaisir à pardonneravoir propension à critiqueravoir scrupule à marcheravoir tendance à penserdonner matière à jaserprendre plaisir à observertrouver joie à parcourirtrouver matière à ne pas désespérer
60. Vous m'avouerez cependant que j'aurais bien mauvaise grâce à vouloir lutter d'agréments contre Sainval, par exemple, qui n'a pourtant que deux ans moins que moi. T. Leclercq, La Scène double,1835, I, p. 346.
61. Je goûte toujours grande joie à supprimer tout l'inutile. Mes corbeilles à papier s'emplissent de « repentirs » qui, maintenus, eussent paru du foisonnement; ... [plus cour. : goûter une grande joie à] A. Gide, Journal,1930, p. 963.
Le subst. de la loc. verbale est actualisé :
n'avoir pas de difficultés à se trouveravoir une disposition à s'enrhumeravoir des difficultés à passeravoir de la facilité à apprendreavoir une grande facilité à parlern'avoir plus de goût à joueravoir de la joie à mortifier ...avoir du mal à comprendreavoir beaucoup de mal à rejoindre ...avoir de la peine à croire ...avoir beaucoup de peine à faire qqc.avoir du plaisir à faire qqc.avoir une propension à mentiravoir de la propension à critiqueravoir une tendance à accepter ...avoir une certaine tendance à penser que ...avoir une petite tendance à prendre ...éprouver une joie à prendre possession de ...fournir un prétexte à ne rien fairemontrer un réel plaisir à accepterse réserver du plaisir à faire qqc.trouver de la joie à sentir ...
D.− introduit un complément de lieu (de nature ponctuelle)]
1. [Le compl. de lieu est indispensable au sens du verbe]
a) [Apr. des verbes marquant un déplacement (réel ou fig.) du suj.]
[Verbes constr. avec à (ou une prép. équivalente), mais excluant de]
aborder àaboutir àaccéder àaccoster àaller àconfiner àcourir àentrer àpasser àpénétrer àse cogner àse heurter àse réfugier àse rendre àtendre às'arrêter àatteindre au port (vx)avancer au combat (vx)marcher à la victoire
62. Partons maintenant, dit Corinne, et retournons à la ville. G. de Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 84.
63. Deux mois plus tard, par une après-midi grise et douce de novembre, MmeCaroline monta à la salle des épures, tout de suite après le déjeuner, pour se mettre au travail. É. Zola, L'Argent,1891, p. 219.
Rem. Parmi ces verbes, les uns expriment le mouvement sans plus, auquel la prép. à confère une direction (ex. passer). Les autres signifient par eux-mêmes le mouvement et le terme de ce mouvement, signification que à se borne à confirmer (ex. accéder à). Avec les verbes imperf. aller, courir..., à peut être renforcé par jusqu(e). Constr. avec la prép. de, approcher et se rapprocher constituent la seule exception à cette classe de verbes. Ils reflètent une représentation mentale qui consiste à poser l'idée d'un repère av. celle du mouvement qui y conduit, à l'encontre des verbes comme atteindre à qui envisagent d'abord le mouvement, et ensuite son terme. S'approcher de signifie un mouvement en direction d'un point, de manière à être près de ce point; la première idée est trad. par le préverbe a, la seconde par la prép. de (cf. sup. I A 1, rem. 1, l'analyse de échapper à).
[Verbes constr. tantôt avec à (ou une prép. équivalente), tantôt avec de. L'oppos. « approche »/« éloignement » est trad. par le jeu des prép. :
arriver à / departir à / derevenir à / des'en aller à / detomber à / de
b) [Apr. des verbes dits de « position ». − Ces verbes excluent de; la prép. à marque une réf. à l'espace, indépendamment de toute idée de direction]
demeurer àêtre àhabiter àrester às'arrêter à (au sens de « habiter »)vivre à
64. Très ennuyé, l'ancien beau résistait, lorsque Hourdequin, apprenant de Macqueron que plusieurs des conseillers municipaux étaient à la mairie, où ils l'attendaient depuis une demi-heure, dit en homme sans gêne : − C'est ça, allez donc voir l'église... É. Zola, La Terre,1887, p. 158.
c) [Apr. des verbes à double constr. marquant un déplacement ou l'accompagnement]
accrocher qqc. à qqc.accompagner qqn à la gareappliquer qqc. à qqc.attirer qqc. à soiconduire qqn à la gareétendre qqc. à qqc.placer qqc. à la banqueramener qqn à la maisonramener qqc. à soisuspendre qqc. à qqc.traîner qqn au supplice
65. Chacune de ces habitudes d'obéir exerce une pression sur notre volonté. Nous pouvons nous y soustraire, mais nous sommes alors tirés vers elle, ramenés à elle, comme le pendule écarté de la verticale. H. Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion,1932, p. 2.
Cf. en emploi absolu :
66. J'ai voulu que l'expérience conduise où elle menait, non la mener à quelque fin donnée d'avance. Et je dis aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement de non-sens). G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 17.
2. [Compl. circ. propr. dit] :
67. Plus loin, à l'orient, au bas de la montagne que domine la Wartbourg, et entre cette montagne et l'ancienne chartreuse consacrée à la Sainte en 1394, on voit se déployer une vallée charmante arrosée par un paisible ruisseau qui coule au milieu de prairies pleines de roses et de lis; ... Ch. de Montalembert, Hist. de Sainte Elisabeth de Hongrie,1836, p. 111.
68. Quelques personnes, au balcon et à l'orchestre, attendaient, perdues parmi les fauteuils de velours grenat, dans le petit jour du lustre à demi-feux. É. Zola, Nana,1880, p. 1095.
Rem. 1.− Concurrence à / en ou une autre prép. locale (cf. hist. I A 3). La prép. en n'alterne avec à que devant certains subst. fém. et qq. subst. masc. à initiale vocalique qui ne sont pas incompatibles avec l'idée d'intériorité. L'art. livre en combinaison avec à une valeur de détermination, celle de généralité étant fournie par en qui exclut l'art.; on notera que la prép. en figure essentiellement dans des syntagmes plus ou moins figés : il travaille à l'usine (de chez Renault) / il travaille en usine à l'appartement / en appartement à la Bourse / en Bourse à la campagne / en campagne à la cour / en cours d'assises à la face / en face à la faculté / en faculté à la gare / en gare à l'hôtel / en hôtel à la maison / en maison de à la mer / en mer à la place de / en place à la prison / en prison à la tête / en tête à l'usine / en usine à la ville / en ville On notera également l'oppos. à l'air / en l'air, où le maintien de l'art. apr. en fait exception à la règle et où en l'air s'oppose à sur le sol ou en mer, tandis que à l'air s'oppose à enfermé dans, à l'intérieur de. La présence de à dans les 2 ex. suiv. est tout à fait insolite; le sens « à l'intérieur de » entraîne normalement l'emploi des prép. en ou dans : 69. On se prêtait ces petits livrets; chacun transcrivait à la marge de son exemplaire les mots, les paraboles qu'il trouvait ailleurs... E. Renan, Vie de Jésus, 1863, p. LVI. 70. ... l'abbé se rappela qu'un jour il avait croisé les jambes, à la classe. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1302. L'alternance de la prép. à avec des prép. de sens concr. telles que dans, sur, vers, contre, est possible, surtout dans l'expr. des relations spatiales les plus concr.; mais à tend à se maintenir devant les subst. précédés de l'art. sing. de la généralité, en partic. lorsqu'ils sont pris dans un sens abstr., et dans des groupes qui se situent à la limite de la loc. verbale : être à la rue / être dans la rue; à la cuisine / dans ma cuisine; à l'usine / dans cette usine; au cœur / dans mon cœur. Par arch., la prép. à apparaît dans des énoncés où l'on attendrait auj. des prép. de sens concr.; peut-être est-elle ressentie comme vieillie dès le xixes. : À pour dans : 71... les frères Almagrurins, de Lisbonne, pénétrèrent, dit-on aux terres les plus reculées de l'Occident. F.-R. de Chateaubriand, Voyage en Amérique, en France et en Italie, t. 6, préf., 1827, p. XLII. 72. Vous autres hérétiques, vous n'avez point foi aux reliques? P. Mérimée, Chronique du temps de Charles IX, 1829, p. 106. 73. Il [le cardinal de Retz] passait ses jours aux églises... F.-R. de Chateaubriand, Vie de Rancé, 1844, p. 127. 74. Ce bonhomme... ôta sa pipe de sa bouche... et le mettant à sa poche : − Si le curé risque sa peau, dit-il, je risque la mienne! O. Feuillet, Hist. de Sibylle, 1862, p. 97. À pour sous : 75. ... vous paraissez déterminée à passer une partie de l'hiver à notre beau soleil de Provence. P. Mérimée, Lettres à une autre inconnue, 1870, p. 53. À pour sur : 76. ... quand nous sommes assis en plein air autour du feu, les cheveux m'en dressent à la tête, des aventures qu'elle nous conte. P. Mérimée, Chronique du temps de Charles IX, 1829, p. 24. 77. ... il [Charles X] s'en est allé avec une ère entière du monde; la poussière de mille générations est mêlée à la sienne; l'histoire le salue, les siècles s'agenouillent à sa tombe... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 572. 78. La foule noire et serrée sur les perrons se dispersait aux trottoirs blancs... A. Daudet, Le Nabab, t. 2, 1877, p. 244. À pour vers : 79. La façade de la basilique de Tyr, construite vers l'an 313, était dirigée à l'orient. A. Lenoir, Architecture monastique, t. 1, 1852, p. 95.
Rem. 2. À / chez, auprès de, vers (cf. aussi hist. II A 3). − La prép. à ne construit pratiquement plus, dans le sens local, un subst. de l'animé. Cependant on trouve au xixes. : À pour chez (devant un subst. au plur.) : 80. Rien de tout cela aux peuples de la solitude : leur nom n'est point écrit sur les arbres;... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 308. 81. Un beau jour, il mourut subitement; on courut chercher son fils unique qui étudiait aux Jésuites. P. Mérimée, Portraits historiques et littéraires, 1870, p. 156. À pour auprès de : 82. Tenez, informez-vous à votre prédécesseur de ce que vous avez à faire. P. Mérimée, Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 379. 83. Les enfants (...) étaient demeurés tranquillement assis devant la table (...) MmeFaujas s'était arrêtée un instant à chacun d'eux, les dévisageant comme pour pénétrer d'un coup dans ces jeunes têtes. É. Zola, La Conquête de Plassans, 1894, p. 909. − À pour vers 84. L'inconnue ... courut à cet homme, qui parut la comprendre à demi-mot. P. Mérimée, Arsène Guillot, 1847, p. 87. À s'est maintenu dans la loc. envoyer au diable et, en lang. fam., dans aller au coiffeur (pour chez le coiffeur). Rem. 3. À introduit un topon. − Se construisent avec à : Les n. de pays (ou de régions du globe) masc. et à initiale consonantique (contrairement aux n. de pays fém. et aux n. de pays masc. à initiale vocalique qui se construisent avec en) : au Honduras, au Maroc, au Luxembourg, en France, au Monténégro, au Proche-Orient, en Espagne, en Israël, en Orient. Certains n. de régions (du masc. et à initiale consonantique) dont les locuteurs connaissent mal le statut pol. (par oppos. aux n. de provinces, de départements, etc. introd. par en ou par dans) : au Bénin au Biafra au Coromandel au Fayoum au Gandhara au Kasaï au Kashmir au Katanga au Texas H. Glättli (cf. bbg. op. cit. p. 137) note une tendance toute récente à mettre au devant les n. de provinces masc. restés d'un usage cour. (au Languedoc, au Périgord). Les n. de pays et d'îles au plur. : aux Antilles aux Baléares aux États-Unis aux Indes Qq. n. fém. de grandes îles précédés de l'art. déf. : à la Guadeloupe à la Martinique à la Nouvelle-Amsterdam à la Réunion Les n. d'îles empl. sans art. : à Bornéo à Ceylan à Chio à Cuba à Haïti à Java à Madagascar à Minorque à Noirmoutier à Nouméa à Ouessant à Terre-Neuve Pour l'île d'Elbe, de Ré, de Sein, on dit à l'île de (ou dans l'île de). Les n. de villes (empl. sans art., à moins que l'art. ne fasse partie du n. lui-même : La Rochelle, Le Mans) : à Paris à Florence à Londres Noter l'usage (région.?) en Avignon pour à Avignon. On trouve encore au xixes. à + art. fém. ou à + art. élidé au lieu de en devant des n. de pays (ou de régions du globe) : 85. Après l'insurrection de la Morée, en 1770, des familles grecques se réfugièrent à la Floride : ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 335. 86. La peste noire du xivesiècle, connue sous le nom de la mort noire, prit naissance à la Chine : ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 60. 87. Je ne croyais pas que l'on peignît si bien à la Chine... P. Mérimée, Lettres aux Grasset, 1870, p. 60. 88. Il l'enverra à l'hôpital et peut-être à l'Amérique. J'en suis fâché pour elle. C'était une jolie fille. A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 222. 89. J'étais le plus jeune et le plus turbulent; mon père disait, par plaisanterie, qu'il faudrait m'envoyer à l'Amérique faire le flibustier... Id., Les Dieux ont soif, 1912, p. 179. On notera aussi : 90. M. Eugène Delacroix, dans son voyage à Maroc... P. Mérimée, Études sur les arts au Moyen Âge, 1870, p. 16. Rem. 4. À dans les loc. adv. de lieu. − A la différence des autres compl. circ., les groupes sans art. introd. par à sont peu nombreux : à bord, à côté, à distance, à droite, à gauche, à main gauche, à bon port, à proximité, à quai, à terre, à table. Le poss. ou l'art. déf. peuvent s'introd. dans quelques-unes de ces loc. : à son bord, à son côté, à ses côtés, au côté de, etc. A noter les loc. adv. : bout à bout corps à corps face à face seul à seul terre à terre tête à tête vis à vis La prép. à sert à introd. de nombreuses loc. prép. de sens spatial : Rem. 5. La prép. à sert à introd. de nombreuses loc. prép. de sens spatial : à l'abri de à l'adresse de à l'approche de à la barbe de à l'encontre de au bout de au bras de au centre de au cœur de au coin de au dedans de au delà de à l'endroit de à l'entour de à l'entrée de à l'issue de au haut de au milieu de au pied de au sein de au sortir de aux yeux de à l'ombre de à la place de à la sortie de à la tête de au devant de au dos de aux environs de au fond de au fort de au front de Certaines connaissent l'alternance à sans art. / à + art. : à flanc de + subst. / au flanc de + art. + subst. à ras de + subst. / au ras de + art. + subst. à travers + subst. / au travers de + art. + subst. Cf. aussi sans art. à fleur de 91. Le soleil se couchait et nous marchions depuis longtemps dans l'ombre, lorsque enfin ma jeune guide m'indiqua du doigt, à flanc de coteau, une chaumière qu'on eût pu croire inhabitée, sans un mince filet de fumée qui s'en échappait, bleuissant dans l'ombre, puis bondissant dans l'or du ciel. A. Gide, La Symphonie pastorale, 1919, p. 878. Cf. à même : 92. Si je vous disais qu'à des moments, la nuit, quand j'ai réussi à m'assoupir et que je m'éveille pour le voir toujours à la même place, dans son coin d'ombre, ses pauvres fesses à même le carreau, je ne peux pas m'empêcher de le plaindre, je m'attendris, je le raisonne... G. Bernanos, Monsieur Ouine, 1943, p. 1503. Dans bon nombre de ces loc. prép., à s'oppose à la prép. d'éloignement de : au fond de / du fond de, au milieu de / du milieu de; à côté de marque le contact, tandis que du côté de localise de manière vague et signifie « aux alentours de ». Le fr. mod. dit des deux côtés de, de chaque côté, de tous les côtés. On trouve encore au xixes. aux deux côtés de : 93. La route de Nice, aux deux côtés de laquelle se trouve bâti le faubourg, était bordée, en 1851, d'ormes séculaires,... É. Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 18. 94. ... au-dessus des portes, aux deux côtés de l'alcôve, des peintures laissaient encore voir les ventres et les derrières roses de petits amours ... Id., La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1316.
E.− introduit un complément circonstanciel de temps]
1. [Le compl. situe le procès dans le temps]
a) introduit un subst. rel. au temps]
à l'aubeà l'auroreà l'avanceau débutà cette époqueà l'heureà l'heure diteà l'heure fixéeà l'ère quaternaireà à cinq heuresau jour dità l'instantà midià minuità la minuteà ce momentà Pâquesà la Pentecôteà présentà la Saint-Glinglinà la Saint-Valentinà temps
95. J'en tiens la nouvelle de Jeannette la veilleuse qui au moment où Catherine entrait ... à l'hôpital, en sortait après y avoir été retenue pour un mal dont elle est guérie à st'heure ... A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque,1893, p. 278.
Par arch. au matin, au jour prochain :
96. ... premier baiser ignorant, cueilli comme un bouquet, au matin du mariage. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1341.
97. Mais quoi! m'abandonner! je renierais mon service, je délaisserais le culte que je me dois! Il faut que je veuille et que je me tienne en main pour pénétrer au jour prochain dans un univers que je vais délimiter, approprier et illuminer ... M. Barrès, Un Homme libre,1889, p. 77.
b) introduit un subst. d'action ou un subst. signifiant un signal ou un repère; le compl. peut glisser insensiblement vers la valeur causale] :
à l'annonce deà son arrivéeà son avènementà ce dernier chiffreau commencementà la demande deà ces motsà la nouvelleà ces parolesà leur réveilau coup de siffletà votre dernier voyageà la vue deà première vue ...
98. Edmond demeura impénétrable; il ne sourit même pas à l'énumération des avantages qu'il eût partagés s'il eût pu quitter l'île; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 298.
99. Au-dessus de ma tête une haute coupole où, par une ouverture, glisse de biais un rayon de soleil qui m'aveugle à mon entrée. J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem,1924, p. 5.
c) introduit un inf. à valeur temp.-causale]
100. Insensé qui perd sa force ainsi et qui ne sait pas que les mortels s'enflent d'orgueil à découvrir chaque matin sur leur oreiller les cheveux de Jupiter! G. Flaubert, La Tentation de Saint Antoine,1849, p. 461.
2. Le syntagme prép. marque une idée itér. ou distributive, grâce à la présence d'un élément nom. suggérant l'idée de retour ou d'intervalle :
à chaque coupà ses heuresà la quinzaineà maintes reprisesà son tourà temps perdu
101. Le mobilier est loué à la quinzaine chez Fitily, le tapissier des cocottes. A. Daudet, Le Nabab,t. 1, 1877, p. 196.
102. Un temps indéterminé s'écoule. − Profond silence. − On entend un coq chanter à deux reprises à longs intervalles. P. Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion, 1901, p. 571.
103. Pour ma part, je m'acquittais de ma tâche avec zèle et mon orgueil grandissait à chaque fil que je tirais. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 82.
104. L'homme c'est bien malaisé à définir. Admettons que ça reste un enfant, pas vrai, Monsieur? Gentil et câlin à ses heures, mais plein de vices − les dégoûtées n'ont qu'à rester filles. G. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1503.
On notera l'absence de prédéterm. dans : à coups répétés à heure(s) fixe(s) à intervalle(s) régulier(s) à longs intervalles
Rem. La loc. à la fois se rapproche de l'idée d'itér. par la présence obligée de plusieurs suj., attributs ou obj. À cette fois a été supplanté par cette fois, à + numéral + fois, par + numéral + fois : 105. Il fallut lui arracher la cape, autrement il se faisait tuer à cette fois. P. Mérimée, Mosaïque, 1833, p. 270. 106. Il [Rougon] m'a répété à trois fois qu'il ne voulait plus s'occuper de cette vilaine histoire. É. Zola, Son Excellence Eugène Rougon, 1876.
À entre dans un certain nombre de loc. adv. signifiant la progression : bout à bout, feuille à feuille, pas à pas, petit à petit, peu à peu.
3. [Le compl. marque une durée dont on vise le terme :]
à bref délaià échéanceà brève échéanceà courte échéanceà huitaineà termeà court termeà long termeà moyen termeà l'avenirà la finà la longueà cette date (en phrases négatives)à cette époque (en phrases négatives)à ce jour (en phrases négatives)
Cf. aussi à jamais et à la semaine prochaine, fam. à la prochaine.
107. Périodiquement revenaient des moments difficiles, où l'on était obligé de se serrer le ventre. On se dédommageait, en mangeant double ration, quand on avait de l'argent. Mais c'était, à la longue, un régime exténuant. Pour le moment, ils étaient dans la période des vaches maigres. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1089.
Cf. à nuit « aujourd'hui » (région.) :
108. C'est que ... fit-il timidement ... enfin, si vous pouviez vous acquitter à nuit? ... O. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 80.
et, p. arch., au printemps « jusqu'au printemps » :
109. Il voulait attendre au printemps ... P. Mérimée, L'Abbé Aubain,1847, p. 158.
[La prép. peut se combiner avec un adv. de temps :] à bientôt, à demain, à tantôt. [Dans le parler pop., à peut introd. un compl. circ. constr. avec dans :] à dans quinze jours.
Rem. 1. L'oppos. à / zéro devant un subst. rel. au temps est révélatrice de la valeur de à (cf. aussi hist. I A 3 b) : à 10 h / le 10 août à la nuit (tombante) / la nuit parler à 5 h / parler 5 h À marque qu'il s'agit d'une date, d'un repère dans le temps, alors que le compl. dir. de temps délimite un espace temp. à l'intérieur duquel le procès se situe (il viendra le 10 août = « il viendra au cours de la journée du 10 août »), à moins qu'il ne signifie l'étendue de durée du procès lui-même (il a dormi cinq heures = « durant cinq heures »). 2. Oppos. à / en (ou dans). − À présente une valeur inchoative, en (dans) marque qu'on se situe à l'intérieur de l'espace de temps déf. par le subst. ou que cet espace est vu dans toute son étendue de durée; à l'automne signifie « au début de l'automne », en automne « l'espace de temps que dure l'automne ». Cf. à 8 h / en 8 h (durée) à ce moment / en ce moment aux premiers temps de la conquête / en ce temps-là À se substitue qqf. à en (dans des tours auj. arch.) : 110. ... les jardins des environs étaient à cette saison pleins de fleurs... G. de Maupassant, Contes et nouvelles, En famille, t. 1, 1881, p. 350. 111. O Violaine! Oubliez à ce moment, comme je les oublie, hier, demain, et comme un être intact et neuf, recueillie tout entière sur l'heure présente, accueillez cette parole inconnue dont je sens en moi le travail et la poussée. P. Claudel, La Jeune fille Violaine, 2eversion, 1901, I, p. 573. ou à pendant, au cours de : 112. Rancé eut le bonheur de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s'asseoir, pour devenir illustre, Bossuet. F.-R. de Chateaubriand, Vie de Rancé, 1844, p. 9. Pour de nouveau / à nouveau, cf. nouveau.
F.− [À introduit un complément circonstanciel de manière, de matière, d'indice, de cause, de moyen, etc.]
1. À + subst. non actualisé (le plus souvent compl. de manière)
a) Le syntagme verbal a un caractère plus ou moins figé. Mais le compl. n'est pas aussi indispensable au sens du verbe qu'il l'est dans la loc. verbale proprement dite et le verbe de base n'a pas une ext. aussi considérable (cf. sup. C) :
à balle (charger, tirer)à bien (conduire, mener)à blanc (charger, tirer)à bloc (gonfler, serrer)à bras (porter) (arch.)à carreau (se garder, se tenir) (fam.)à clef (fermer)à composition (amener, venir)à conséquence (tirer)à crédit (acheter, vendre)à découvert (agir)à défaut (condamner, payer)à dessein (se tromper)à discrétion (avoir « posséder »)à facettes (tailler)à fond (aller, s'engager)à forfait (vendre)à égalité (se battre)à genoux (prier, tomber)à glace (geler)à intérêt (acheter, vendre)à loisir (s'entretenir)à merveille (aller)à patience (exhorter)à mort (foncer) (fam.)à outrance (se battre)à perte (travailler, vendre)à pic (arriver, couler, tomber)à pied (aller)à plaisir (répéter)à point (arriver, cuire)à profusion (avoir « posséder »)à rebours (compter)à résipiscence (arriver)à satiété (avoir, manger)à suffisance (avoir « posséder »)à tempérament (vendre)à terme (louer, mener)à tort (agir, considérer)à verse (pleuvoir)à vue (tirer)
113. ... il était grand amateur d'huîtres et se plaignait de n'en avoir jamais mangé à satiété, ou, comme il le disait : tout son soûl. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 91.
114. Ce vieillard était vêtu de son bel habit de taffetas épinglé, orné de larges boutons d'acier, taillés à facettes. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 46.
115. Il neigea ce jour-là. Dans les îles de la Manche, un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait l'événement. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 55.
116. Il finit par glisser à genoux, comme on coule à pic. G. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 234.
à armes égales (lutter)à bâtons rompus (parler)à boulets rouges (tirer)à bout portant (tirer)à bras ouverts (recevoir)à bras raccourcis (tomber)à bride abattue (aller, arriver)à cœur ouvert (parler)à corps perdu (se lancer)à coup sûr (agir)à deniers comptants (payer)à fonds perdu (miser)à gorge déployée (rire)à livre ouvert (lire)à main armée (attaquer)à main levée (voter)à mains jointes (prier)à mots couverts (parler)à pas comptés (marcher)à pieds joints (sauter)à poings fermés (dormir)à point nommé (arriver)à tombeau ouvert (foncer)à voix haute (parler)
117. Il se décida enfin à me parler à cœur ouvert, comme autrefois : « Non. Je ne peux pas ... ». G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Sage, 1883, p. 918.
à belles dents (arracher, mordre)à bon compte (s'en tirer)à bon droit (agir, penser)à bon escient (agir)à bon marché (acheter, vendre)à bonne fin (mener)à bonne intention (agir)à chaudes larmes (pleurer)à double tour (fermer)à grand fracas (annoncer)à grand'peine (obtenir, réussir)à grande eau (laver)à grandes enjambées (avancer)à grands frais (obtenir)à grands pas (marcher)à haute et intelligible voix (parler)à juste titre (refuser)à longs traits (boire)à petit feu (cuire)à petit train (avancer)à petites journées (avancer)à pleine bouche (aspirer)à pleine voix (crier)à pleines mains (cueillir)à pleins bords (couler)à pleins gaz (rouler)à pleins seaux (verser)à première vue (considérer, penser)à ras bord (couler)à vil prix (vendre)
118. La représentation, annoncée à grand fracas par l'honorable Batulcar, devait commencer à trois heures, ... J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, p. 132.
119. Il (...) se pencha hors du fauteuil de fer, aspira l'air à pleine bouche, physiquement suffoqué par son âme. H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 5.
à bout de bras (porter)à dos de mulet (porter)à perte de vue (s'étendre)à prix d'or (acheter, vendre)à tour de rôle (agir, se succéder)à vue d'œil (grandir, progresser)à bouche que veux-tu (embrasser)à bras le corps (prendre)à chaux et à sable (bâtir)à cœur joie (s'en donner)à cor et à cri (réclamer)
b) Certains compl. peuvent fonctionner comme loc. adv. de phrase, totalement indép. du verbe :
à coup sûrà point nomméà proposà juste titreà tort ou à raisonà tort et à travers
A la limite, certaines loc. adv. se rapportent à un adj. ou un part. : à peine levé à peine sensible
c) Les groupes du type à + subst. + de tendent à former des loc. prép. :
à bout deà charge deà condition deà coup(s) deà fin deà seule fin deà défaut deà force deà proportion deà propos deà raison deà tour de
120. Il n'aurait certes pas eu la force d'en dire davantage. Mais la justesse de sa comparaison lui faisait jouir la cervelle. Il but un coup, à seule fin de se féliciter. J. Romains, Les Copains,1913, p. 4.
Rem. Ces compl. circ. s'organisent parfois en champs sém. : − à souhait, à volonté, à discrétion, à foison, à profusion, à satiété, à suffisance − à cœur, à dessein − à crédit, à intérêt, à perte, à tempérament. Dans certaines tournures adv. au schéma syntaxique figé, la qualification adj. reste plus ou moins libre : à grands pas à menus pas à petits pas à pas précautionneux à pas pressés à pas traînants à menus gestes à gestes sacrés Cette organisation sém. assure une certaine productivité à ces types syntaxiques.
2. À + subst. actualisé
a) À introduit un compl. de manière (le syntagme verbal a un caractère plus ou moins figé) :
à l'aveuglette (avancer)à la baguette (mener)au change (gagner, perdre)à la criée (vendre)à ses dépens (apprendre)aux dépens (condamner)à la dérobée (regarder)aux éclats (rire)à l'esbroufe (agir) (fam.)à sa faim (manger)à la folie (aimer)au jugé (tirer)aux larmes (rire)au pair (loger)à la pièce (travailler)aux pièces (travailler)au ralenti (marcher, travailler)à la régalade (boire)à la renverse (tomber)à la rescousse (appeler, arriver)à la sauvette (vendre)à la tire (voler)aux trousses (courir)au vif (piquer)au vol (saisir)à la volée (jeter, semer)à la cloche de bois (déménager) (fam.)au doigt et à l'œil (mener, obéir) (fam.)à la force du poignet (réunir)à la fortune du pot (recevoir)à l'œil nu (observer)à deux mains (applaudir)à l'œil nu (observer)aux petits oignons (cuisiner)au pied levé (remplacer)à deux râteliers (manger)à la sueur de son front (gagner qqc.)à toute brideà tous crinsà toutes jambesà toutes les saucesà toute vapeurà tout ventà toute volée
Rem. Certains des compl. qui entrent dans la formation de loc. verbales (cf. sup. C 1) peuvent compléter par ailleurs des verbes de sens plein et fonctionner dans ce cas comme compl. circ. de manière, soit p. ex. :à l'affût (chasser) (être à l'affût)à l'aise (marcher) (être à l'aise)à l'unisson (chanter) (être à l'unisson)
b) À introduit un compl. de moyen, de manière, de matière..., libre à l'intérieur d'un certain champ sém. :
aboyer : à la lune, au voleur ...aller (se déplacer) : au galop, au pas, au trotappeler : à l'aide, au secourscrier : à l'assassin, à l'aide, aux armes, au martyre, à la rescousse, au scandale, au voleurjouer : aux billes, à la marellemarcher (fonctionner) : à l'essence, au fuel, à la vapeurmonter : à l'assaut, à l'attaquepasser (peindre, enduire) : à l'alcool, au bleupasser : au crible, à la critique, au peigne finpavoiser (orner) : aux couleurs de, aux initiales depeindre : à l'eau, à la gouache, à l'huile, au pinceau, au pistolet, au rouleause battre : au couteau, à l'épée, au revolverjouer : au plus fin, à l'innocent, au martyrpasser (tourner, virer) : à l'aigre, au jauneprendre (considérer) : à la légère, au sérieux, au tragique
121. Pour les âmes plus méfiantes de notre époque la légende dorée apparaît au moins encore, telle que l'un de ces purs vélins où de candides enlumineurs peignirent des figures de saintes, à l'eau de gomme ou au blanc d'œuf, sur des fonds d'or. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 9.
Un type particulièrement fréq. est fourni par la combinaison d'un verbe de comportement et d'un adj. substantivé − en partic. d'un adj. ethnique − empl. au fém. (avec une valeur souvent péj.) :
à l'allemande (saluer)à l'anglaise (filer)à l'espagnole (aimer)à la française (vivre)à la garçonne (s'habiller)à la hussarde (aimer)à la prussienne (combattre)à la russe (boire)
122. Nous n'étions pas élevés à la française, et, du reste, nous Français, nous n'étions qu'une bien faible minorité dans le collège; ... V. Larbaud, Fermina Márquez,1911, p. 10.
c) À introduit un compl. d'indice ou de cause
Le verbe de base est un verbe de perception ou d'entendement. Le compl. désigne un indice :reconnaître qqn au pas.
je vois ça à des tas de petits trucsdécouvrir le coupable à un indiceil s'apercevait à d'imperceptibles affleurements que ...il peut se dépister à un symptôme commun à ...tu le sens à un léger fourmillement de tout ton dosmais au mouvement de ses bras, je pouvais croire que ...on devinait, aux rides profondes qui se creusaient dans son visage, que ...à l'accent méprisant qu'elles avaient, ... la fille entendait qu'elles mentaientet je surpris d'ailleurs, au ton employé par lui, qu'il ...à cette colère, Jean vit que ...il comprit, à la description, que ...il se demanda, à la seule lecture de la lettre, si ...
123. La maison entière le sentait, l'oignon frit, cette bonne odeur qui rancit vite et qui pénètre les briques des corons d'un empoisonnement tel, qu'on les flaire de loin dans la campagne, à ce violent fumet de cuisine pauvre. É. Zola, Germinal,1885, p. 1234.
124. Cette après-midi de dimanche, le juge était assis, avec sa femme et la tante Sabine, dans le pavillon du jardin, quand ils le virent venir, montant péniblement la route; MmeSuzanne l'eut vite reconnu à son parasol vert; tout le monde fut étonné. Ch.-F. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 9.
À + compl. de cause(cf. sup. E 1 b).− Cette valeur de à n'est guère possible que dans une lang. litt. :
125. On raconta aussi, mais ce fut plusieurs années après, qu'une pauvre femme possédée, ayant fait un pèlerinage à Notre-Dame-De-Lorette, fut miraculeusement délivrée de sept démons, et que l'un d'eux assura que le duc avait été assassiné à son instigation. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 263.
126. Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ... V. Hugo, Les Orientales,1829, p. 171.
127. Vous [femmes riches] avec la beauté, vous avez l'ornement; La fête vous enivre à son bourdonnement ... V. Hugo, Les Chants du crépuscule,1835, p. 56.
128. Le calme, voilà le rêve de cette pauvre femme [MmeChèbe] agitée à toutes les tergiversations d'un compagnon incommode. A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 153.
129. La Vie Française avait gagné une importance considérable à ses attaches connues avec le Pouvoir. G. de Maupassant, Bel ami,1885, p. 290.
130. ... car le dernier lien qui unissait les deux sœurs, toujours près de se rompre, renoué toujours, s'était tellement aminci à l'usure des querelles quotidiennes, qu'il cassa net, pour ne plus jamais se rattacher, et à l'occasion d'une bêtise où il n'y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. É. Zola, La Terre,1887, p. 361.
131. Les routes parcourues avaient été pénibles, mais bientôt elle se ranimerait au sucre acidulé des myrtilles. F. Jammes, Clara d'Ellébeuse,1899, p. 49.
132. Ma douleur s'endormait aux teintes et aux sonorités, semblable à ce pâle extatique, plus pâle que son burnous, et qui s'hypnotisait aux grêles cris des fifres nasillards ... F. Jammes, Clara d'Ellébeuse,1899p. 283.
Cf. cependant dans l'usage mod. (on peut hésiter entre l'interprétation temporelle et l'interprétation causale) :
133. Dans cette nature nerveuse et sans équilibre, les sentiments sautaient aux extrêmes, à la moindre secousse. É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 1038.
d) Certains compl. introd. par à tendent à devenir des loc. adv. :
à l'aiseau besoinau demeurantà l'envià l'excèsau hasardà la hâteà l'improvisteà l'inverseau justeau plus justeau plus malau mieuxà l'ordinaire (arch.)à la perfectionau resteà la rigueurà la véritéà son gréà sa guiseau petit bonheurà peu de choses prèsà son corps défendantà peu de fraisau bas motau dernier pointau plus haut pointà ses risques et périlsau vu et au su de ...à ce compteà ce compte-làà cet égardà certains égardsà ce prix-là
134. Vous y trouvez des républicains et des doctrinaires, des légitimistes et des philippistes, des parisiens, des banquiers, des colonels, des marins, des classiques et des romantiques; et tout cela joue des proverbes, tout cela se raconte à l'envi des histoires. A. de Musset, Revue des Deux Mondes,Chronique de la quinzaine, 31 déc. 1832, p. 104.
135. ... un printemps gai, charmant, exquis, tout frais débarqué de la nuit sans avoir averti de sa venue, en bon provincial qui arrive du midi, tombe sur les gens à l'improviste et s'amuse de leur surprise. G. Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, I, p. 20.
136. Il s'habilla à la hâte, monta dans une voiture, descendit en avance à la gare; ... J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 7.
e) Certains compl. tendent à devenir des loc. prép. :
à l'aide deà l'appui deà l'avis deau bénéfice deau détriment deà la différence deà l'égal deà l'égard deà l'encontre deà l'exception deà l'exemple deà l'exclusion deà la faveur deà seule fin deaux frais deà l'instigation deà la mode deau moyen deau nom deau nombre deà l'occasion deà l'opposé deà la garde deau hasard deà l'imitation deà l'instar deà l'insu deà l'intention deà l'inverse deau lieu deà la merci deau péril deà la place deau point deau préjudice deau prix deau profit deau reçu deau regard deà la requête deau risque deau sujet deau taux deà l'usage deau vu deaux yeux de
137. Votre amitié, que je n'avais pas prévue et que j'ai dû croire envoyée du ciel, est certainement une des rares merveilles qu'il m'aura été donné de voir sur la terre. À l'exception de notre grand peintre Henry De Groux, qui donc est descendu aussi profondément que vous et d'aussi bon cœur dans ma fosse noire? L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 5.
3. À + adj. :
à bas (jeter, mettre)à blanc (chauffer, tirer)à chaud (opérer)à cru (monter)à faux (porter)à froid (opérer, traiter)à jeun (être, rester)à neuf (mettre, remettre)à nu (être, mettre)à plat (être, mettre, tomber)à plein (fonctionner, tourner)à ras (couper)à sec (être, mettre)à vide (tourner, revenir)à vif (être, mettre)
138. Dans l'eau, dit-on, tu puisas ta rudesse; je n'en bois pas, et, censeur, plus joyeux, En moins d'un mois, pour loger ma sagesse, J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux. P.-J. de Béranger, Chansons,t. 1, 1829, p. 141.
4. À + inf.
a) À + inf. a une valeur causale
Le verbe princ. est à la forme active :
je le taquine à lui dire ...ne rien perdre à le connaîtreon ne risque rien à le consulteron court des risques à se montreril blêmit de fureur à lire cette lettreprendre la maladie à courir les curésprendre de l'aplomb à être richesuis-je donc une pleutre à tomber ainsiil frissonna à voir ...tu m'amuses trop à être continuellement ...il m'agace à toujours nous traiter devous me gênez à être toujours làvous souffrez plus à lui résisterelle les effraye à passer toute seuleil eut chaud à seulement assujettir son ...tu me portes sur les nerfs à me regarder ainsine jouait-il pas un jeu dangereux à le mettre ...
139. Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux. V. Hugo, Les Feuilles d'automne,Lorsque l'enfant paraît, 1831, p. 756.
140. ... Je souffre extrêmement à vous résister en quoi que ce soit ... P. Mérimée, Arsène Guillot,1847, p. 128.
141. Un grand effort pour parler, mais la faiblesse pour trouver les mots. Et mes larmes coulent à voir cette affection qui voudrait, mais ne peut se répandre. A. Gide, Journal,1890, p. 14.
142. − On lui fait sa piqûre, souffle la sœur, debout derrière lui, et elle va se fatiguer à parler. Dieu sait! ... Ne l'écoutez pas trop longtemps. G. Bernanos, Madame Dargent,1922, p. 6.
Le verbe princ. est à la forme pronom. ou à la forme passive :
l'esprit s'aère à voyageril s'aigrit à rester enferméil s'excite à le regarderil s'épouvante à l'entendreje m'ennuierais à ne rien faireelle s'étonne à lui trouver l'air soucieuxelle va s'enrhumer à courir la nuitse proposer une tâche surhumaine à vouloir ...se sentir ému à découvrirêtre rassuré à le savoir
(Sandf. t. 3, § 241).
143. Je me rongeais de tristesse à produire continuellement pour une irrassasiable destruction. G. Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine,1856, p. 625.
144. Pourtant vous êtes choqués à me lire : c'est par un certain souffle de révolte que vous distinguez dans mes écrits, et je suis un peu étonné qu'il vous impressionne à ce point, étant aujourd'hui très fréquent. M. Barrès, L'Ennemi des lois,1892, p. 21.
Rem. 1. Constr. appos. − Souvent à + inf. est séparé de la princ. par une virgule : ... vous ne manquez pas d'un certain aplomb, à nous interroger ainsi elle le prenait peut-être pour ..., à venir l'intimider avec ses histoires ... que tu es drôle, à faire ... tu n'es pas raisonnable, mon papa, à te désespérer toujours ainsi. Est-il ennuyeux, ce chien, à vous accompagner ... est-ce que tu nous prends pour des mendiants, à nous laisser ainsi. est-ce qu'ils se fichent de nous, à sonner quand il n'y a rien? (Cf. Sandf. t. 3, § 250). Rem. 2. On notera les constr. suiv. qui frisent l'incorrection (le « suj. » de l'inf. n'est pas le même que celui du verbe princ.) et appartiennent à la lang. parlée : ça vous amusera à regarder qui m'amusaient à écouter cette réponse m'assommait à écrire le ménage me convenait mieux à faire c'est une chose qui me dégoûte à penser une gerbe de fleurs qui semblait l'embarrasser à tenir en même temps que sa canne un sujet qui m'embarrasse un peu à traiter avec vous une affaire qui l'ennuyait à traiter même la photographie le gênait à regarder ça vous intéresse donc à savoir la description m'en plairait à faire par le détail son nom seul me salit la bouche à prononcer (Cf. Sandf. t. 3, chap. 4). Rem. 3. En incise ou en tête de phrase : à vaincre sans péril ... à ne plus boire de café, je ... à causer plus longuement, nous ... à bien considérer les choses, ... ce chant, à l'examiner de près, ... à bien peser chaque ..., et cependant, à y bien réfléchir, cette ... et cependant, à bien peser les choses, je ... à y bien songer, ... c'était fini ..., à en juger par ... mais à supposer que ... à tout prendre, ... à relire tout ce qui précède, je ... à en croire Étienne, ... rien qu'à regarder la ..., à parler franchement, ... il n'y a pas, à proprement parler, ... à vrai dire ... à commencer par moi ... (Sandf. t. 3, § 243-244).
b) À + inf. a une valeur conséquentielle ou finale :
avoir de l'argent à ne savoir qu'en faireavoir faim à manger de la terrefaire un bruit à casser les tuilesil fait une chaleur à cuire des œufsil pousse des cris à faire peuril pousse un juron à faire damner ...il exhale des soupirs à renverser un chênedanser à perdre haleines'ennuyer à périrrire à s'étrangleril tousse à faire pitiéengraisser à creverremercier à n'en plus finirla battre à la laisser morteaimer qqn à en mouriril sent le vin à tomber à la renverseelle sent le musc à s'en boucher le nezje sentais mon cœur battre à m'étoufferelle disait cela à faire peurils disent des choses écœurantes à taper dessusse frotter les épaules à les écorcherlui serrent le bras à le broyeril s'attardait à en être indiscretrecevoir qqn à lui faire perdre le goût deperdre presque tout, à en être réduit à ...je ne suis pas comme toi, à vouloir ...
(Sandf. t. 3, § 174-176).
145. Les conscrits dansaient, ils se balançaient bras dessus bras dessous, ils poussaient des cris à fendre les nuages, et frappaient la terre du talon en secouant leurs chapeaux, ... Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de1813, 1864, p. 44.
146. Une boîte de sardines apparut; elle se jeta dessus à croire que le fer blanc de la boîte lui-même y passerait; ... G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 323.
147. Elle se cassait des noix à pleines poignes ... de très haut, d'un coup colossal, à fendre tout le meuble en longueur. L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 189.
II.− À dans le syntagme adjectival (à sert à construire un complément de l'adjectif)
A.− Adjectif + à + substantif
1. Apr. des adj. exprimant une idée de lieu ou de temps gén. liée à une idée comparative, à une idée de proximité ou de contiguïté :
adéquat àadhérent àadjacent àafférent àanalogue àantérieur àapplicable àassimilable àattenant àcoextensif àcomparable àconforme àconnexe àconsécutif àcontigu àcontraire àégal àéquivalent àextérieur àidentique àimmanent àinférieur àinhérent àirréductible àparallèle àpareil àperpendiculaire àpostérieur àpréalable àpréférable àproportionnel àréductible àrelatif àsemblable àsous-jacent àsupérieur àtangent à
148. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, un nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d'orge qu'amincissent, en les suçant, de patients garçons. F. Mauriac, Le Baiser au lépreux,1922, p. 147.
2. Apr. des adj. exprimant la possibilité, l'habitude, la facilité :
commun àdéfavorable àdommageable àétranger àfacile àfamilier àfavorable àfuneste àhabituel àimpossible àindispensable àinconnu àinutile ànaturel ànécessaire ànéfaste ànuisible àordinaire àparticulier àpossible àpréjudiciable àprofitable àpropre àspécial àspécifique àutile àune poésie difficilement accessible à qqn qui ...ce papotage est compréhensible aux seuls initiésdes dépressions invisibles à l'ennemiécrire dans une langue impénétrable aux humblescette idée-là est intolérable à une mèrequelque affreux mystère inconnu aux hommesinaccessible à toute divisionindispensable à ce résultatfamilière à ce publicun paysage propice à de patientes pensées
149. Son corps n'est étranger à aucune des parcelles de ce sol sec et pur ... P. Claudel, Sous le rempart d'Athènes,1927, p. 1126.
Rem. À introduit obligatoirement un compl. de l'inanimé apr. un certain nombre d'adj. :invulnérable aux coups, aux ballesimperméable aux arguments, à la pluieclair à l'espritune représentation assimilable à notre raisondes évidences sensibles au cœur
3. Apr. certains adj. marquant une appréciation affective, en partic. exprimant la sympathie ou l'hostilité
a) Qualifiant un subst. de l'inanimé :
agréable : un holocauste agréable à Dieubon : la vie est bonne à ces apprentischer : une félicité chère à Voltairedélicieux : un goût de péché délicieux à Edmonddouloureux : que l'attitude fût douloureuse à Kyo ...doux : une créature douce au cœur des opprimésintolérable : cette idée est intolérable à une mèreodieux : l'idée est odieuse au payspénible : cette lecture serait pénible à l'intéresséprécieux : la personne du Consul était précieuse au Pays
150. Il la pleura sans dissimulation, sans pudeur, indifférent à la douleur de sa femme qui ne lui parlait plus, ne le regardait plus, vivait seule, murée dans le dégoût, dans une colère révoltée, et priait Dieu matin et soir. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Pardon, 1882, p. 661.
b) Qualifiant un subst. de l'animé :
cher : il est cher à ses enfantsdur : dur aux infidèlesimpitoyable : impitoyable à leurs rivauxindulgent : indulgent aux humblesloyaux : loyaux à la Couronneodieux : il devient odieux à beaucoup d'officierspénible : il est pénible à tout son entourage
151. Allons donc! Il veut être attaqué de front, emporté de haute lutte, ce Paris gobeur et poltron, dur aux timides, tendre aux violents. E.-M. de Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 46.
B.− Adjectif + à + infinitif ou substantif d'action
1. À suggère une idée de destination. − L'adj. suggère l'idée d'une disposition, d'une aptitude ou d'une incapacité. :
Le subst. qualifié par l'adj. est « suj. » de l'inf.une femme adroite
à le retenirun enfant alerte à saisir ...une intelligence apte à tout comprendredes femmes ardentes à conquérir un ...une nature ardente à s'épancherdes natures avides à respirer (les grandeurs) / gén. avide dedocile à poser (sa tête)un caractère enclin à dominerenclin à se mêler dedes femmes énergiques à défendre leur ...enragés à passerexact à payerdes mains habiles à tailler leshardis à parlerimpropre à remplir ses fonctionsimpuissant à maîtriserinapte à gérer ses affairesingénieux à fabriquer ...inhabile à demanderinlassables à commentermaladroite à se conduirenégligent à écouterdes femmes perspicaces à deviner ...ponctuel à s'acquitterporté à faire qqc.puissants à subjuguer ...régulier à tenir paroleune fille savante à tromper les hommessubtile à lui tirer sa signatureun emploi suffisant à assurer ...sujet à boiresujet à se tromperunanimes à relater ...vif à se défendre
152. ... sans doute il s'était assis au bord de la route, plus tranquille d'être là, voyant venir le danger, tout prêt à rentrer d'un saut et à défendre sa maison. É. Zola, La Débâcle,1892, p. 164.
153. Au reste, sa honte le mettait dans un état désaccordé et douloureux très propre à la composition littéraire, et il est seulement à regretter qu'il ne s'en soit pas servi pour animer quelques-uns des chapitres de sa Zootechnie. M. Barrès, Mes cahiers,t. 14, févr.-juill., 1922, p. 4.
154. Bien que les médecins consultés fussent unanimes à affirmer que le gamin, tuberculeux jusqu'aux moelles, tuberculeux depuis l'enfance, n'avait jamais dû être curable, Barbazano se reprochait de s'être consacré trop tard à la santé de Michèle; ... R. Martin du Gard, Confidence africaine,1931, p. 1109.
Dans un certain nombre de ces constr., l'inf., indifférent à la voix, prend tantôt un sens actif, tantôt un sens passif :
un goût âpre à respirertu n'es plus bon qu'à mettre à l'asileun animal bon à rôtirune loque bonne ... à mettre dans un cerisierdes épingles bonnes à éborgnerelles ne sont bonnes qu'à être mises au feudes heures bonnes à vivredes terrains bons à bâtirdes fruits bons à mangerun vin prêt à boireun fruit prêt à cueillirun arbre prêt à être enlevéune lampe prête à allumerune chaîne prête à livrerun terrain propre à bâtir
155. Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort. Ch. Péguy, Le Porche du mystère de la 2evertu, 1911, p. 173.
2. À suggère une idée de conséquence. − L'adj., pris avec une valeur intensive, a pour conséquence le procès désigné par l'inf.; la prép. à est l'équivalent de si ... que, tellement ... que; l'adj. est appréc. ou dépréc.; ces tours appartiennent à une synt. affective :
une nuit belle à en être insolenteune femme belle à le faire décorer en six moisil est bête à manger du foinil est bête à pleureril est bête à réjouirdéplaisant à crierfou à charger de chaînesgentille à l'embrassergrosse à donner envie de pleurerdes herbes hautes à cacher qqc.idiot à pleurerinjuste à crierivre à tomberjolie à croquerlancinant à hurlerlarge à y coucher à troismaigre à donner des frissonspauvre à ne savoir que ...plein à craquerpleine à déborderreconnaissable à ne pouvoir s'y trompersale à ne pas être pris avec ...scintillantes à éblouirc'est sérieux à en être grotesquesolennel à périrc'est triste à en mourir
156. Son œil profond et sa vive pantomime promettent une personnalité forte, mais cet œil ardent flotte et rêve. Le regard est souvent mobile à faire peur; ... J. Michelet, Introduction à l'histoire universelle,1831, p. 445.
3. À suggère une idée de supposition ou d'éventualité. − Le subst. qui sert de support à l'adj. fonctionne gén. comme régime dir. de l'inf.
a) La qualité, fortement affective, est attribuée au subst. dans l'éventualité particulière suggérée par le verbe empl. à l'inf. Elle ne lui appartient pas de droit ou par nature, mais lui est conférée subjectivement par le suj. implicite (animé) de l'inf. :
visage dramatique à contempler (à le contempler, si on le contemple) (ce visage est dramatique)des soldats beaux à voir mourirune dondon comique à considérerun visage dramatique à contemplerune toux fausse à entendredes accents gais à entendreune salle glaciale à voirla somme est grosse à demanderune grille haute à sauterun escalier interminable à descendrejolie à regarderjolie à voir dormirlaides à voir grouillermélancoliques à entendrenostalgique à chérirune ville toujours nouvelle à découvrir
b) La qualité est attribuée en fait par la prép. à à l'inf., le subst. ne servant à l'adj. que de support syntaxique (mur facile à sauter / sauter ce mur est facile / il est facile de sauter ce mur) :
commode à excitercommode à transporterdes idées difficiles à exprimerdes postulations difficiles à se figurerde l'argent dur à gagnerun moment dur à passerdes noix dures à briserdes roueries dures à retrouverun conseil facile à exécuterde l'argent facile à gagnerun livre facile à mettre en pochede l'eau facile à se procurerun mur facile à sautercette France impossible à aimerune souffrance impossible à gagnerimpossible à faire voirqqc. d'impossible à pensersimple à comprendresimple à faire
157. Je serai couché sous un plafond pauvre, Dans un froid silence épais comme l'eau, Terrible à entendre. P.-J. Jouve, Les Tragiques,Livre de la nuit, 1922, p. 11.
Rem. Certains adj. pourraient se ranger dans les 2 catégories précédentes :c'est abject à direc'est affreux à direune personne agréable à fréquenterun village agréable à fréquenterune odeur agréable à savourercharmantes à voir batifolerc'est curieux à connaîtrecurieux à notercurieux à voirdangereux à traverserles plus dégoûtants à regarderdélicieux à noterun moment désagréable à passerdésespérant à attendreune écorce douce à caresserdrôle à raconterqqn d'embêtant à confesserépouvantable à supporterétonnantes à voir en détailétrange à direun poulet exquis à regarder rôtirdes litres gênants à porterc'est grotesque à diregrotesque à vouloirc'est honteux à voirc'est important à connaîtredes détails indispensables à connaîtreinsupportable à penserune douleur lourde à porterc'est malheureux à direrafraîchissants à entendreredoutable à humerune montagne scabreuse à escaladerun contrat terrible à signervoilà le plus troublant à penserun détail utile à connaître
On ajoutera un certain nombre de tournures dans lesquelles le subst. n'est ni le « suj. » de l'inf., ni son régime dir. (verbe empl. intransitivement ou verbe trans. ayant déjà un compl.) :une personne agréable à vivreune personne facile à vivreune route mauvaise à marcherla somme nécessaire à prendre le trainla tendresse nécessaire à supporter cette chosele jour nécessaire à bien voir le tableauun recoin propice à s'y glisserune occasion propice à montrer qqc.un temps propice à remettre qqc.
III.− [À dans le syntagme nominal (à sert à construire un complément de nom)]
A.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif d'action
1. Il correspond à un verbe à compl. unique (cf. sup. I A 1)
a) Il correspond à un verbe actif :
accéder à la propriété / l'accession à la propriétéil aspire à réussir / son aspiration à réussir
À introduit un subst. :
son accession au trônel'acquiescement à sa propositionl'adhérence des pneus au solson adhésion aux thèses de Bergsonmon appartenance à la race blancheson aspiration à un monde meilleurl'assistance aux séancessa collaboration au journalson consentement à la médiocritésa contribution aux Mélanges Brunot,la croyance au malun manquement à la disciplinel'obéissance aux ordresla participation aux séancesun penchant à la mélancoliele recours à l'aidele renoncement à la violencela résistance à l'érosionla souscription à l'empruntsa tendance à la tristesse
158. ... il n'est de vraie faiblesse que dans l'intime consentement à l'illusion, non dans l'illusion elle-même : de celle-ci on se délivre, et on est fort. R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 10.
Rem. Les subst. d'action sont rarement suivis de l'animé (le compl. introd. par à est qqf. un coll. ou un sing. à valeur de généralité ou désignant un être surnaturel) :la croyance au Diablela désobéissance aux parentsl'obéissance aux parentsla résistance à l'ennemile recours au médecin
À introduit un inf. :
son aspiration à réussirsa condescendance à refuserson consentement à n'être que ...son hésitation à répondreson inclination à bien faireson penchant à s'abîmer dans ...sa persistance à conserver les ...sa prétention à commanderla répugnance à laisserla tendance à critiquer ...
b) Le subst. d'action correspond à un verbe pronom. (cf. I A 2) :
sa résignation au mal / se résigner au malson obstination à refuser / il s'obstine à refuser
À introduit un subst. :
son adaptation au climatson application au travailson attachement à la religionsa conversion au catholicismesa résignation à l'injustice
159. Tu es digne de l'attachement que je te porte. Aussi vas-tu recevoir une haute récompense de ton application à mes affaires. H. de Balzac, César Birotteau,1837, p. 89.
À introduit un inf. :
cet acharnement à pervertirson application à ne pas quittersa complaisance à écoutercet entêtement à ne pas lui donnerson obstination à refuser
160. Mais d'après mon dilemme, j'étais tout à fait indifférent au résultat. Cependant, ma complaisance à me laisser donner tout ce qui pouvait empêcher l'effet de ce que je venais de faire dut persuader les spectateurs qu'il n'y avait rien de sérieux dans toute cette tragédie. B. Constant, Le Cahier rouge,1830, p. 41.
2. Le subst. d'action correspond à un verbe à double compl.
a) Le subst. correspond à un verbe à double constr. où à introduit un compl. d'obj. second. de l'animé appelé compl. d'attrib. (cf. sup. I B 1) :
l'annonce de la nouvelle aux invités / annoncer la nouvelle aux invitésl'abandon du fort aux ennemisl'application du traitement au maladel'assignation d'une résidence à un fonctionnairel'assujettissement d'un peuple à un autrel'attribution du prix à un Françaisl'aveu de sa faute à ses parentsla communication du dossier à la policela consécration d'un autel à la Viergel'enseignement des mathématiques aux enfantsl'envoi d'une lettre aux adhérentsl'expédition d'un colis aux vieillardsl'inoculation du virus à un animalla promesse d'un cadeau à l'enfant
b) Le subst. correspond à un verbe à double constr. où à introduit un compl. d'obj. second. de l'inanimé (cf. sup. I B 3) :
l'annexion de la Savoie à la Francel'assimilation de la vie à un songel'association du fils aîné au trônela condamnation du soldat à la prisonl'initiation des enfants aux mathématiquesl'objection d'un argument à sa manière de voirla préparation des élèves au baccalauréatla réduction des fractions à un dénominateur communla subordination des intérêts privés à l'intérêt général
3. Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. (cf. sup. I D, E et F)
a) Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. de lieu ou de but :
son arrivée à l'hôtella course au succèsle dépôt de la somme à la banquela descente aux enfersune entrée au ball'envoi d'un représentant à la firmel'expédition du paquet à la maisonses fiançailles à Parisla mise au tombeausa mort à Tombouctouson passage au théâtreune promenade à la campagneun séjour à la campagneune sortie au restaurantson travail à l'usinela vie à la campagneson voyage à la campagne
161. J'ai reconduit Poinsot à Bicêtre, le jour même de son entrée à l'internat. J. Michelet, Journal,1820, p. 75.
b) Il est suivi d'un compl. circ. de temps :
son arrivée à 5 h, à l'aubeson départ à la nuitson passage à midiune promenade à 5 h précises
c) Il est suivi d'un compl. circ. de manière, de moyen ...
Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. non actualisé :
achat à tempérament, à prix d'or, à crédit, ...action à court termearrivée à point nommébavardage à cœur ouvertchasse à courrecombat à outrancecompte à rebourscondamnation à défautconversation à bâtons rompuscourse à piedcuisson à petit feudépart à fond de traindéplacements à dos de ..., à bicycletteengagement à corps perduestimation à vue de nezgarde à vuelavage à grande eaumarche à piedmise à flot, à secpayement à crédit, à tempérament, à termeprêt à fonds perduprogression à petit train, à pas de louprenvoi du jugement à huitainereproches à voix hauterire à gorge déployéesaut à pieds jointstir à vue, à boulets rouges, à blanctransports à dos de ...travail à pertevente à crédit, à pertevote à bulletin secret, à main levéevoyage à dos de ...
162. Malheureusement on se trouve entraîné dans ce souffle de dénigrement à outrance... A. Gide, Journal,1910, p. 289.
Cf. aussi un duel à mort (se battre à mort) :
163. Ce fut avec la pensée d'un duel à mort qu'il proclama de nouveau son ban de guerre contre Hilperik, parmi les franks orientaux et les peuples d'outre Rhin. A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 36.
Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. actualisé :
un appel au secoursun chant à l'unissonla chasse à l'affûtune condamnation aux dépensla mise à l'épreuvel'observation à l'œil nula peinture à l'huile, au pistoletun remplacement au pied levéla réussite à la force du poignetle tir au jugéle travail aux piècesune vente à la criée
164. L'expérience est la mise en question (à l'épreuve), dans la fièvre et l'angoisse, de ce qu'un homme sait du fait d'être. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 18.
B.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif qui entre dans une locution verbale suivie de à
1. Subst. + à + subst.
a) Le syntagme nom. obtenu correspond à un syntagme verbal trans. dir. :
l'accueil aux nouveaux / faire un bon - à / accueillir qqn, qqc.l'aide aux pays sous-développés / apporter son - à / aider qqnl'appui à qqn / donner son - à / appuyer qqnpour non-assistance à personne en danger / accorder son assistance à / assister qqnla caution à qqc. / apporter sa - à / cautionner qqc.ses compliments à qqn / faire des - à / complimenter qqnses conseils à qqn / donner des - à / conseiller qqnun défi au bon sens / lancer un - à / défier qqn, qqc.la visite aux Dupont / faire une - à / visiter qqc.
b) Le syntagme nom. obtenu ne correspond pas à un syntagme verbal :
l'adieu à qqc. / faire ses adieux àdes allusions à qqc. / faire allusion àson affront à qqn / faire affront àses avances à qqn / faire des avances àun clin d'œil à qqn / lancer un clin d'œil àses coups d'œil à qqn / lancer des coups d'œil àl'exception à qqc. / faire exception àdes signes à qqn / faire signe à
165. Nous ne savons qu'une exception à l'asservissement universel, et c'est à Rotrou qu'en appartient l'honneur. Ch.-A. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle, 1828, p. 259.
Cf. le mal à s'ouvrir / avoir du mal à s'ouvrir :
166. Plus bas, sur les moisissures des sous-bois, des papillons lourds et larges et bordés comme des « faire-part » tremblottent de mal à s'ouvrir et puis, plus bas encore, c'était nous, en train de patauger dans la boue jaune. L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 223.
Cf. la foi à / avoir foi à :
167. C'était encore la foi en la vie, en la santé, en la force, à l'éternel recommencement. É. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 171.
168. Notre dévouement, notre foi à une idée qui nous dépasse, nous confèrent une force que nous ne nous connaissions pas. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 8.
2. Subst. + à + inf. (ou subst. d'action)
a) Le syntagme nom. correspond au groupe mettre, éprouver, sentir ... + indéf., partitif ou poss. + subst. + à + inf. (en concurrence avec le groupe avoir + art. déf. + subst. + de + inf.) :
art : avoir l'- de / mettre son - à + inf. : son - à + inf.assurance : avoir l'- de / éprouver de l'- à + inf. : son - à + inf.générosité : avoir la - de / mettre sa - à + inf. : sa - à + inf.honte : avoir - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.ingéniosité : avoir l'- de / mettre de l'- à + inf. : son - à + inf.joie : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.obligeance : avoir l'- de / mettre de l'- à + inf. : son - à + inf.plaisir : avoir le - de / éprouver du - à + inf. : son - à + inf.pudeur : avoir la - de / avoir de la - à + inf. : sa - à + inf.rage : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.sincérité : avoir la - de / mettre sa - à + inf. : sa - à + inf.soin : avoir le - de / mettre son - à + inf. : son - à + inf.volupté : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.
169. ... tous les traits du méfiant naufragé des Grecs je les retrouvais en lui. L'expérience des choses publiques, des nations et des hommes (...) un soupçon général de tous les cœurs et un amer plaisir à se jouer des vanités; ... A. de Vigny, Mémoires inédits,1829, p. 109.
b) Le syntagme nom. est issu d'un groupe verbe + à + inf. (en concurrence avec verbe + de) :
affectation : affecter de ..., mettre son - à / son - à vouloirangoisse : être angoissé de ..., éprouver de l'- à / son - à demanderdégoût : être dégoûté de ..., éprouver du - à / son - à sortirembarras : être embarrassé de ..., éprouver de l'- à / son - à me répondreempressement : s'empresser de ..., mettre de l'- à / son - à acceptergêne : être gêné de ..., sentir de la - à / sa - à se montrerhâte : se hâter de ..., mettre de la - à / sa - à le rejoindrejouissance : jouir de ..., éprouver de la - à / une - à se mouvoirnégligence : négliger de ..., mettre de la - à / cette - à rejoindresatisfaction : se satisfaire de ..., éprouver de la - à / sa - à refuser
Rem. Est issu d'un groupe verbe + pour + inf. :son insistance à demander / insister pour
c) Certaines constr. s'expliquent par l'anal. avec les constr. précédentes :
son incurie à + inf.sa précipitation à + inf.sa propension à + inf.sa répulsion à + inf.son zèle à + inf.
C.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à correspond à un adjectif construit avec à
1. Subst. + à + subst. :
l'antériorité à l'ère quaternairela conformité à l'originalla conformité aux usages établisl'extériorité au mondesa fidélité à ses convictionsson hostilité à cette solutionl'identité au modèlel'infidélité à la parole donnéela loyauté au trônela postériorité à la Révolution
Rem. À construit très rarement un subst. de l'animé :sa fidélité au roi, à sa femme
2. Subst. + à + inf. ou subst. d'action
a) Le subst. correspond souvent à adj. + à + inf. :
son adresse à faire des robesson âpreté à refuserson aptitude à regarder ...une ardeur à vivreson assiduité à venirson attention à l'écouterson avidité à être admissa chaleur à accepter ...cette constance à se reproduirecette difficulté à croirecette facilité à se lirecette frénésie à jouircette impétuosité à ramener ...l'impossibilité à imaginer ...son impuissance à être heureuxson incapacité à comprendrecette indolence à se faire bellesa lenteur à s'éloignercette promptitude à adapter ...la rapidité à dire ...sa rudesse à vouloircette souplesse à endosser ...la spontanéité à expliquer ...sa témérité à ripostersa tiédeur à réprimer ...votre vigueur à défendre ...
170. Il ne croyait certes pas offenser Dieu par ce blasphème qui n'était que l'aveu de son impuissance à imaginer cette vie éternelle ... G. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1182.
171. ... tant de mes compagnons m'y ont aidé, soit par leur témoignage, soit par leur vigilance à préserver mes notes de l'inquisition allemande, que ces pages qui ne porteront que mon nom sont issues d'une véritable gestation collective. F. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 9.
P. anal. :
cette démence à jouirsa rigueur à tirerson élégance à accepter ...son orgueil à refuser ...sa paresse à sortirsa timidité à aborder la questionsa tranquillité à osersa pudeur à masquer ...sa vanité à vouloir ...
172. Il faudra donc que je surmonte ma paresse à écrire et que je ne fatigue plus ma mémoire; ... A. Chénier, L'Amérique,1794, p. 83.
b) Rare. Le subst. correspond à un adj. suivi de de :
sa fierté à constater / être fier de constatervotre impatience à vaincre / être impatient de vaincre
D.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif de sens concret (désignant des êtres inanimés ou des animaux)
1. À introduit un compl. de destination
a) À + subst. non actualisé :
arbre à painboîte à cigaresbrosse à chaussuresbrosse à dentscaisse à outilscorbeille à papiercornet à déscouteau à painépingles à lingeétui à lunettesfilm à suspensfourchette à escargotslivre à suitesmoulin à cafémontagne à vachespapier à lettre(s)papier à musiquepièce à scandalepièce à thèsepiège à sourisplateau à fromagepot à laitrobe à effetsac à mainsac à provisionsseau à champagnetable à ouvragetasse à thé / de thé : contenu /tête à claquesvache à laitverre à vin / de vin : contenu /
b) Rare. À + subst. actualisé :
l'assiette au beurre (pop.)la boîte aux lettres (néol. : boîte à lettres)la cruche au cidre (pop.)
c) À + inf.
« Qui sert à » (actif) :
air à dansercartes à jouerchambre à couchercouteau à découpercrème à raserfer à repasserfer à soudermachine à battremachine à écriremachine à lavermachine à voterpâte à reluirepoêle à frirepoil à grattersalle à mangerverre à boire
« Qui est à » (passif) :
bois à brûlercire à modeler, à cachetergomme à mâcherl'homme à abattremaison à vendretabac à priserterrain à bâtirvin à emporter
Cf. avec un verbe intrans. :
siècle à venir
2. À introduit un compl. indiquant le moyen par lequel fonctionne un instrument, un appareil ... (à + subst. non actualisé)
a) Le subst. introd. par à désigne la source d'énergie :
appareil à sousappareil à force humainearmes à feubriquet à gazchambre à gazfrein à mainfusil à air comprimélampe à huilelampe à pétrolemachine à système musculairemachine à vapeurmoteur à essencemoulin à ventpoêle à charbon
b) Le subst. introd. par à désigne l'élément spécifique du fonctionnement :
armoire à glacebateau à voileboîte à casiersbombe à ailettesinstruments à cordeslampe à arcmoteur à hélicemoulin à aubespatins à roulettes
c) Le subst. introd. par à marque la spécificité du fonctionnement :
avion à réactionbombe à retardementfauteuil à basculemoteur à explosion, à réactionsystème à échappement libre
173. ... cette bombe à retardement était déjà montée avec une minutie dont j'étais fier ... F. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 14.
3. À introduit un compl. d'accompagnement.− À signifie « avec », « qui a » :un char à banc« avec bancs / qui a des bancs » :
a) À + subst. non actualisé :
un arbre à feuilles conifèresles bêtes à cornesun bonnet à poilla bourgeoisie à talentun chapeau à fleursle char à bancun chinois à bedaineune femme à barbeune femme à cheveux brunsun habit à queueun homme à femmesun homme à moustachesun homme à talentsune moquette à fleursdes rentiers à lorgnonsune robe à carreauxun serpent à lunettesdes souliers à talons
174. Vous autres femmes à principes, vous avez des idées singulières. Vous voudriez qu'un homme vînt au monde tout raisonnable, et que, jusqu'au moment où il se marie, il n'eût connu l'amour que dans les romans. T. Leclercq, Proverbes dramatiques,La Scène double ou Il ne faut pas badiner avec le feu, 1835, 1, p. 348.
175. Mais, cousine Bette, je donnerais bien, c'est-à-dire je dépenserais bien cinquante mille francs pour enlever à ce grand bel homme sa maîtresse, et lui prouver qu'un gros père à ventre de chef de bataillon et à crâne de futur maire de Paris ne se laisse pas souffler sa dame sans damer le pion ... H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 112.
176. Les vantaux du portail tapèrent, rabattus comme par un coup de vent fou, et des hommes à grands chapeaux de paysans se jetèrent dans la cour. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 6.
b) À + subst. actualisé :
une Bible à la tranche vert choula chambre nue aux persiennes closesl'Europe aux anciens parapetsune femme aux yeux de braisela fille aux yeux d'orun garçon à l'air tristeun homme à l'œil fixel'homme à l'oreille casséela mère au frais sourireles routes aux vieux calvairesun vieillard au gilet mal ferméla vieille aux regards fatidiquesla Vierge à l'enfant
177. Il y a même des gens, presque aussi inconnus de nous que du public, qui disent nous admirer. Il y a dans tout ce monde un beau jeune homme, au gilet en cœur, à la chemise en échelle, au revers d'habit noir en velours, ... E. et J. de Goncourt, Journal,févr. 1868, p. 406.
178. Cet enfant d'une extrême beauté, aux yeux bleu vif, aux cheveux blonds bouclés, à teint délicat, montrait une inquiétude morale bien extraordinaire chez un homme de son rang ... A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 6.
4. À introduit un compl. de manière.− À signifie « qui est à » :un rôti à point(« qui est à point ») :
a) À + subst. non actualisé :
un chasseur à piedcet homme à chevalune langue à partune plaie à nu, à vifdes racines à nuun rocher à picun rôti à point
179. Cette personne n'avait rien d'ailleurs que de naturel et d'ouvert; jeune encore, d'une taille robuste, d'un embonpoint marqué, mais plein d'aisance; une de ces physionomies qui préviennent par un mélange de distinction et de rondeur; l'accent agréable, l'œil à fleur de tête, clair et résolu. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 205.
180. Cette fois, j'étais de la louée des foulaisons à Marigrate, un gros ménage sur les bords de Durance, une campagne avec des blés à perte de vue, des bois chasseurs, des vignes, tout le tremblement. J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 9.
b) À + subst. actualisé :
un bateau à la dériveune carpe à la Chambordune choucroute à l'alsacienneune crème à la vanilleune femme à l'aise partoutun jardin à la françaiseun jugement à l'emporte-pièceun jugement à leur honneurun livre à mon goûtun nez à la Cléopâtredes œufs à la coqueun ouvrier à la tâchedes pâtes à l'italienneune pelouse à l'anglaiseune pose à la Napoléonune robe à la modeune tarte aux pommesdes théories à l'état naissantun tuyau à la noix (arg.)
181. Mobilier disparate et démodé, qui contraste avec les vestiges somptueux du cadre, et témoigne qu'ici, depuis un demi-siècle, on « fait des affaires », non seulement sans aucun souci d'élégance, mais sans même utiliser de classeurs à l'américaine. R. Martin du Gard, Un Taciturne,1932, p. 1245.
182. Ce coquillage que je tiens et retourne entre mes doigts, et qui m'offre un développement combiné des thèmes simples de l'hélice et de la spire, m'engage, d'autre part, dans un étonnement et une attention qui produisent ce qu'ils peuvent : remarques et précisions tout extérieures, questions naïves, comparaisons « poétiques », imprudentes « théories » à l'état naissant ... P. Valéry, Variété 5,1944, p. 12.
Rem. Le subst. de base est except. un subst. abstr. :
183. Qu'importe son mérite! Si une chambre composée de demi-sots s'amuse de ses quolibets et prend ses conversations de tribune pour l'éloquence à haute portée d'un véritable homme d'état, que vous importe? Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 337.
184. Un bourdonnement à mille pétillements et crépitements lui emplit les oreilles. Des fumées, qu'une rougeur éclairait d'en dessous, filaient sur le toit du hangar. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 6.
5. À introduit un compl. de lieu ou de temps
a) À + subst. non actualisé :
185. Le théâtre représente une salle du château de M. de Bremont; porte et deux croisées au fond; deux portes latérales. La porte à gauche de l'acteur est celle de la chambre d'Édouard; ... E. Scribe, A.-F. Varner, Le Mariage de raison,1826, I, 1, p. 384.
b) À + subst. actualisé :
186. L'aiguille a fait son tour. Votre tâche est finie; comme un pâle vieillard le siècle à l'agonie se lamente et se tord. T. Gautier, La Comédie de la mort,1838, p. 22.
187. J'aime à vingt-trois ans cette ride de rien, presque invisible, ce pli à votre beau front, entre vos deux sourcils. G. Bernanos, Dialogues d'ombres,1928, p. 41.
6. À introduit un inf. d'obligation ou un inf. conséquentiel
a) L'inf. a pour obj. le subst. de base du syntagme :
le but à atteindrela conduite à tenirun coup à fairecinq enfants à nourrirquarante gamins à instruireun ordre à donnerun os à rongerune réclamation à satisfaireune résolution à la route à suivrela suite à donnerun tour à jouer
b) À + inf. n'a pas pour obj. le subst. de base du syntagme (verbe intrans. ou verbe trans. ayant déjà un obj.) :
une bouche à rendre jalousedes contes à dormir deboutdes cris à faire peurdes épaules à démolir les portesune injustice à crierun nom à coucher dehorsun sourire à damner tout un concileune tête à tourner toutes les autresune tête à vendre des camembertsle type d'affaire à tout casser
188. Bref, elle m'adorait. C'était des cajoleries, des mamours, des p'tits noms de chien, un tas d'gentillesses à me donner des réflexions. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 336.
189. ... puis, c'étaient des fêtes à tout casser, chaque trimestre, quand le notaire lui versait sa rente de trente-sept francs cinquante. É. Zola, La Terre,1887, p. 322.
190. A mon arrivée, il achevait la lecture d'un journal qu'il jeta sur la table, comme s'il se débarrassait d'une couleuvre, avec cet air d'ennui suprême et ce sourire à donner des engelures que vous lui connaissez, ... L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 275.
Rem. 1. À + subst. de l'animé marquant l'appartenance (cf. hist. II B). − La constr. n'existe plus que dans le parler pop. ou paysan (le cousin à ma femme), sauf dans qq. expr. qui appartiennent au lang. fam. ou hypocoristique (un fils à papa). 2. Un certain nombre de syntagmes nom. correspondent, en emploi appos., à un syntagme verbal du type avoir le sourire aux lèvres : un couteau à la main la joie au cœur le poignard au côté le sourire aux lèvres le stylo au poing 191. Vers trois heures de l'après-midi, dans le mois d'octobre de l'année 1844, un homme âgé d'une soixantaine d'années, mais à qui tout le monde eût donné plus que cet âge, allait le long du boulevard des Italiens, le nez à la piste, les lèvres papelardes, comme un négociant qui vient de conclure une excellente affaire, ... H. de Balzac, Le Cousin Pons, 1848, p. 1. Cette prép. a un sens si éloigné de toute donnée concr. et se prête, selon les cont., à des différenciations sém. si nombreuses qu'il est hasardeux de procéder à une classification des « sens », qui ne serait autre qu'une classification sém. des cont. dans lesquels cette prép. peut apparaître. Certes, par oppos. à la prép. d'éloignement de (venir de Paris, être de Paris), à signifie la direction vers un point (qu'il s'agit d'atteindre) (aller à Paris) ou la coïncidence avec un point (considéré comme une limite sans idée de dépassement) (être à Paris) Mais ces valeurs fondamentales (« direction vers » et « coïncidence ») se prêtent aux exploitations les plus diverses : L'idée de « direction vers » se perçoit plus ou moins confusément dans bon nombre de verbes à constr. indir. : aspirer à tendre à s'abandonner à qqc. s'adonner à la boisson s'attacher à qqc. se complaire à ou dans les adj. constr. avec à : (terrain) bon à bâtir; enclin à dominer. C'est elle qui prédomine dans les doubles constr. : donner qqc. à qqn entraîner qqn à agir forcer qqn à faire qqc Elle permet à la prép. à de fournir, avec les verbes de mouvement l'idée de direction ou de destination (aller à, se rendre à), et, sur le plan temp., à constr. qq. loc. qui signifient le parcours d'une certaine étendue de durée (à vie, à brève échéance, à l'avenir ...). Elle donne lieu, enfin, à l'idée de finalité dans le syntagme nom. (moulin à café, machine à coudre). L'idée de « coïncidence » (ou de « situation ») connaît de son côté les exploitations les plus variées : . elle apparaît non seulement au sens local avec les verbes dits « de position » (se trouver, être à Paris) ou, plus gén. dans le compl. « circ. » de lieu (qui n'est pas indispensable au sens du verbe : se promener à la campagne) et, au sens temp., pour situer dans le temps un procès répété ou non (à huit heures, à chaque fois); . mais elle permet aussi à la prép. à d'exprimer des notions comme le moyen (peindre à l'huile), la manière (vendre à crédit), l'indice (reconnaître au pas), la conséquence (s'ennuyer à mourir) et même l'hyp. ou la cause (à lire ce texte avec attention, on ...). Cette diversité dans l'usage sém. de la prép. à, à quoi s'ajoute le fait que dans bon nombre de cas, le sens de à paraît si ténu qu'il en est quasiment insaisissable (pourquoi atteindre à mais s'approcher de, s'échapper de mais échapper à? cf. cependant sup. I A 1, rem. I et I D 1 a, rem.) conduit le lexicographe à préférer pour son étude un cadre proche des données syntaxiques. À fonctionne tantôt dans le syntagme verbal : atteindre à (I), dans le syntagme adj. : apte à (II), dans le syntagme nom. : moulin à café (III). Dans le 1er, il sert à constr. bon nombre de verbes actifs (atteindre à) ou pronom. (s'attendre à) ou de verbes à double constr. (reprendre qqc. à qqn) dans lesquels : . le compl. est à place fixe (apr. le verbe); . le compl. est indispensable au sens du verbe; . à n'est pas commutable avec une autre prép. (sauf, except., avec de); . le compl. est commutable avec y lorsqu'il est de l'inanimé mais non avec où (il aspire à /... à quoi aspire-t-il et non *où aspire-t-il?). Ainsi le compl. d'obj. indir. introd. par à s'oppose avec netteté au compl. circ. (compl. de lieu commutable avec et y; compl. de temps, de moyen, de manière commutable ni avec où, ni avec y). Toutefois les compl. de certains verbes « déterminés » (aller à Paris), tout en se rapprochant du compl. circ. en ce sens qu'ils expriment un lieu et qu'ils sont commutables avec et y, restent cependant apparentés au compl. d'obj. indir. par le fait que, nécessairement postposés, ils sont indispensables pour l'achèvement de la phrase : je vais au théâtre à Paris / à Paris je vais au théâtre mais non, * au théâtre je vais à Paris (au théâtre : compl. déterminé de lieu du verbe aller, proche du compl. indir.; à Paris : compl. circ. de lieu propr. dit, libre du verbe). D'autre part, à + compl. circ. fonctionne fréquemment dans des expr. plus ou moins figées (vendre à crédit, lutter à armes égales). Dans le syntagme adj., à appartient de même à certains adj. qui se construisent régulièrement avec lui (enclin à, apte à ...); avec d'autres il introduit un compl. proche du compl. circ. (curieux à regarder). Enfin, dans le syntagme nom., il convient de distinguer : . les subst. issus de verbes ou d'adj. constr. avec à (l'abandon à; l'aptitude à ...); . les syntagmes issus de certaines constr. doubles (lancer un défi au bon sens > le défi au bon sens); on mettra en évidence l'autonomie du syntagme nom. par le fait qu'il peut fonctionner comme suj. ou comme compl. prép. (à cause de ce défi au bon sens ...); . le syntagme nom. propr. dit (machine à coudre).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [a]. Oppos. phonol. / a / − / ɑ / dans à / a (nom de la lettre). Enq. : / a /. 2. Homon. : à / a, as (verbe avoir). La plupart des dict. ne tenant pas compte de l'aspiration et de la différence de timbre ajoutent à cette série les interj. ah et ha, et a subst. masc. − Rem. Darbois 1830 note également la forteresse de Hâ et Ath, ville belge que Warn. 1968 pourtant transcrit [at]. 3. Hist. des formes. − La forme graph. mod. à avec un accent grave apparaît dans les dict. dep. Nicot 1606. Pour l'introd. des accents dans les manuscrits lat. du Moy. Âge, cf. Beaul. t. 2 1927, pp. 5-6, et pour l'adoption de l'accent grave sur a par Montflory en 1533, cf. Id., ibid., p. 29 et 31. Dès les plus anc. textes, on trouve les formes concurrentes suiv. : a) Ab et ad empruntées au lat. (cf. étymol.), encore attestées, d'apr. les dict., l'une au xiiies., l'autre au xves. (cf. Gdf.). Dans les textes anc. (Eulalie, Saint Alexis), les formes en ad sont empl. devant initiale vocalique et les formes en a devant initiale consonantique. Cf. ex. étymol. : ad a deu ...; ad un comte, ad une spede; a la mer; a mangier; a cels dis ... Cf. aussi Fouché Phonét. 1952, p. 660. Dans les textes plus tardifs, ad est employé indifféremment devant voyelle ou consonne. Cf. Gdf., xiiies. : Ad us et ad coustumes ..., xves. : ... Ad ce mon cœur allume. b) Les formes contractées al > au, als > as et aus, aux, issues de a le, a les. Dans les formes aus, l's sera remplacé par x par suite de la confusion graph. faisant de x, graph. cour. de us, un simple succédané de s. Pour la question de x empl. pour us, cf. Beaul. t. 2, pp. 78-84 et 195. Les formes mod. en au(x) l'emportent à partir du xiiies. − Rem. En a. et m. fr., a peut s'agglutiner au mot qui suit, provoquant le redoublement de la consonne initiale : a + subst. afforfait, a + adj. aggree, a + adj. poss. asson, a + verbe assaveir (cf. Gdf.). On rencontre encore de nombreux cas d'agglutination au xvies., sans qu'il y ait cependant redoublement de la consonne initiale, ex. : acoup, acertes, atout (cf. Hug.). Une trace de cette agglutination reste dans le mot assavoir* que Littré met encore en vedette (expr. faire assavoir); il précise cependant que l'on écrit maintenant faire à savoir.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : prov., ital., esp., cat., port., roum. a. I.− Attestations. − [1reattest. 842, Serm. cf. inf. C1]. A.− Notions se rattachant à ad : mouvement, direction, instrument, etc. 1. a) Mil. xies. Mouvement vers un lieu (Alexis, éd. Paris et Pannier 16a ds T.-L. : vint ... dreitement a la mer); ca 1100, vers une pers. (Rol., éd. Bédier, 70 : Seignurs baruns a Carlemagnes irez); emploi fig. : notion de finalité (Alexis, 10e ds T.-L. : de tot en tot ad a deu son talent); doner a + inf. (ibid., 51e, ibid. : as plus povres le donet a mangier); b) mil. xies. constr. prép. avec valeur : de datif lat. : parler a (ibid., 34d, ibid. : parler al visitor), doner a (cf. sup. Alexis, 51e); de génit. lat. (ibid., 9b ds Gdf. : Filie ad un comte de Rome ...). 2. Notion de situation : 881, dans le temps (Eul., 12 ds Meyer ds Gdf. : Chi rex eret a cels dis sovre pagiens); mil. xies., dans un lieu (Alexis, 34d ds T.-L. : serveit a l'alter). 3. Notions : a) d'instrument : 881 (Eul., 22 ds Gdf. : ad une spede li roverent tolir le chief); b) de manière : ca 1100 (Rol., éd. Bédier, 1276 : L'escut li freinst, Ki est ad or e a flurs); c) de rapport : mil. xies. (Alexis, 5e ds T.-L. : Enfant nos done qui seit a ton talent), tenir a (ibid., 14a ds Gdf. : celui tien ad espos, Qui ...); d) de compar. : ca 1100 (Rol., éd. Bédier, 1598 : Beste nen est Ki poisset curre a lui [qui puisse courir comme lui]). B.− Notions se rattachant à ab : séparation, orig., etc. 1. Mil. xies. prendre congiet a (Alexis, 120c ds T.-L. : prenent congiet al cors saint Alexis). 2. 1172-1174, notion d'orig. (G. de P. Sainte-Maxence, S. Thomas, éd. Hippeau, ibid. : a ses clers prist conseil); 1176 (Chrétien de Troyes, Clig., éd. Micha, 2824 : Que ses oncles li mande Qu'a lui pes ne trives n'atande). 3. Av. 1167, notion d'agent (Marie de France, Lais, éd. Roq., Laustic, 225 ds Gdf. : Ki se faiseit amer a tus). C.− Notions se rattachant à apud : relation, accompagnement. 1. 842, notion de relation (Serm., Bartsch ds Gdf. : Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai). 2. 2emoitié xes., notion d'accompagnement (Pass., éd. Avalle, 428 : Castel Emaus ab elz entret, Ab elz ensemble si sopet); id. (St Léger, ds Förster et Koschwitz, 8 : Primos didrai uos dels honors Quae il auuret ab duos seniors). II.− Étymologie. − A.− Du lat. ad exprimant les notions de mouvement, de direction : vers un lieu (dep. Liv. Andr., 28 ds TLL s.v., 485, 40; fréq. chez Plaute, ibid., passim; maintenu en lat. médiév. ds Mittellat. W. s.v., 148, 10 sq.); vers une pers. (fréq. ds Plaute, ds TLL, 478, 65 sq.); constr. verbe de mouvement + ad + inf. : dare ad manducare [class. dare + inf.], Itala, Johan., 6, 52, cod. vercellensis ibid., 559, 62. Constr. prép. alterne surtout en lat. vulg. − avec datif : Plaute, Epid., ibid., 475, 15 : ad hostes exuvias dabit (cf. 741-744, Lex Baiuv., 1, 1 ds Mittellat. W., 149, 38 : alodem suam ad ecclesiam ... donare), d'où donner à, Horace, Satirae, 2, 6, 90 ds Väänänen, Lat. vulg., § 249 : tandem urbanus ad hunc ... inquit (cf. Trad. ratisb., 25 ds Mittellat. W., 153, 69, ad ipsum abbatem loqui), d'où parler à; voir G. De Poerck et L. Mourin, Réflexions sur la prép. ad, Vox rom., XIII, 279-281; − avec le génit. : Itala, Aggaeus, 2, 23 ds TLL, 558, 47 : unusquisque in gladio ad fratrem suum (cf. fin vies., Form. andec., 28 ds Mittellat. W., 153, 39 : terra ad illo homine). De la notion de mouvement, celle de proximité, puis de situation (sans mouvement) : dans le temps, dep. Pacuv., (Trag., 363 ds TLL, 556, 50 : terra exhalat auram ad auroram humidam; cf. début ixes., Annal. Einh. ds Mittellat. W., 150, 66 : anno 771, ad II nonas dec.); dans un lieu, dep. Plaute, (Truc., 281 ds TLL, 522, 15 : quid apud [ad A] nostras negoti ... est aedis tibi?). De la notion de proximité, celles : − d'instrument : dep. 1ers. ds TLL, 551, 50 sq. (cf. avec 3 a : Vég., Mil., 3, 24, ibid., 77 : ad latiores lanceas ... beluas occidebant); − de manière (cf. avec b : Pline, Epist., 5, 6, 13, ibid., 551, 42 : formam aliquam ad eximiam pulchritudinem pictam); − de rapport (dep. Plaute, ibid., 80 sq.; cf. avec c : ixes., Sangall., p. 81, 5 ds Mittellat W., 152, 59 : ad mensura egrotantis); tenir a « considérer comme », cf. anno 774, Concilium Suess, can. IX ds Bourc. 1956, § 236 b : nullus sacratam feminam ad mulierem habeat; − de compar. (cf. avec d : Cic., De Orat., éd. Courbaud, 2, 25 : sed nihil ad Persum). B.− Du lat. ab exprimant les notions : − de séparation, dep. lat. arch. : discedere ab « se séparer de (qqn) » dep. Plaute, ds TLL s.v. discedere, 1278, 80 sq.; cf. avec 1 : − d'orig. avec verbe « espérer », « craindre », « attendre » + nom de pers. (Tite-Live, 21, 13, 3, ibid., s.v. ab, 31, 59, d'où 2; exprimant l'agent (dep. Plaute, passim ibid., 28, 71 sq.), d'où 3, cf. aussi hyp. de H. Fr. Müller, Orig. et hist. de la prép. « à » dans les loc. du type « faire faire qqc. à qqn » (cr. par Rübel ds Z. rom. Philol., XXXVIII, 371-373) qui y voit la trace d'un dativus graecus compl. de l'inf. passif puis actif, remplacé par le tour prép., opinion reprise par Gam. Synt. 1957, § 85, et Spitzer ds Z. rom. Philol., XLIII, 279 sq. C. − Du lat. apud (Fouché Phonét. 1952, 659, rem. IV), par l'intermédiaire de *abu, hyp. confirmée par forme ab des Serments; prép. apud, fréq. à partir vies., surtout en Gaule, pour exprimer notions de relation et d'accompagnement; cf. avec 1 : Merov., 70, p. 62, 51 ds Mittellat. W., s.v., 832, 23 : quod exinde socer suos [e. suus] concammio apud ipso Magnoaldo fecisset; cf. avec 2 : anno 726-727, Hist. Franc., 10, 252 ds Mittellat, W., s.v., 832, 27 : rex omnem exercitum suum apud [cum ds Greg. Turon.] armorum apparatu jussit venire; cf. a. fr. o(d). A partir de l'époque mérov., confusion fréq. entre a(b) et ad (cf. TLL, s.v. ad, 558, 78 sq.; Mittellat. W., s.v. ad, 155, 12 sq.) et entre ad et apud (cf. TLL, s.v. apud, 344, 35-54; Mittellat. W., s.v. apud, 832, 1-17) ce qui explique la triple orig. de l'a. fr. a. HIST. − En a. fr. la prép. à, dont les orig. lat. sont très diverses (cf. étymol.), a un emploi beaucoup plus large qu'en fr. mod. Au cours de l'hist. de la lang., à ne cesse de lutter contre des prép. concurrentes anc. (en, de, pour) ou de création plus récente (chez, dans, avec), le mouvement gén. étant un mouvement de recul, en partic. devant un subst. de l'animé. I.− Emplois stables. − Dep. l'a. fr., la prép. à a exprimé le mouvement vers (ou jusqu'à) une limite non franchie, tant au sens concr. qu'au sens fig. Cette stab. ne va pas sans fluctuations de détail au cours de la longue période considérée. A.− Dans le syntagme verbal. 1. Constr. indir. simple. − À noter une concurrence à / de devant l'inf. (cf. I A 1 b, rem. 3). En a. fr., à s'emploie apr. des verbes auj. suivis de de : souffrir à, jurer à, menacer à (T.-L.). Au xviies. : oublier à; manquer à; prescrire à; rechercher à; risquer à; omettre à; retarder à; se proposer à; il est aisé à; avoir accoutumé à; prendre garde à; etc. (Haase 1914, pp. 327-331). − Rem. 1. Inversement de a pu s'employer apr. des verbes suivis auj. de à. Citons, au xvies. : apprendre de; chercher de; s'offrir de (Goug. Gramm. 1951, p. 154). 2. À noter aussi la constr. en a. fr. à + inf., là où le fr. mod. a la constr. dir. : Alerent a veoir Costantinople. Villehardouin, 192 (T.-L.). 2. Verbes à double constr. Concurrence des prép. à / de devant l'inf. dans le type inviter qqn à + inf. (cf. I B 4 a) : au xvies. de s'emploie là où l'usage mod. est de mettre à : convier qqn de; inciter qqn de (Goug. Gramm., p. 154). 3. Dans le compl. circ. a) Dans le compl. circ. de lieu (cf. I D, rem. 1 et 3) Concurrence à / en. Ses causes : . les orig. lat. de à, qui lui donnaient les valeurs de en < in et notamment celles du locatif, avec idée de pénétration. − On sait que le lat. class. opposait esse in urbe « être en ville » ou « à la ville », d'une part à ire in urbem « aller en ville » (avec franchissement d'une limite et pénétration) et d'autre part à ire ad urbem « aller vers la ville » ou « à la ville » (avec tout au plus atteinte de la limite mais sans pénétration). Il est évident que la prép. ad s'imposait quand la pénétration était inconcevable : cas d'obj. n'ayant pas d'intériorité accessible (ire ad januam « aller vers la porte » ou « à la porte »; cas des pers. (ire ad aliquem « aller vers qqn » ou « à qqn »)). Le lat. vulg. avait simplifié ce système d'oppos. trop subtiles et avait fini par dire indifféremment d'une part, ire in ou ad urbem « aller vers la ville », « à la ville », « en ville » (sans considération de limite approchée, atteinte ou franchie) et d'autre part, esse in urbe ou ad urbem « être en ville » ou « à la ville » (sans considération de mouvement); cette ext. à l'expr. du locatif avait été facilitée par des tours class. exceptionnels, comme stare ad januam « se tenir à la porte », d'où l'idée de mouvement est exclue; . un accident phonét. − On sait que phonétiquement *à le donne au, mais que de même *en le donne el, eu, ou et risque ainsi de se confondre avec au. C. Fahlin (cf. bbg., op. cit., pp. 62-63) cite comme 1erex. de la confusion ainsi créée, Merlin (fin du xiiies. ou début du xive) où l'on trouve simultanément : (... il n'a el monde chastiel (I, 198); (...) c'est la chose ou monde (I, 11); (...) canques il voit au monde (II, 179). Ses manifestations : . devant les subst. masc. à initiale vocalique (enfer) et les subst. fém. (forêt) qui appellent une prép. ayant le sens de « à l'intérieur de », en s'est imposé au prix du sacrifice de l'art., tandis que au supplantait apparemment en − qu'en fait il contient − devant les subst. masc. à initiale consonantique : cf. en forêt, en enfer, mais au bois, au paradis; . devant les subst. masc. à initiale vocalique (hôtel) ou les subst. fém. (maison, tête) devant lesquels la prép. peut signifier soit l'approche, soit la pénétration, l'alternance en / à est possible : à la maison / en maison de; à la tête / en tête; à l'hôtel / en l'hôtel; devant les subst. masc. à initiale consonantique au supplante en : au logis, au visage; . même phénomène pour les noms de pays et de provinces : en a. fr. la prép. usuelle est en, à étant très rare. Or devant ces noms, précédés ou non de la prép., s'introduit l'usage de l'art., rare encore au xiiies. puis avec une fréquence croissante jusqu'au xvies., la tendance étant ensuite à l'élimination de l'art. Aussi trouve-t-on en devant les noms de pays masc. à initiale vocalique et les noms fém. (l'élimination totale de à la ou à l' au profit de en sans art. ne date que du xixes. où l'on trouve les dernières attest. de à la Chine, à la Floride). Devant les noms de pays masc. au < *en le ou *à le est resté, même devant les noms très anc. (au Portugal, au Danemark); . devant les noms de ville, à concurrence en, qui devient rare, dès les xiieet xiiies. sauf dedant les noms de villes bibliques ou lointaines. Aux xiveet xves. à cède parfois la place à en (ou à dedanz) quand on veut souligner qu'on est à l'intérieur de la ville. D'autre part en semble se réintroduire devant les noms de ville à initiale vocalique (cf. C. Fahlin, op. cit., pp. 137-145). Au xviies. on trouve encore en Damas, en Florence, en Paris et en Alexandrie, en Épidaure, etc. (Haase, p. 341). Pour en Avignon, cf. sup. I D 1, rem. 3. . Au suj. de l'oppos. au printemps / en été, en automne, en hiver, les grammairiens sont divisés. Beaucoup, tels Bally et Wartburg, la justifient par l'absence de l'art. devant été, automne, hiver − s'agissant de véritables noms propres l'art. était inutile − et par sa présence (dans au) devant printemps < primum tempus, à l'orig. simple nom commun ayant donc besoin d'un déterm. (sur cette question controversée cf. C. Fahlin, op. cit., pp. 107-111-114-116 et W. v. Wartburg, Problèmes et méthodes de la linguistique, pp. 113-114). . Au xviies. à est encore concurrencé par en devant déterm. On trouve a) s'intéresser en ma conversation, en leurs maux; avoir quelque part en vos bonnes grâces; se confier en la bonne fortune; croire en les livres de Moïse; b) mourir en la peine; mettre en la place de; être en la disposition de, etc. (Haase, pp. 341-343). Concurrence à / dans, sur, vers : . La prép. dans s'impose vers le mil. du xvies. (cf. C. Fahlin, op. cit., p. 159) et tend à supplanter à devant les subst. ou apr. des verbes appelant une prép. signifiant « à l'intérieur de ». Mais au xviies. l'anc. état de lang. est encore abondamment attesté par des tours comme : se baigner au sang d'un frère; renfermer qqn à de petites choses; se jeter à d'autres desseins; être blessé à une attaque; tomber au désespoir; laisser qqn au besoin; entrer au détail; tremper au complot (Haase, pp. 313-317). − Rem. Inversement l'usage a imposé à là où le xviies. employait dans : s'intéresser dans les affaires; abandonner qqn dans sa folie; pousser les choses dans les dernières violences; trouver du goût dans la vie; oublier sa dignité dans la vue de; être attaché dans cette bienheureuse terre (Haase, pp. 346-347). . La prép. à a été concurrencée également par d'autres prép. de sens concr. Pour le xviies., citons : à supplanté par sur : rétablir qqn au trône; trouver le diable à son chemin; insister toujours aux mêmes principes (Haase, p. 314); à supplanté par vers : se frayer un chemin à la foi (Haase, p. 321). b) À concurrencé par le degré zéro dans le compl. circ. de temps (cf. I E 3, rem. 1). − Des compl. circ. auj. constr. sans prép., étaient souvent, en m. fr., précédés de la prép. à : au lendemain matin, à ce matin, au soir (Goug. Gramm., p. 185). c) Concurrence à / pour dans le compl. de but. − La prép. à avec une valeur finale a perdu du terrain au profit de pour, comme en témoignent les emplois suiv. : au xvies. : Et aultres instruments requis a bien arboriser. Rabelais, Gargantua, 23. Au xviies. : avoir des appuis à se soutenir; se servir de ses mains à faire qqc.; se faire un prétexte de qqc. à ne pas ...; chercher la solitude à cacher qqc.; s'en prévaloir à éviter qqc.; n'avoir rien à rendre content; faire son possible à (Haase, p. 331). − Rem. Inversement à a été parfois préféré à pour dans l'usage mod. : être destiné pour posséder qqc.; se tuer pour remarquer toutes ces choses (Haase, p. 363). B.− Dans le syntagme nom. − Le syntagme nom. présente dès l'a. fr. les caractères mod. du syntagme nom. dont le subst. déterminé est un subst. concr. 1. À marquant la destination (cf. III D 1). À + subst. sans art. : à est suivi normalement d'un subst. non actualisé : boîtes a ongement. Meng. Rag., 1849 (T.-L.). Cependant à + art. + subst. est plus répandu qu'en fr. mod. : fourche au fiens. Jub. N. Rec., II, 164, (T.-L.). 2. À marquant l'accompagnement (cf. III D 3). À + subst. sans art. : à est suivi normalement d'un subst. non actualisé : chape a manches. Men. Reims, 145, (T.-L.). 3. À introduisant un compl. qui exprime le moy. par lequel fonctionne un appareil ex. roue à aubes (cf. III D 2), semble ne pas avoir existé en a. fr. II.− Emplois en régression. − A.− Dans le syntagme verbal. 1. Constr. indir. simple (cf. I A 1 a, rem. 1). Recul du compl. indir. à + subst. de l'animé, certains verbes qui ont maintenant un régime dir. de l'animé s'étant constr. au xvies. avec à + subst. de l'animé : aider à qqn; assister à qqn; satisfaire à qqn; favoriser à qqn; rencontrer à qqn; supplier à qqn; éclairer à qqn (Goug. Gramm., pp. 149-150). 2. À devant l'attribut de l'obj. (cf. I C 1 pour les emplois mod. qui subsistent). La prép. à a reculé au profit de pour et comme. En a. fr., à est la prép. normale apr. les verbes avoir, prendre, vouloir : Rochebrune a a non. Bast., 87 (T.-L.). La concurrence à / pour existe dès l'a. fr. : Ne vos taing or mie por sage ne por cortois / Ne vos an taing or mie a sage ne por cortois. R. Charr., 140 (T.-L.). Au xviies., on trouve encore largement à devant des subst. abstr. : réputer, recevoir à faveur; compter à grand malheur; tenir à bonheur, à infamie; interpréter à mal; avoir à mépris; devenir à rien (Haase, p. 315). 3. Dans le compl. circ. a) Recul de à devant un subst. de l'animé (cf. I D, rem. 2) au profit de chez, vers, sur : en a. fr., à sert très couramment à indiquer le mouvement vers une pers. : . à signifiant « envers » : a li n'a pas häine. Berte, 1377, (T.-L.); . à signifiant « sur » : traoient as noz. Villehardouin, 218 (T.-L.); . à signifiant « vers, chez » : a vos m'anvoie. Ch. lyon, 5072 (T.-L.). Au xviies. à est encore largement empl. devant l'animé : . « chez » : souffrir qqc. à un homme comme vous. (Haase, p. 315); . « vers » : (se) tourner à un officier. (Haase, p. 314); . « sur » : se lancer à lui. (Haase, p. 314). Recul de à devant un subst. de l'animé au profit de avec, contre, pour exprimer l'accompagnement, la relation. . En a. fr. : à lui se vuet asseyer. Rich., 2217 (T.-L.). Tobie a sa fame ne jut. Tob., 1011 (T.-L.)... de cumbatre as Turs avoient grant ardour. Bast., 170 (T.-L.). Et va a chascun(s) demandant Qui est li sire a cui il vont Et cil lors respondu li ont Qu'il vont au seignor de Cocagne. Joufr., 1370 (T.-L.). « Je tire a vous de l'erbalestre » c'est-à-dire : « Je tireray avec vous de l'erbalestre ». Fabri, Art. de Rhetor, I, 13 (Hug.). . Au xviies. : Tu suis mes ennemis, t'assembles à leur bande. Malh., I, 7, 89 (Haase, p. 320). Je m'amuse a votre fille. Sev., II, 444 (Haase, p. 320). . A noter, en fr. mod., l'alternance à / avec / contre apr. se battre, se mesurer. Recul de à marquant l'intérêt. − En a. fr., le tour suiv. est fréq. : Au conte ocïent son cheval. G. Gui. I, 5404 (T.-L.). Aux xviieet xviiies., on hésite entre à et pour : On fait pour Camille un crime de sa flamme. Corneille, Othon, IV, 1, 1206 (Haase, p. 363). Ce n'est pas un petit avantage à un homme ... de n'avoir point à faire de guerre à sa patrie. Balzac, Dissert. chrét., V (Haase, p. 335). D'autre part la prép. à continue en a. fr., la prép. lat. ab marquant l'orig. : prent cungé a ses freres. S. Brand., 145 (T.-L.). Apprenneiz a mi, ke ... S. S. Bern., 17, 25 (T.-L.). A cui marceant l'acaterent. Fl. et Bl., 511 (T.-L.). Cette constr. a été éliminée par de et des loc. adv. comme auprès de, de la part de. L'agent (apr. un inf. dépendant de laisser ou faire à la voix pronom.) a cessé de pouvoir être constr. avec à (cf. I B 2) : La Grèce ne lui a point reproché de s'être laissé gouverner à Nestor. Balzac, De la Cour. disc. I (Haase, p. 337). b) Recul de à devant un subst. de l'inanimé. Recul de à au profit de avec, pour exprimer la manière, la circonstance (cf. I F 1). Troverent le conte Loeys a grand plenté de bons chevaliers. Villehardouin, 498 (T.-L.). Noter dans les ex. suiv. la cœxistence de avec ou od + subst. de l'animé et de à « avec » + subst. de l'inanimé : Tut li altre passerent od le rei l'ewe de Cedron a plainte, a duleur e a plur. Rois, II, XV, 22 (Gdf.). Revenoient avec leurs peres ... a mains d'avoir et a plus de pechiez. L. Mest., 236 (T.-L.). En fr. mod. à subsiste encore dans des compl. circ. figés : à foison, à grands cris, etc. Recul de à au profit de par, de, pour exprimer une circonstance explicative (cf. I F 2 c) : Al sanc qu'il ot perdu et al caut quil destraint se pasma quatre fois. R. Alix., 188, 1 (T.-L.). A l'orgueil de ce traître De mes ressentimens je n'ai pas été maître. Molière, Tart. V, 3, 1709 (Haase, p. 324). − Rem. Pour à par, symétrique de de par, cf. par. B.− Dans le syntagme nom. − Une modification fondamentale se produit dans le syntagme nom. : la prép. à a cessé d'introd. le compl. d'appartenance et a été remplacée par de. On disait en a. fr. la nef à cil saint home; la terres as dous freres; la mere au roi; l'amor au saint home; la coe au lion, etc. (d'apr. T.-L.) : Se jo ne sui fille de roi Si sui je fille a rice conte. Parton., 10216, Crapelet (Gdf.). − Rem. Dans ce dernier ex. on notera la coexistence des 2 prép. à et de. En m. fr. à + subst. de l'animé est encore fréq., mais de est devenu la constr. usuelle : La bauge du sanglier, du cerf la reposee, La ruche de l'abeille et la loge au berger. D'aubigné, Trag. II, 1525 (Goug., p. 211). Auj. la constr. ne survit plus que dans la lang. pop. et fam. : la cousine à Germaine; un fils à papa (cf. III D 6 b, rem. 1).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 396 290. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 023 201, b) 2 054 474; xxes. : a) 1 830 617, b) 2 010 176.
BBG. − Bally (C.). En été : au printemps. Croire en Dieu : croire au diable. In : [Mélanges Tappolet (E.)]. Bâle, 1935, pp. 9-15. − Benveniste (É.). Formes nouvelles de la composition nominale. B. Soc. Ling. 1966, t. 61, no1, pp. 82-95. − Boström (I.). Les Noms abstraits accompagnés d'un infinitif et combinés avec avoir. Lund-Copenhague, 1957, pp. 99-100, 103-105, 109-110, 229-237, 238-239 [Cr. Moignet (G.). Fr. mod. 1959, t. 27, pp. 229-231]. − Capelovici (J.). En partant d'Avignon. Vie Lang. 1969, no204, pp. 163-167. − Carlsson (L.) Le Degré de cohésion des groupes substantif + de + substantif en français contemporain étudié d'après la place accordée à l'adjectif épithète ... [Appendice]. Uppsala, 1966, pp. 269-278 [Cr. Bonnard (H.). Fr. mod. 1968, t. 36, n 2, p. 146]. − Dauzat (A.). A skis, en skis. Fr. mod. 1946, t. 14, p. 246. − Dauzat (A.). En mon nom et au sien. La collision entre ou « en le » et au et ses conséquences. In : [Mélanges Bruneau (C.)]. Paris-Genève, 1954, pp. 1-9 [Cr. Roques (M.). Romania, 1955, t. 76, p. 140]. − Dauzat (A.). En skis et non à skis; en ou à bicyclette. Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 307-308. − Delattre (P.). Le Jeu des prépositions dans l'enchaînement des verbes français. Fr. R. 1964 / 1965, t. 38, pp. 67-81. − De Poerck (G.), Mourin (L.). Réflexions sur les prépositions in et ad dans quelques textes romans. Vox rom. 1954, t. 13, pp. 266-301 [Cr. Pottier (B.). Romania. 1955, t. 76, pp. 552-553]. − Fahlin (C.). Étude sur l'emploi des prépositions en, à, dans, au sens local. Uppsala-Leipzig, 1942, IX-370 p. [Cr. Dauzat (A.). Fr. mod. 1943, t. 11, pp. 67-69; Lerch (E.). Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1944, t. 65, pp. 132-138; Lombard (A.). Z. rom. Philol. 1943, t. 63, pp. 411-420; Paiva Boleo (M. de). R. port. Filol. 1947, t. 1, p. 575; Rohlfs (G.). Arch. St. n. Spr. 1943, t. 183, p. 56; Roques (M.). Romania. 1944/1945, t. 68, pp. 249-250]. − Foulet (L.). L'Effacement des adverbes de lieu : sus, jus, aval, amont, haut, bas. Romania. 1946, t. 69, pp. 1-79. − Glättli (H.). Observations sur l'emploi des prépositions devant les noms de pays. In : [Mélanges Grevisse (M.)]. Gembloux, 1956, pp. 131-141. − Gougenheim (G.). En Haïti ou à Haïti. Vie Lang. 1954, t. 3, pp. 377-378. − Gougenheim (G.). Y a-t-il des prépositions vides en français? Fr. mod. 1959, t. 27, pp. 6-14.-Gramm. 1789. − Graur (A.). Ab, ad, apud et cum dans le latin de Gaule. B. Soc. Ling. 1932, t. 33, n 2, pp. 225-298. − Heinimann (S.). Vom Kinderspielnamen zum Adverb. Z. rom. Philol. 1953, t. 69, no1/2, pp. 1-42 [Cr. Cézard (P.). Romania. 1955, t. 76, p. 127]. − Lasserre (E.). De l'Emploi des prépositions en français. Est-ce à ou de? Paris, 1936, 63 p. − Luxenburger (H.). Ad « à » als Präfix bei Verbalsubstantiven auf -tion und als Präposition im Französischen. Neuphilologische Monatsschrift. 1931, t. 2, pp. 407-413. − Muller (H.-F.). Origine et histoire de la préposition à dans les locutions du type faire faire quelque chose à quelqu'un. Poitiers, 1912, 199 p. [Cr. Rubel (R.). Z. rom. Philol. 1914/1917, t. 35, p. 371; Yvon (H.), Romania. 1913, t. 42, p. 629]. − Norberg (D.). Faire faire quelque chose à quelqu'un. Recherches sur l'origine latine de la construction romane. Uppsala, 1945, 35 p. [Cr. Wagner (R.-L.). Romania. 1950, t. 71, pp. 141-142]. − Pottier (B.). Sur le système des prépositions. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 1-6. − Schwarz (H.). Der Gebrauch der Präpositionen à une en im altfranzösischen Rolandsliede und in den ältesten französischen Sprachdenmälern. Greifswald, 1913, 61 p. − Spang-Hanssen (E.). Les Prépositions incolores du français moderne. Copenhague, 1963, pp. 123-205. − Uhlemann (E.). Syntaktisches. Z. fr. Spr. Lit. 1908, t. 32, pp. 125-145 [Cr. Jeanroy (A.), Faral (E.). Romania. 1910, t. 39, pp. 611-612]. − Velten (H. V.). On the functions of French de and à. Lingua, 1962, t. 11, pp. 449-452. − Winkler (E.). Über Sprachbetrachtung. Aus Anlass eines Aufsatzes von Charles Bally. Z. fr. Spr. Lit. 1936, t. 60, pp. 430-440.

AVOIR1, verbe.

AVOIR1, verbe.
I.− Emploi trans. Être en relation (concrète ou abstraite, permanente ou occasionnelle) avec quelqu'un ou quelque chose.
A.− [Le suj. désigne une pers., l'obj. désigne soit une chose concr. ou abstr., soit une pers. dont on peut disposer]
1. [Avec l'idée de pouvoir en tirer profit ou parti, d'en jouir] Synon. posséder.
a) [L'obj. désigne un bien matériel] Être en possession de... Avoir un compte en banque, une maison, des rentes; avoir beaucoup d'argent :
1. Va faire ton paquet, et je te mènerai chez M. de Rênal, où tu seras précepteur des enfants. − Qu'aurai-je pour cela? − La nourriture, l'habillement et trois cents francs de gages. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 19.
2. À Londres, nous avons vécu quelque temps au Savoy, où nous prenions nos repas et où nous avions un petit appartement merveilleux avec une vue sur la Tamise... Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 586.
3. J'ai un complet en tussor beige. Mais il est d'été et m'enrhume. Giraudoux, L'Apollon de Bellac,1942, 5, p. 61.
[Le compl. d'obj. peut être un pron. ou un nominal] :
4. − Écoute, retiens ça... Quand tu n'auras plus rien et qu'ils auront tout, tes enfants te pousseront au ruisseau. Zola, La Terre,1887, p. 40.
[Avec un subst., attribut de l'obj., précédé des prép. comme ou pour] Avoir pour demeure un ancien presbytère.
Loc. Avoir de quoi. Posséder suffisamment d'argent pour parvenir au but recherché (le plus souvent donné par le cont. ou par un inf. suiv. cette loc. : avoir de quoi payer, de quoi vivre) :
5. Qui sait si vous aurez de quoi vous marier? E. de Guérin, Journal,1838, p. 221.
6. Pour tous, c'est-à-dire pour tous ceux qui avaient de quoi. Dans les ménages, l'ordinaire est souvent maigre. Faral, La Vie quotidienne au temps de st Louis,1942, p. 173.
Rem. 1. Le groupe de quoi senti comme un véritable compl. d'obj. a pu être substantivé :
7. Si je ne vous fais rien savoir d'ici vendredi midi, c'est que j'ai pas le temps ou que je n'ai pas de quoi. Je peux pas mieux vous dire. − Vous avez bien le temps et le de quoi, marmonnait le vieux. Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 205.
Rem. 2. P. ext., la loc. avoir de quoi peut s'appliquer à des biens non matériels. Avoir de quoi causer, avoir de quoi écrire :
8. De tels propos tombés de la bouche d'un évêque dans l'oreille d'un jeune clerc à peu près inconnu de lui avaient de quoi me remplir de stupeur. Billy, Introïbo,1939, p. 66.
[Avec une valeur ingressive] Entrer en possession de, en jouissance de. Synon. obtenir.Nous pouvons avoir, nous avons eu ce livre, cette maison... à bon compte, pour une bouchée de pain :
9. Il m'a transporté pour Clarisse, et je n'aurai point de repos que je n'aye ce précieux livre; ... Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1567.
P. ext. [L'obj. désigne une chose assimilée à un bien matériel] Avoir une communication téléphonique; avoir la parole; avoir son bac, son train :
10. Je ne leur proposerai certainement pas de lire Grotius ou Pufendorf depuis que nous avons le commentaire de Tracy sur Montesquieu. Stendhal, De l'Amour,1822, p. 208.
11. Au bout de trois semaines, je montai en troisième où j'eus la troisième place. Dupanloup, Journal intime,1851-76, p. 18.
12. − Vous savez qu'il avait toujours, à l'école, le prix de lecture et de récitation. G. Duhamel, La Confession de minuit,1920, p. 174.
b) [L'obj. désigne une pers. dont on peut disposer ou avec laquelle se sont créées des relations prof. ou soc.]
Avoir des collaborateurs nombreux; avoir un bon médecin, de bons professeurs :
13. Nous avons maintenant des couvreurs sur le toit; le tapotement a succédé à l'infection. Flaubert, Correspondance,1867, p. 314.
14. − Ah! m'écriai-je, je n'avais pas songé le moins du monde que Jeanne eût un tuteur. A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 400.
15. − Si je dois aller en prison, j'aurai quelques-uns de ces messieurs pour me porter mes valises... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 464.
Dans le lang. amoureux. Posséder, être l'amant (ou la maîtresse) de... Cette femme, il n'a pas été longtemps à l'avoir :
16. M. de (...), qui avait vécu avec des princesses d'Allemagne, me disait : « Croyez-vous que M. de L. ait Madame de S.? » Je lui répondis : « Il n'en a pas même la prétention; il se donne pour ce qu'il est, pour un libertin, un homme qui aime les filles par-dessus tout. − Jeune homme, me répondit-il, n'en soyez pas dupe; c'est avec cela qu'on a des reines. » Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 102.
17. ... la Torpille est infiniment mieux que tout cela : vous avez tous été plus ou moins ses amants, nul de vous ne peut dire qu'elle a été sa maîtresse; elle peut toujours vous avoir, vous ne l'aurez jamais. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 22.
18. Eh bien! oui, elle va avec tout le monde, elle se moque de vous, jamais vous ne l'aurez, ou bien vous l'aurez comme les autres, une fois, en passant. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 607.
[Avec une idée de réciprocité] Être l'un avec l'autre, être l'un à l'autre. Synon. s'appartenir :
19. Adieu ma toute chérie, rêvons-nous cette nuit; nous nous aurons demain. Tu sais comme je t'embrasse. Flaubert, Correspondance,1846, p. 298.
Péj., fam. Avoir qqn.L'attraper (au propre et au fig.) d'où l'expression se faire avoir :
20. − Les Fridolins? Ils nous auront jusqu'au trognon. Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. 12.
21. Je me suis dit : si j'arrive jusqu'à une traboule, ils peuvent courir, c'est pas des Lyonnais, c'est des Boches, jamais ils ne m'auront là-dedans! Voilà... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 90.
[Avec un subst., attribut de l'obj., précédé des prép. comme et pour] Avoir pour chef M. X, avoir comme secrétaire Mlle Y :
22. Pour guide nous avons une vierge au teint pâle Qui jamais ne reçut le baiser d'or du hâle Des lèvres du soleil. T. Gautier, La Comédie de la mort,1838, p. 28.
23. ... nous avions pour professeur de rhétorique M. Collignon à qui ma reconnaissance reste acquise, ... Barrès, Mes cahiers,t. 4, 1906, p. 168.
24. À Paris, tout le monde descend. La scène suivante se passe chez Lévy. MmeLévy demande à son mari s'il a fait bon voyage. « Pas mauvais, répond Lévy; mais j'avais pour compagnon de wagon un antisémite... » Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1189.
P. anal. [Avec un subst. désignant une chose abstr., attribut de l'obj.; cet obj. est un inf. introduit par de (ou une prop. introduite par que)] Avoir pour habitude de prendre ses vacances en août :
25. On voit ici quel peut être le rôle du prêtre; il a pour mission de réveiller en nous cette vie palpitante et indivisible. Marcel, Journal métaphysique,1919, p. 199.
c) [L'obj. désigne une valeur quelconque qu'on peut mettre à profit] Synon. rencontrer, bénéficier de.Avoir du beau temps, de la chance, des loisirs :
26. J'aurais eu huit jours de plus de bonheur! ... Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 296.
27. Dans quel but veux-tu me cacher que j'ai des droits sur elle et sur son enfant? Pagnol, Fanny,1932, III, 6, p. 191.
28. Il est vrai que, par les antennes de Brazzaville, nous eûmes toujours le moyen de publier ce qui nous parut utile. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 131.
En partic. [L'obj. désigne un espace de temps dont on peut ou dont on doit tirer parti] Avoir le temps de..., une semaine pour..., avoir huit jours de libre :
29. Le train partait à midi, ils avaient le temps. Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1092.
30. Un brin de toilette n'était pas de trop. Puisqu'il avait sa soirée libre, tant pis pour la conférence d'internat! On le barbait à la fin. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 369.
31. J'aurais aussi bien pu le [Charlie] lancer sur les parfums, les irradiations des poètes; leur température, leur plus ou moins de porosité... Il abondait aussitôt et l'on en avait pour des heures. Gide, Journal,1948, p. 327.
Rem. Dans tous ces cas, la relation peut être négative ou exprimer un excès : avoir du mauvais temps, de la malchance, trop de travail :
32. ... aussi, lorsqu'ils en sont là, il y a certitude qu'ils ont tout au plus six mois à vivre; ... Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 365.
33. − Vous irez coucher, ce soir, à La Force, répondit-il, j'ai un mandat d'amener décerné contre vous. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 349.
34. Cartier aurait dit que si M. Zola avait cherché à avoir un procès et à se faire condamner, c'était pour éprouver une sensation qu'il ne connaissait pas encore, celle d'être en prison. Proust, La Prisonnière,1922, p. 41.
2. [Avec une idée de société occasionnelle] Recevoir. Avoir des invités, du monde à dîner :
35. J'ai ici ma sœur Eugénie et mon frère, car mon père qui ne peut plus voyager a été assez bon pour me les envoyer et se résoudre à rester lui deuxième au Cayla. M. de Guérin, Correspondance,1838, p. 367.
36. Voilà... Maintenant, vous restez à dîner? − Oh! Nous sommes aux regrets... C'est impossible... Nous avons du monde aujourd'hui. E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 125.
37. Je sais que vous avez participé ce matin à un de ces déjeuners d'orgie qu'il a avec une femme qui le déshonore. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 278.
B.− [Le suj. désigne une pers. (ou un animal), l'obj. indique une composante caractéristique du suj. ou une manière d'être momentanée ou permanente]
1. [L'obj. désigne une composante caractéristique du suj.]
a) [Dans le domaine des relations naturelles, électives ou affectives avec d'autres pers.] Synon. compter.Avoir des enfants, de nombreux amis, un amant :
38. − Avez-vous des sœurs? Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 387.
39. − Oh! oui, répondit-elle, parlez... Protégez-moi... Défendez-moi... Je n'ai plus que vous en ce monde... Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 35.
40. Mon attention éveillée, il ne me fut pas difficile de découvrir que j'avais des ennemis. Camus, La Chute,1956, p. 1513.
41. Louise habitait avec son mari, le couvreur, une chambre, rue Madame, sous les toits; elle eut un bébé et j'allai la voir avec ma mère. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 132.
P. anal. Avoir une liaison.
Rem. Dans ce cas, la constr. avoir pour ou avoir comme... est possible. Avoir pour amis M. et MmeX (compter au nombre de ses amis M. et MmeX) :
42. J'ai pour ami d'enfance Andoche Finot, le fils du chapelier de la rue du Coq, le vieux qui m'a lancé dans le voyage pour la chapellerie. Balzac, César Birotteau,1837, p. 155.
43. J'avais pour amies de jeunes femmes mariées d'une façon plus splendide, ... G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 44.
b) [L'obj. désigne une caractéristique physique ou morale du suj.] Avoir une jambe cassée, une grosse tête; avoir de l'esprit, du courage, de la patience :
44. De plus j'ai une mobilité nerveuse telle que je change de disposition avec la plus grande promptitude suivant les lieux et les sociétés, ... Maine de Biran, Journal,1818, p. 146.
45. Orgueilleux d'être ce proscrit, j'ai l'impertinence de me sentir fier des inimitiés de plume que mon agressive indépendance me suscita. Bloy, Journal,1892, p. 42.
46. Il avait des manières gracieuses. Un véritable homme du monde comme on en voit sur les images. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 36.
47. Un sourire sceptique flotta sur les lèvres du juge qui avait de fines moustaches brunes. Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 115.
Rem. Dans ces emplois avoir + compl. d'obj. peut souvent être remplacé par des adj. qualificatifs : avoir de l'esprit « être spirituel », avoir de la patience « être patient », etc. [Avec un adj. attribut de l'obj. précisant la caractéristique de celui-ci et précédé d'un prédéterminant (cette constr. correspond à une tournure attributive dans laquelle le « subst.-obj. » serait suj. : il a les cheveux gris = ses cheveux sont gris)] Avoir l'oreille fine, le ventre creux, le nez crochu, la parole facile... :
48. Tous les portiers, (...), regrettaient les spectacles de la place Louis XV, où l'on coupait la tête à des femmes qui, me disait mon propre concierge de la rue de Lille, avaient le cou blanc comme de la chair de poulet. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 18.
49. Il avait la voix dure, les gestes fous, et les mères du quartier terrifiaient leurs marmots en menaçant de l'envoyer chercher, comme on envoie chercher les gendarmes. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 567.
50. Les aliénés ont le meurtre encore plus facile que les hommes ordinaires. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 529.
[Le compl. d'obj. est un pron. représentant une pers. servant de point de réf. et introd. par de] :
51. J'ai beaucoup d'elle dans l'expression du visage, ... Léautaud, In memoriam,1905, p. 188.
52. Ces anciens c'étaient des hommes et j'ai de qui tenir, pas vrai, Carminella? Ne rougis pas, ma femme! C'est la vie. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 150.
Rem. 1. L'obj. peut être un pron. suivi d'un adj. introd. par de : avoir qqc. de triste, n'avoir rien de commun. 2. Un subst. introd. par une prép. peut jouer le rôle d'attribut de l'obj. : avoir les cheveux en bataille. 3. Une prop. peut aussi jouer le rôle d'attribut de l'obj. : avoir les yeux qui pleurent, le cœur qui saigne.
2. [L'obj. désigne une manière d'être momentanée ou permanente]
a) [La manière d'être est un état gén. passager dont le suj. est affecté] Synon. éprouver, ressentir.
Sur le plan physique. Avoir des rhumatismes, de la fièvre, des douleurs; avoir le vertige, des visions; qu'avez-vous? :
53. Le comte d'Erfeuil suivit Corinne, et pendant huit jours que l'infortunée eut la fièvre et le délire, il ne la quitta point; ... Mmede Staël, Corinne,t. 3, 1807, p. 258.
54. ... j'ai grande peine à marcher, j'éprouve une hésitation, un frémissement, dès que je me trouve debout; la terre semble me manquer, je chancelle, j'ai un léger mal de cœur, et je dois m'appuyer, dans la crainte de tomber; on a des vertiges à la tête, moi je croirais les avoir sous les pieds. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 516.
55. Il [Chantelouve] était en robe de chambre et il avait la bouche barrée par un porte-plume. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 26.
56. Moi, j'avais la bouche sèche, j'étais incapable de dire un mot. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 814.
[Avec un sens positif] Bénéficier de. Avoir une bonne santé, de la force, etc.
[Le compl. d'obj. peut être une prop.] :
57. − Ah ça, qu'est-ce que vous avez? reprit-elle, en le regardant. − J'ai... que j'étouffe; l'odeur de ces cassolettes est intolérable! Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 159.
Sur un plan intellectuel, moral, social, etc. Avoir des ennuis, des soucis, de l'amertume; avoir le cafard :
58. ... nous avons une nouvelle affreuse à t'annoncer. Hugo, Correspondance,1821, p. 322.
59. Elle avait cette idée fixe que je resterais fille. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 67.
60. Déjà ils avaient cet air d'absence qu'on a pour durer et traverser les catastrophes, quand le destin est le plus fort. Guéhenno, Journal d'une« Révolution », Été 1937, p. 195.
[Avec un sens positif] Avoir une idée; avoir des compensations :
61. En arrivant en Italie, elle eut des émotions charmantes. Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 141.
62. − Je connais des femmes médecins, apôtres, artistes, dit-il. Elles ont de la décision, de l'intelligence, du sang-froid, de fortes et belles qualités. Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 335.
Rem. Les rem. citées plus haut (I B 1 b) sont également valables ici. Les hommes avaient (...) des uniformes en guenilles (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Boule de suif, 1880, p. 114), j'ai (...) les joues qui me brûlent (Colette, Claudine à l'école, 1900, p. 59).
Loc. Malgré que j'en aie, plus rarement quoi qu'il en ait, en dépit qu'elle en ait. Quoi que j'(il, elle) éprouve :
63. La pompe de cette cérémonie, cette file noire qui arrêtait la circulation sur son passage (...) tout cela le flattait [Delobelle], l'exaltait, quoi qu'il en eût. A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 273.
64. Ferrante devait tuer l'amour, éteindre cette lumière, la logique de son destin l'exigeait; mais il meurt en y croyant, malgré qu'il en ait. Montherlant, Notes de théâtre,1954, p. 1081.
b) [L'obj. désigne un vêt.] Synon. porter.Aujourd'hui, il a un costume gris (à distinguer du sens de posséder, cf. supra I A 1 a) :
65. Mais voyez comme ils sont fins! J'ai des gants et pourtant, ils ont vu mon anneau au travers... Camus, Les Esprits,adapté de P. de Larivey, 1953, II, 2, p. 480.
66. Presque nu, et non plus revêtu de la longue robe qu'il avait auparavant, les reins ceints du périzonium, il est sur la croix et expose sa chair martyrisée; Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 361.
c) [L'obj. désigne une manifestation passagère du suj.] Avoir un cri, un soupir.
d) [L'obj. est numériquement déterminé] Avoir quinze ans; avoir dix printemps :
67. ... elle a reçu une excellente éducation, et quoiqu'elle n'ait que quatorze ans, elle a des talents et de l'instruction. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1663.
Rem. Dans cet emploi, l'âge ne pouvant toujours être déterminé avec précision, le compl. est souvent précédé de dans les qui signifie « environ » :
68. Elle devait avoir dans les vingt ans la petite amie de Robinson, ... Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 474.
3. [L'obj. désigne une manière d'être du suj. en relation avec d'autres êtres, et, plus rarement, avec des choses]
a) [L'obj. désigne une chose concr.] Avoir un geste de sympathie, une parole aimable pour chacun; avoir un entretien avec qqn :
69. wanda. − Moi non plus. (Elle hésite, approche un siège et s'assied). Je viens d'avoir avec lui une étrange conversation... sur l'amour! R. Martin du Gard, Un Taciturne,1932, II, 9, p. 1296.
Absol. Avoir un mot malheureux, un geste désabusé.
b) [L'obj. désigne une chose abstr.] Avoir de la sympathie, du goût, une passion pour qqn ou qqc. :
70. ... ce que j'assure et soutiens du fond de mon âme, c'est que je n'ai pour lui que la plus tendre amitié. Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1787, p. 164.
71. Ces deux hommes excellents n'avaient qu'une passion, celle de diriger la vie d'un fils et neveu unique. Vigny, Le Journal d'un poète,1842, p. 1176.
72. Là, dans cette gare, Augustin eut, de revoir Anne une grande soif soudaine, douce et déchirante, une agonie de désir qui balaya tout le paysage qu'il avait sous les yeux, et l'envoya souffrir là-bas, dans celui où il n'était pas. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 235.
c) Loc. En avoir contre qqn. Lui en vouloir, ressentir à son égard certains griefs :
73. Oui, c'est contre toi qu'il en a, il m'a dit que le coron était empoisonné... Zola, Germinal,1885, p. 1290.
74. − Mais, ajoute-t-il, c'est surtout après l'officier boche que j'en ai. Barbusse, Le Feu,1916, p. 38.
C.− [Le suj. et l'obj. désignent une chose]
1. [L'obj. désigne une (ou plusieurs) des composantes du suj.] Cette maison a 5 pièces; Paris a de beaux musées :
75. La chambre à coucher avait un grand lit, une commode à ventre, des fauteuils; ... Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 122.
76. Les haies n'ont plus que leurs pointes et leurs épines. Renard, Journal,1903, p. 867.
2. [L'obj. désigne une (ou plusieurs) des caractéristiques du suj.] Cette pièce a 3 m de long, cette peinture a une grande valeur, ce travail a le mérite de... :
77. ... il se proposait tout bonnement d'utiliser la propriété qu'ont les filaments de laine, quand on les presse en tous sens, de s'enchevêtrer et de constituer, par leur simple entrecroisement, cette étoffe qu'on appelle feutre. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 311.
78. ... vous êtes le représentant du roi, mais la patience a des limites... Claudel, Le Livre de Christophe Colomb,1929, p. 1169.
3. [L'obj. désigne un état momentané du suj.] Qu'est-ce qu'a cette voiture? :
79. Le ciel avait un éclat, l'air avait une tendresse, qu'ils ne connaissaient pas. R. Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 201.
80. ... c'était le silence, assez sinistre, du canot à pétrole, en mer, quand le moteur a une panne. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 882.
Rem. gén. Avoir comme + adj. (ou part. passé) ou subst. Cette constr. permet d'énoncer un sentiment, une idée en lui donnant une nuance d'imprécision à l'aide du compar. comme. Synon. pour ainsi dire :
81. J'avais comme un mauvais pressentiment. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Sombre récit, 1883, p. 278.
82. Il y eut comme un sursaut gigantesque dans cette file de deux milliers d'hommes. Benjamin, Gaspard,1915, p. 55.
83. − Je ne sais pas, dit Karelina. J'ai comme senti que c'était vous. Van der Meersch, L'Empreinte du Dieu,1936, p. 16.
II.− Verbe copule de loc. verbales. Le verbe avoir représente l'élément verbal d'une locution exprimant une manière d'être momentanée, occasionnelle ou permanente.
A.− Avoir + subst. (absence de prédéterminant).
1. [Non suivi d'un compl. prép.] Avoir confiance. chaud, cours, faim, froid, honte, mal, nom, peur, pied, pitié, raison, soif, sommeil, tort; n'avoir ni queue ni tête.
2. [Suivi d'un compl. prép. (subst. ou inf.)]
a) [Introd. par la prép. à] Avoir accès à, affaire à, chaud à, droit à, froid à, intérêt à, mal à, part à, peine à, profit à, recours à, etc.; avoir maille à partir, avoir voix au chapitre. Mar. Avoir voile à gré. ,,Porter bien la voile, être bon voilier`` (Lal 1848).
b) [Introd. par la prép. de] Avoir besoin de, conscience de, connaissance de, coutume de, dessein de, envie de, espoir de, garde de, hâte de, honte de, horreur de, idée de, licence de, lieu de, ordre de, peur de, pitié de, raison de, regret de, soin de, sujet de, tort de, vent de, etc.; au fig., avoir faim de, avoir soif de, etc.; avoir charge d'âmes, avoir force de loi, avoir gain de cause, etc.; n'avoir cure.
Rem. Un adv. peut s'intercaler entre avoir et le subst. qui le suit, avoir tout lieu de, avoir si peur de.
c) [Introd. par d'autres prép.] Avoir foi en, avoir barre sur, avoir commerce avec, avoir rang parmi, etc.
3. [Le subst. est qualifié par un adj.] Avoir beau jeu, bon cœur, bon dos, bon espoir, bon goût, bonne grâce, bonne mémoire, mauvaise grâce; avoir carte blanche, etc.
B.− Avoir + prédéterminant figé + subst.
1. [Avec l'art. déf.]
a) Avoir le bourdon, le cafard, l'œil, le pas, le trac (et tous les substituts de peur : avoir les foies, la frousse, la pétoche, la trouille, etc.).
b) [Le subst. peut être qualifié par un adj.] Avoir le beau rôle, le bras long, le cœur gros, le cœur bien accroché, la gorge serrée, la main heureuse, la partie belle, etc.
2. [Avec l'adj. poss.] Avoir ses aises, ses entrées, ses raisons, avoir sa tête, etc.; n'avoir pas son pareil.
3. [Avec l'art. déf. ou l'adj. poss. précédé de de] Avoir de la chance, du goût, du tact, etc. (et tous les substituts de chance : avoir du bol, du nez, du pot, etc.); avoir de ses nouvelles; avoir du bon. Avoir du chien. ,,Faire montre d'entrain ou avoir ce qu'on appelle le feu sacré`` (Sandry-Carr. Th. 1963). Avoir des planches. ,,Avoir du métier`` (Sandry-Carr. Th. 1963).
C.− Avoir + prédéterminant figé + subst. + prép.
1. [La prép. introduit un compl. qui joue le rôle d'un adj. (cf. supra II B 1 b)] Avoir la mort dans l'âme, le cœur sur la main, du pain sur la planche, les larmes aux yeux; avoir la tête à ce qu'on fait; avoir sa tête à soi; avoir les yeux dans sa poche; avoir une femme, un homme dans la peau; avoir les nerfs en pelote, à vif; avoir du vague à l'âme, du plomb dans l'aile.
2. [Les prép. de et plus rarement à introduisent un inf.] Avoir l'avantage de, la bonté de, le courage de, le devoir de, le droit de, la bonne fortune de, le front de, l'habitude de, l'honneur de, l'idée de, l'intention de, la liberté de, le loisir de, l'obligeance de, le plaisir de, le temps de, le tort de; avoir son mot à dire, avoir le cœur à rire, avoir du mal à, avoir d'autres chats à fouetter.
Rem. Le rôle d'une prop. inf. introd. par de peut être tenu par une prop. sub. introd. par que.
D.− Avoir + adj. + inf.Cette constr. ne se rencontre que lorsque beau tient le rôle d'adj. mais avec valeur adverbiale. Avoir beau dire, faire, penser; a beau mentir qui vient de loin.
E.− Avoir + prép. + subst. (déterminé ou non).
1. À. Avoir à cœur, à mépris, à merci; avoir à la bonne, à l'œil.
Rem. Le tour à mépris est un arch., Haase 1914 le cite en le faisant précéder du commentaire suiv. : ,,à précède un substantif attributif, construction très fréquente dans l'ancienne langue et qui subsiste encore dans quelques tours``.
2. En. Avoir en chantier, en horreur, en main, en tête, en vue.
3. Dans. Avoir dans le nez, dans le ventre.
4. Sous. Avoir sous la main.
5. Sur. Avoir sur le cœur.
F.− Loc. diverses
1. L'avoir sec*.
2. L'avoir échappé belle.
3. En avoir... Outre le sens de avoir reçu des coups ou avoir subi une disgrâce, et le sens arg. de en avoir. ,,Être un homme complet`` (Sandry-Carr. 1963) d'où être audacieux, cette loc. entre dans de nombreuses constructions. En avoir le cœur net, en avoir gros sur le cœur, en avoir dans l'aile, en avoir assez (et les tours fam. en avoir marre, plein le dos, plein les pattes, par-dessus la tête, ras le bol), en avoir de bonnes, sans en avoir l'air.
En avoir pour + indication de durée. Avoir besoin de l'espace de temps donné pour faire une chose (exprimée par en).
G.− N'avoir que faire. N'avoir pas besoin de quelqu'un ou de quelque chose, ne pas se soucier :
84. Nous n'avons que faire de l'érudition sans amour, quand il s'agit de Maurice. Mauriac, Journal 1,1934, p. 90.
85. ... j'ai l'impression d'écouter malgré moi à une porte et de recueillir des confidences dont je n'ai que faire. Green, Journal,1945, p. 240.
P. anal. N'avoir que répondre. N'avoir rien à répondre, rien qui permette de répondre :
86. À ça Arsule n'avait que répondre, sauf à tirer sa petite moue. Giono, Regain,1930, p. 171.
Rem. 1. Quelques-unes de ces loc. sont susceptibles de connaître des transformations, p. ex. avoir faim,faim peut être précisé par un adj. : avoir grand faim ou par un compl. de nom, faim étant alors précédé de l'art. figé une : avoir une faim de loup. 2. Des loc. telles que avoir faim, avoir soif peuvent être remplacées par le tour attributif corresp. : être affamé, être assoiffé.
III.− Emploi d'auxil.
A.− [Auxil. de mode]
1. Avoir à + inf. impliquant une idée, plus ou moins nette, d'obligation.Être contraint de. J'ai une lettre à écrire « je dois écrire une lettre » :
87. ... et pour quelques moments brillants de sagesse et de gloire qu'ils [les peuples] pourraient espérer, ils ont toujours à craindre des siècles de désordres et de calamité. Marat, Les Pamphlets,Suppl. de l'Offrande à la Patrie, 1789, p. 44.
88. J'ai maintenant à vous expliquer pourquoi je vous écris de Tours et non de Tocqueville où je devrais et voudrais être. Tocqueville, Correspondance[avec Gobineau], 1853, p. 200.
89. Puis il fallait voir les chemins dont Chargnat avait fait état : qui voudrait exploiter aurait à se lever de bonne heure. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 9.
90. − Alors, tout de même, est-ce qu'on ne pourrait pas me fiche la paix? J'ai à travailler, moi, j'ai à gagner ma vie. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 849.
91. Alors, vous aurez d'abord à réunir un conseil de famille. Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 184.
Loc. Avoir fort à fairefort équivaut à beaucoup.
2. N'avoir qu'à + inf.Il suffit de... :
92. Je vis. Je souffre encor. Battu de cent naufrages, Tremblant, j'affronte encor la mer et les orages, Quand je n'ai qu'à vouloir pour atteindre le port. Chénier, Élégies,Angleterre nouvelles souffrances, 1794, p. 163.
93. ... mais l'amour-propre bientôt lui dit à l'oreille qu'il n'aurait qu'à paraître pour triompher comme César. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 203.
94. don camille. − Parlez! Vous n'avez qu'un mot à dire. Deux fois déjà vous l'avez appelée. Je sens qu'elle n'attend que votre troisième appel : « Prouhèze, viens! »; elle est là, vous n'avez que son nom à prononcer. Claudel, Le Soulier de satin,1929, 2ejournée, 2, p. 758.
Iron. ou pour voiler une menace. Tu n'as qu'à te tenir tranquille (sous-entendu sinon...)
N'avoir plus qu'à. Il ne reste qu'à ... :
95. Ainsi, je dis zut! aux romans. Je n'aurai plus qu'à patauger dans mes épreuves des Petits bourgeois et du Programme. Balzac, Correspondance,1844, p. 671.
Plus est sous-entendu :
96. « Mais, si elle aime un jeune homme, les vieux n'ont qu'à plier bagage, » ajouta-t-il tristement. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 189.
B.− [Auxil. de temps ou d'aspect]
1. [Servant à former les temps composés]
a) [Des verbes trans. y compris le verbe avoir] :
97. Que de chagrins vous eussiez épargnés à toute la famille, si cette amitié avait toujours subsisté entre vous! La Martelière, Robert, chef de brigands,1793, I, 1, p. 3.
98. On lui doit, à coup sûr, d'avoir eu plus tôt le Racine parfait, et de l'avoir eu, dans sa perfection même, plus continuellement ferme et plus inaltérable. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 475.
99. Une association humaine de l'ordre de celle qui permit au Surréalisme de s'édifier − telle qu'on n'en avait plus connu [sic] d'aussi ambitieuse et d'aussi passionnée au moins depuis le Saint-Simonisme − ne laisse pas d'obéir à certaines lois de fluctuation... Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1930, p. 80.
100. Pas une plainte. Pas un cri. Mais le son le plus pur qu'ait jamais formé le désespoir. Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 127.
Rem. Le part. passé s'accorde en genre et en nombre avec le compl. d'obj. du verbe si celui-ci précède le verbe. À l'époque class. et dans certains cas, le part. passé était invariable.
b) [Des verbes intrans. imperf. (c.-à-d. n'aboutissant pas à un état résultant)] Marcher/avoir marché (p. oppos. à arriver/être arrivé) :
101. Elle mentait, Monsieur, elle a toujours menti. Je ne sais pas si dans sa vie cette fille-là a jamais dit un mot de vérité; ... Mérimée, Carmen,1847, p. 35.
102. Viens-tu? Viens-tu? Le coq a chanté, le cheval a henni, la voile est prête. Flaubert, La Tentation de st Antoine,1849, p. 306.
Rem. Le part. passé demeure invariable.
c) [De certains verbes intrans. admettant par ailleurs l'auxil. être, leur sens variant selon l'auxil. utilisé] Changer/avoir changé/être changé; convenir/avoir convenu/être convenu; demeurer/avoir demeuré/être demeuré et aussi augmenter, baisser, crever, croître, dégeler dégénérer, diminuer, disparaître, échouer, embellir, empirer, enlaidir, grandir, grossir, maigrir, paraître, prendre, pourrir, rajeunir, vieillir, etc. :
103. Il est, de tous les sophistes, le plus nuisible qui ait jamais paru, ... Fourier, Le Nouv. monde industr.,1830, p. 30.
104. On dit que pendant longtemps la ville sentit la mort; et je ne suis pas bien sûr que l'odeur ait entièrement disparu. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 135.
Rem. 1. Avec avoir, le changement est saisi en tant que tel, avec être il l'est dans son résultat. 2. Dans l'usage, une certaine liberté s'est établie, la Gramm. du fr. class. et mod. de Wagner-Pinchon 1962, § 314, cite le cas du verbe passer (traverser un endroit) qui s'emploie avec l'auxil. avoir ou avec l'auxil. être sans différence de sens et donne l'ex. suiv. : Laon? J'y ai passé en 1940 (ou J'y suis passé en 1940). 3. Là encore, le part. passé demeure invariable.
d) [De l'auxil. être] :
105. Cette soirée doit me laisser quelques souvenirs. C'est la seule bonne et où j'aie été moi depuis longtemps. Maine de Biran, Journal,1818, p. 115.
106. Milan a été pour moi de 1800 à 1821 le lieu où j'ai constamment désiré d'habiter. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 497.
Rem. On trouve, qqf., la forme avoir été pour signifier être allé, v. être :
107. Je suis sorti; j'ai été dans une église et j'ai longtemps prié. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 285.
2. [Servant à former les temps composés du passif] :
108. Il peut paraître surprenant que de telles leçons m'ayent été données par un magistrat; ... Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1578.
109. ... il ressemblait comme il n'a jamais été ressemblé à un petit Allemand, bon, naïf et fidèle, ... Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 32.
110. Ma dette envers le Louvre est immense. J'ai l'impression d'avoir été nourri et élevé par lui. Green, Journal,1931, p. 68.
111. Il a été descendu par les avions de Balbo, évidemment : il avait un appareil de tourisme. Il a été condamné à six ans, puis il s'est évadé des Lipari. Malraux, L'Espoir,1937, pp. 497-98.
Rem. Avoir lui-même ne connaît pas la tournure passive.
3. [Servant à former les temps surcomposés (double auxil.)] Dès qu'il a eu fini..., dès qu'il a été sorti... :
112. le vice-roi. − Dès qu'il m'a eu atteint j'ai tout quitté et je suis là. Claudel, Le Soulier de satin,1929, 3ejournée, 13, p. 835.
113. Non, c'est trop naturel, je suis venu tout de suite, dès que le petit m'a eu dit... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 132.
Rem. 1. Bien que l'auxil. de la voix pronom. soit être, les formes surcomposées s'obtiennent à l'aide de s'être eu : quand il s'est eu blessé; ,,... le groupe s'est devient le signe obligé du pronominal composé, de telle sorte que la forme surcomposée, au lieu de procéder à un décalage dans le passé à l'aide de l'auxiliaire être lui-même auxilié par avoir (...), maintient le groupe s'est qui signifie à la fois état résultant et activité antérieure, et c'est cette idée d'une activité que le sujet a exercée sur lui-même, qui subit le décalage d'antériorité`` (R. Martin, Temps et aspect, Paris, Klincksieck, 1971, p. 66, note 154). 2. Sous la forme du part. passé, avoir entre dans la loc. eu égard*.
IV.− Verbe impers. Il y a.
A.− Morphème de présentation
1. Il y a + subst. (ou pron. prédicatif).Il y a est un présentatif pur comme voici* et voilà*, il peut être suivi d'un subst. précédé d'un art. ou d'un adj. indéf., d'un adj. poss., d'un adj. dém., ou encore de l'art. défini. Il y a opère un choix parmi tous les possibles : il y a le facteur qui passe (parmi tout ce qui peut passer le facteur est distingué) :
114. Nous avons dit que Regnier n'était point un Juvénal; il y en eut un pourtant au xviesiècle, ... Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 144.
115. Ce qu'il y a eu de jouissances et de poésie dans cette vie de troubadour, nul ne le saura jamais. Baudelaire, Paradis artificiels,1860, p. 331.
116. − Au catéchisme, dit Poucette, il y a une petite fille qui est drôle, elle a les yeux pleins de larmes quand elle parle de Notre-Seigneur. Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-17, p. 144.
117. Il y avait gros temps au large, un ciel bas et gris, de fortes lames plombées qui cataractaient sur la plage. Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 13.
Il y a de quoi + inf.[Cet inf. peut être explicite ou implicite] Il y a des raisons pour... :
118. Je crois que mes notes et ma lettre ont été dictées par le bon sens le plus grossier qui ait jamais arrangé des mots et, au risque de te blesser (il y avait de quoi), j'ai cru faire mon devoir de toutes façons, en te déclarant ces choses. Flaubert, Correspondance,1854, p. 6.
119. C'est venu sur moi noir et lourd... Y avait pas de quoi rire, et puis ça m'a plus lâché. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 300.
2. Il n'y a qu'à + inf.En alliance avec le tour exceptif ne... que, il y a présente ce qu'il faut faire et le pose comme suffisant. Synon. il suffit de... :
120. Il n'y a qu'à se faire tout petit. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 38.
3. Loc. Il y a gros à parier :
121. Il y a gros à parier que, dans un semblable milieu, le mysticisme de Gilles s'est exalté; ... Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 73.
Populaire
Tout ce qu'il y a de... :
122. Une belle galère, ma foi, je l'avoue, haute de bords, bien ramée, couronnée de jolies voiles pourpres, un gaillard tout doré, un bateau tout ce qu'il y avait de capitonné aux endroits pour les officiers, avec en proue un superbe tableau à l'huile de foie de morue représentant « L'Infanta Combitta » en costume de polo. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 228.
C'est... comme il n'y a pas. Signifiant que qqn ou qqc. est comme il n'est pas possible d'être :
123. Un cerveau, c'est tyran comme y a pas. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932p. 300.
B.− [Jouant le rôle d'une prép. introduisant un compl. de temps] Il y a sert alors à fixer un point du passé séparé du présent par le délai qu'indique le compl. temporel. : il y a huit jours vise un point du temps situé dans le passé huit jours avant le présent. Il y a s'oppose donc d'une part à dans* qui marque symétriquement un point dans l'avenir à telle ou telle distance du présent et d'autre part à depuis* qui indique un laps de temps écoulé à partir du moment repéré et qui comporte toujours une idée de limite initiale :
124. J'étais alors à peu près instruit des assauts que cette jeune personne avait essuyés; je ne doutais pas qu'il n'y eût longtemps qu'elle avait perdu cette fleur précieuse, qui ne renaît jamais. Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 53.
125. Il y a à peu près deux mois que je me trouvai à dîner chez Madame d'Olmène. Leclercq, Proverbes dramatiques,La Répétition d'un proverbe ou Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, 1835, 2, p. 369.
126. Je me trouvai assis près de MmeRécamier. Il y avait douze ans que je ne l'avais rencontrée, et encore ne l'avais-je aperçue qu'un moment. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 388.
127. L'ensemble avait dû être de forte et splendide élégance, il y a quelque vingt ans, ... Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 249.
Le temps du verbe avoir peut varier; il y avait situe un procès par antériorité au moment visé par l'imp. avait. En revanche, avec le fut. ou le passé composé qui ne fournissent pas, à l'encontre de l'imp. et du prés., de limite interne à partir de laquelle on peut évaluer le laps de temps écoulé, on ajoute obligatoirement une indication de temps qui précise l'espace du verbe avoir (il y aura demain..., il y a eu hier...). Mais on constate une tendance à l'invariabilité de il y a dans ses emplois après le tour présentatif c'est (c'était, ce fut, etc.), après la prép. de et après la loc. prépositive jusqu'à :
128. Mon instinct d'il y a trente-six ans ne me trompait pas. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1929, p. 508.
Rem. Le pron. suj. il est souvent omis dans le lang. populaire.
C.− Substituts de il y a, morphème de présentation. Le verbe avoir précédé d'un pron. pers. suj. peut présenter lui aussi une phrase du discours et être remplacé sans grande variation de sens par il y a (surtout lorsque les pron. pers. sont nous ou vous avec valeur indéfinie). Vous avez des professeurs qui.../Il y a des professeurs qui... Peut-être peut-on sentir une légère nuance qui donne aux tours avec nous et vous un aspect plus personnel en faisant intervenir la personne de celui qui parle ou la personne de celui à qui l'on parle. C'est pourquoi les tours avec je ou tu présentent eux aussi une phase du discours mais dans laquelle le suj. est directement concerné. J'ai mon frère qui est malade/Il y a mon frère qui est malade.
PRONONC. : [avwa:ʀ]. Conjugaison :
Indicatif
Temps simples
Temps composés
Présent
Passé indéfini
J'aiNous avonsJ'ai euNous avons eu
Tu asVous avezTu as euVous avez eu
Il aIls ontIl a euIls ont eu
Imparfait
Plus-que-parfait
J'avaisNous avionsJ'avais euNous avions eu
Tu avaisVous aviezTu avais euVous aviez eu
Il avaitIls avaientIl avait euIls avaient eu
Passé défini
Passé antérieur
J'eusNous eûmesJ'eus euNous eûmes eu
Tu eusVous eûtesTu eus euVous eûtes eu
Il eutIls eurentIl eut euIls eurent eu
Futur
Futur antérieur
J'auraiNous auronsJ'aurai euNous aurons eu
Tu aurasVous aurezTu auras euVous aurez eu
Il auraIls aurontIl aura euIls auront eu
Conditionnel
Conditionnel passé
J'auraisNous aurionsJ'aurais euNous aurions eu
Tu auraisVous auriezTu aurais euVous auriez eu
Il auraitIls auraientIl aurait euIls auraient eu

Subjonctif
Temps simples
Temps composés
Présent
Passé
Que j'aieQue j'aie eu
Que tu aiesQue tu aies eu
Qu'il aitQu'il ait eu
Que nous ayonsQue nous ayons eu
Que vous ayezQue vous ayez eu
Qu'ils aientQu'ils aient eu
Imparfait
Plus-que-parfait
Que j'eusseQue j'eusse eu
Que tu eussesQue tu eusses eu
Qu'il eûtQu'il eût eu
Que nous eussionsQue nous eussions eu
Que vous eussiezQue vous eussiez eu
Qu'ils eussentQu'ils eussent eu

Impératif
Présent
Passé
Aie !Ayons !Aie eu !Ayons eu !
Ayez !Ayez eu !

Participe
Présent
Passé
AyantEu
ÉTYMOL. ET HIST. A.− 1. 881-882 « posséder en soi ou sur soi, être doté de » (Séqu. de Sainte Eulalie, 2 ds A. Henry, Chrestomathie de la littér. en a.fr., p. 3 : Buona pulcella fut Eulalia : Bel auret corps, bellezour anima); 2. a) 881-882 « éprouver, concevoir (dans la conscience) » (Ibid., 27, ibid. : Tuit oram que por nos degnet preier Qued auuisset de nos Christus mercit Post la mort et a lui nos laist uenir); b) 950-1000 « éprouver, souffrir de qqc. (dans son corps ou dans son esprit) » (Passion de Clermont-Ferrand, 462, éd. D'Arco Silvio Avalle, p. 122 : Si alcuns d'els beven veren, non aura mal, zo sab per ver). B.− 1. a) 950-1000 « obtenir, devenir possesseur de » (Ibid., 270, p. 111 : Il no l'auseren deramar, mais chi l'aura, sort an gitad); b) ca 1150 « jouir de, posséder sexuellement » (Pèlerinage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz-G. Thurau, 694 ds T.-L. : Ci estat Oliviers, qui dist si grant folie. Qu'en une sole nuit avreit cent feiz ma fille); c) 1690 « mettre (qqn) en son pouvoir, attraper » (Fur. : Je l'auray, on sous-entend, en mon pouvoir); 2. a) ca 1040 « posséder, être possesseur de » (Vie de Saint Alexis, 402, éd. G. Paris, p. 14 : O filz, cui ierent mes granz ereditez, Mes larges terres dont jo aveie assez, Mi grant palais en Rome la citet?); d'où b) ca 1040 indique une relation, le rapport de possession étant très atténué (Ibid., 150, ibid., p. 6 : Quant n'ai ton fil, ensemble o tei vueil estre). C.− 1. 950-1000 auxil. servant à former les temps composés de nombreux verbes pour exprimer l'action accomplie (Passion de Clermont-Ferrand, 137 ds K. Bartsch, Chrestomathie de l'a. fr., p. 8 : Et cum asez l'ont escarnid, dunc li vestent son vestiment, et el medeps si pres sa cruz, avan toz vai a pasïun); 2. ca 1040 auxil. d'aspect avec l'inf. et la prép. à, sert à exprimer l'action qui doit être accomplie (Vie de Saint Alexis, 33e, éd. G. Paris et L. Pannier, 1872, p. 147 : Por amistet ne d'ami ne d'amie, Ne por honors qui lui fussent tramises, N'en volt torner tant com il ad a vivre). D.− Impers. il y a. Ca 1040 sans l'adv. de lieu y (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 14c ds T.-L. : En icest siecle nen at parfite amor); ca 1100 (Roland, éd. Bédier, 734 : Dient Franceis que grant bataille i ad). Du lat. habere (FEW, t. 4, pp. 361-365) « tenir, occuper » (Caton, Orig., 7 ds TLL s.v., 2401, 48; Ennius, Scaen., 259, ibid., 35) et « habiter » − cf. habitare « habiter » − (Naevius, Com., 83, ibid., 14) également « se tenir » − cf. fr. habit, habitude − (Cicéron, Fam., 9, 9, 1 ds Ern.-Meillet, p. 287) attesté dep. le iiies. av. J.-C. au sens A 1 (Naevius, Trag., 54 ds TLL s.v., 2397, 8; Plaute, Poen., 87, ibid., 2410, 4), au sens A 2 a dep. le iiies. av. J.-C. (Livius Andronicus, Carm., frg. 13, ibid., 2403, 69), au sens A 2 b dep. Caton (Agr., 157, 9, ibid., 28); attesté au sens gén. de « posséder », B 2 a dep. Plaute (Asin., 189, ibid., 2398, 34), au sens B 2 b dep. Cicéron (De Orat., 1, 82, ibid., 2421, 16) et au sens de « avoir en son pouvoir » (Ovide, Met., 1, 187, ibid., 2430, 81) à rapprocher de B 1 c; attesté dès Caton comme auxil. de temps avec le part. passé d'un verbe et un compl. d'obj. (Caton, Agr., 3, 1, ibid., 2452, 73 : aedificare oportet, si agrum consitum habeas), cf. passé composé équivalent au parfait (Cicéron, Font., 29, ibid., 75 : quae comperta habemus, quae ipsi vidimus); attesté dep. Varron suivi d'un infinitif avec un sens d'obligation (Varron, R.R., 1, 1, 2 ds Ern.-Meillet, p. 287), il prend le sens de « avoir à » C 2 (Sénèque, Contr., 1, 1, 19 ds TLL s.v., 2454, 59 : quid habui facere); attesté en lat. chrét. à la 3epers. du sing. comme impers. « il y a » D (Saint-Jérôme, Commentarius in Ezech., 11, 2 − p. 97b, ibid., 2461, 80 : in Hebraeo ... non habet hunc numerum.. sed tricenarium).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 237 605. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 773 315, b) 1 767 131; xxes. : a) 1 756 713, b) 1 746 879.
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CHEVAUCHONS, (À), loc. adv.

CHEVAUCHONS, (À), loc. adv.
Vx. Synon. de à califourchon, à cheval.Il y était encore à chevauchons quand une voix gouailleuse lui cria : − Bravo! (Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 19).
Prononc. et Orth. Seule transcr. ds Land. 1834 et Littré : che-vô-chon. Ds Ac. 1694-1740. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. (Dit de Flourence ds Nouv. Recueil Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 116); qualifié de ,,bas`` par Ac. 1694, de ,,vieux`` par Ac. 1740; supplanté par à califourchon*. Composé de la prép. à* et de chevauchons, dér. de chevaucher*, suff. -ons*.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·