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TEIGNE, subst. fém.

TEIGNE, subst. fém.
A. − ENTOMOL. Petit insecte lépidoptère, de la famille des Tinéidés, dont la larve est extrêmement nuisible pour les récoltes (teigne des grains) et la chenille pour les arbres et les plantes cultivées (teigne des arbres, des jardins, des oliviers, etc.), les produits alimentaires (teigne des farines), les fourrures et les textiles (teigne des vêtements, teigne domestique). Synon. gerce, mite.L'orge peut être également atteinte par la teigne des grains, occasionnée par un petit papillon nocturne (Industr. fr. brass., 1955, p. 4).On peut aujourd'hui, pour certains prédateurs (pucerons, acariens, teigne des fleurs du cerisier), prévoir l'importance des pullulations printanières (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 103).
B. − PATHOL. MÉD. ET VÉTÉR. Infection mycosique contagieuse du cuir chevelu de l'homme et de la peau de certains animaux domestiques, entraînant chez l'animal une dépilation, chez l'homme une alopécie provisoire ou définitive. Synon. pelade.L'hôtesse, qui peigne Et lave dix marmots roses et pleins de teigne (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 209).Le traitement des teignes est long et très délicat; il associe diverses méthodes, au premier rang desquelles la radiothérapie (Quillet Méd.1965, p. 313).
Teigne faveuse (rem. s.v. favus), favique (rem. s.v. favus), tondante*.
Dans des compar. fam.
[En parlant d'une chose, d'une pers. dont on a du mal à se débarrasser] Cela tient, s'accroche comme la/une teigne. La guerre, décidément, serait longue contre un ennemi qui tenait à nos campagnes comme la teigne au cuir chevelu (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 19).Il avait laissé la jeune actrice s'accrocher à lui comme une teigne (Druon, Chute corps, 1950, p. 181).
(Être) mauvais, méchant comme la/une teigne. (Être) très mauvais, très méchant. Max, si vous étiez tombé, pourtant, au lieu d'une bonne petite bourgeoise comme moi, sur une rosse habile et froide, et méchante comme la teigne? (Colette, Vagab., 1910, p. 193).
C. − Régional
1. Synon. de bardane.Le curé Malassagne venant de dire sa messe et descendant à grands pas furieux, le rabat de travers, sa soutane relevée à deux mains, à cause des ronces et des teignes (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 141).
2. Synon. de cuscute. (Dict. xixeet xxes.).
D. − P. anal. ou au fig., fam. Personne hargneuse, méchante. Synon. gale, peste.C'est une vraie teigne. Oh! les mauvaises teignes! Si elles se conduisaient en bonnes camarades, vous pourriez vous faire plus de cent francs (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 511).Cette teigne de Sophie (...) était particulièrement intolérable (H. Bazin, Bur. mariages, 1951, p. 148).
Empl. adj. Hargneux, méchant. Je connais MmeBeugnasse, Monsieur, elle est teigne comme tout! (Courteline, Client sér., Prem. lettre, 1895, p. 58).Elle est point belle à voir [la fille], me confie Pannechon. Et puis l'air teigne, avec ça (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 147).
Prononc. et Orth.: [tε ɳ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. formes de teindre. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. « petit lépidoptère de la famille des Tinéidés » (Psautier Cambridge, 38, 13 ds T.-L.); 2. fin xiies. « affection du cuir chevelu » la taigne (Audigier, éd. O. Jodogne, 446); 3. 1546 bot. « cuscute » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. LI, ligne 10); 4. 1839 fig. laids comme des teignes (Balzac, Illus. perdues, p. 382); 1859 la vieille, qui est plus mauvaise qu'une teigne (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, p. 376). Du lat. tinea « teigne ou mite » puis en lat. médiév. « teigne tonsurante » ca 1060 dans le domaine angl. (Latham). Fréq. abs. littér.: 35. Bbg. Rothwell (W.). Medical and botanical terminology from Anglo-Norman sources. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t. 86, no3, p. 258. − Simoni-Aurembou (M.-R.). Le Fr. rég. dans la vallée de la Cisse. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1977, t. 15, no1, pp. 71-87.

TEINDRE, verbe trans.

TEINDRE, verbe trans.
A. −
1. Empl. factitif. Qqn teint qqc.1à (avec, de) qqc.2.Imprégner d'une substance colorante (d'origine végétale, animale, minérale ou chimique) afin de changer la couleur naturelle.
a) [L'obj. dir. désigne un textile ou un autre matériau] Teindre du drap, du fil, de la laine, de la soie; teindre la corne, le cuir, la fourrure, l'ivoire; teindre du papier, des textiles synthétiques. Depuis longtemps on savait, dans ces contrées [ibériques], travailler les peaux, les tanner, les assouplir et les teindre au moyen de substances végétales diverses (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 290).Des hommes par exemple qui auront à filer, à tisser, à teindre des étoffes, se placeront près d'eaux courantes pures (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 85).
Drap teint en laine. ,,Drap dont la laine a été teinte avant d'être employée à fabriquer l'étoffe`` (Ac. 1835-1935).
Teindre en + subst. désignant la couleur obtenue.Des pièces uniques (...) comme l'Évangile sur vélin teint en pourpre, couleur rose séchée, du VIIesiècle (Morand, New-York, 1930, p. 135).
Empl. pronom. à sens passif. Accepter, prendre les colorants. Le maroquin (...) est par excellence le cuir de reliure; il est très résistant, mais très cher. Il se teint en toutes couleurs (Civilis. écr., 1939, p. 12-3).
Teindre de + subst. désignant la substance colorante.Le mouchoir bleu de sa femme est de coton et teint d'indigo (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 131).
En partic. Teindre en + subst. désignant la couleur obtenue.Faire prendre à une étoffe, à un vêtement déjà teints, une coloration nouvelle en les plongeant dans une substance colorante. Faire teindre une robe en vert. Bon-papa mourut à la fin de l'automne, après une interminable agonie; ma mère s'enveloppa de crêpe et fit teindre en noir mes vêtements (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 174).
b) [L'obj. dir. désigne les cheveux, la barbe, les ongles d'une pers.] Ce pied (...) dont on teignait les ongles avec le jus des coquillages et que les hommes en joie appuyaient contre leurs lèvres (Flaub., Tentation, 1849, p. 221).Une dame « comme il faut » ne devait ni se décolleter abondamment, ni porter des jupes courtes, ni teindre ses cheveux (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 82).
Empl. pronom. réfl. indir. Le généralissime égyptien, sortait du bain et se faisait teindre la barbe au henné (Grousset, Croisades, 1939, p. 356).Ils m'ont accusé en riant de me teindre les cheveux (Green, Journal, 1945, p. 203).
Se teindre (les cheveux, la barbe) en + subst. désignant la couleur obtenue.Abd-el-Kader se teint la barbe et les cils en noir, ce qui est assez drôle pour un si saint homme (Mérimée, Lettres ctessede Montijo, t. 2, 1865, p. 278).
Absol. Vous connaissez Ragotte. Est-ce qu'elle se teint? (Renard, Journal, 1909, p. 1227).Se teindre en + subst. désignant la couleur obtenue.Je m'étais fait platiner les cheveux... (...). Mais je n'avais pas pensé, qu'une fois décolorée, il faudrait, ou continuer, ou alors se teindre en noir, en attendant que les cheveux ne repoussent (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 319).
Empl. pronom. à sens passif. Andrea, murmurait cependant Bastien, Andrea avait les cheveux blonds; mais les cheveux se teignent, et c'est bien lui! C'est lui, je le jurerais sur le salut de mon âme! (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 309).
2. Qqc.2teint qqc.1.[Le suj. désigne une substance colorante] Communiquer sa couleur à, colorer de manière durable ou définitive. Le brou de noix, le jus de raisin, de mûres teignent les mains. La pourpre de Tyr teint l'ivoire de l'Inde, ou la laine la plus blanche de Milet (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 163).À cette matière colorante ou pigment qui teignait le chloroplaste on donne le nom de chlorophylle (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 49).
3. Au part. passé. [Corresp. à supra 1 ou 2] Les petites marchandes de cigarettes de Péra (...) ont le bout des ongles teint en rouge (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 306).Son visage exigu [d'un vieillard] s'encadrait de favoris teints (Arnoux, Roi, 1956, p. 102).
En partic.
Synon. de maquillé.Les femmes avec (...) leurs doigts rougis de henné, leurs yeux teints de kohl, regardent (...) dans des attitudes pensives, empreintes de cette grâce triste et de cet éclat sombre des pays chauds (Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 7).
Être teint(e). Avoir les cheveux teints. À l'autre table (...) un très jeune homme et une femme plus âgée causaient à mi-voix, lui maigre et brun (...) elle vieillie, teinte et fardée, avec un visage d'Institut de beauté (Bourget, Drame, 1921, p. 138).
B. − P. anal., littér. Qqc.2teint qqc.1de/en qqc.3
1. Colorer. Vial, as-tu vu les raisins de la vigne? As-tu vu que les grappes sont déjà massives et teintes en bleu, si serrées qu'une guêpe n'y entrerait pas? (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 47).La vigne (non taillée encore) teignait les collines d'un rose qui n'a pas de nom (Mauriac, Journal 3, 1940, p. 294).
Empl. pronom. Le cavalier passa (...) Quand il eut passé, elle soupira longuement (...) puis (...) dit à demi-voix:Mon mari! Sur ce mot, son visage se teignit de pourpre (Feuillet, Mariage monde, 1875, pp. 38-39).
2. En partic.
a) [Le suj. désigne une source lumineuse] Donner une coloration nouvelle. La lune luit sur le gazon, et teint au loin le flanc bleuâtre des collines (Nerval, Lorely, 1852, p. 45).La clarté rougeâtre et fumeuse d'une petite lampe de terre, qui teignait encore les objets atteints par elle (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 94).
[Le compl. prép. précise la coloration] La pleine lune semblait teindre en jaune le vieux bâtiment sombre (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Confess. femme, 1882, p. 801).Dès que le soleil décline, teignant de pourpre les eaux, elles [les bécasses] se hâtent vers la source prochaine (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 209).
Empl. pronom. à sens passif Je regarde l'avenue, le talus brûlé, se teindre des couleurs de l'aube (Colette, Entrave, 1913, p. 265).
b) [Le suj. désigne du sang] Couvrir, maculer. Qu'aperçois-je sur la bruyère? Hélas! deux guerriers teints de sang... La mort a fermé leur paupière; Le glaive est encor dans leur flanc (Baour-Lormian, Ossian, 1827, p. 116).
Au fig. Etre teint de sang, avoir les mains teintes de sang. Avoir ordonné ou commis des meurtres. Si ces mains (...) ne sont pas teintes d'un sang innocent, j'en remercie le hasard (Mérimée, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p. 111).L'exil (...) C'est la peine infligée à l'innocent, au juste, Et dont ce condamné, sous Tarquin, sous Auguste, Sous Bonaparte, rois et césars teints de sang, Meurt (Hugo, Année terr., 1872, p. 302).
C. − Au fig. Qqn teint qqc.1(de qqc.2).Imprégner, marquer d'un caractère, d'une manière d'être. Teignant votre nature aux mœurs de tous les hommes Voyageurs, vous irez comme d'errants flambeaux (Hugo, Rayons et ombres, 1840, p. 1060).Dans la perception sensible, nous réagissons pour teindre de notre caractère subjectif l'impression éprouvée (Blondel, Action, 1893, p. 214).
Empl. pronom. Comme les imaginations étoient remplies des chansons des troubadours et des aventures des croisades, les mœurs se teignirent de ces couleurs (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 4, 1831, p. 6).C'est surtout une riche nature morale [Sisgondi], sympathique, communicative, qui se teint des milieux où elle vit, qui emprunte et qui rend aussitôt (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 28).
Prononc. et Orth.: [tε:dʀ], (il) teint [tε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. (de tu teins, il teint, qu'il teigne, et aussi de teint adj. et subst.): tain, teigne, thym, formes de tenir. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 trans. « communiquer une couleur à quelque chose » jo la [ma bone espee] teindrai vermeille (Roland, éd. J. Bédier, 985); b) ca 1160 id. « soumettre quelque chose à l'action d'un colorant » (Enéas, 477 ds T.-L.); 1456-69 teint part. passé adj. drap ... teint en l'ayne (Maistre Pathelin, éd. J. Cl. Aubailly, 180); c) 1816 pronom. « être teint, prendre les colorants » (Thénard, Traité de chim., t. III, p. 319 ds Pougens ds Littré); 2. a) déb. xvies. trans. « marquer, imprégner d'un caractère, d'une manière d'être » (D'Aubigné, Les Tragiques, II, 218 ds Œuvres, éd. H. Wéber, p. 59); b) 1662 pronom. « se revêtir, se pénétrer de tel ou tel caractère » (Pascal, Pensées, fragm. 821, éd. L. Lafuma, p. 604); en partic. c) 1746 id. « prendre une teinture, une connaissance superficielle de quelque chose » nous teindre d'une infinité de connaissances (Vauvenargue, Réflexions et maximes, 269 ds Rob. 1985); 3. a) fin xviiies. trans. « parer d'une certaine teinte » (Buffon, Minéraux, VI, 197 ds IGLF); b) 1794 pronom. « prendre une certaine teinte, une coloration nouvelle » ici fig. (Chénier, Invention, p. 22: s'y teindre [dans les détours de ces âmes profondes], s'y tremper de leurs couleurs fécondes?); cf. 1814 id. au propre les rayons se teindre d'aurore et de pourpre (Bern. de St-P., Harm. nat., p. 104). Du lat. class. tingere « mouiller, tremper, imprégner » puis « teindre ». Fréq. abs. littér. Teindre: 213. Teint: 330. Fréq. rel. littér. Teindre: xixes.: a) 412, b) 356; xxes.: a) 247, b) 212. Teint: xixes.: a) 543, b) 555; xxes.: a) 523, b) 323.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·