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LÉSER, verbe trans.

LÉSER, verbe trans.
A. −
1. [Le suj. désigne une pers.] Causer un préjudice à quelqu'un dans ses intérêts ou à quelque chose dans tel ou tel de ses aspects (par quelque chose). Anton. avantager, favoriser.Je craindrais de vous léser (Ac.). Sa crainte avait d'abord été grande de paraître ainsi léser des droits établis (Bernanos, Imposture,1927, p. 338).Il n'est plus possible de donner satisfaction à Gide, et l'unique objet atteint serait de léser la vérité en pure perte (Du Bos, Journal,1928, p. 192).Nous avons exigé de chacun qu'il ne lésât pas l'autre individu (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 378).
Fréq. au passif, notamment dans le domaine du dr.Si le vendeur a été lésé de plus de sept douzièmes dans le prix d'un immeuble, il a le droit de demander la rescision de la vente (Code civil,1804, art. 1674, p. 306).Par ailleurs, vous êtes visés et lésés par les dispositions légales, de plus en plus menaçantes (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 195).
[Avec un compl. introd. par dans] Léser qqn dans son honneur. Un homme qui impose ou veut imposer ses opinions, a beau alléguer sa foi ou sa conviction, il lèse les citoyens dans ce qu'ils ont de plus propre (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 114).
2. [Le suj. désigne le moyen] Causer un préjudice à quelqu'un dans ses intérêts. Cette attitude lèse notre intérêt :
1. ... elle savait que son mensonge lésait d'ordinaire gravement l'homme à qui elle le faisait et à la merci duquel elle allait peut-être tomber si elle mentait mal. Proust, Swann,1913, p. 281.
[Avec un compl. introd. par dans] J'ai aussi peur de la loi qui menace les gens de bien dans leur droit au grand air, que des institutions en usage qui les lèsent dans leurs patrimoines (Courteline, Article 330,1900, p. 259).
B. − Vieilli ou MÉD. [Le compl. d'obj. dir. désigne un organisme vivant ou une de ses parties] Provoquer une lésion à quelqu'un ou à quelque chose. Synon. blesser.Le coup a lésé les parties nobles (Ac.1835-1935).La balle lui a lésé le poumon (Ac.1935).Sa blessure (...) n'était point dangereuse; sans léser artère ni nerf, la lame avait traversé seulement les chairs (Gautier, Fracasse,1863, p. 247).Les parasites du sol sont toujours très difficiles à atteindre, surtout lorsqu'on a pour but de les anéantir sans léser les racines de la vigne sur lesquelles ils se fixent (Brunet, Matér. vitic.,1909, p. 32).Ils [les Ascarides] peuvent, en cherchant leur nourriture, léser plus ou moins la muqueuse intestinale (Brumpt, Parasitol.,1910, p. 337).
Emploi pronom. passif. Toutes ses facultés s'appauvrissaient également, tous ses organes se lésaient avec lenteur (Sand, Indiana,1832, p. 60):
2. ... devenus ombres, les morts Ne pleurent pas l'épaisse argile Dont jadis étaient faits leurs corps : Dans leur impalpable substance Ils ne peuvent plus se léser. Sully Prudh., Justice,1878, p. 145.
Prononc. et Orth. : [leze], var. [lε-] ds Passy 1914 sous l'infl. des formes fortes, (il) lèse [lε:z]. Conjug. Devant syll. muette change é en è, sauf au fut. et au cond. : Je léserai(s). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1538 « porter atteinte à » d'abord dans la loc. leser la majesté (Est., s.v. majestas); 2. 1834 « blesser, endommager » (Broussais, Traité de physiologie, t. 1, p. 82 ds Quem. DDL t. 25). Dér. du lat. laesus (v. lèse); dés. -er; dans Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 2579, l'éditeur corrige en plaisier « abattre, détruire » la leçon laisier du ms. unique, Bibl. nat. fr. 2171, 2emoitié xiiies., qui reposerait sur un lat. vulg. *laesiare, dér. de laesus, cf. aussi Romania t. 56, p. 121. Fréq. abs. littér. : 185.

LÉSÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

LÉSÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de léser* et adj.
A. − [Correspond à léser A] Qui a subi un préjudice dans ses intérêts ou dans certains de ses aspects (du fait de quelque chose). Anton. avantagé, favorisé.Il s'est considéré comme lésé dans ce partage (Ac.1935).Chaque vanité ministérielle se croit lésée de ce que l'on accorde à la vanité d'un collègue (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 125):
1. Je souffre plus et je suis plus lésé de ne pouvoir soutenir et défendre une encyclique pontificale que d'être privé de donner mon avis sur l'entreprise du Mexique... Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 14.
− Domaine du dr.Victime de quelque lésion. Je suis la seule partie lésée (Ac.1935).Si les valeurs ne sont point égales, et que le contractant lésé s'en aperçoive, il ne consentira pas à l'échange (Proudhon, Propriété,1840, p. 228).
[Avec un compl. introd. par dans] Être lésé dans ses droits. Il demanda brusquement avec une vivacité d'homme lésé dans ses attentes : « Pourquoi ça? » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Legs, 1884, p. 965):
2. Assez oublieux des injures lorsque sa colère était calmée, et qu'il ne se sentait pas matériellement lésé dans ses intérêts, Hilperik aurait cédé aux prières de ceux qui l'entouraient... Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 341.
B. − [Correspond à léser B] MÉD. Qui a subi une lésion. Synon. blessé; anton. indemne, sauf.Les tissus des organes lésés peuvent récupérer leurs fonctions normales après une irradiation limitée en dose et en durée (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 218).
II. − Emploi subst. Personne qui a subi un préjudice dans ses intérêts. Voilà donc deux causes puissantes qui s'entendent pour maintenir le mariage tel qu'il est : la société qui y profite; les lésés qui ne veulent pas être généreux (Amiel, Journal,1866, p. 66).Il dit sa vie alors, sa triste vie, tuée en partie à écouter des plaintes; il dépeignit l'ininterrompu défilé des lésés et des mécontents (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 3etabl., 3, p. 114).
Prononc. : [leze].

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·