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AFFÛT1, subst. masc.

AFFÛT1, subst. masc.
ARTILL. Pièce ou assemblage de pièces, en bois ou en métal, servant de support, dans les manœuvres et dans le tir, à une pièce d'artillerie :
1. Une pièce de canon apparut. Les artilleurs poussaient la pièce; elle était dans son encastrement de tir; l'avant-train avait été détaché; deux soutenaient l'affût, quatre étaient aux roues, d'autres suivaient avec le caisson. On voyait la mèche allumée. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 437.
2. On appelle affût le système qui porte la bouche à feu. L'artillerie française compte six espèce[s] d'affût : L'affût de campagne; L'affût d'obusier de montagne; L'affût de siège; L'affût de place et de côte; L'affût de mortier; L'affût de marine. Les quatre premières espèces constituent une classe d'affût que l'on munit de deux roues à l'aide desquelles on les traîne, en accrochant leur queue en crosse à une autre voiture à deux roues. Dans l'obusier de montagne cette voiture est remplacée par une limonière. Quand ces affûts sont en batterie, c'est-à-dire dirigés sur le but à battre, ils reposent sur le sol par trois points : leurs deux roues et la crosse. Les affûts de mortiers n'ont pas de roues et reposent directement sur le sol. Les affûts marins sont portés par quatre roulettes. Privat-Foc.1870.
Rem. Autres syntagmes affûts-plateformes; affûts à échantignolles; affûts à glissement; affûts-trucs; affûts roulants, à flèche, à éclipses; affûts à berceau, à flèches ouvrantes, monoflèches, biflèches, triflèches, automoteurs chenillés (cf. Lar. encyclop.).
P. ext. Support de divers appareils :
3. Pour le travail dans les galeries de mine, les perforateurs sont portés par des affûts... J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 535.

AFFÛT2, subst. masc.

AFFÛT2, subst. masc.
CHASSE
A.− Endroit où l'on se poste pour guetter le gibier; en partic., petite loge de feuillage où se cache le chasseur :
1. Nous devions partir à trois heures et demie du matin, afin d'arriver vers quatre heures et demie au point choisi pour notre affût. On avait construit à cet endroit une hutte avec des morceaux de glace pour nous abriter un peu contre le vent terrible qui précède le jour, ... G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Amour, 1886, p. 738.
P. compar. :
2. L'araignée dépasse de loin tout insecte solitaire. Elle n'a pas seulement le nid; elle n'a pas seulement l'affût, la station passagère de chasse, elle a (dans certaines espèces du moins) une maison régulière, une vraie maison très-compliquée... J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 215.
P. ext. Endroit dissimulé d'où l'on peut guetter un adversaire :
3. − La ville a ses nerfs, dit-il. Un aveugle jouait l'Internationale, sa sébile devant lui. Dans leurs maisons éteintes, les fascistes attendaient le lendemain en un affût de cent mille hommes. − On n'entend rien, dit Guernico. Les pas seulement. La rue frémissait comme une veine. Les Maures étaient aux portes du Sud et de l'Ouest, mais le vent venait de la ville. Pas un coup de fusil, pas même le canon. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 690.
B.− Chasse, ou moment de la chasse où l'on guette le passage du gibier :
4. Il va sans dire qu'il ne s'agit point de la chasse à courre avec les slougui; notre homme n'a jamais pratiqué que la chasse à pied, autrement dit l'affût. E. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 170.
5. Cependant le Tarasconnais ne se décourageait pas. S'enfonçant bravement dans le sud, il passait ses journées à battre le maquis, fouillant les palmiers nains du bout de sa carabine, et faisant « frrt! frrt! » à chaque buisson. Puis, tous les soirs avant de se coucher, un petit affût de deux ou trois heures... Peine perdue! le lion ne se montrait pas. A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, pp. 120-121.
6. Pas un mot durant le parcours. Pas un mot durant l'affût. (...) En silence, nous abattîmes tour à tour quelques-unes des misérables tourterelles qui venaient (...) étancher leur soif à la lourde eau verte. P. Benoit, L'Atlantide,1919, pp. 19-20.
C.− Locutions
1. (Être) à l'affût. (Être) en train de guetter :
7. La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s'ils la rencontraient jamais au détour d'un sentier. C'était une famille de bandits à l'affût, prêts à détrousser les événements. É. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 72.
Rem. Être à l'affût/être aux aguets. On est aux aguets pour surprendre ou éviter d'être surpris. On est à l'affût, comme le chasseur, pour saisir le moment favorable à la prise.
Au fig. :
8. Les provinciaux, en France, se font un modèle ridicule de ce que doit être dans le monde la considération d'un galant homme, et puis ils se mettent à l'affût, et sont là toute leur vie à observer si personne ne saute le fossé. Stendhal, De l'Amour,1822, pp. 117-118.
2. Arg. (Être) d'affût, homme d'affût. ,,Être rusé, malin, sur le qui-vive, avoir l'œil au guet.`` (France 1907).
Rem. Cf. affûter2I C rem. 2.
3. Région. Être d'affût : ,,(Être) solide, bien portant`` (Verr.-On. t. 1, 1908, p. 19). ,,(Être) disposé à`` (Verr.-On. t. 1, 1908, p. 19).
Rem. Ces 2 emplois se rattachent au sens gén. de affûter1« disposer, ajuster ».

AFFÛT3, subst. masc.

AFFÛT3, subst. masc.
TECHNOL., rare. ,,Fil, tranchant d'un outil.`` (Littré) :
La matière est tellement dure qu'elle émousserait trop rapidement l'affût des outils ordinaires. Journal officiel,20 juill. 1877, p. 5326, 2ecol. (Littré).
Rem. Attesté également ds Quillet 1965; cf. Verr.-On. t. 1, 1908, p. 20, affût2. Littré est seul à mentionner : ,,scie à découper``.
Prononc. ET ORTH. : [afy]. Pour la finale -ût, Fouché Prononc. 1959, p. 406 fait la rem. suiv. : ,,En dehors des formes verbales, ce groupe ne se rencontre que dans affût, fût. Le t est muet``. − Rem. Ac. Compl. 1842 réserve encore une vedette à l'anc. forme affust; Littré : ,,L'accent circonflexe est mis à ce mot et aux suivants à cause de fût; mais pourquoi ne le met-on pas à futaie, futaille, futé qui ont aussi fût pour radical?`` Les dict. techn. du xixes. (Baudr. Chasses 1934, Chesn. 1857, etc.) l'écrivent gén. sans accent. Enq. /afy/.
Étymol. ET HIST. − 1. 1445 artill. affeul « pièce de bois servant de support à un canon » (Invent. de l'artill., A. mun. Dijon, H. Aff. milit. ds Gdf. Compl. : Ung veuglaire de fondue, assis sur ung affeul de bois); 1458 affut « id. » (Invent. de l'artill. du duc de Bourg. ds Gay t. 2 1928, s.v. Serpentine : Une serpentine de fondue... avec ung chariot de boys pour la mener et l'affut y servant); 2. 1638 vén. tirer à l'affust (Sully, Oeconomies royales, c. 39 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p. 310 : Quelques soldats commençans à les tirer comme à l'affust, il en fut tué cinq ou six); 1668-1671 id. affût (La Fontaine, Fables, X, 15, ibid., p. 311 : A l'heure de l'affût, soit lorsque la lumière Précipite ses traits dans l'humide séjour, Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière Et que n'étant plus nuit, il n'est pas encor jour). Déverbal de affûter artill. et vén. [l'attest. de 1437, artill. dont le texte se trouve ds Gay s.v. affût ne porte pas ce mot].
STAT. − Fréq. abs. litt. : 326. Fréq. rel. litt. : xixes. a) 254, b) 619; xxes. : a) 473, b) 553.
BBG. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Fér. 1768. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, p. 284. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Le Roux 1752. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Thomas 1956. − Will. 1831.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·