A.− [L'obj. désigne la matière et/ou la forme de ce qui est rédigé] Écrire un billet, des choses, une histoire, un livre. Faire des discours, écrire des préfaces (Goncourt, Journal,1886, p. 533).Quelques sages ne s'attachèrent qu'à cette recherche et ils écrivirent ces livres où ne règne que l'extraordinaire (Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 119).Le point de départ de l'activité créatrice de Proust lui avait été donné par le désir d'écrire un essai critique sur Sainte-Beuve (Du Bos, Journal,1922, p. 155):7. Exception faite pour les rationalistes de profession, on désespère aujourd'hui de la vraie connaissance. S'il fallait écrire la seule histoire significative de la pensée humaine, il faudrait faire celle de ses repentirs successifs et de ses impuissances.
Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 34.
♦ Écrire (des articles) dans un journal, une revue. Publier des articles dans un journal, une revue. Il obtint pour Morel d'écrire dans un journal des sortes de chroniques. (Proust, Prisonn.,1922, p. 221).
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Écrire (qqc.) au courant de la plume, à la diable. Écrire (quelque chose) rapidement, sans soin. Je viens de relire le dernier chapitre écrit de mes mémoires, que je me promettais d'écrire au courant de la plume, et sur quoi j'ai déjà tant peiné (Gide, Journal,1916, p. 572).SYNT. Écrire un mémoire, une note, une phrase, une pièce, un poème, une préface, un roman.
1. Emploi abs. C'étoit des grands, les ministres, les riches qui écrivoient, qui gouvernoient (Robesp., Discours, Sur les subsistances, t. 9, 1792, p. 112):8. Les romanciers rejettent sur une enfance inventée, non vécue, les événements d'une naïveté inventée. Ce passé irréel projeté en arrière d'un récit par l'activité littéraire, masque souvent l'actualité de la rêverie, d'une rêverie qui aurait toute sa valeur phénoménologique si on nous la donnait dans une naïveté vraiment actuelle. Mais être et écrire sont difficiles à rapprocher.
Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 132.
a) [Avec une norme esthétique] Bien écrire, mal écrire. Avoir un bon, un mauvais style : 9. Pas la moindre hauteur, à peine de la dignité, pas la moindre demande de restitution (...) Il y a déjà longtemps que ce Cabinet a cessé de bien écrire (...) Il me semble cependant qu'avec 500 000 hommes, il serait aisé d'avoir un beau style.
J. de Maistre, Corresp.,1811-14, p. 45.
b) Écrire en vers, en prose. Ce qui a paru le choquer, c'est le style. Qu'on n'écrive pas en vers, il ne s'en formalise pas (Delécluze, Journal,1825, p. 143).
c) Spéc. Faire métier d'écrivain : 10. Quant à réussir, quant à avoir le succès, c'est là le secret du bon Dieu; et, ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il est né écrivain et qu'il écrira.
Flaubert, Corresp.,1879, p. 299.
2. En partic. Exposer ses idées, enseigner au moyen d'un texte. Elle envoyait carrément au diable son Schopenhauer, dont il avait voulu lui lire des passages : un homme qui écrivait un mal atroce des femmes! (Zola, Joie de vivre,1884, p. 884):11. ... si quelqu'un veut essayer de penser ou d'écrire l'évolution, qu'il aille donc, avant toutes choses, errer dans l'un de ces grands musées, comme il y en a quatre ou cinq dans le monde, où (...) une légion de voyageurs est parvenue à resserrer, en quelques salles, le spectre entier de la vie.
Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 144.
3. P. anal. Exprimer une réalité au moyen de structures artistiques. Autant il [Delacroix] était sûr d'écrire ce qu'il pensait sur une toile, autant il était préoccupé de ne pouvoir peindre sa pensée sur le papier (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 307):12. Bien entendu, je comprenais, trop tard pour rattraper ce long mois d'efforts, que j'avais eu bien tort de m'adresser à un orchestre, d'écrire une partition dont chaque note, indélébile, dont chaque phrase, impérissable, dont chaque forme, indestructible, demeuraient.
Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 46.
B.− Faire de la correspondance. Lorsque j'eus rendu les derniers devoirs à mon oncle, j'écrivis à cette jeune dame la lettre suivante (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 254).Rentrée chez moi, j'écrivis à Maurice une lettre pleine de tendresse et d'appel (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 332):13. Je retrouve la lettre que je lui écrivis à ce sujet le 29 mars 1844, dans un moment où mes doutes sur la foi me laissaient un calme relatif.
Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 306.
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Écrire des volumes. Écrire de longues lettres : 14. Ah! pauvre mère, que je voudrais pouvoir me glisser dans mes lettres, entre ces plis de papier sur lesquels je verse un long regard de tendresse. Écris-moi des volumes, dis-moi tout ce que tu veux, épanche-toi.
Flaubert, Corresp.,1849, p. 102.
♦ Écrire un mot. Écrire une courte lettre. Êtes-vous pressé que je m'acquitte? Si oui, écrivez un mot poste restante à Saint-Brieuc et j'enverrai par le courrier (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1866, p. 93).
1. Emploi abs. Je me dépêche de vous écrire, vous savez, la poste ne passe pas tous les jours dans ce désert (Claudel, Échange,1954, III, p. 772).
2. Emploi pronom. réciproque. Échanger des lettres. Ils s'écrivaient pendant les classes. Et des lettres d'un ton tout à fait particulier, à ce qu'il paraît (Martin du G., Thib.,Cah. gr., 1922, p. 592).
3. P. ext. Informer par lettre. Ta mère est venue le lendemain; elle a dû te l'écrire (Chardonne, Épithal.,1921, p. 139).♦
Écrire de (la) bonne encre* (à qqn). Faire des remontrances par lettre à quelqu'un : 15. ... les choses n'en restèrent pas là et M. Pascal père crut devoir écrire au Père Noël une lettre de bonne encre, comme on dit dans laquelle, prenant en main la cause de son fils il commence véritablement cette prochaine guerre des Provinciales...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 473.
C.− Emplois spéc. 1. DR. Exposer ses raisons dans une requête. Il plaide bien, mais il écrit mal. Il écrit et ne plaide pas (Ac.1932).
2. INFORMAT. ,,Inscrire des informations en mémoire ou transférer des informations d'une mémoire à une autre, d'un disque à une mémoire à tores; par ex. : écrire sur une bande magnétique`` (Le Garff 1975).