DALLE2, subst. fém.
A.− Petite auge, conduit de bois ou de métal, tuyau ouvert servant à acheminer un liquide ou un matériau. 1. Région. ,,Réservoir plat à la base des toits, destiné à conduire l'eau jusqu'aux tuyaux de descente`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). Synon. gouttière (Jossier 1881).
2. DISTILL. ,,Bassin de cuivre par lequel le sucre passe de la chaudière à clarifier dans la chaudière à cuire`` (Duval 1959).
3. MAR. [Sur certains croiseurs cuirassés français]... on pratique les dalots, non plus dans le pont, mais dans la muraille, au ras des gaillards, on les prolonge sur le glacis et sur la cuirasse par un tuyau en tôle zinguée ou dalle (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 184):1. Aussitôt que l'équipage s'est retiré dans les chaloupes, un équipage d'une toute autre espèce s'empare du navire demi-submergé. Les plantes marines montent à l'abordage de toutes parts : elles entrent par les sabords, par les dalles, par les dunettes.
Chateaubriand, Fragments du Génie du Christianisme primitif,1800, p. 198.
4. MEUN. Bief ou canal amenant l'eau à la roue d'un moulin (d'apr. Forest. 1946).
5. SYLVIC. Dalle humide. ,,Couloir en bois ou en métal pourvu d'un courant d'eau servant au transport des grumes par flottage. Synon. couloir de flottage`` (d'apr. Forest. 1946).
B.− P. anal., arg. et fam. Gorge, gosier : 2. Chercher une place au mois d'août, c'est la chose la plus altérante à cause des escaliers d'abord et puis des appréhensions qui vous sèchent la dalle à chaque tentative...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 355.
− Vx. Se laver la dalle du cou. Boire. J'ai du sable à l'amygdale Il faut s'arroser la dalle Du cou (Richepin, Chans. gueux,1876, p. 185).
− Se rafraîchir, se rincer, s'arroser la dalle. Boire. Arroser, rincer la dalle. Donner, payer à boire. − Viens boire un coup! Ce fut un délire. − Bravo! − qu'on y rince la dalle aux frais de la propagande! (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 326).Que je l'accuserais [l'adjudant du bataillon] de prévarication, de couardise (...) de forfaiture pour se faire rincer la dalle par des deuxièmes classes qui avaient du pognon (Cendrars, Main coupée,1946, p. 151).
− Avoir la dalle en pente. Aimer boire. Ces boulots arides donnent soif et les coltineurs, chacun le sait, ont la dalle du gosier en pente (Arnoux, Rhône,1944, p. 287).
Prononc. et Orth. Cf. dalle1. Étymol. et Hist. 1. 1331 norm. « évier » (L. Delisle, Actes norm. de la Chambre des Comptes, 31 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, 1902, p. 469) − 1611, Cotgr., encore en usage en norm. (Moisy, Dum.); 2. 2emoitié xves. fig., fam. « gosier » (Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, II, p. 801, 89); 3. [indirectement attesté en 1319 par son dér. daller*] 1676 « plaque servant à paver le toit d'un édifice » (Félibien Dict., p. 553 ds IGLF). Terme d'orig. norm., prob. empr. (peut-être comme terme de mar., cf. dalot) à l'a. nord. daela « rigole pour l'écoulement des eaux à bord d'un navire »; FEW t. 15, 2, p. 50 b. Fréq. abs. littér. : 1 119. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 191, b) 2 381; xxes. : a) 1 851, b) 1 352. Bbg. Lammens 1890, p. 94. − Quem. 2es. t. 2 1971; Fichier. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 379; Sources t. 3 1972 [1930], p. 106. − Straka (G.). En Relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 291. − Vidos (B. E.). Profilo storico-linguistico dell'influsso del lessico nautico italiano su quelle francese. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 257.