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DAL(LE),(DAL, DALLE) subst. masc.

DAL(LE),(DAL, DALLE) subst. masc.
Arg. [Dans diverses loc. à cont. négatif] Rien.
A.− Loc. adv. Que dal(le). Ne comprendre, ne voir que dal(le). Ne rien comprendre, voir. Il y eut pas mal de Roumanis d'arrêtés. Séances de cour d'Assises. Condamnations. Mais personne n'y comprenait que dalle (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 371).Il n'y comprenait que dalle dans l'appareil judiciaire (Trignol, Pantruche,1946, p. 28).
Pour que dal. ,,Gratis`` (Esn. 1966).
Ne trouver que dalle. Tu devrais rentrer t'pager, tu trouveras qu'dalle ce soir (Le Breton, Rififi,1953, p. 176).
B.− Interj. Que dalle! Il n'y a rien, c'est pure illusion, bien au contraire. Il compte sur moi (...) Que dalle!!! (Carabelli, [Lang. pop.]).Il appuya sur son engin. Que dalle. Le percuteur claqua à blanc (Le Breton, Rififi,1953p. 227).
Plus rare. Dalle! Tout en draguant, j'arrive place Vendôme. Dalle! (Simonin, Bazin, Voilà taxi!1935, p. 188).
C.− Emploi subst. (avec que agglutiné). Que dal(le). Rien. Personne le suivait. Ni voiture, ni que dalle. Ça allait (Le Breton, Razzia,1954, p. 56).
Prononc. et Orth. : [dal]. Gén. écrit dalle. Var. dail (cf. Esn. 1966 et Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 204). Étymol. et Hist. 1829 je n'entrave que le dail (d'apr. Esn.); 1884 que dal (ibid.). Orig. obsc.; un rattachement à dalle (FEW t. 15, 2, p. 50b) s'explique difficilement du point de vue sémantique. Bbg. George (K. E. M.). Formules de négation et de refus en fr. pop. et arg. Fr. mod. 1970, t. 38, p. 309.

DALLE1, subst. fém.

DALLE1, subst. fém.
A.− GÉOL. Plaque rocheuse, monolithe et lisse. Sur les dalles des rochers (...) des couleuvres (...) sifflaient avec douceur (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1408).
En partic., ALPINISME. Plaque rocheuse assez lisse, d'inclinaison variable dont l'escalade présente des difficultés particulières. Franchir une dalle. La grande dalle qui annonce et fait gagner le repos du refuge Solway (Peyré, Matterhorn,1939, p. 268).La dalle, qui offre des prises petites et fines, exige du grimpeur plus de qualités d'équilibre et de contrôle de soi que de force et de rapidité (Gde encyclop. de la Montagne, Paris, éd. Atlas, 1977, no39).
B.− Usuel. Plaque de pierre ou de matière dure (béton, bois, céramique, fonte, terre cuite, verre, etc.) de faible épaisseur, à surface plane, utilisée pour paver des vestibules, les voies de communication réservées aux piétons, pour faire des revêtements de mur, pour couvrir les toitures en pente ou les terrasses etc. Dalle polie, rectangulaire, de fonte, de granit; un couloir pavé de dalles. Les solides constructions du cloître, dont les toits sont couverts de larges dalles qui les rendent invulnérables aux coups de vent, aux orages et à l'action du soleil (Balzac, Langeais,1834, p. 194).Il dit, en traversant le vestibule : − il y a une dalle de marbre qui bouge sous mon pied (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 132):
1. La salle à manger, longue et basse, était revêtue de dalles de cuivre rouge, où se voyaient sertis des miroirs de cristal quadrangulaires : une dalle de cuivre massif constituait la table, ... Gracq, Au château d'Argol,1938, p. 26.
SYNT. Dalle descellée, encastrée, glissante, inégale, lisse, lourde, plate, réfractaire, usée; dalle de grès, de schiste; les dalles du carrelage, de la chaussée, du chœur, du cloître, du corridor, du couloir, de la cour, de la cuisine, de l'église, du lavoir, de la morgue, du parvis, des quais, de la terrasse, du trottoir; des caniveaux recouverts de dalles; faire sonner les dalles sous ses pas.
P. métaph. Des rides en rond soulevaient l'eau calme... le fretin giclait alentour, gerbée d'étincelles vite éteintes sous les dalles des nymphéas (Genevoix, Routes avent.,1958, p. 176).
Rare, sing. à sens coll. Dallage. À sept heures du matin, pas un pied n'y fait retentir la dalle [sur le Boulevard] (Balzac, Œuvres div.,t. 3, 1850, p. 611).Elle [la lune] regardait à travers les meurtrières, et rayait de blanc la dalle harmonieuse des corridors (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 81).
C.− Spéc. Pierre tombale fermant une sépulture. Dalle funéraire, tumulaire; la dalle d'un caveau; les dalles du cimetière. Son tombeau est sous une grande dalle, à droite du maître-autel, devant la petite porte qui mène à la sacristie (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 157).La signature qui la scellait [la lettre], implacable comme une dalle mortuaire (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 339):
2. Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l'ombre, Glissez silencieux sur les dalles des morts, Murmurant des Pater et des Ave sans nombre, Quel crime expiez-vous par de si grands remords? Gautier, Poésies,1872, p. 286.
P. métaph. Une dalle pesante scellait les pauvres et les humbles dans leur ignorance, défense à eux d'apprendre, de connaître, de devenir les savants, les puissants, les maîtres (Zola, Vérité, 1902, p. 331).
D.− P. anal., vocab. techn.
1. ART CULIN. Tranche mince de poisson par opposition à darne, tranche de gros poisson (cf. Ac. Gastr. 1962).
P. ext. Tranche de poisson. « Ayez une dalle de saumon, vous la marinez avec de l'huile, du persil... si la dalle est épaisse, il faut une heure pour la cuire » (Viard, Cuisin. roy.,1831, p. 300).
2. CONSTR. Plaque de béton armé formant les planchers d'étage ou la couverture des maisons modernes (d'apr. Davau-Cohen 1972). Couler une dalle (Lar. Lang. fr.). Dès 1883, des dalles de béton armé constituent les planches incombustibles de la villa Madoux à Lombart-Zyde en Belgique (Arts et litt.,1936, p. 1003).
Rem. La docum. atteste aussi le sens arg. vx de « pièce de cinq ou six francs ». Synon. tune, argent. (Avoir) de la dalle au flaquet [dans le gousset] (cf. Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 295).
Prononc. et Orth. : [dal]. Ds Ac. 1762-1932. Les éd. de 1694 et de 1740 ne donnant que le sens de ,,tranche de poisson`` pour lequel elles renvoient à darne. Étymol. et Hist. Cf. dalle2. Bbg. Hubschmied (J.). Bezeichnungen für Kaninchen, Höhle, Steinplatte. In : [Mél. Jud (J.)]. Genève-Zürich, 1943, pp. 246-280.

DALLE2, subst. fém.

DALLE2, subst. fém.
A.− Petite auge, conduit de bois ou de métal, tuyau ouvert servant à acheminer un liquide ou un matériau.
1. Région. ,,Réservoir plat à la base des toits, destiné à conduire l'eau jusqu'aux tuyaux de descente`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). Synon. gouttière (Jossier 1881).
2. DISTILL. ,,Bassin de cuivre par lequel le sucre passe de la chaudière à clarifier dans la chaudière à cuire`` (Duval 1959).
3. MAR. [Sur certains croiseurs cuirassés français]... on pratique les dalots, non plus dans le pont, mais dans la muraille, au ras des gaillards, on les prolonge sur le glacis et sur la cuirasse par un tuyau en tôle zinguée ou dalle (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 184):
1. Aussitôt que l'équipage s'est retiré dans les chaloupes, un équipage d'une toute autre espèce s'empare du navire demi-submergé. Les plantes marines montent à l'abordage de toutes parts : elles entrent par les sabords, par les dalles, par les dunettes. Chateaubriand, Fragments du Génie du Christianisme primitif,1800, p. 198.
4. MEUN. Bief ou canal amenant l'eau à la roue d'un moulin (d'apr. Forest. 1946).
5. SYLVIC. Dalle humide. ,,Couloir en bois ou en métal pourvu d'un courant d'eau servant au transport des grumes par flottage. Synon. couloir de flottage`` (d'apr. Forest. 1946).
B.− P. anal., arg. et fam. Gorge, gosier :
2. Chercher une place au mois d'août, c'est la chose la plus altérante à cause des escaliers d'abord et puis des appréhensions qui vous sèchent la dalle à chaque tentative... Céline, Mort à crédit,1936, p. 355.
Vx. Se laver la dalle du cou. Boire. J'ai du sable à l'amygdale Il faut s'arroser la dalle Du cou (Richepin, Chans. gueux,1876, p. 185).
Se rafraîchir, se rincer, s'arroser la dalle. Boire. Arroser, rincer la dalle. Donner, payer à boire. − Viens boire un coup! Ce fut un délire. − Bravo! − qu'on y rince la dalle aux frais de la propagande! (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 326).Que je l'accuserais [l'adjudant du bataillon] de prévarication, de couardise (...) de forfaiture pour se faire rincer la dalle par des deuxièmes classes qui avaient du pognon (Cendrars, Main coupée,1946, p. 151).
Avoir la dalle en pente. Aimer boire. Ces boulots arides donnent soif et les coltineurs, chacun le sait, ont la dalle du gosier en pente (Arnoux, Rhône,1944, p. 287).
Prononc. et Orth. Cf. dalle1. Étymol. et Hist. 1. 1331 norm. « évier » (L. Delisle, Actes norm. de la Chambre des Comptes, 31 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, 1902, p. 469) − 1611, Cotgr., encore en usage en norm. (Moisy, Dum.); 2. 2emoitié xves. fig., fam. « gosier » (Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, II, p. 801, 89); 3. [indirectement attesté en 1319 par son dér. daller*] 1676 « plaque servant à paver le toit d'un édifice » (Félibien Dict., p. 553 ds IGLF). Terme d'orig. norm., prob. empr. (peut-être comme terme de mar., cf. dalot) à l'a. nord. daela « rigole pour l'écoulement des eaux à bord d'un navire »; FEW t. 15, 2, p. 50 b. Fréq. abs. littér. : 1 119. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 191, b) 2 381; xxes. : a) 1 851, b) 1 352. Bbg. Lammens 1890, p. 94. − Quem. 2es. t. 2 1971; Fichier. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 379; Sources t. 3 1972 [1930], p. 106. − Straka (G.). En Relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 291. − Vidos (B. E.). Profilo storico-linguistico dell'influsso del lessico nautico italiano su quelle francese. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 257.

DALLER, verbe trans.

DALLER, verbe trans.
A.− Sens physique
1. [Le suj. désigne une pers.] Paver avec des dalles, recouvrir de dallage.
a) [Le compl. d'obj. désigne un sol, une surface] Daller un chemin. L'autocrate romain fait daller les routes (Faure, Esprit formes,1927, p. 260).
b) P. méton. de l'obj.; [le compl. d'obj. désigne un lieu] Paver de dalles le sol de ce lieu. Daller un vestibule (Ac.1835-1932).
P. métaph., emploi pronom. à sens passif. La littérature que nous allions créer devait être stridente (...) élever sa pointe en minaret comme à Stamboul; se daller en marbre comme à Venise (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 5).
2. [Le suj. désigne l'obj. servant au dallage] Constituer le dallage de. Les grands carreaux qui dallaient les deux salles basses (Balzac dsLar. 19e).
B.− P. anal. ou p. métaph. Recouvrir d'une couche durcie ou unie. [Ils couchaient] sur de minces paillasses avec lesquelles on dallait le grand corridor de la prison (Joigneaux, Prisons Paris,1841, p. 239).Ce petit port m'écœure comme un nez punais. Ne dirait-on pas un fond de mare, dans une ferme mal tenue, que des canards ont dallé de leur fiente? (Renard, Écorn.,1892, p. 83).
Rem. Les dict. gén. à partir de Littré attestent le subst. masc. dalleur. Ouvrier qui pose des dalles (J.O., 11 mars 1872).
Prononc. et Orth. : [dale], (je) dalle [dal]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1319 (Compte de Gieffroy de Fleury ds Gdf. Compl.), attest. isolée; à nouveau 1800 (Encyclop. Méth., Architecture ds DG). Dér. de dalle*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 5.

DALLÉ, ÉE, part. passé et adj.

DALLÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de daller*.
II.− Emploi adj. Recouvert de dalles. Chemin dallé; cour, rue, terrasse dallée. Ni chaises, ni bancs, pas un siège. Le sol dallé était un parterre de bougies aux flammes roses (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 431).
P. métaph. Près d'une mare dallée de lentilles d'eau (Genevoix, Routes avent.,1958, p. 216).
P. méton. du déterminé Dont le sol est recouvert de dalles. Une pièce dallée de pierres, un vestibule dallé de marbre (Gracq, Syrtes,1951, p. 106).
Fréq. abs. littér. : 99.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·