1. Usuel. Libérer quelque chose ou quelqu'un de la situation dans laquelle il est engagé et qui le gêne, le retient ou l'encombre. Dégager le navire échoué à mer basse (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 49).−
[L'obj. désigne un lieu] Rendre ou laisser libre (un lieu), débarrasser (un passage) de ce qui en gênerait l'accès. Il s'était avancé si terrible, que Lise dégagea la porte (Zola, Terre,1887, p. 478).Rem. En emploi abs. et à l'impér., le verbe est fréq. en lang. pop. Dégagez, vous autres! Ben quoi, dégagez, que j'vous dis! (...) Allons, oust, la fuite! J'veux plus vous voir dans le passage, hé! (Barbusse, Feu, 1916, p. 49).
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Emploi pronom. : 2. ... il [Otto] se jeta si violemment sur Giulia, qu'il la fit trébucher, et roula par terre, avec sa maîtresse. Elle tâchait de se dégager, d'écarter les doigts crispés de haine, dont il lui étreignait le cou.
Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 280.
SYNT. Dégager sa main, sa tête; se dégager d'une emprise, d'une étreinte, des liens; se dégager d'un geste (+ adj.), par un mouvement (+ adj.), d'une secousse; se dégager et s'enfuir; se dégager brusquement, brutalement, complètement, doucement, facilement, lentement; chercher à, parvenir à, réussir à se dégager; effort, mouvement pour se dégager.
2. En partic. a) FIN. Dégager un capital, un crédit. Le rendre disponible pour l'investir dans une opération donnée. − Emploi pronom. à sens passif. Le capitaliste dont les capitaux ne peuvent se dégager promptement (Say, Écon. pol.,1832, p. 528).
b) MÉD. Débarrasser un organe ou une partie du corps de ce qui l'encombre. Je saigne du nez comme un bœuf. Cela me dégage la tête (Hugo, Corresp.,1866, p. 543).− Emploi abs. Soudain sa toux la secouait et elle crachait (...) « Ça dégage, » répondait Louise (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 189).
− Emploi pronom. à sens passif. La tête, la poitrine se dégage. Déjà les bronches se dégageaient, la respiration devenait plus aisée (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 783).
c) SP. (jeux de ballon). Lancer la balle loin de son camp pour le libérer d'un danger menaçant. Dégager (la balle). Dégager au bon endroit pour lancer immédiatement la contre-attaque (Peiny, Perrier, Basket-ball,p. 7 ds Grubb, Fr. sp. néol, 1937, p. 32).
d) VÊT. Découvrir une partie du corps pour la rendre plus mobile, plus libre. Une robe légère qui dégageait les bras et le cou (Benjamin, Gaspard,1915, p. 49).Donner de l'aisance, mettre en valeur une partie du corps. Un boléro très court sous les aisselles, qui dégageait une taille rebondie (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 68).
e) MÉTÉOR., emploi pronom. [Le suj. désigne le ciel, le temps ou un élément du paysage] S'éclaircir, se débarrasser des brumes ou des nuages. Comme l'aube qui se dégage Des derniers voiles du matin (Lamart.Médit.,1820, p. 114):3. ... le soleil se levait, les vapeurs de la Meuse s'envolèrent en lambeaux de fine mousseline, le ciel bleu apparut, se dégagea, d'une limpidité sans tache. C'était l'exquise matinée d'une admirable journée d'été.
Zola, La Débâcle,1892, p. 208.
f) Région. (Centre et Suisse romande), emploi pronom. Se hâter. Je recommençai de m'ennuyer et Brulitte pareillement, malgré qu'elle se dégageât beaucoup pour achever sa broderie (Maître sonneurs et La Petite Fadette). (Vincent, Lang. et style rust. Sand,1916, p. 203).
3. Emplois spéc. a) ART MILIT. − Vieilli. [L'obj. désigne un soldat] Donner son congé. Synon. licencier.Il [Napoléon] n'oubliait pas qu'il avait dégagé chacun à Fontainebleau (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 365).
− [L'obj. désigne une pers., une troupe, un pays] Tirer d'une position critique. Dégager une région. Former une armée, dégager Mantoue, délivrer Wurmser (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 541).
b) CONSTR., vieilli. Dégager un appartement. ,,Y pratiquer un ou plusieurs dégagements`` (Ac. 1798-1878).
c) DANSE. Libérer une jambe pour exécuter un mouvement, en déplaçant éventuellement sur l'autre jambe le poids du corps. Le danseur [dans Le Lac des Cygnes] enlève dans les airs la princesse-cygne qui « dégage » amplement en imprimant à la rotule le mouvement giratoire du rond-de-jambe (Levinson, Visages danse,1933, p. 58).
d) ESCR. Détacher son arme de celle de l'adversaire. Dégager (le fer). Au moment où M. de Tourelle cherchait à dégager en tierce, il reçut un coup de fleuret (Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1850, p. 242).
e) SYLVIC. Nettoyer un semis en supprimant toute la végétation qui gêne la croissance des plants que l'on veut retenir. Surfaces ensemencées à dégager (Cochet, Bois,1963, p. 94).
4. Emplois fig. a) Délivrer quelqu'un d'une contrainte morale, le soustraire à une obligation. Dégager qqn de sa parole, d'un serment, d'un vœu. Il [Clisson] avait fait vœu de ne plus lever ni tailles ni subsides; le pape l'en dégagea (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 211).−
Emploi pronom. : 4. ... il eût été moins difficile à Laocoon de se débarrasser des étreintes de ses deux serpents qu'à M. Levrault de se dégager, au bout de six semaines, des liens dont la marquise avait su l'enlacer.
Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 32.
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Absol. Rompre un engagement : 5. Je crains seulement que tu ne t'exagères la gravité et la solennité des engagements qui t'enchaînent. Raoul et toi, vous êtes fiancés, rien de plus; or, comme on dit dans le pays, fiançailles et mariage font deux. Tant que le sacrement n'a point passé par là, on peut toujours, d'un mutuel accord, se dégager sans faillir à Dieu ni forfaire à l'honneur.
Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 270.
b) Emploi pronom. Quitter un état d'enfance ou de tutelle, atteindre son épanouissement physique ou intellectuel : 6. Il y a alors, chez toute adolescente, une délicatesse de bouton naissant, une hésitation de formes d'un charme exquis; les lignes pleines et voluptueuses de la puberté s'indiquent dans les innocentes maigreurs de l'enfance; la femme se dégage avec ses premiers embarras pudiques, gardant encore à demi son corps de petite fille, et mettant, à son insu, dans chacun de ses traits, l'aveu de son sexe.
Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 15.