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VIVANT, -ANTE, adj. et subst.

VIVANT, -ANTE, adj. et subst.
I. − Part. prés. de vivre1*.
II. − Adjectif
A. −
1. [P. oppos. à mort, morte] Qui vit, qui est en vie; dont les fonctions de la vie se manifestent de manière perceptible. Une alouette chante en battant des ailes et remuant les pattes sans changer de place dans l'atmosphère. Je vois cette charmante petite chose vivante qui vibre sans se déplacer en face de moi, comme si elle becquetait la lumière (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 65).Une obsession pareille à celle des créatures qui portent en elles jusqu'à leur dernier jour la peur d'être enterrées vivantes (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 97).
Cadavre, squelette, mort vivant. Personne qui a l'aspect d'un mort, qui évoque la mort. Qu'elle l'arrache à cette morte vivante, à cette mangeuse d'âmes, froide comme la goule des cimetières (A. Daudet, Évangéliste, 1883, p. 159).
Vieilli. [Gén. dans des phrases nég.] Âme vivante. Être humain quel qu'il soit. Synon. âme qui vive (v. vivre1I A 1 a).Demeurant avec sa vieille gouvernante, sans parents, sans amis, il ne recevait âme vivante (A. France, Vie fleur, 1922, p. 207).
Au fig. S'enterrer, s'ensevelir vivant. Renoncer à la vie publique, se retirer du monde. Peut-être était-il la cause de cette brusque résolution qu'elle venait de prendre de quitter Paris et d'aller s'ensevelir vivante dans un pli des falaises bretonnes (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 551).
LITURG. Pain vivant. L'Eucharistie. Vos pareils ôtent au peuple le pain vivant à cause des germes qu'il peut contenir et lui imposent un Dieu d'eau distillée, sans goût, sans saveur, sans microbes, abstrait et imbuvable (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 248).
Empl. subst. Personne qui est en vie. Rayer qqn du nombre des vivants. « Les morts, m'affirmait sereinement une voyante, sont pareils aux vivants, sauf qu'ils sont morts (...) ». Si elle disait vrai, quel espoir! (Colette, Pays connu, 1949, p. 89).
DR. Le dernier vivant. Celui qui survit dans un couple. Synon. survivant.Les meubles, Raymond! Mais qui te dit que nous les aurons, les meubles? (...)Mais, Raymond, ils avaient tout fait au dernier vivant. Et je suis sûre que MmeDelahaie a modifié les dispositions de son mari (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 38).
2. [P. oppos. à inanimé] Qui est doué de vie; qui possède les propriétés physico-chimiques caractérisant la vie et qui la différencient de l'inerte, du minéral. Cellule, germe, matière, molécule, organisme vivant(e); êtres vivants; espèces vivantes. C'est cet aspect si différent dans les manifestations des corps vivants comparées aux manifestations des corps bruts qui a porté les physiologistes (...) à admettre dans les premiers une force vitale (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 96).
Empl. subst. Ce qui présente les caractéristiques de la vie. On peut l'observer [la division cellulaire] sur le vivant (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 74).
B. −
1. [En parlant de qqn, d'un groupe] Qui est plein de vie, de dynamisme. Synon. dynamique.Enfant (bien) vivant; classe vivante. Pour une famille vraiment vivante où chacun pense, aime et agit, avoir un jardin est une douce chose (Proust, Plais. et jours, 1896, p. 180).[Clotilde] se la rappelait très bien cette grande brune, bien faite, pas précisement jolie, mais gaie, vivante (Tharaud, Bien-aimées, 1932, p. 258).
[P. méton.; en parlant d'un comportement, d'une caractéristique physique, etc.] Regard vivant. Elle avait pourtant d'assez beaux yeux bruns, chauds et vivants, qui se levaient souvent vers son compagnon (Magnane, Bête à concours, 1941, p. 29).Je regardais son bras nu, cet endroit que j'aime tant, qui s'appelle la saignée, je crois? Si doux, si merveilleusement lisse et vivant (Mauriac, Passage Malin, 1948, I, 1, p. 34).
Au fig. Qui a la vigueur, l'expression de ce qui vit; qui en a les qualités. Synon. animé.Description, dialogue, discours, drame, roman, récit, représentation, spectacle vivant(e). Les portraits de Villars et de Vendôme sont fort vivants et des plus gais, sans trop de charge (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 154).On dit d'un livre qu'il est « vivant » quand il est aussi désordonné que la vie, vue de l'extérieur, semble l'être à un observateur accidentel (Valéry, Litt., 1930, p. 112).
Subst. masc. Bon vivant. Personne d'humeur joviale qui apprécie les plaisirs de la vie. La mort n'est pas loin. Capitaine, J'aime la vie, et vivre est la chose certaine, Mais rien ne sait mourir comme les bons vivants. Moi, je donne mon cœur, mais ma peau, je la vends (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 977).Il faut bien rire un peu, dit-il au factionnaire et le factionnaire le regarde passer avec ce regard figé qu'ont parfois les bons vivants devant les mauvais (Prévert, Paroles, 1946, p. 18).
2. Qui est constitué par un ou plusieurs êtres vivants, et en particulier par des personnes. Forteresse, mur vivant(e). Rien de plus (...) grandiose que l'irruption de ces quelques milliers d'hommes (...). La route, devenue torrent, roulait des flots vivants (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 27).
Tableau* vivant.
[Avec un subst. désignant qqc.] Qui est la réplique, l'incarnation de quelqu'un ou de quelque chose. Bibliothèque, encyclopédie, gazette vivante. Vous êtes le portrait (...), mais le portrait vivant de votre père (Dumas père, P. Jones, 1838, II, 3, p. 146).Il va en faire une bille, quand il te trouvera là, planté comme un vivant reproche (Arnoux, Zulma, 1960, p. 72).
3.
a) [En parlant d'un lieu] Qui est animé, actif; qui est fréquenté par beaucoup de gens. Quartier, rue, ville vivant(e). Les fêtes de la Toussaint, chacun sait quel est, pour Paris, cette cité vivante par excellence, à cette date le souvenir des défunts! Toute la préoccupation de ce qui d'habitude s'appelle les Passants, tend vers les trois nécropoles (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 784).
b) Au fig. [En parlant de qqc.] Qui est animé d'une sorte de vie; qui est présent, actif. Art, religion, société, tradition vivant(e). Il suffirait d'un petit essaim de philologues ou de lexicographes, réunis à quelques écrivains, pour tenir continuellement à jour la table des mots vivants à telle époque (Valéry, Regards sur monde act., 1931, p. 293).
En partic. Qui est présent dans la mémoire, le souvenir de quelqu'un. Souvenir vivant. Une image s'agitait dans mon cœur, une image tenue en réserve pendant tant d'années (...); conservée vivante au fond de moi (...) pour mon supplice, pour mon châtiment, qui sait? d'avoir laissé mourir ma grand'mère (Proust, Sodome, 1922, p. 1115).Ce vieil omnibus a disparu, mais son austérité, son inconfort sont restés vivants dans mon souvenir (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 146).
LING. Langue vivante. [P. oppos. à langue* morte, langue artificielle*] Langue spontanément et effectivement parlée dans une communauté linguistique. Quelle que fût l'épreuve, en quelque matière qu'il fallût composer, sciences ou lettres, langues vivantes ou classiques, Morlot, Laboriette et Chazal étaient toujours les derniers (A. France, Vie fleur, 1922, p. 361).
III. − Substantif
A. − Durée de la vie de quelqu'un; temps qui reste à vivre. (Dict. xxes.).
Loc. à valeur adv. Du vivant de qqn; de son vivant; en son vivant (vx). Pendant la vie de quelqu'un. Poiresson et Périnet, fils l'un et l'autre de défunt Jean de Vouthon, frère d'Isabelle Romée, en son vivant couvreur de son état (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 452).Elle travaillait à diminuer ses imperfections (...) à s'instruire. Du vivant de mon père, tout cela se soumettait, se fondait dans un grand amour (Gide, Si le grain, 1924, p. 463).
B. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui a les caractères spécifiques de la vie. Nous sommes à un de ces carrefours. Du mécanique plaqué sur du vivant, voilà une croix où il faut s'arrêter, image centrale d'où l'imagination rayonne dans des directions divergentes (Bergson, Le Rire, 1950 [1900], p. 29).Il n'y a pas une organisation du vivant, mais une série d'organisations emboîtées les unes dans les autres comme des poupées russes (Fr. Jacob, La Logique du vivant, 1970, p. 24).
Prononc. et Orth.: [vivɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.: 12 839. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14 576, b) 18 607; xxes.: a) 19 620, b) 20 395. Bbg. Goug. Mots. t. 3. 1975, p. 17. − Quem. DDL t. 17, 25.

VIVRE1, verbe

VIVRE1, verbe
I. − Empl. intrans.
A. − [Corresp. à vie I]
1. Être en vie; présenter les caractères essentiels de la vie. Synon. exister, être vivant ; anton. être mort.
a) [En parlant d'une pers.] Amour, dégoût, douceur, force, goût, joie, lassitude, raison de vivre; achever, cesser, commencer de vivre; désirer, vouloir vivre; se regarder, se sentir vivre. Vous ne voulez pas changer: vous ne voulez donc pas vivre; car vivre c'est changer (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 286):
1. ... j'ai été plusieurs fois malade, et toujours assez gravement. Je pardonne à la maladie en faveur des convalescences. Vivre! vivre! Ils me font rire, avec ce mot. C'est revivre qui est bon! C'est sans doute survivre qui serait vivre. Pendant mes convalescences, il me semble que j'ai vécu. Duhamel, Confess. min., 1920, p. 148.
Ne vivre que pour + subst. ou inf.N'avoir d'autre préoccupation dans la vie. Ne vivre que pour ses enfants. France me parlait aujourd'hui du libraire moderne, de cette génération ne prenant pas le temps de dîner, n'allant jamais au spectacle, ne flânant, ne se reposant jamais, (...) ne vivant que pour gagner (Goncourt, Journal, 1865, p. 127).
Se laisser vivre. Ne pas faire beaucoup d'efforts; ne pas s'inquiéter de l'avenir; être indolent, insouciant. Synon. fam. se la couler douce (v. couler1).V. laisser2I B 1 ex. de Taine et de Radiguet.
P. exagér. Ne plus vivre. Être dans un état de grande anxiété. Au bout d'une quinzaine de jours les énergumènes souscripteurs ont commencé à radiner! en personne! eux-mêmes!... Ils voulaient connaître les nouvelles... Ils vivaient plus depuis notre « Concours » (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 472).
Au passé composé. Il a vécu. Il est mort. Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine (Chénier, Bucoliques, 1794, p. 167).
[Dans des phrases nég.] Âme qui vive. Être humain quel qu'il soit. Ne rencontrer âme qui vive. En montant sur la petite falaise, on n'apercevait âme qui vive, dans la plaine un peu nue et désolée qui s'étendait alentour (Loti, Les Désenchantées, Paris, Calman-Lévy, 1945 [1906], p. 193).
b) [En parlant d'un animal, d'un végét.] Une poule particulièrement cruelle, un cheval cabochard, un chien hargneux vivent plus longtemps que leurs congénères (Montherl., Célibataires, 1934, p. 753).La devise du mollusque serait alors: il faut vivre pour bâtir sa maison et non bâtir sa maison pour y vivre (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 106).
2. P. anal.
a) [En parlant d'un inanimé] Donner l'impression de la vie. Œuvre, roman, tableau qui vit. Ce livre a tout d'abord une qualité, (...) il palpite et il vit (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1858, p. 163).La cérémonie des gants longs, difficile à mettre, peaux mortes qui commençaient à vivre, à coller et à prendre forme jusqu'à l'effort successif de chaque doigt et l'adorable rite final qui consistait à boutonner sur le poignet (...) la petite lucarne (Cocteau, Portr.-souv., 1935, p. 38).
b) Avoir les caractéristiques de la vie; évoluer, se transformer. Nation, régime politique, société qui vit. À vrai dire, chacune d'elles [une idée] vit à la manière d'une cellule dans un organisme; tout ce qui modifie l'état général du moi la modifie elle-même (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 109).On considère toujours l'image comme un état substantif, mais on lui reconnaît une certaine mobilité, elle vit, elle se transforme (Sartre, Imagination, 1936, p. 85).
En partic. Être dans l'usage vivant. Langue qui vit; expression qui vit. Voici les mots, ceux que nous disions, ceux que nous voyions dans les mornes dictionnaires, qui se mettent à briller, à vivre, à respirer (Larbaud, Jaune, 1927, p. 207).
3. Au fig. Garder une importance, un intérêt, une influence; garder une plénitude d'existence; rester présent. Coutumes, croyances, souvenirs qui vivent. Marcel Proust a donné sa vie pour que son œuvre vive et cela est sans exemple; car un Balzac, des soucis d'argent, ses créanciers l'attachaient à sa table (Mauriac, Écrits intimes, Du côté Proust, 1947, p. 213).
4. Être le siège d'une grande activité, d'une grande animation. Il se dirigea vers le logis du Dr Pieuchon (...). Rien ne vivait, rien ne semblait vivre (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 149).
En partic. [Le suj. désigne une entreprise, un secteur écon., une région considérée du point de vue de son activité industr.] Région, secteur, usine qui vit. (Dict. xxes.).
B. − [Corresp. à vie II]
1. [Avec un compl. désignant une durée] Avoir une vie qui s'étend sur une certaine période, avoir une vie d'une certaine durée. Perpignan m'avait raconté l'anecdote du vieux Thomas Paw, qui a vécu cent quarante ans (Delacroix, Journal, 1847, p. 205).Au Moyen Âge la mortification, c'était surtout se priver de nourriture. On était très sanguin. C'était excellent. Saint Odilon jeûnait beaucoup. Ce qui ne l'empêcha pas de vivre quatre-vingt-dix ans (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 302).
[En insistant sur la durée partielle de l'existence d'une pers. ou sur sa durée à venir au moment de l'énonciation] Avoir peu de temps à vivre. Je n'ai pas longtemps à vivre, me dit-il d'un air sérieux; elle ne souffrira pas longtemps par moi, je sens que ma tête éclate (Balzac, Lys, 1836, p. 143). J'aurais voulu vivre assez pour voir vos têtes au retour de la banque. Il s'agissait de ne pas te donner trop tôt ma procuration pour ouvrir le coffre, de te la donner juste assez tard pour que j'aie cette dernière joie d'entendre vos interrogations désespérées: « Où sont les titres? » (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 14).
2. [Avec un compl. indiquant l'époque, la période où se situe la vie] Exister, être vivant à une époque bien déterminée. Vivre du temps de qqn/qqc.; vivre dans le temps de/dans un temps de; vivre à une triste époque, à une époque de progrès, de décadence. Moi qui ai vécu en 1870, qui ai entendu les cris du pharmacien Mariotte, j'ai toujours tenu pour de sombres imbéciles les gens qui disent que le peuple allemand ne voulait pas la guerre (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 218).Cette idée qu'il eût fait bon vivre sous le règne de Louis Le Hutin m'entra si fort dans l'esprit que je l'exprimais à tout moment (A. France, Vie fleur, 1922, p. 377).
3. [Avec un compl. de lieu] Passer tout ou partie de son existence dans un lieu. Il vient souvent ici (...) quelquefois trois jours de suite, ensuite on reste un mois sans le voir. Il paraît qu'il vit à la campagne, dans ses terres (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 42).
En partic. Habiter. Vivre à l'hôtel, chez ses parents. C'était un boutiquier dans lequel il y avait du monstre. Satan devait par moments s'accroupir dans quelque coin du bouge où vivait Thénardier et rêver devant ce chef-d'œuvre hideux (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 509).Il profita du marasme pour accepter de vivre chez sa sœur (Cocteau, Enfants, 1929, p. 129).
Au fig. Vivre dans qqc.[Le compl. désignant qqc. d'abstr.] Demeurer en pensée et de manière permanente dans quelque chose. Vivre dans l'avenir, dans l'imaginaire, dans l'immédiat, dans le mystère, dans le passé. L'enfance bourgeoise vit dans l'éternité de l'instant (Sartre, Mots, 1964, p. 75).
C. − [Corresp. à vie III]
1.
a) Mener une certaine vie, un certain type d'existence. Mort, il se tient droit, lui qui vécut à plat ventre! (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 1021).Il faut essayer de faire des choses! C'est pas une raison parce qu'on est un intellectuel pour vivre en pantoufles (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 215).
b) Avoir un certain type de relations (matérielles ou affectives) avec une ou plusieurs personnes. Vivre en couple, en groupe; vivre seul, à deux; vivre en communauté; vivre avec sa femme et ses enfants. Les deux familles se voyaient tous les jours et vivaient pour ainsi dire ensemble (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 256).Je n'aurais pas voulu faire vivre une jeune femme auprès de quelqu'un de si souffrant et de si ennuyeux. − Mais vous êtes fou, tout le monde voudrait vivre auprès de vous, regardez comme tout le monde vous recherche (Proust, Sodome, 1922, p. 1123).
Vivre en ermite. V. ermite B 1.
Vivre bien, mal, en paix avec qqn. S'entendre bien, mal... avec quelqu'un. Cousin (...) m'assure que, toutes informations prises, elle [Mmede Blocqueville] est fort honnête, sauf les petits loisirs que lui laisse l'absence de son mari, avec qui elle vit mal (Delacroix, Journal, 1855, p. 307).
Être facile, difficile, impossible à vivre. Avoir un caractère accommodant ou peu, ou pas du tout. Cette bonne dame était très aimable (mais très difficile à vivre) (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres, 1847, p. 7).
En partic. Vivre avec qqn. Former un couple sans être marié; partager la vie de quelqu'un. Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 83).Je ne vois pas a priori pourquoi il serait essentiel de vivre avec une « personne », une « grande personne » plutôt qu'avec... Mais comment définir B? (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 113).
Vivre avec qqn comme chien et chat. V. chat1II A 4.
[En privilégiant les relations affectives ou intimes] Vivre sans affection, sans soins. J'ai voulu vivre ainsi sans amour et sans haine, et j'ai fermé mon âme au désir, qui n'amène que le regret (Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 85).
En partic. Vivre dans + subst. (désignant un sentiment).Éprouver fortement et de manière durable. Vivre dans la crainte, dans l'anxiété. Il semble que je deviens calme pour la première fois de ma vie. Car je ne l'étais pas lors de mes débuts dans les affaires. Je vivais dans l'angoisse et ma vieillesse était extrême. À trente ans, je vivais dans l'épouvante. Certes, je ne travaillais pas mal et je l'emportais assez souvent, mais je vivais dans la peur (M. Bataille, L'Arbre de Noël, 1967, p. 229).
c) Établir un certain type de relations avec son entourage, avec la société. Vivre dans le monde; vivre dans la société distinguée; vivre avec les hommes; vivre en bonne intelligence avec les hommes; vivre en étranger dans la société. Il est vrai que j'ai vécu cet hiver comme le rat des Levantins, sans aller voir personne (Amiel, Journal, 1866, p. 188).Je peux vivre avec les communistes. Avec les socialistes non. Les socialistes se réunissent et parlent politique, élections, et après, c'est fini (Nizan, Conspir., 1938, p. 172).
Laisser vivre qqn. [Surtout à l'impér.] Ne pas importuner quelqu'un, ne pas soumettre quelqu'un à des contraintes (d'apr. GDEL).
2. Donner une certaine orientation (morale ou intellectuelle) à sa vie.
a) [En évaluant la vie de qqn, sa façon de vivre par rapport à une moralité érigée en norme] Bien, mal vivre; vivre dans l'abjection, dans le péché, dans la pénitence, dans les plaisirs; vivre chrétiennement, honorablement, humblement; vivre en Dieu, en état de grâce, en honnête homme. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse (Gide, Journal, 1894, p. 55).Il est revenu, heureux de la revoir et heureux aussi d'avoir tenu ses promesses, d'avoir vécu toute une année en garçon sage, sans sacrer ni boire (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 102).
b) [En privilégiant les conditions intellectuelles] Vivre dans le doute, dans l'ignorance. Elle vit vraiment dans un autre monde que moi. Tout ce qui m'est essentiel n'est susceptible de fournir qu'un aliment à sa curiosité (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 189):
2. Tout le monde [à Paris] m'a semblé fou; je n'exagère nullement. Il faut nous résigner à vivre entre le crétinisme et la démence furieuse. Charmant horizon! On va recommencer à faire les mêmes sottises, à retourner dans le même cercle, à débagouler les mêmes inepties. Flaub., Corresp., 1871, p. 252.
3. Se comporter selon les règles, les usages exigés par la vie en société. Apprendre à vivre. Je l'apercevais souvent dans ses promenades: je savais trop bien vivre pour le reconnaître; j'attendais qu'il m'eût fait un signe ou jeté en passant une parole (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 160).Après ce soir, je défie qui que ce soit qui sache vivre, et qui ait du monde, de nous inviter désormais à dîner l'un sans l'autre (Hermant, M. de Courpière, 1907, ii, 5, p. 16).
En compos. Savoir-vivre*.
Apprendre à vivre à qqn. Apprendre les règles, les usages de la vie sociale, de la vie en société; enseigner les règles de la civilité; p. ext., fam., donner une leçon à quelqu'un. Avouez qu'ils [les Thuillier] ont besoin qu'on leur apprenne à vivre, et que vous (...), vous mangez ce qu'on nomme de la vache enragée (Balzac, Pts bourg., 1850, p. 109).
4.
a) Mener (du point de vue matériel et/ou financier) un certain type d'existence. Vivre bien, mal, chichement, modestement, petitement, royalement; vivre dans l'abondance, dans une grande aisance, dans la gêne; vivre en bourgeois, en prince, en roi; vivre sans compter; vivre à l'aise, à l'économie; avoir, ne pas avoir de quoi vivre. L'homme de lettres, avec le salaire ridicule de la pensée, est condamné à vivre comme un petit bourgeois. Il lui est impossible de se donner l'inspiration d'un caprice, où le talent de gens comme Byron ont dû souvent puiser le caprice de leur talent (Goncourt, Journal, 1865, p. 137).Ils vivaient au jour le jour; ils dépensaient en six heures ce qu'ils avaient mis trois jours à gagner; ils empruntaient souvent; ils mangeaient des frites infâmes, fumaient ensemble leur dernière cigarette (G. Perec, Les Choses, 1965, p. 65).
En compos. Bien-vivre*. Mieux-vivre (rem. s.v. mieux-être).
Vivre de l'air du temps. Disposer de faibles moyens matériels et s'en contenter. Le Grand Turc, l'Asie, l'Afrique, ont recours à la magie, et nous envoient un démon, nommé Mody, soupçonné d'être descendu du ciel sur un cheval blanc qui était, comme son maître, incombustible au boulet, et qui tous deux vivaient de l'air du temps (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 173).
Vivre les uns sur les autres. Avoir des conditions matérielles de vie défavorables, ne permettant pas de s'isoler. Dame (...), si l'on avait plus d'argent, on aurait plus d'aise... Tout de même, c'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les uns sur les autres. Ça finit toujours par des hommes saouls et par des filles pleines (Zola, Germinal, 1885, p. 1276).
Il faut bien vivre. [Pour justifier un gain d'argent obtenu de manière plus ou moins honnête] Il avait couru ses derniers cachets puis, sa défroque rangée, avait décidé de redevenir Émile et, la mort dans l'âme, de bricoler pour tout un chacun. Il faut bien vivre (J. Faizant, Rue Panse-Bougre, 1957, pp. 83-84 ds Bernet-Rézeau 1989).
b) Tirer sa subsistance, sa nourriture exclusivement de quelque chose, d'une activité. Vivre de son art; vivre de la chasse, de sa plume, d'expédients, de subsides, de rapines, de braconnage; vivre de ses rentes. Le vice radical des cultures actuelles qui ne font vivre que de pain, de châtaignes, de maïs, l'immense majorité de la population (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 20).Il eut (...) l'honnêteté criminelle d'épouser une fille sans ressources, qu'il avait séduite; elle avait une belle voix et faisait de la musique, sans amour de la musique. Il fallut vivre de sa voix et du médiocre talent qu'il avait acquis à jouer du violoncelle (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1482).
Expr. Vivre d'amour et d'eau fraîche/claire. V. amour ex. 154.
Vivre des femmes. [Le suj. désigne un homme] Se faire entretenir. La réputation de M. Pinto n'est plus à faire! C'est un individu complètement taré! Enfin, c'est bien simple: c'est un homme qui vit des femmes, voilà! (Bourdet, Sexe faible, 1931, ii, p. 405).
Faire vivre qqn. Assurer à quelqu'un les moyens nécessaires à son existence. Synon. entretenir.Sans domicile, sans argent, à peu près sans terres, louer une maison à Claquebue, ou ailleurs, et se louer soi-même comme journalier pour faire vivre chichement sa famille (Aymé, Jument, 1933, p. 82).Elle était une mère commerçante, c'est-à-dire qu'elle appartenait d'abord aux clients qui nous « faisaient vivre ». Il était défendu de la déranger quand elle servait (A. Ernaux, Une Femme, 1989 [1987], p. 52).
Vivre aux crochets de, aux dépens de, sur qqn. Se faire entretenir par quelqu'un. L'opinion fut sévère pour lui. Avoir gâché ses dons, contribué pour moitié à la ruine de sa mère, et être là, jeune et bien portant, à vivre aux crochets de cette mère, qui joignait difficilement les deux bouts! (Montherl., Célibataires, 1934, p. 758).V. écorcheur I ex. de Taine.
Au fig. Trouver dans quelque chose un aliment à la vie morale, intellectuelle. Vivre d'espérance. [L'affaire Dreyfus] fut, comme toute affaire qui se respecte, une affaire essentiellement mystique. Elle vivait de sa mystique. Elle est morte de sa politique (...). Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique (Péguy, Œuvres en prose, Notre jeun., 1961 [1910], p. 538).
c) Vivre sur qqc. Continuer à tirer un bénéfice d'un acquis passé sans rien faire pour changer ou améliorer sa situation. Vivre sur la fortune, sur le bien de qqn; vivre sur ses réserves, sur son fond. Un puissant esprit vit sur ses réserves, encore assez longtemps après qu'il a été frappé au cœur de son avenir (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 39).
5. Réaliser toutes les possibilités de la vie; avoir une existence remplie. Il ressemblerait au vieillard, qui ne vit plus pour avoir vécu (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 280).Je ne voulais jamais me marier comme les autres, vivre comme tout le monde, comme... comme des bêtes à l'étable, je trouve. Vivre, ça doit être autre chose (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 303).
II. − Empl. trans.
A. −
1. Mener son existence, sa vie d'une certaine manière, dans certaines conditions. Vivre la vie de tous les jours; vivre une vie fraternelle; vivre une triste existence; vivre une vie heureuse, honnête, tranquille; vivre une vie d'exil, de labeur, de misère, de plaisir. Ils s'éloignent, ils vont vivre une vie à part, étrange et douloureuse (Vallès, Réfract., 1865, p. 6).Ces affirmations conduiraient (...) les philosophes à descendre dans la rue pour rencontrer les hommes et pour oublier l'homme, à ne plus se contenter de réfléchir dans la paix de leurs bureaux (...) sur des idées placées en marge des vies que vivent effectivement les hommes (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 98).
Vivre sa vie. Mener sa vie à sa guise, de manière indépendante, en se libérant des contraintes imposées de l'extérieur. Le jeune Bernard a brusquement quitté le foyer familial, où il n'aurait jamais dû entrer. Il est allé « vivre sa vie », comme disait Émile Augier; vivre on ne sait comment, et on ne sait où (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1118).
2. [Avec un compl. désignant une durée] Passer, traverser (une période de son existence). Vivre un moment, un instant exaltant; vivre des jours heureux. Il ne pouvait vivre une journée heureuse chez lui, avec sa femme toujours dehors et sa fille enfermée dans un silence glacé (Zola, Nana, 1880, p. 1372).
B. −
1. Connaître, éprouver intimement par expérience subjective. Vivre sa joie, ses amours. Quand on donne aux objets l'amitié qui convient, on n'ouvre pas l'armoire sans tressaillir un peu. Sous son bois roux, l'armoire est une très blanche amande. L'ouvrir, c'est vivre un événement de la blancheur (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 85).
2. Faire passer dans les actes; mettre en pratique. Vivre son art, son engagement politique, sa foi, son idéal, sa philosophie. C'est exceptionnel ce pouvoir que tu as de vivre une idée corps et âme (Beauvoir, Invitée, 1943, p. 311).
III. − Empl. pronom.
A. − Se vivre + adj./prop. compl.Avoir une certaine notion, idée de soi-même. Se vivre comme un marginal. (Dict. xxes.).
B. − Avoir une expérience de soi-même. Il y a une sorte d'archétype de l'apparence physique (...). Je crois qu'il devient extrêmement difficile de se vivre comme un être différent de ces modèles-là (F Magazine, mars 1981, p. 32 ds Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [vi:vʀ ̥], (il) vit [vi]. Homon. et homogr. vivre3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Intrans. 1. a) 2emoit. xes. « être en vie » (St Léger, éd. J. Linskill, 196); b) fin xes. (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 235: Si tu laises vivre Jes m, Non es amics l'emperador); c) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 207: Si fait ma medra plus que femme qui vivet); 1690 ame qui vive (Fur., s.v. ame); d) fin xives. (E. Deschamps, Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 291: ceaulx qui [...] veulent vivre pour mangier Non manger pour vie allongier); 2. a) ca 1050 (Alexis, 207: Ore vivrai an guise de turtrele); b) ca 1485 vivre sainctement (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35231, t. 4, p. 354); mil. xves. (J. Regnier, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, 2344, p. 84: Comment vis-tu? Je vis joyeusement); c) 1548 vivre au jour la journée (N. Du Fail, Propos rustiques, Epistre, éd. J. Assézat, t. 1, p. 2); 3. a) 1200 soi vivre de « assurer son existence en... », prendre son vivre « gagner de quoi se nourrir », inf. subst. « fait de vivre » (Jean Bodel, Saint Nicolas, éd. A. Henry, 603, 634, 1410); b) ca 1200 (Continuation de Perceval, 1703, éd. W. Roach, t. 1, p. 210: Si se vit [Carados] d'erbe et de rachine); c) 1ertiers xives. [éd. 1528] vivre d'amours (Perceforest, t. II, fo97 ds Littré); d) 1383 (Arch. Nord, B 1567r, fol. 10: il estoit notoirement vivans de foles femmes); e) fin xives. n'avoir de quoi vivre (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 4, p. 3); f) ca 1500 vivre sur le peuple (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 18); g) ca 1510 (P. Gringore, L'Obstination des Suysses ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 355: De rappine vivent et de larecin); 4. a) 1275-80 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8113: se vos vivez et je moroie, Tourjorz en vostre queur vivroie); b) 1568 (R. Garnier, Tragédies, Porcie, éd. W. Foerster, t. 1, p. 43, 867: sa florissante gloire, Vit eternellement d'une heureuse memoire); 5. a) 1466 savoir vivre « se conformer aux usages de la société » (P. Michault, Doctrinal, LXIII, éd. Th. Walton, p. 160); b) 1498-1515 (P. Gringore, Vie Ms. S. Loys ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 291: Car qui bien vit en fin a bon regnon); 6. 1552 (Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. IV, p. 70: L'onde & le feu [...] Touts deux en moy vivent esgallement); 7. 1578 (Id., ibid., t. XVII, p. 266: Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain: Cueillez dés aujourdhuy les roses de la vie); 8. 1640 avoir vécu « être mort », latinisme (Corneille, Horace, II, 6); 9. 1691 (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 136: mon oncle l'Abbé en eut une telle frayeur qu'il ne vivait plus); 10. 1759 avoir vécu « avoir de l'expérience, connaître la vie » (Voltaire, Candide, p. 181). II. Trans. 1. ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 30253: Maint jor et maint an ot vescu); mil. xvies. (R. Belleau, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 87: vivez vostre bel age); 2. 1936 (Thibaudet, Réflex. litt., p. 274: Il [Michelet] l'a vécue [la France] comme une personne). III. Part. prés. 1. a) ca 1050 subst. a sun vivant « durant sa vie » (Alexis, 39); b) ca 1200 jor de mon vivant (Naissance du chevalier au cygne, éd. A. Todd, 3474); c) 1489 de son vivant (Commynes, op. cit., p. 74); 2. a) ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1074: Que ço seist dit de nul hume vivant); b) déb. xiiies. nule ame vivant (Fille du Comte de Ponthieu, éd. C. Brunel, II, 249); c) 1422 subst. « personne vivante » (A. Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, 1950, p. 11); 3. ca 1485 (Mystère Viel Testament, 398, t. 1, p. 15: Et moy seoir sans dilacion, A la dextre du Dieu vivant); 4. 1536 subst. le bien vivant, le mal vivant (R. de Collerye, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 166); 5. a) 1558 (Du Bellay, Regrets ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 2, p. 179: les marbres animez, la vivante peinture, Qui la font estimer des maisons la plus belle); b) 1606 vivant portrait de la divinité (J. Bertaut, Recueil de quelques vers amoureux, p. 235); c) 1611 le vivant souvenir (Id., Œuvres poét., p. 116); d) 1627 (A. Mareschal, La Chrysolite, p. 196: vous semblez la peinture vivante de mon fils); 6. 1647 langues vivantes (Vaug., préf., p. XCII); 7. 1684 philos. le vivant (Bernier, Abrégé Philosophie de Gassendi, livre 3, p. 101). IV. Part. passé subst. 1. 1890 (Bourget, Physiol. amour mod., p. 230: les écrivains qui veulent « faire vécu » comme on dit à l'heure actuelle); 2. 1919 (G. Marcel, Journal, p. 164: opposer le donné au vécu). V. Pronom. 1. 1878 (Goncourt, Journal, p. 771: la vie se vit, ces jours, dans un état extraordinaire d'absence d'esprit et de fatigue de corps); 2. 1893 (Barrès, Sang, p. 193: les anecdotes humaines qui se vivent chaque jour sur ses rives); 3. 1943 (Sartre, Être et Néant, p. 327: Par le regard d'autrui je me vis comme figé au milieu du monde, comme en danger, homme irrémédiable). Du lat. vivere « être en vie; être animé, doué de vie », « jouir de la vie », « durer, subsister », « vivre de, se nourrir de », « occuper, passer sa vie de telle ou telle manière ». Fréq. abs. littér.: 30 568. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 42 283, b) 42 431; xxes.: a) 46 528, b) 43 207.
DÉR.
Vivoir, subst. masc.,région. (Québec), vieilli. Salle de séjour. Le vivoir est l'une des pièces les plus éclairées dans cette maison (Dubuc-Boul.Québec.1983). [vivwa:ʀ]. 1reattest. 1913 (La Revue, no3, 1erfévr., p. 404 ds Quem. DDL t. 15: ,,Si l'atelier paraît un peu bohême, ne mettrons-nous pas à la mode le vivoir?...`` Par ces mots, au début de son ingénieux livre [Sur un coin de table, publié en 1913], MlleValentine Thomson incite ses contemporains à une activité climatique et artistique, réunissant le double charme du foyer et de l'art); de vivre1, suff. -oir*, créé au Québec (où il est actuellement vx et rare, v. Dubuc-Boul. Québec.), pour éviter l'empl. de l'angl. living-room « salle de séjour » (comp. de living part. prés. de to live « vivre » et room « pièce »).
BBG.Gak (V. G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye, 1976, no182, p. 48. − Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes français... Paris, 1977, pp. 278-280. − Quem. DDL t. 22, 34, 38. − Tabachovitz (A.). « Vivre-cœur ». Ét. d'étymol. compar. Vox rom. 1959, t. 18, pp. 49-93.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·