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AMURE, subst. fém.

AMURE, subst. fém.
MARINE
A.− Cordage servant à fixer une voile du côté d'où vient le vent. Amure de misaine, amure de grand-voile, etc. (Bach.-Dez. 1882) :
1. La charge n'étant pas où elle devait être, à cause du poids de la machine, le centre de gravité passait souvent à l'arrière du grand mât, et alors il fallait s'en tenir à la vapeur, et se défier de la grande voile, car l'effort de la grande voile dans ce cas-là faisait arriver le vaisseau au lieu de le soutenir au vent. La ressource était, quand on était au plus près du vent, de larguer en bande la grande écoute; le vent, de la sorte, était fixé sur l'avant par l'amure, et la grande voile ne faisait plus l'effet d'une voile de poupe. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 101.
Amure de revers. ,,Celle qui se trouve sous le vent`` (Bouillet 1859). Dogue d'amure. Trou pratiqué dans la muraille du navire, où l'on fixe l'amure (cf. V. Hugo, L'Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 103).Point d'amure (dit encore amure); cf. Le Clère 1960 :
2. On appelle point d'amure le point inférieur par lequel une voile est fixée au bateau; le point d'amure d'une grand-voile Marconi est donc le coin où la bôme rejoint le mât. Autrefois, les bateaux utilisaient des voiles carrées, amurées en deux points sur des vergues. L'un de ces points était plus au vent que l'autre. Il devenait alors le seul point d'amure de la voile, l'autre étant le point d'écoute. On pouvait donc être à bâbord ou tribord amures selon la direction du vent. Actuellement, comme presque tous les points d'amure sont fixés dans l'axe du bateau, on peut dire que l'expression bâbord amures ou tribord amures désigne le côté du bateau que vient frapper le vent en premier. Barber.1969.
Fausse amure :
3. L'amure des basses-voiles est ordinairement doublé [sic] sur les grands bâtiments, pour rendre l'orientation plus facile à l'aide de poulies. Quelquefois il y a de fausses amures, simples, dont la fonction est de suppléer les amures, si le vent vient à les rompre. Besch.1845.
B.− P. ext. ,,Direction d'un navire à voiles par rapport au vent d'après son amure.`` (Le Clère 1960) :
4. Quand on courait des bordées le mousse allait se percher sur le gaillard avant pour s'occuper du foc et de la trinquette munis d'une fausse écoute pour permettre de les border plus aisément aux nouvelles amures. B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 171.
Amure(s) à bâbord, à tribord, bâbord tribord amure(s). Le vent venant de gauche, de droite (cf. ex. 2) :
5. À midi et demi, les frégates étant à trois quarts de lieue de terre, les amures à bâbord, les quatre embarcations partirent pour aller faire de l'eau dans une anse reconnue par M. de Langle. Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 3, 1797, p. 208.
Avoir les amures à bâbord, à tribord. [En parlant d'un navire] Recevoir le vent par la gauche, par la droite. Prendre les amures à bâbord, à tribord. Orienter le navire de façon qu'il reçoive le vent de gauche, de droite (cf. Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, t. 5, 1843, p. 346). Changer d'amures; changer les amures. Virer de bord :
6. Jean-Marie quitte la godille et s'apprête à changer l'amure. Il amène la misaine, la décroche, la raccroche de l'autre côté du mât, et puis, ayant craché dans ses mains, lourdement suspendu à la drisse, il se met à haler, d'un effort pesant, prolongé, répété, pour étarquer la voile, pour la hisser bien à pic. A. Chevrillon, La Bretagne d'hier,L'Enchantement breton, 1925, p. 77.
Prononc. : [amy:ʀ].
Étymol. ET HIST. − 1634 mar. « cordage qui fixe le coin d'une basse voile fixée du côté d'où vient le vent » (Cleirac, Termes de mar., éd. de 1670, p. 548 ds Quem. t. 1 1959 : Amure c'est l'attache devant contre le chasteau). Déverbal de amurer*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 22.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barber. 1969. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Prév. 1755. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.

AMURER, verbe.

AMURER, verbe.
A.− Emploi trans., MAR. Fixer l'amure d'une voile pour l'orienter selon le vent :
1. Pas de meilleur marin que lui, nous l'avons dit; personne comme lui pour amurer une voile, pour baisser le point du vent, et pour maintenir avec l'écoute la voile orientée. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 137.
Amure! ,,Commandement d'amurer les basses voiles; amure! amure les basses voiles! amure misaine.`` (Will. 1831). Amurer tout bas, ,,c'est tirer les amures, et par suite les points des voiles où elles sont fixées, le plus près des dogues d'amures.`` (Bach.-Dez. 1882). Navire amuré tribord ou bâbord. Navire ,,orienté pour recevoir le vent à droite ou à gauche.`` (Jal 1848).
B.− P. ext., arg. des marins
1. Emploi intrans. Prendre une attitude :
2. Amurer du mauvais bord, (...) se mal conduire (...). − Mal amuré, (...) mal parti, engagé sur une pente fâcheuse. (...) « Veille au grain, fistot, tu me parais mal amuré! ». R. Coindreau, L'École navale et ses traditions,L'Argot Baille, 1957, p. 51.
Rem. Autres syntagmes ,,Amurer du bon côté, éviter une punition, une attrapade; j'ai mal amuré, j'ai gaffé, j'ai manqué l'occasion.`` (Le Clère 1960) Ne (pas) savoir de quel bord, de quel côté amurer, ,,ne savoir où donner de la tête; se dit notamment de la boussole, quand elle est affolée.`` (Esn. 1966).
2. Emploi trans. :
3. Amurer un coup de poing à qqn, Lui décocher un coup de poing; marins, − 18. − On amure du côté du vent, sous le vent, on borde; on amure avec une amure, on borde avec une écoute; l'amure étant plus raide que l'écoute. Amurer convient pour une idée de force. Esn.Poilu1919, p. 38.
Rem. 1. Autres expr. ,,Amurer son bec, se taire; amurer les bonnettes, tirer les oreilles.`` (Esn. 1966). 2. L'ex. suiv. semble reposer sur une confusion (cf. Esn. Poilu 1919, p. 38 : ,,M'a été confirmé par l'auteur comme signifiant amarrer. Cette synonymie ne saurait être qu'une confusion chez un poilu peu marin.``) :
4. − Plus souvent, dit Lamuse, qui tu m'voiras mett' mon quart dans m'poche. S't'une idée à la graisse d'hérisson et à la mords-moi le doigt, ni plus ni moins, j'préfère beaucoup mieux l'amurer [mon quart] à ma bretelle de suspension avec un crochet. H. Barbusse, Le Feu,1916, p. 193.
Prononc. ET ORTH. : [amyʀe], j'amure [ʒamy:ʀ]. Ac. Compl. 1842, s.v. amuler renvoie à amurer.
Étymol. ET HIST. − 1552 « tendre l'amure » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, ch. XX, 1. 67 : Amene uretacque! Bressine, uretacque, guare la pane! Hau amure, amure bas. Hau, uretacque, cap en houlle!). Empr. à l'esp. amurar « id. », attesté dep. 1538 (d'apr. Breve Cor. 1961), prob. dér. de muro « mur » pris au sens non attesté de « paroi latérale du bateau », du lat. murus « mur ». L'hyp. selon laquelle amurer serait dér. de amure*, lui-même empr. à l'a.pr. amura (Dauzat 1968) est à rejeter, car amura n'est attesté qu'une seule fois et de façon tout à fait indirecte (dans un ms. fautif, où il faudrait remplacer arsiura par amura pour respecter le nombre de syllabes du vers; cf. Levy Prov. t. 1 1894, s.v. amura et FEW t. 6, s.v. murus).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5.
BBG. − Barber. 1969. − Bél. 1957. − Esn. 1966. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·