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SOURIRE1, verbe

SOURIRE1, verbe
A. − [Le suj. désigne une pers.] Prendre une expression légèrement rieuse, en esquissant un mouvement particulier des lèvres et des yeux. La belle et fraîche méridionale (...) montrait ses dents en souriant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, MmeParisse, 1886, p. 731).Manuel le regarda, et sourit. Quand il riait, c'était comme un enfant; mais il souriait d'un sourire qui abaissait les coins de sa bouche, et donnait un style amer à son menton lourd (Malraux, Espoir, 1937, p. 573).La fossette qui apparaissait quand elle souriait rendait son merci plus précieux (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 25).
SYNT. Sourire continuellement, discrètement, doucement, faiblement, largement; sourire à demi, à moitié, à peine, avec effort; sourire avec les yeux, des yeux, de toutes ses dents; ne jamais sourire; sourire pour un rien; sourire d'un sourire jeune, enfantin, d'un sourire d'enfant; parler, répondre en souriant.
[P. méton.;] [le suj. désigne les yeux, la bouche] Tes yeux me souriaient... et je marchais heureux sous le ciel constellé (Samain, Chariot, 1900, p. 108).Le châtain aux yeux pers, dix-sept ans, une bouche empourprée qui ne souriait qu'à nous et à quelques jolies filles (Colette, Sido, 1929, p. 129).
En partic. [Le suj. désigne une représentation artist.] Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour Qui (...) Souriait en bandant malignement son arc (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Fêtes gal., 1869, p. 95).
1. − [Dans un cont. positif ou mélioratif]
a) Empl. intrans.
α) [Le sourire, spontané, indique un sentiment réel de joie, de satisfaction, de sympathie, de reconnaissance]
[Suivi d'un adv.] Sourire affectueusement, agréablement, gentiment, malicieusement. Puis il lui sourit aimablement: − Voulez-vous entrer, Monsieur des Lourdines (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 103).
Sourire avec.Sourire avec bonté, complaisance, finesse, grâce, malice, modestie, pitié, tendresse; sourire avec un air de satisfaction. Il souriait avec douceur et d'un air content (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 193).[Les enfants] sourient avec confiance, ils n'ont pas peur (Frapié, Maternelle, 1904, p. 121).
Sourire de
Sourire d'aise, de bonheur, d'espoir. Il a été très sensible à tes félicitations. Il en souriait de plaisir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 246).
Sourire d'un air (d'une façon, d'une manière) amical(e), complice, engageant(e), entendu(e), exquis(e), gai(e), indulgent(e), rusé(e). La belle charcutière se pencha, sourit d'une façon amicale aux deux poissons rouges qui nageaient dans l'aquarium (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 667).La négresse sourit d'un air entendu (Benoit, Atlant., 1919, p. 230).
Sourire de l'air de qqn qui... Je souris de l'air de quelqu'un qui en sait plus long qu'il ne le dit (Proust, Prisonn., 1922, p. 335).
Expr. Sourire et pleurer, sourire en pleurant, au milieu des larmes, à travers ses larmes. Je tremble, je souris et je pleure à la fois. Dieu! que je suis heureuse! (Delavigne, Louis XI, iii, 8, p. 134):
1. La tante poussa un cri en se retournant: « Ô mes enfants! » dit-elle, et elle se mit à pleurer, puis sourit à travers ses larmes. − C'était l'image de sa jeunesse, − cruelle et charmante apparition! Nous nous assîmes auprès d'elle, attendris et presque graves, puis la gaieté nous revint bientôt... Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 607.
β) [Le sourire exprime un sentiment d'incrédulité ou de raillerie légère] Sourire d'un air amusé, incrédule. Oh! Il vous aimait... Là, permettez-moi de sourire!... Il faut être naïve pour croire à l'amour de M. Pinto! (Bourdet, Sexe faible, 1931, i, p. 309).
Sourire dans sa barbe. Sourire discrètement, sous cape, aux actes ou aux propos d'autrui. Mon grand-père souriait dans sa barbe quand je traînais ma maussaderie dans son bureau (Sartre, Mots, 1964, p. 138).
b) Empl. trans. indir. Sourire à
α) [Le compl. désigne une pers.] Témoigner de la sympathie, de l'affection, de l'intérêt à quelqu'un en lui montrant un visage souriant. La jeune femme reprit son chant triste et doux, puis baisa le petit enfant qui lui souriait en lui tendant ses bras (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 17).Voici la mercière qui, sur le pas de sa porte, nous sourit et nous salue... (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 61).Le (...) chef d'orchestre (...) agitait ses bras pris dans une chemise bouffante en souriant aux dames avec langueur (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 274).
Loc. fig. Sourire aux anges. Sourire distraitement et sans raison apparente. M. Chasle (...) piqué sur sa chaise (...) souriait aux anges et semblait attendre le coup de grâce (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1273).
β) Au fig. [Le compl. désigne une entité abstr.] Porter un regard favorable et bienveillant (sur). Pense, chaque matin, à la page du soir: Vieillard, tu souriras au livre de ta vie (Brizeux, Marie, 1840, p. 9).Je fais mon possible pour sourire à toute chose en me parlant à moi-même, pour me consoler de ce que j'entends [à Paris] (Sand, Corresp., t. 3, 1847, p. 367).
c) Empl. pronom.
α) réfl. Albert (...) debout devant la glace, se souriait avec un air de satisfaction qui n'avait rien d'équivoque (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 520).
β) réciproque. Tous deux restèrent sans pouvoir parler, se souriant l'un à l'autre (Flaub.,Éduc. sent., t. 2,1869,p. 277).Le ministre et l'académicien se rencontrent assez souvent dans des solennités dont la solennité ne les empêche pas de se sourire, − et dans ce sourire, chers camarades, croyez bien que le souvenir du vieux collège entre pour quelque chose (Valéry, Variété IV, 1938, p. 201).
2. [Dans un cont. nég. ou dépréc.]
a) [Le sourire indique une insatisfaction] Sourire amèrement, douloureusement; sourire avec angoisse, gravité, mélancolie; sourire d'un sourire triste. Il ne s'agit pas de moi, reprit-elle en souriant avec amertume (Balzac, Lys, 1836, p. 150).Ma mère sourit tristement: − Mon enfant, les hommes sont souvent sans courage et sans foi (France, Vie fleur, 1922, p. 381).
b) [Le sourire indique des sentiments d'inimitié ou d'antipathie] Sourire avec (d')un air de reproche, d'un air (d'un sourire) narquois; sourire avec méchanceté, mépris. Elle s'endormit en souriant de ce sourire que doit avoir le génie du mal lorsqu'il a résolu la perte d'une âme (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 259).On apprend même à sourire jaune à l'odieuse MlleRinquet (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 19).
c) [Le sourire est affecté ou contraint, cache une autre réalité] Sourire d'un air contraint, embarrassé, avec embarras; sourire poliment. Lui, souriait d'un air gêné, comme s'il avait fait là une proposition blessante (Zola, Assommoir, 1877, p. 491).Je me mis à sourire, un peu piqué, d'un sourire de commande (Gracq, Syrtes, 1951, p. 112).
3. Manifester, par un sourire moqueur, qu'on ne prend guère au sérieux les actes ou les propos de quelqu'un. Synon. s'amuser, se moquer (de).Mais je ne souriais pas pour me moquer! Je compatis à ta peine, Henriette... (Bernstein, Secret, 1913, ii, 3, p. 18).
a) Sourire de (d'une pers. ou de l'une de ses particularités).Il faut donc sourire de la prétention de certains savants (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 28).− Ne souris pas de moi, mon enfant. − Ô mère! Je reviens à vous très humble (Gide, Retour enfant prod., 1907, p. 483).
Sourire sur.Aujourd'hui les voilà qui sourient sur eux-mêmes, car la vérité leur est venue comme l'effacement d'une question (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 620).
b) Faire sourire, prêter à sourire. Provoquer, par une attitude, par un propos particulier une situation prêtant à la moquerie, à la raillerie légère. Un accent qui fait sourire. Un homme de lettres ne devrait jamais faire le héros parmi ses livres s'il ne veut donner, non pas à rire, mais à sourire, ce qui est encore plus fâcheux (Green, Journal, 1954, p. 258):
2. Je vais peut-être vous faire sourire, mais mon ignorance était telle que je me suis longtemps représenté le sexe féminin, non pas dans le sens vertical, mais dans le sens horizontal, comme la bouche. H. Bazin, Vipère, 1948, p. 243.
B. − P. métaph. ou au fig.
1. Empl. intrans.
a) Poét. ou littér.
α) [Le suj. désigne des phénomènes climatiques ou météor. (liés au temps ou aux saisons) particulièrement agréables] La lune, le soleil sourit; avril, un matin d'hiver, un dimanche d'été, la nouvelle année sourit; l'aube sourit; les soirs de juin sourient. Et la nouvelle année, à la suite brumeuse, Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse, Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant... (Rimbaud, Poés., 1871, p. 35).La terre était en fleurs; le ciel bleu souriait sur sa tête; la vie chantait dans son jeune sein (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 279).
β) [Le suj. désigne la nature, ou un élément naturel, notamment les premiers bourgeons et les premières fleurs] Les plantes, les roses sourient. La verdure commence à courir sur les rameaux, les abricotiers sourient sous leurs petites fleurs roses (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 51).Les arbres dont les bourgeons sourient déjà, et, demain, éclateront de rire (Renard, Journal, 1906, p. 1038).
γ) [Le suj. désigne un élément construit du paysage et dont l'aspect est agréable à la vue] Le vieux bourg (...) sourit sous ses pierrailles À ses monts familiers qui rêvent dans l'azur (Samain, Chariot, 1900, p. 25).Le palais (...) souriait au centre d'un jardin à la française (Toulet, Comme une fantaisie, 1918, p. 193).
Sourire à qqn.Il faisait enfin grand jour. Paris me souriait par tous ses magasins ouverts; l'Odéon lui-même prenait pour me saluer un air affable, et les blanches reines de marbre du jardin du Luxembourg (...) semblaient me faire gracieusement signe de la tête (A. Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 7).
b) P. plaisant. [Le suj. désigne un vêtement, des chaussures] Bâiller, être fendu à certains endroits comme l'est la bouche quand elle sourit. Les souliers crèvent, le pantalon sourit, le linge manque (Vallès, Réfract., 1865, p. 17).
2. Empl. trans. indir. [Le sujet désigne un abstr.] Sourire à
a) Convenir, être agréable, plaire à. Vous me demandez si cela me sourirait, de vous fournir de quoi faire votre édition à bon marché (Sand, Corresp., t. 3, 1850, p. 203).On leur mettra la camisole de force pour aller à l'institut les jours de séance. Cette idée me sourit (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 182).
b) Être favorable à. Vous êtes riche, titré, de noblesse ancienne; vous avez des talents, de l'avenir, tout vous sourit (Balzac, Adieu, 1830, p. 55).De ce côté du moins la chance lui souriait. Tant de jeunes gens du quartier étaient chaque semaine emmenés pour les Ardennes, ou même le front! (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 248).
Prononc. et Orth.: [suʀi:ʀ], (il) sourit [-ʀi]. Ac. 1694, 1718: sous-; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 surrire (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 373: l'uns a l'altre surrist); 1742 verbe réciproque (Crébillon fils, Le Sopha, 185: ils se sourioient d'une façon froide et contrainte); 1748 verbe réfl. (Diderot, Les Bijoux indiscrets, 161: Ariadné, placée devant son miroir, se sourit à elle-même); 2. 1174-77 sourire à qqc. (Renard, éd. M. Roques, br. III, 3983, p. 23: En sorïent as bacons dit); 3. 1636 « exprimer discrètement de l'ironie; se moquer » (J. Mairet, Les Galanteries du duc d'Osonne, p. 155); 4. 1675 en parlant d'une partie du visage (Mmede Villedière, Les Désordres de l'Amour, p. 156: sa bouche semble toujours sourire); 5. a) 1745 fig. avec comme suj. un nom de chose « présenter un aspect agréable » (F. d'Arnaud, Les Époux malheureux, p. 52: Il ne voit aucun obstacle; l'avenir lui sourit toujours); b) 1779 id. « resplendir » (J. Roucher, Les Mois, poème en 12 chants, t. 2, p. 77: côteaux escarpés où l'automne sourit). Du lat. pop. *subrι ̄dĕre, altér. du lat. subrι ̄dēre « sourire », dér. de ridēre « rire »; préf. sub-* marquant l'atténuation. Bbg. Quem. DDL t. 10.

SOURIS1, subst. masc.

SOURIS1, subst. masc.
Synon. vieilli ou poét. de sourire2.
A. − [Corresp. à sourire2A 1 b et 2]
1. [Dans un cont. positif ou mélioratif] Doux, fin, frais, léger, petit souris; souris agréable, caressant, gracieux; le premier souris; le souris d'une mère; faire un/des souris. D'un regard exigeant [il] me presse, m'interroge; Quête un souris, sollicite un éloge (Delille,Convers., 1812, pp. 297-298).Faut-il perdre si tôt, enlevé par le temps, Le souris d'une épouse, et les fleurs du printemps? (Fontanes, Œuvres, t. 1, Poés. div., 1821, p. 380).
2. [Dans un cont. nég. ou dépréc.] Souris amer, dédaigneux. Et la critique, habile à torturer vos cœurs, N'a pour vous que silence ou que souris moqueurs (Pommier,Crâneries, 1842, p. 6).Lui se contentait de répondre avec un mauvais souris (Toulet,Comme une fantaisie, 1918, p. 211).Sur tes lèvres pourquoi ce souris tortueux? (Toulet,Vers inéd., 1920, p. 191).
[P. méton.] Son œil si morose s'allume Et sa lèvre, aux souris pervers, S'agace aux barbes de la plume Qu'il a pour écrire ces vers (Verlaine,Poèmes div., 1896, p. 794).
B. −
1. [Corresp. à sourire2B 1 a] Le souris du matin. [Le] soleil levé dans son plus frais souris (Sainte-Beuve,Pens. août, 1837, p. 389).
2. [Corresp. à sourire2B 2 a] Un souris de l'amour est plus doux à vingt ans; Mais à trente ans la gloire est plus douce peut-être (Fontanes, Œuvres, t. 1, Poés. div., 1821, p. 413).
Prononc. et Orth.: [suʀi]. Ac. 1694, 1718: sous-; dep. 1740: sou-. Étymol. et Hist. Ca 1480 soubzris (Guillaume Coquillart, Le Monologue Coquillart, 460, éd. M. J. Freeman, p. 298); 1556 souris (Ronsard, Nouvelle Continuation des Amours, éd. P. Laumonier, t. 7, vers 2). Dér. de sourire1*, d'apr. ris*.

SOURIS2, subst. fém.

SOURIS2, subst. fém.
I.
A. − ZOOLOGIE
1. Souris (commune). Petit mammifère rongeur omnivore de la famille des Muridés dont l'espèce commune ou souris domestique (mus musculus) mesure de 8 à 10 cm, possède un pelage gris, une longue queue, de grandes moustaches, un museau pointu, et peut, par ses facultés extrêmes d'adaptation et de reproduction, causer de nombreux dégâts dans les habitations, etc. La souris grignote, ronge; souris grise, mâle, femelle; le chat/le rat et la souris; nid, portée de souris; bruit, grattement, grignotement, trot, trottinement de souris. Le bon Dieu, ayant fait la souris, a dit: Tiens, j'ai fait une bêtise. Et il a fait le chat. Le chat c'est l'erratum de la souris (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 418).La bête attrapée se sauve; il la rattrape, après l'avoir laissée aller; il lui laisse de l'avance, la souris se croit sauvée; en deux bonds, il est dessus; puis la lâche encore, se détourne, fait semblant de ne plus la voir, de l'avoir oubliée. La souris fait dix pas, elle est reprise (Goncourt,Journal, 1862, p. 1137).
Souris blanche. Variété albinos de souris domestique utilisée comme animal de compagnie ou de laboratoire. Il aperçut, en relevant la tête, une petite souris blanche qui sortait d'un trou (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 85):
1. ... à la porte de la Pépinière, il y avait un homme qui vendait des souris blanches. − En veux-tu une? − me demanda brusquement le maréchal. Et comme, intimidée par l'œil angoissé de Grand-père qui apercevait déjà l'accueil que nous recevrions en rentrant avec une souris, je n'osais pas accepter, il reprit, bourru et sympathique: − Allons!... voyons!... Décide-toi... Oui... C'est oui, n'est-ce pas?... Gyp,Souv. pte fille, 1927, p. 111.
[P. compar. avec l'aspect physique ou les habitudes de la souris] Une mine, un museau de souris; des yeux, des oreilles de souris. [M. Bergeret] trottait avec une agilité de souris surprise dans des démolitions (France,Anneau améth., 1899, p. 5).Elle pousse des petits cris de souris prise dans une porte et ferme à demi les yeux pâmés (Colette,Cl. école, 1900, p. 279).Dans l'entre-baîllement de la porte, Louise passe sa tête de souris (Courteline,Linottes, 1912, ix, p. 133).
2. P. ext. [Souvent suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
a) [N. donné à des espèces non domestiques voisines de la souris commune et présentes sur les cinq continents] Souris agraire ou souris des champs; souris bananière d'Amérique, souris épineuse (Afrique, Asie); souris naine ou souris des moissons (Europe et nord de l'Asie); souris rayée (Afrique); souris à queue blanche (Afrique); souris à pattes blanches (Canada, États-Unis); souris des bois (synon. mulot). Plusieurs petits terriers creusés dans la neige par la souris arctique (Bellot,Voy. mers polaires, 1863, p. 268).Les Zapodinae, ou Souris sauteuses, ont également une alimentation mixte (Zool., t. 4, 1974, p. 1012 [Encyclop. de la Pléiade]).
b) [N. donné à de petits marsupiaux ressemblant un peu à une souris] Souris marsupiale; souris volante (synon. acrobate, v. ce mot II). Le Tarsipède rostré ou Souris à miel (...) a un long museau mince et une longue langue extensible (M. Burton,Encyclop. du monde animal, trad. par B. Heuvelmans, t. 6, 1984, p. 17).
c) Souris chauve ou souris chaude (var. berr.). Synon. moins usité de chauve-souris (v. ce mot rem. 1).Eustache (...) rencontra une petite porte au centre de laquelle une souris chauve était clouée (Nerval,Nouv. et fantais., 1855, p. 216).
B. − P. métaph. Personne qui, par son comportement, son allure, sa petite taille, fait penser à une souris. Le vicaire général Valette, cette souris timide qui ne sort pas de son trou si je me montre, a osé dire à l'archiprêtre Rupert: − « (...) M. Jourfier n'a pas encore remplacé Pie IX! » (Fabre,Lucifer, 1884, p. 228).Ah! si tu m'avais connue il y a seize ans, quand je suis entrée dans la classe préparatoire! Une vraie petite souris rousse (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p. 977).
[Dans un cont. développant les rapports de force entre le chat et la souris] Tu jouis d'abord de la rigolade, bon! Et puis un jour, c'est la rigolade qui jouit de toi. De chat, te voilà devenu souris, tu te rends compte? (Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 1439):
2. En amour, l'homme est la souris Pour qui toute femme est la chatte. Le sot ne voit pas l'ongle gris Sous le doux velours de la patte. Rollinat,Névroses, 1883, p. 119.
[P. réf. à rat de bibliothèque*] Souris de bibliothèque. Vous savez bien que j'en sais plus que n'en exige le programme, sur les bouquins de littérature. Je suis souris dans la bibliothèque de papa (Colette,Cl. école, 1900, p. 230).
C. − Expr. et loc. fig.
1. Se cacher/entrer/ se mettre dans un trou de souris. Être dans une situation de gêne, d'embarras telle que l'on aimerait disparaître de la vue d'autrui. Il l'aurait virée dans la cage... Il se serait mis dans un trou de souris (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 240).
Var. Il n'y a pas de trou de souris assez petit pour se/me cacher. Voir Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 218.
2. Souris qui n'a qu'un trou est bientôt prise. (Dict. xixeet xxes.). C'est le nid d'une souris dans l'oreille d'un chat. C'est une chose impossible (Dict. xixeet xxes.). Jouer au chat et à la souris. V. chat1II A 6.Le jeu du chat et de la souris. V. chat1III B 3 c.Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. V. chat1II B 3.
3. C'est la montagne qui accouche d'une souris. V. montagne I D 1.
P. anal. [Avec invers. des termes] Et de quelle cause est sorti tout ce mal? Ah! ici la souris accouche d'une montagne (M. de Guérin,Corresp., 1837, p. 271).
4. Arg., pop. Faire la souris.
a) Chatouiller (quelqu'un) (d'apr. France 1907).
b) Faire des caresses. Ma môme me fait la souris toute la journée (Virmaitre,Dict. arg. fin-de-s., Suppl., 1899, p. 166).
D. − Couleur (gris) (de) souris, gris de souris, gris(-)souris. Couleur gris argent semblable au pelage de la souris commune. Le papier de tenture, gris de souris, bordé de rose, annonçait par des teintes fuligineuses le séjour malsain de quelques fumeurs (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 310).On n'en finit pas de définir la nuance exacte de ce ripolin, intermédiaire entre tous les gris. Gris-perle est trop clair. Gris-souris, trop foncé (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 31).
P. ell.
Empl. subst. masc. Jersey pure laine, (...) en Noir, Souris, Raton, Vert lichen (Le Figaro, 22 nov. 1951, p. 5, col. 7 et 8).
En appos. Cheval souris. Cheval dont la robe est gris cendré (Dict. xixeet xxes.).
II. − P. anal.
A. − [À propos d'une femme]
1. Argot
a) Femme légère, prostituée. Souris ravageuse; souris de rempart. [Les policiers] étaient obligés de se rabattre sur les souris et les putes (Le Breton,Razzia, 1954, p. 23).
b) Souris (d'hôtel). [Corresp. à l'empl. masc. de rat* d'hôtel] Femme s'introduisant dans un endroit public pour y repérer les lieux et les objets à y voler. La souris opère d'une autre façon. Le jour, elle s'introduit dans les boutiques momentanément abandonnées, se faufile près du comptoir et (...) barbote (Hogier-Grison,Monde où l'on vole, 1887, p. 237).
c) HIST., pop., fam. Souris grise. Femme soldat de l'armée allemande pendant la guerre de 1939-1945, surnommée ainsi en raison de son uniforme gris. C'était Gretel, une « souris grise », comme on les appelait à cause de leur uniforme (Vialar,Dansons, 1950, p. 174).
2. Arg., pop. Synon. nana.
a) Jeune femme. Une chouette souris. L'homme étant, comme chacun sait, l'animal qui secrète l'amour, je me suis mis à aimer cette souris (Malraux,Espoir, 1937, p. 626).Cette souris, c'est sa frangine. Elle a l'air gironde (Fallet,Banl. Sud-Est, 1947, p. 67).
b) [Gén. précédé d'un poss.] Bonne amie, maîtresse, concubine. Chaudrut lui répondait invariablement (...): c'est ma souris qui me mange tout, je suis un pauvre vieillard (Huysmans,Sœurs Vatard, 1879, p. 289).Elle est drôlement roulée, sa souris, et elle n'a pas dix-huit ans (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 177).
B. − Arg., vieilli. Baiser furtif sur l'œil. Tu verras que t'auras pas à t'en repentir... Je te ferais plutôt une souris (Vidocq,Mém., t. 3, 1828-29, p. 192).Dès qu'elle rentrait, il la visitait, il la regardait bien en face, pour deviner si elle ne rapportait pas une souris sur l'œil, un de ces petits baisers qui se fourrent là sans bruit. Il la flairait, la retournait (Zola,Assommoir, 1877, p. 722).
C. − SC. ET TECHN., p. anal. (de forme, de couleur avec la souris ou avec une partie ou une particularité de la souris)
1. BOTANIQUE
a) Oreille de souris. Synon. pop. de myosotis, piloselle.L'herbe à bouillon, le pois sauvage, l'oreille de souris, l'oignon, l'ail, le panais sauvage (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p. 173).
b) Queue de souris. Espèce de Renonculacée (myosorus minimus). Une renonculacée est appelée populairement queue de souris; c'est aussi le nom que lui ont donné les paysans dans une grande partie de l'Europe (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p. 197).
2. DÉFENSE. Pas de souris. ,,Escaliers étroits qui font communiquer les différents ouvrages d'une fortification`` (Mots rares 1965).
3. ÉLECTRON., INFORMAT.
a) Souris (électrique, électronique, automatique), micro-souris. Petit robot électrique ou électronique autonome doté d'une intelligence artificielle et capable de reconnaître un environnement donné. La course des souris électroniques à travers les labyrinthes, c'est bien plus qu'un jeu: un exercice pour ingénieurs et étudiants fous d'informatique (L'Express, 29 mai 1981, p. 136):
3. ... [Shannon] a mis au point tout récemment la « souris automatique » qui « apprend » un labyrinthe. Elle le parcourt d'abord en tâtonnant, et n'arrive au but qu'après beaucoup d'essais et d'erreurs. Mais comme l'appareil est doué d'une mémoire, si l'on replace ensuite la souris électrique au point de départ, elle arrive au but sans erreur. Ruyer,Cybern., 1954, p. 77.
b) Périphérique d'entrée relié à l'ordinateur par un cordon et permettant, en guidant le déplacement du curseur sur l'écran, de sélectionner une commande ou une option, sans passer par le clavier de l'ordinateur. Après les « puces », voici les « souris ». Le MacIntosh, nouvel ordinateur domestique lancé par Apple, possédera une « souris », petit périphérique permettant de visualiser sur l'écran les fonctions à réaliser (L'Express, 27 janv. 1984, p. 41, col. 3).
4. MÉDECINE
a) Souris articulaire. ,,Petit fragment osseux ou cartilagineux, flottant librement dans une cavité articulaire et fuyant sous les doigts à la palpation`` (Man.-Man. Méd. 1977).
b) Mouvement convulsif et involontaire de l'œil qui affecte la paupière et parfois même l'iris. (Dict. xixeet xxes.).
5. TECHNOL. Dents de souris. Entaillures très fines sur une pièce mécanique ou un instrument spécial. Pince longuette à dents de souris, de 20 cent., du Dr Cathelin (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p. 54).
6. TYPOGR. On appelle souris un morceau de plomb suspendu à une ficelle et qui pend sur le papier pour l'empêcher de glisser dans les pinces du cylindre. (E. Chautard) (Coston,A.B.C. journ., 1952, p. 199).
7. ZOOLOGIE
a) ANAT., BOUCH., ART CULIN. [Chez le mouton] Muscle charnu situé à l'extrémité du gigot près de la jointure. (Dict. xxes.).
b) Synon. de aphrodite (v. ce mot II). (Ds Quillet 1965).
c) ICHTYOL. Souris (de mer). [Dénom. pop. de différents poissons, notamment la baliste (v. baliste2), la baudroie et l'aspidophore (v. aspid(o)-)] Aspidophore armé (...) appelé aussi Souris de mer (Coupin,Animaux de nos pays, 1909, p. 193).
Prononc. et Orth.: [suʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1175 soriz « petit mammifère rongeur » (Benoît, Ducs de Normandie, 13479 ds T.-L.); ca 1200 (Lai d'Ignauré, éd. R. Lejeune, 371, 73: soris ki n'a c'un trau poi dure); b) p. ext. α) 1562 souris terrestre « espèce de musaraigne qui habite les environs des lieux humides » (Du Pinet, L'Histoire du Monde, 2, 505 d'apr. FEW t. 12, p. 113a); 1812 souris d'eau (Mozin-Biber); β) 1576 blanches souris (De Baïf, Mimes, fol. 42 ds Le Roux de Lincy, Proverbes fr., t. 1, p. 202); γ) 1723 souris de Moscovie « martre zibeline » (Savary); δ) 1753-67 souris de terre « petit mulot » (Buffon, Hist. nat. quadrupèdes, t. 2, p. 283); ε) 1765 souris d'Amérique « petite espèce de sarigue » (Encyclop.); ζ) 1768 souris de montagne « lemming » (Valm.); c) 1777 souris de mer « nom courant de divers poissons osseux » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches mar., t. 3, p. 114); 2. loc. compar. et fig. 1640 on entendroit une souris trotter (Oudin Curiositez); id. il est esveillé comme une potée de souris (ibid., s.v. potée). B. 1. a) xiiies. anat. soris de le gambe (Jean de Garlande, Jahrbuch, VI, 288); b) 1690 (Fur.: Les Medecins appellent souri, l'espace qui est dans la main entre le pouce et l'indice, qu'ils appellent aussi thenar); c) 1958 souris articulaire (Garnier-Del.); 2. 1690 « l'un des cartilages des naseaux du cheval » (Fur.); 3. 1694 « muscle charnu à l'extrémité du gigot » (Ac.). C. 1689, 24 déc. « nœud de ruban mis dans la coiffure des femmes » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. 3, p. 789). D. 1. 1690 terme de fortif. pas de la souri (Fur.); 2. 1933 « outil utilisé pour calibrer les trous obtenus par alésage » (Lar. 20e); 3. 1964 pyrotechnie (Lar. encyclop.). E. 1. a) 1611 souris du palais « avocat » (Cotgr.); b) 1880 souris d'une bibliothèque (Hugo, Âne, p. 281); 2. a) 1640 faire la souris « voler adroitement » (Oudin Curiositez); b) 1907 souris d'hôtel (Lar. pour tous); 3. a) 1833 souris de rempart « fille à soldats » (Vidal, Delmart, Caserne, p. 197); b) 1905 « femme légère » (d'apr. Esn. 1966); c) 1938 fam. « jeune fille, jeune femme » (ibid.); 4. 1940-44 souris grise « auxiliaire féminine des troupes d'occupation allemande » (ibid.); 1950 (Vialar, Dansons, p. 174). Du lat. pop. *soricem, acc. de *sōrι ̄x, altér. du lat. class. sōrex, sorĭcis « souris ».
STAT. Souris1 et 2. Fréq. abs. littér.: 698. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 782, b) 1 000; xxes.: a) 1 194, c) 1 042.
DÉR.
Souricier, subst. masc.Animal qui chasse et mange les souris. Le hérisson, ce souricier inconnu, est jeté à l'eau (Journ. offic., 8 oct. 1872, p. 6300, col. 2 ds Littré Suppl. 1877).En appos. avec valeur d'adj. Un chat souricier. (Dict. xixeet xxes.). [suʀisje]. 1reattest. 1611 (Cotgr.), absent de la lexicogr. jusqu'à Littré; de souris2, suff. -ier*.
BBG. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 229. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 670. − Quem. DDL t. 2, 13, 16, 18, 21, 28 (s.v. oreille de souris).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·