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HUÉE, subst. fém.

HUÉE, subst. fém.
A. − Vieilli. Cris poussés par des chasseurs, des pêcheurs pour faire lever, rabattre, effrayer le gibier, le poisson. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Cris, vociférations poussés par un groupe plus ou moins important de personnes pour manifester l'hostilité ou la réprobation. Pousser une, des huée(s); faire des huées (vieilli); les huées de la foule.
Au sing. La colonne (...) progressait sous la huée des putains qui nous bombardaient des étages avec tout ce qui leur tombait sous la main (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 265) :
1. Une huée formidable gronda; les trépignements devinrent furieux; le lustre disparut dans la poussière et des craquements de boiseries s'entendirent. − « Les numéros, » cria le duc de Nîmes, de sa voix de stentor. À ce mot, les agents reculèrent, effrayés et affolés par cette tempête de bruit et le vacarme devint chahut, indescriptible et fou. Péladan, Vice supr.,1884, p. 218.
Au plur., usuel. Sa voix se perdit dans un tonnerre de huées (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 29).Il paraît qu'au bout de trois mots, elle a dû se taire, puis s'en aller, sous les quolibets, les huées, le chahut de la salle (Léautaud, Journal littér.,1910-21, p. 232) :
2. Le tumulte grondait encore lorsque le comte Cléna monta à la tribune. Aux huées succédèrent les acclamations et, quand le silence se fut rétabi, l'orateur prononça ces paroles... A. France, Île ping.,1908, p. 229.
P. anal. Synon. clameur, vacarme.Rien ne pouvait entrer dans ma tête pleine des huées de la mer et des sifflements aigus de la bise en haut des vergues (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 239).
SYNT. Les huées éclatent, s'élèvent, montent contre, derrière (qqn, qqc.); accueillir (qqn, qqc.) avec, par des huées; couvrir, poursuivre (qqn) de huées; parler au milieu des rires et des huées. − PARAD. Cris, injures, invectives, moqueries, rires, sifflets et huées; acclamations, applaudissements, ovation(s), vivats et huées; charivari, chahut, tollé et huée.
[Constr. avec un compl. introd. par de] Synon. cri.Le martyr maudira son supplice, les élus du paradis pousseront des huées de colère (Flaub., Tentation,1849, p. 492).À sa soudaine franchise, ce fut chez eux une grande huée de scandale (Gide, Voy. Urien,1893, p. 27).
C. − Rare. Cri d'oiseau nocturne. Ce sont des plongeons (...) ou des huards, aussi virtuoses dans la plongée que dans la huée (Genevoix, Routes avent.,1958, p. 80).
Prononc. et Orth. : [ye] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 « cri, clameur d'une foule » (P. de Thaon, Comput, 80 ds T.-L.); en partic. 1621 [date de composition] « cris marquant la réprobation, la dérision, l'hostilité » surtout au plur. leurs huees a la Sarrazine (D'Aubigné, Traité sur les guerres civiles, chap. III ds Œuvres, éd. E. Réaume de Caussade, t. 2, p. 10); 1630 au sing. faisants la huee (Id., Avantures du baron de Faeneste, livre 4, chap. 18, ibid., p. 639); 2. a) 1376 « les gens qui huent pour empêcher les bêtes de chasse de sortir du bois » (Modus et Ratio, 61, 49 ds T.-L.); b) ca 1550 « ensemble des cris poussés par les chasseurs poursuivant une bête » (ds FEW t. 4, p. 501b); cf. 1580 (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre II, chap. 11, p. 474); c) 1690 « cri des chasseurs après la prise du sanglier » (Fur.). Dér. du subst. hu « clameur confuse, bruit » (v. hue); suff. -ée, (-é, ée*). Fréq. abs. littér. : 242. Fréq. rel. littér. xixes. : a) 204, b) 579; xxes. : a) 551, b) 212.

HUER, verbe

HUER, verbe
A. − Emploi trans. ou intrans., vieilli, VÉN. Pousser des cris pour rabattre du gibier. Huer le loup (Ac.). Ces hommes peuvent-ils être tenus pour fidèles à leurs engagements qui passent leur temps à chasser, à courir les bois, à huer et à corner au derrière des bêtes? (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 32).On huait du côté de Panici (...). C'était seulement un lièvre que le peloton avait débusqué et après lequel on avait crié (Giono, Bonh. fou,1957, p. 343).
B. − Emploi trans. Pousser des cris, des vociférations contre (quelqu'un, quelque chose) pour manifester son hostilité ou sa réprobation. Siffler, conspuer et huer.
[Le compl. d'objet désigne une pers.] Les tribunes se mêlaient à la discussion, applaudissaient et glorifiaient, sifflaient et huaient les orateurs (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 230).Il avait vu la foule acclamer, puis huer Wellington; acclamer, huer, puis adorer de nouveau Gladstone (Maurois, Disraëli,1927, p. 324).
Se faire huer.Dans le dernier procès pour délit de presse, (...) il a fait preuve d'une si insigne mauvaise foi qu'il s'est fait huer des petits garçons de la ville (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 139).
[Le compl. d'obj. désigne une chose] Huer un spectacle, une pièce. Et la tête oscille au-dessus de la foule, acclamée, huée, insultée et bafouée, brandie au bout d'une pique (Lorrain, Phocas,1901, p. 282).
Emploi pronom. passif. Les sucres ont été présentés hier, et la loi a été huée (...). Je suis ferme pour un impôt modéré : nous ne sommes pas assez riches et assez injustes pour donner une prime de 70 F par hectare à la betterave en ruinant nos colonies et notre marine. Cela peut se huer, mais non se soutenir (Lamart., Corresp.,1836, p. 205).
Absol. L'abbé Morel me racontait sa conférence sur Picasso, en Sorbonne. Il y projetait de ses œuvres. La jeunesse étudiante, qui bondait l'amphithéâtre, ricanait, trépignait, huait (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 193) :
« Vous pouvez défendre votre frère devant les juges, mais non devant l'opinion. » − Je le défends partout! Telle a été la brave réponse, d'ailleurs accueillie par les huées d'un auditoire savamment composé. Huer n'est pas répondre, messeigneurs (...). Ce serait trop simple de se mettre en troupe pour hurler comme des sauvages et d'imposer par ce procédé primitif le mensonge et l'iniquité. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 128.
C. − Emploi intrans. [En parlant de certains oiseaux, en partic. du héron, de la chouette, du hibou] Pousser son cri. Des plongeons huaient (Genevoix, Laframboise,1942, p. 74).
P. anal. Elles écoutaient le vent huer (Schwob, Monelle,1894, p. 101).
REM.
Hueur, subst. masc.Personne qui pousse des huées. Nous avions, en outre, organisé une bande de siffleurs, de hueurs et de conspueurs (Berlioz, Grotesques mus., Paris, M. Lévy, 1871 [1859], p. 259).
Prononc. et Orth. : [ye] init. asp., (il) hue [y]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 trans. « lancer (un chien) par ses cris » (Enéas, 6889 ds T.-L. : qui ... hue son chien); en partic. 1174-1200 « crier pour effrayer un animal et le faire sortir du lieu où il se terre » (ici un renard) (Renart, éd. M. Roques, br. XVII, 15407); cf. xiiies. « id. » (en parlant du loup) le leu huer (Du Fevre de Creeil, 174 ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaut, t. 1, p. 237); 2. 1174-76 « couvrir quelqu'un de huées » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1925); 3. ca 1175 intrans. « crier » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 3402 : Chascun i corne e crie e hue); en partic. 1279 « en parlant de certains oiseaux, ici le hibou » (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 706 : S'oÿ les leus uller et li huans hua). Dér. de l'onomat. hu, v. hue; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 126. Bbg. Olef (F.). Die Familien von frz. huer, hucher. Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, pp. 319-340.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·