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STÉRÉOTYPE, subst. masc.

STÉRÉOTYPE, subst. masc.
A. − IMPRIMERIE
1. [Souvent sous la forme abrégée stéréo] Cliché métallique en relief obtenu, à partir d'une composition en relief originale (caractères typographiques, gravure, photogravure, etc.), au moyen de flans qui prennent l'empreinte de la composition et dans lesquels on coule un alliage à base de plomb. Stéréo plan, courbe. Parmi les reproductions, il y a les stéréos et les galvanos (plats ou semi-cylindriques), les clichés plastiques (souples ou durs) (Comte-Pern.1974).Sur les rotatives de presse, deux stéréos sont nécessaires pour faire le tour du cylindre (...) chacun représente une page de journal (Impr.1977).
2. Vx. Ouvrage imprimé avec des stéréotypes. Je sais bien que la préface du petit stéréotype donné par Renouard est de M. Clavier (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 821).
Empl. adj. Édition stéréotype. Un Horace stéréotype que j'ai encore et dont les marges d'en bas portent encore les marques de l'assiduité avec laquelle je l'ai étudié (Michelet, Mémor., 1820-22, p. 189).J'avais avec moi une trentaine de volumes stéréotypes. L'idée de perfectionnement et de nouvelle invention me faisaient adorer ces volumes (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 469).
B. − P. anal. ou au fig.
1. PSYCHOL., SOCIOL. Idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d'agir. Synon. cliché.Stéréotypes véhiculés par les médias. L'analyse de contenu (...) est un exemple d'exploitation systématique et codifiée permettant un traitement statistique des données documentaires (livres, presse, radio, etc.), afin de mettre en évidence les stéréotypes, les modèles, les signes et les symboles, les valeurs, dont font usage tel public, telle classe sociale, tels groupes (Traité sociol.,1967,p. 142).Dans le racisme (...) le stéréotype possède les deux caractères d'économie (éviter de réfléchir) et de justification (je juge les Noirs ou les Arabes sales, paresseux et voleurs, parce que, par opposition, je me définis ainsi comme propre, travailleur et honnête) (Sociol.1970).
Empl. adj. [Dans le lang. cour.] Synon. stéréotypé (v. ce mot II A).J'étais confondu de l'entendre [un confesseur ] défiler son exhortation stéréotype, dont je ne parvenais pas à saisir le sens tellement les mots se précipitaient les uns sur les autres (Bloy, Journal, 1893, p. 80).
2. PSYCH. Geste, mouvement, paroles répétés de façon mécanique, sans participation de la volonté, et inadaptés à la situation. Si l'enfant turbulent peut être un pauvre être livré à d'inlassables stéréotypes (et c'est en ce sens que les psychiatres entendent d'ordinaire ce mot), il peut aussi être un enfant qui ne cesse d'entreprendre, de commencer sans achever, d'innover (Jeux et sports, 1967, p. 100).
3. LING., STYL. Association stable d'éléments, groupe de mots formant une unité devenue indécomposable, réemployée après avoir perdu toute expressivité et avec une fréquence anormale. Le stéréotype, c'est le mot répété, hors de toute magie, de tout enthousiasme, comme s'il était naturel, comme si par miracle ce mot qui revient était à chaque fois adéquat pour des raisons différentes, comme si imiter pouvait ne plus être senti comme une imitation: mot sans-gêne, qui prétend à la consistance et ignore sa propre insistance (R. Barthes, Le Plaisir du texte, 1973, p. 69).
C. − P. ext. Forme constante, modèle, patron. C'est en effet la règle pour tous les produits de l'industrie humaine aux temps historiques: il existe un stéréotype du couteau, de la hache, du char, de l'avion qui n'est pas seulement le produit d'une intelligence cohérente mais le produit de cette intelligence intégrée dans la matière et la fonction (A. Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, t. 1, 1964, p. 132-133 ds Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [steʀeɔtip]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1796 adj. « imprimé avec des caractères stéréotypés » (Journ. de Paris, no3, 3 vendémiaire an V, p. 12a ds Quem. DDL t. 14); 2. 1803 « cliché obtenu par coulage de plomb dans un flan ou une empreinte » (Boiste); 3. 1954 « opinion toute faite, formule figée, banale » (Marrou, Connaiss. hist., p. 164); 4. 1957 psychol. (Piéron). Formé des élém. stéréo-* et -type*.

STÉRÉOTYPER, verbe trans.

STÉRÉOTYPER, verbe trans.
A. − IMPR. ,,Clicher une composition en coulant sur le flan ou empreinte de cette composition, de la matière en fusion, pour en former une planche solide`` (Des.-Muller Impr. 1912).
B. − Au fig.
1. Rendre invariable et répéter de façon quasi-automatique. Stéréotyper des expressions. Dans leurs jeux, l'instabilité (...) est quelque peu compensée par la tendance à stéréotyper les gestes, à répéter les mêmes séquences sans se lasser (Jeux et sports, 1967, p. 79).
2. Fixer de façon immuable. L'auberge (...) avait pour maître un de ces gras et gros hommes (...) qui sont stéréotypés chez tous les romanciers (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 310).
Empl. pronom. réfl. Se figer. Désirs qui se sont stéréotypés. Ayant fait son œuvre, une noblesse nouvelle et une royauté nouvelle, elle [la bourgeoisie] perdit sa mobilité, se stéréotypa, et resta une classe, trop souvent ridicule (Michelet, Peuple, 1846, p. 147).Toute pensée aspire à se stéréotyper et à se poser comme éternelle (Renan, Avenir sc., 1890, p. 383).
REM.
Stéréotypeur, subst. masc. et adj.,impr. (Ouvrier) qui stéréotype. Les ouvriers stéréotypeurs (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 53).
Prononc. et Orth.: [steʀeɔtipe], (il) stéréotype [-tip]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1797 formats stéréotypés (Molard, Desc. mach. et proc., t. IV, p. 201, 26 déc. ds Brunot t. 9, 2, p. 1212); 2. a) 1832 phrase stéréotypée (C. Liadières, in Paris, ou le livre des Cent-et-un, VIII, p. 281 ds Quem. DDL à paraître); b) 1834 « rendre invariable, figé » (Balzac, Œuvres div., t. 2, p. 660); c) 1873 le stéréotypé« manière conventionnelle, figée, employée pour dire et faire chaque fois la même chose » (A. Daudet, Contes lundi, p. 272). Dér. de stéréotype*; dés. -er. Bbg. Quem. DDL t. 29 (s.v. se stéréotyper).

STÉRÉOTYPÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.

STÉRÉOTYPÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.
I. − Part. passé de stéréotyper*.
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une chose abstr.] Qui paraît sortir d'un moule, qui se présente sous une forme figée et dont la signification est réduite ou nulle. Jugement, propos, thème stéréotypé; formule, question, réponse stéréotypée. Vous savez, mon ami, l'horreur qu'a tout homme, dont le cœur et l'esprit sont un tant soit peu bien plantés, pour les sentiments serinés et les phrases stéréotypées (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 299).Un certain nombre de compositeurs contemporains cherchent (...) à échapper (...) (pour éviter les types d'effets orchestraux stéréotypés) au programme instrumental (...) traditionnel de concert (Arts et litt., 1935, p. 38-7).
En partic. [En parlant d'un comportement, d'un trait de caractère, d'une attitude, ...] Conduite, réaction stéréotypée; jeu stéréotypé d'un acteur; geste, sourire, voix stéréotypé(e). Clotilde avait sur sa bouche, excessivement rentrée, une expression de dédain stéréotypée (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 113).Tobie, son éléphant, que la nurse consentait (...) sans doute à cause de cette sentimentalité anglaise et stéréotypée qui était la sienne, à laisser encore passer la nuit auprès d'elle (Vialar, Clara, 1958, p. 7).
B. − [En parlant d'une pers.] Conforme à des stéréotypes (v. stéréotype B 1). Personnage stéréotypé. S'il y a des réactionnaires différents d'intentions et de principes, il n'y a qu'un libéral, toujours le même, stéréotypé inéducable et incorrigible (L. Daudet, Stup. XIXes., 1922, p. 63).L'extrémisme des communistes m'attirait davantage; mais je les soupçonnais d'être aussi dogmatiques et stéréotypés que des séminaristes (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 236).
III. − Subst. masc., rare. Manière figée, conventionnelle de dire ou de faire quelque chose. Les mêmes intonations, les mêmes gestes, et ce stéréotypé des traditions de famille qu'on se lègue (A. Daudet, Contes lundi, 1873, p. 272).
Prononc. et Orth.: [steʀeɔtipe]. Att. ds Ac. 1835, 1878. Fréq. abs. littér.: 63. Bbg. Quem. DDL t. 21, 29.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·