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DÉCOUDRE, verbe trans.

DÉCOUDRE, verbe trans.
A.− Usuel
1. Défaire ce qui est cousu ensemble en enlevant méthodiquement les fils qui attachent les différentes parties.
a) [Le compl. d'obj. désigne un élément surajouté] Découdre une broderie, des anneaux de rideaux. Elle décousait la doublure d'une robe, dont les bribes s'éparpillaient autour d'elle (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 99).Brunet l'ouvre [le couteau] et commence à découdre ses galons (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 222).
b) [Le compl. d'obj. désigne un tout fait de parties cousues] Découdre un manteau, une chaussure, un livre. La fille du sire de Pontarmé, éprise du beau Lautrec (...) meurt; et le chevalier, revenant de la croisade, fait découdre avec un couteau d'or fin son linceul de fine toile (Nerval, Bohême gal.,1855, p. 217).J'ai fait découdre le gros volume des Mémoires du cardinal de Retz (Stendhal, Mém. touriste,t. 2, 1838, p. 5).
Emploi pronom. passif. Être spontanément décousu par usure. À l'une [des chaussures] manquait un talon, à l'autre un bout de semelle, une autre qui se décousait du bout (Gide, Journal,1907, p. 240).Ta veste, (...) elle se découd par là à l'entournure (Pourrat, Gaspard,1922, p. 87).
P. métaph. J'ai lu quelque part que les vieilles amitiés doivent être décousues, s'il le faut absolument, mais jamais déchirées (J. de Maistre, Corresp.,1806-07, p. 287).
c) [Le compl. d'obj. désigne un repli cousu, de manière à ouvrir l'étoffe] Découdre un ourlet. Une fois dans l'appartement, on s'aperçut que les rideaux étaient trop courts. Il fallait découdre un rempli et refaire un ourlet (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 89).
2. Ouvrir en défaisant la couture d'un contenant fermé par une couture (cf. supra A 1 c). Découdre un sac, un matelas. Quant à la famille, ne décousait-elle pas les matelas, pour fouiller partout? (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 211).Les soldats décousaient les sacs et envoyaient l'étoffe aux leurs, en Allemagne (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 386).
P. anal. Ouvrir le corps d'un animal en pratiquant une incision. Je découds la peau [d'un chamois mort] tout le long des pattes de derrière du sabot à l'anus (Giono, Eau vive,1943, p. 104).
B.− VÉNERIE
1. [Le suj. désigne un sanglier ou un cerf] Déchirer en long le ventre d'un cheval, d'un chien, etc. par un coup de défense, d'andouiller. Synon. éventrer.J'ai vu dans le chemin passer un sanglier. (...) Un ragot; il avait des défenses À découdre dix chiens (Dumas père, Charles VII,1831, IV, 1, p. 284).Faraud, le mâle, allait mieux : il avait été décousu une huitaine plus tôt par un sanglier attaqué (Vialar, Rendez-vous, 1952, p. 146).
2. P. ext.
a) [En parlant d'un animal] Blesser (le cas échéant, mortellement) quelqu'un. Mais les taureaux en profitaient quelquefois pour découdre des curieux moins agiles que les toreros (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 154).
b) [En parlant de pers.] Les hommes qui ne veulent ni découdre, ni assassiner personne (Céline, Voyage,1932, p. 88).
Loc. fam. En découdre (avec qqn). Se battre, p. ext. se mesurer (avec un adversaire), se quereller. Cette grande nation [la France] (...) n'a plus rien du vieux sang de ses aïeux (...). Cela ne veut pas dire que si l'on vient à en découdre, elle ne se battra pas vigoureusement (Mérimée, Lettres Ctesse de Montijo,t. 2, 1839-70, p. 129).Le vieillard alla chercher Madame Chardon, à laquelle il dit : − Vous aurez à en découdre avec l'abbé Marron (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 645).À cette idée que les lions étaient là tout près, à deux pas, et presque sous la main, et qu'il allait falloir en découdre, brr!... un froid mortel le saisit (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 65).
Prononc. et Orth. : [deku:dʀ ̥], (je) découds [deku]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Cf. coudre. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1175 « défaire ce qui est cousu » (Chr. de Troyes, Cliges, éd. A. Micha, 5860); cf. xiiies. [ms.] gant descosu (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, var. ms. Paris, franç. 774 et 1149, vers 1137 a); 1580 fig. un parler ... descousu (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 1, chap. 26); 2. 1678 « déchirer, éventrer par une blessure en long (en parlant du sanglier) » (La Font., VIII, 27). B. Intrans. fin xvies. « se battre » (Lett. de Henri IV, Bulletin du Comité de la langue, t. III, no8, p. 420 ds Littré); 1669 en decoudre (Widerhold). Dér. de coudre*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 61.

DÉCOUSU, UE, part. passé et adj.

DÉCOUSU, UE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de découdre*.
II.− Adjectif
A.− [Correspond à découdre A]
1. [En parlant d'un objet cousu] Dont la couture, les coutures sont défaites. Doublure, manche, robe décousue; semelles décousues. Un trousseau où il y avait des chaussettes trouées et des chemises décousues (Montherl., Ville dont prince,1951, III, 7, p. 930).
P. métaph. Voulez-vous être un pays décousu comme l'Espagne qui n'a point de capitale? (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 328).
[En parlant de la couture elle-même] Qui est défait. Je ne souffrais pas une tache ni un point de décousu, je suis comme ça (Colette, L'Envers du music-hall,1913, p. 34).La couture de sa robe était un peu décousue (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1142).
2. P. anal.
a) MAN. Trot décousu. Irrégulier. Cheval décousu. Dont les proportions ne sont pas harmonieuses. L'absurde hennissement d'un cheval décousu (Prévert, Paroles,1946, p. 282).
b) Au fig., usuel. Qui manque d'organisation, chaotique. Rêverie décousue, journées décousues. Nos efforts décousus étaient voués à l'impuissance (Joffre, Mém.,t. 2, 1932, p. 163).La vie de l'abbé Sancerre lui paraît trop étrange et trop décousue (Billy, Introïbo,1939, p. 224).
En partic. [En parlant du lang., du discours de qqn] Sans suite, sans lien. Conversation, lettre décousue; paroles, pages décousues; chapitre, article décousu. Baryton dégageait régulièrement les conclusions et la philosophie de nos propos décousus (Céline, Voyage,1932, p. 511).Elle s'était mise à parler de Jérôme, expliquant, en phrases décousues, ce qu'elle savait des affaires compliquées de son mari (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 184).
3. Emploi neutre sing. avec valeur de subst. Le décousu de qqn. Le manque d'organisation, de structure, l'incohérence. Le décousu d'un discours, d'un raisonnement, d'une conversation; donner une impression de décousu. Si cet homme [Diard] eût été plus conséquent dans sa vie; s'il n'eût pas détruit par le décousu, par l'inconstance et la mobilité de son caractère, les éclairs d'une sensibilité vraie, quoique nerveuse, Juana l'aurait sans doute aimé (Balzac, Marana,1833, p. 111).[Ils] ne peuvent guère se faire idée du désordre, du « décousu » de notre vie quotidienne (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1097).Des œuvres savantes et soignées, où, sous le décousu apparent, les auteurs savent réaliser jusqu'au bout leurs intentions (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 114).
Loc., vx. En décousu. J'ai l'air de vivre au jour le jour, « en décousu », et pourtant je suis une ligne de conduite très droite et très précise (Renard, Journal,1910, p. 63).
B.− [Correspond à découdre B] Blessé ou tué à la suite d'une éventration. Le cheval n'était que décousu; cette blessure, quoique affreuse à voir, peut se guérir (Gautier, Tra los montes,1843, p. 80).On eût dit un bois de cerf trempé dans le sang des chiens décousus (A. France, P. Nozière,1899, p. 311).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. rare décousuement. De manière décousue. Aujourd'hui je vous écris si décousuement, je suis « hébété » d'idées qui affluent (Balzac, Corresp., 1834, p. 456).
Prononc. et Orth. : [dekuzy]. Ds Ac. 1694-1878. Fréq. abs. littér. : 206. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 284, b) 396; xxes. : a) 226, b) 285. Bbg. Gohin 1903, p. 232. − Quem. 2es. t. 2 1971.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·