1. [Le compl. désigne une matière souple, pliée] a) Déplier, déployer dans sa plus grande dimension. Il avait un journal, qu'il étendit pour ne point tacher son pantalon (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 126).− Fréq. au part. passé. Garine regarde le plan étendu sur la table (Malraux, Conquér.,1928, p. 85).
b) En partic. Étendre du linge, la lessive. Placer le linge, la lessive lavés sur des cordes, sur un étendoir pour les y faire sécher. Nous trouvons M. Arnold le cadet occupé à dessiner, sa femme à étendre la lessive (Stendhal, Journal,1804, p. 54):3. Comme il ne bougeait toujours point, elle se leva, prit un paquet de linge lavé et tordu, et se mit à l'étendre sur les buissons, (...) elle s'arrangea de façon à l'éclabousser avec ses draps mouillés, et elle le regarda effrontément, en riant.
Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 610.
c) Emploi pronom. Se déployer. (Quasi-)synon. se déplier, se dérouler, s'étirer.Nous montâmes en chaloupe, on hissa la voile qui s'étendit dans toute sa hauteur et nous couvrit de son ombre (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 385).La mer (...) poussait dans le golfe ses immenses demi-cercles ourlés d'écume. Chaque lame se dépliait à son tour et s'étendait à plat sur la grève comme une étoffe sous la main d'un marchand (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 150).
d) P. anal. [Avec un compl. circ. de lieu] Étaler, répandre. La grande fraîcheur des crépuscules du Midi étendait sur la campagne un invisible manteau froid (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 85).La nuit étendit sur le jardin ses voiles bleus (France, Révolte anges,1914, p. 398).−
Emploi pronom. S'étaler, recouvrir. Une ombre, sans cesse épaissie et qui semblait funèbre, s'étendait sur la boutique de librairie (France, Orme,1897, p. 185).Immense et clair, d'un blanc à peine bleuté, un ciel lavé s'étend sur la ville (Martin du G., J. Barois,1913, p. 278):4. Un beau soir, que le ciel moelleux, comme un tapis d'Orient, aux teintes chaudes, un peu passées, s'étendait au-dessus de la ville assombrie, Christophe suivait les quais, de Notre-Dame aux Invalides.
Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 767.
♦ P. métaph. Son sourire s'évanouit, une ombre s'étendit sur son visage (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1138).
2. [Le compl. désigne un objet rigide, ou un ensemble d'objets] a) [Le compl. désigne un objet plan ou de forme allongée] On étend un matelas [sur la galère], un pur matelas espagnol, qui ne vous empêche en aucune façon de sentir les angles du bagage entassé au hasard (Gautier, Tra los montes,1843, p. 60).Ce point d'appui installé, les ouvriers machinistes étendent quelques madriers, frappent un palan et montent des solives (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 33).
b) [Le compl. désigne un ensemble d'objets] Étaler (des objets) çà et là. Puis il étendit sur des chaises toutes ses emplettes, qu'il considéra longtemps (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 288).Je rencontrai une bonne vieille qui étendait des herbes sèches dans la tombe d'une vierge antique, expirée le jour de ses noces (France, Lys rouge,1894, p. 111).
c) P. métaph. [Suj. et compl. désignent des lieux, des éléments du paysage] Le parc infini étend ses perspectives tantôt sur des profondeurs de forêt, tantôt sur les pays environnants (Maupass., Contes et nouv.,Jadis, 1883, p. 597).Au creux de la vallée, Florence étendait ses dômes, ses tours et la multitude de ses toits rouges (France, Lys rouge,1894p. 115).