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ROUÉ, -ÉE, adj.

ROUÉ, -ÉE, adj.
En forme de roue.
A. − VÉN. Tête rouée. ,,Tête de cerf, daim ou chevreuil dont les merrains sont courbés en dedans`` (Baudr. Chasses 1834).
B. − MAN. Encolure rouée. Encolure qui présente dans sa partie supérieure une courbure prononcée, fréquente chez le cheval arabe (d'apr. Lar. encyclop.).
Prononc. et Orth.: [ʀwe]. Att. ds Ac. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1100 « orné de dessins en forme de roue » (Roland éd. Bédier, 3569); 2. 1561 vén. teste rouee « tête de cerf dont les perches sont serrées, près l'une de l'autre et peu ouvertes » (J. Du Fouilloux, La Venerie, 21, 11, éd. G. Tilander, p. 52); 1834 tête rouée (Baudr. Chasses); 3. 1864 encolure rouée (Littré, s.v. encolure). Dér. de roue, suff. *.

ROUER1, verbe

ROUER1, verbe
A. − Empl. trans.
1. MAR. Enrouler un cordage. Synon. lover.Rouer un cordage. Rouer une manœuvre à contre, c'est la plier de droite à gauche (Will.1831).
2. MAN. Rouer l'encolure. [En parlant d'un cheval, d'une mule] Courber l'encolure. Tic avec appui. − (...) le cheval prend un point d'appui en saisissant entre ses dents le bord de sa mangeoire (...). Il roue alors son encolure, contracte sa gorge et suce de l'air en faisant entendre un bruit creux caractéristique (Garcin,Guide vétér.,1944, p. 134).V. harper ex. de Morand.
B. − Empl. intrans. [Le suj. désigne un oiseau] Faire la roue. Entre les jets d'eau teints de lumière, des paons blancs rouaient avec magnificence, pour humilier les fleurs (Toulet,Comme une fantaisie,1918, p. 298).P. métaph. Tout un ostensoir de rayons de soleil se mit à rouer à la pointe extrême des nuées (Giono,Hussard,1951, p. 220).
Littér., empl. trans. Des paons veilleurs rouant des gloires de saphyr (Régnier,Poèmes, Poèmes anc., 1890, p. 58).
Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Parader. Mirez-le donc, il se rengorge à présent et roue, ce paon-là (Cladel,Ompdrailles,1879, p. 195).Quant à Lirmelar, il court des bruits fâcheux sur ses mœurs. Il roue volontiers près du sexe, mais sans autre plaisir que de parade et de vanité (Arnoux,Crimes innoc.,1952, p. 135).
REM.
Rouement, subst. masc.État de ce qui est disposé en rond. Tout tournait autour de cette maison. Tout le rouement des champs, l'orient des labours, des lavandes, des vergers, l'enlacement des chemins, des sentiers et des pistes (Giono,Chron., Noé, 1947, p. 92).
Prononc. et Orth.: [ʀwe], (il) roue [ru]. Homon. roux. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 « tourner, aller en rond, tournoyer » (Marie de France, Fables, 3, 73 ds T.-L.); 2. a) fin xiiie-déb. xives. verbe trans. « lancer, envoyer au loin quelque chose » (Un art d'aimer anglo-normand, éd. O. Södergard, 872 ds Romania t. 77, p. 316); b) 1691 mar. « rouler un cordage en cercle » (Ozanam); c) ca 1330 « faire la roue en parlant d'un oiseau » (Guillaume de Digulleville, Pelerinage de Vie Humaine, 7771 ds T.-L.). Du lat. rotare (dér. de rota « roue ») « faire tourner », « tournoyer ».

ROUER2, verbe trans.

ROUER2, verbe trans.
A. −
1. Soumettre quelqu'un au supplice de la roue. Être roué vif. La Régence s'annonce, et le tableau change; le désordre, la licence et la folie s'emparent de la scène; la débauche se montre avec impudence; c'est peu d'être libertin, le bon ton est d'être ou de mériter d'être roué (Jouy,Hermite, t. 5, 1814, p. 143).Le lendemain, il eut le courage d'assister, de sa fenêtre, à l'exécution des fauteurs de la rébellion qu'on avait condamnés à être roués ou pendus, en gens de peu d'importance (Balzac,Martyr calv.,1841, p. 172).
2. P. ext.
Rouer de coups. Battre violemment, avec acharnement. Synon. fam. tabasser.Chiquet, exaspéré, se précipitant sur le maraudeur, le roua de coups, tapant comme un forcené, comme tape un paysan volé, avec le poing et avec le genou par tout le corps de l'infirme (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Gueux, 1884, p. 443).
Au part. passé. Elle bondit hors du lit, soulevée par l'obéissance, par sa passive obéissance de femme rouée de coups (Maupass.,Contes et nouv., Noyé, 1888, p. 1156).P. métaph. Je visitais mal la Ville Éternelle, et plus mal ses musées d'où je sortais écrasée et timide, rouée de chefs-d'œuvre (Colette,Gigi,1944, p. 217).
Empl. pronom. réciproque. V. indiqué ex. 1.
Rouer de coups de + subst. Rouer de coups de pied, de poing. Pour qu'il gardât la chose en mémoire, comme ils dirent, ils le rouèrent de coups de plat de sabre (Pourrat,Gaspard,1922, p. 238).
Rouer à coups de + subst. Est-ce qu'il ne s'avisa pas de rouer à coups de canne le cocher qui le ramenait? (Stendhal,Lamiel,1842, p. 174).
3. P. anal. ou au fig. Blesser, briser. Lorsque vous aurez une vengeance à exercer contre quelqu'un, vous pourrez rouer votre ami ou votre ennemi par une phrase insérée tous les matins à notre journal en me disant: Lousteau, tuons cet homme-là! Vous réassassinerez votre victime par un grand article dans le journal hebdomadaire (Balzac,Illus. perdues,1839, p. 329).En prison, ces hommes singuliers sont hommes par la dissimulation et par leur discrétion, qui ne cède qu'au dernier moment, alors qu'on les a brisés, roués, par la durée de la détention (Balzac,Splend. et mis.,1847, p. 550).
B. − Vx. [P. réf. aux roues d'un véhicule] Écraser sous les roues. J'avais pourtant promis à mon cocher vingt-cinq louis, s'il était assez adroit pour accrocher ce damné Sigognac et le rouer contre une borne comme par accident (Gautier,Fracasse,1863, p. 299).
C. − Vieilli. [Corresp. à roué (sous-vedette infra) II B et à rouerie] Tromper, abuser quelqu'un, en particulier une femme. Pourquoi cet homme est-il dans un hôtel et moi dans un garni..., se disait Contenson. Il a trois fois roué ses créanciers, il a volé, moi je n'ai jamais pris un denier (Balzac,Splend. et mis.,1844, p. 129):
Il y a au fond de moi, enfouie, toute prête, (...) l'ambition de prendre une femme qui en mérite la peine, de lui être impénétrable en paraissant m'abandonner à elle, de la rouer [it. ds le texte], comme disait le xviiiesiècle. Non que j'aime le mal et la souffrance, mais cela me paraît une supériorité flatteuse, de garder son masque dans l'amour, de ne paraître à la femme qu'un enfant et d'être son maître. Goncourt,Journal,1862, p. 1096.
Prononc. et Orth.: [ʀwe], (il) roue [ʀu]. Homon. roux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist. A. 1. a) 1remoit. xives. part. passé « meurtri comme si le supplice de la roue avait été subi » (Dial. S. Grégoire, ms. Evreux, f o79c ds Gdf. Compl.: Qui les reins avoit desnouez Et si rompus et si rouez Que desuz ester ne peust); b) mil. xves. « subir le supplice de la roue » (Monstrelet, Chron., II, 253 ds Gdf. Compl.); c) 1648 rouer de coups (Scarron, Virgile Travesti, II, 106b ds Richardson, p. 246); 2. 1643 « écraser sous les roues d'une voiture » (Id., Recueil de quelques vers burlesques, 40, ibid.). B. 1829 « tromper » (Balzac, Chouans, p. 359: je suis trahie, trompée, abusée, jouée, rouée, perdue). A dér. de roue*, dés. -er; B prob. dér. de roué (sous-vedette infra) sens 3. Bbg. Landin (E.). Ét. sur les constr. de certains verbes exprimant la prière, la hâte et la nécessité en fr. Thèse, Uppsala, 1938, pp. 105-113.
STAT. Rouer1 et 2. Fréq. abs. littér.: 95.

ROUÉ, -ÉE, part. passé, subst. et adj.

ROUÉ, -ÉE, part. passé, subst. et adj.
I. − Part. passé de rouer2*.
II. − Subst. et adj.
A. −
1. Personne qui a subi le supplice de la roue. 50 feuilles à revoir, et elles m'arrivent avec la régularité des coups de barre qu'on donnait jadis aux roués (Balzac,Corresp.,1833, p. 436).Tous les suppliciés, foule morne et sanglante, (...) Roués meurtris et bleus, noyés aux chairs marbrées (Gautier,Albertus,1833, p. 179).
2. Adj., p. anal. Brisé de fatigue, de douleur. Longtemps encore il tint ses paupières closes, le corps roué, incapable du moindre mouvement (Genevoix,Avent. en nous,1952, p. 151).
B. −
1.
a) HIST. Les roués. Compagnons de plaisir du régent Philippe d'Orléans; ceux qui eurent la même conduite à cette époque. La débauche alors [sous Mazarin] était tout aussi monstrueuse qu'elle avait été au temps des mignons, ou qu'elle fut plus tard au temps des roués (Sainte-Beuve,Portr. femmes,1844, p. 6).
b) Vieilli. Personne sans principes et sans mœurs, notamment dans les relations amoureuses mais généralement de manières distinguées et spirituelles. La corruption, les mauvaises mœurs, les élégances de roué sont naturelles et ne s'apprennent pas (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 704).Ayant fait quelque impression sur une ou deux modistes, il se considérait comme un roué (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937, p. 226).V. insolence ex. 1.
Empl. adj. Je passe pour un homme (...) fort insensible, roué même, et je vois que j'ai été constamment occupé par des amours malheureuses (Stendhal,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 13).
2. P. ext.
a) Personne rusée, sans scrupule, habile à tromper pour trouver son avantage. Ces roués de la Bourse, (...) ces hommes qui, depuis la révolution, ont érigé en principe qu'un vol, fait en grand, n'est plus qu'une noirceur, transportant ainsi, dans les coffres-forts, les maximes effrontées adoptées en amour par le dix-huitième siècle (Balzac,Marana,1833, p. 115).Oui, un petit roué, qui a abusé de votre bonté et comptait faire une excellente affaire en vous épousant (Duranty,Malh. H. Gérard,1860, p. 245).
Empl. adj. Un Luxembourg (...) tournant agréablement ses cupidités en railleries, roué, insolent, inhumain et fanfaron d'inhumanité (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 327).Il est partout à la fois, naïf et cependant assez roué pour être toujours où je me trouve... (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p. 64).[En parlant d'un animal] Elle lassera ses juges, les surmènera au cours des interminables audiences, les abandonnera recrus, comme une bête rouée promène des chiens novices (Colette,Vagab.,1910, p. 39).
Expr. Roué comme (une) potence. V. potence C arg.
[P. méton.] Leur fille était entre eux un lien, tout en faisant l'objet d'une rivalité sourde (...). L'enfant n'avait pas manqué de le sentir, avec la candeur rouée de ces petits êtres qui n'ont que trop de tendance à croire que l'univers gravite autour d'eux; et elle en tira parti (Rolland,J.-Chr., Amies, 1910, p. 1103).Rarement la parole humaine fut-elle plus éblouissante et plus rouée et sut-elle mieux couvrir et justifier l'insatiable désir (Guéhenno,Jean-Jacques,1950, p. 185).
b) Adj. et subst. (Femme) très expérimentée dans le domaine de l'amour. Elle devint une maîtresse exquise, naturellement spirituelle, et rouée à plaisir. Ç'eût été, à Paris, une courtisane de grand mérite (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Fen., 1883, p. 887). En se refusant, elle avait fouetté son désir, elle le rendait fou, capable de toutes les sottises. Une rouée, une fille de vice savant, n'aurait pas agi d'une autre façon que cette innocente (Zola,Bonh. dames,1883, p. 704).
c) Adj. [En parlant d'un artiste] Qui fait preuve d'une très grande habileté dans son art. Les petits poètes actuels de vingt ans me semblent tellement roués dans leur art qu'ils me semblent noués (Goncourt,Journal,1867, p. 329).Volontiers j'appellerais l'auteur du Reliquaire et des Récits et élégies le plus adroit, le plus roué de nos rimeurs (Lemaitre,Contemp.,1885, p. 84).V. adroit ex. 11.
Prononc. et Orth.: [ʀwe]. Ac. 1694: roué; 1718: roüé; dep. 1740: roué. Étymol. et Hist. 1. 1648 « homme qui a subi le supplice de la roue » (Scarron, Virgile Travesti, I, 68a ds Richardson, p. 246); 2. fig. 1690 « très fatigué » (Fur.); 3. 1remoit. xviiies. « débauché, digne du supplice de la roue, en faisant allusion aux compagnons de débauche du régent Philippe d'Orléans » (Saint-Simon, Mém., éd. Chervel et Regnier, t. 14, p. 209); 4. p. anal. 1780 « personne dont la conduite est désordonnée » (G. Mirabeau, Lettres, t. 4, p. 217); 5. 1833 « personne très rusée et peu scrupuleuse » (Balzac, loc. cit.). Part. passé adj. et subst. de rouer2*. Fréq. abs. littér.: 237. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 358, b) 428; xxes.: a) 353, b) 259.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·