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RATE, subst. fém.

RATE, subst. fém.
ANAT. Organe lymphoïde volumineux, situé dans l'abdomen, sous le diaphragme gauche, constitué d'une pulpe rouge formée de sinus gorgés de sang (d'apr. Man.-Man. Méd. 1977). Grosse rate; ablation, obstruction, lésion de la rate; rate hypertrophiée. La greffe de la rate, par exemple, se réalise avec un pourcentage considérable de réussites (Cuénot, J. Rostand,Introd. génét., 1936, p. 79).
Loc. verb. fig., pop., fam. Décharger sa rate. Faire éclater sa colère, sa mauvaise humeur. (Dict. xixeet xxes.). Dilater sa rate, se dilater la rate. V. dilater B 2.(Ne pas) se fouler la rate. (Ne pas) se fatiguer. Pourquoi se fouler la rate pour si peu! (Baudel., Art romant., 1846, p. 385).
Prononc. et Orth.: [ʀat]. Homon. et homogr. rate (rem. s.v. rat) et formes de rater. Att. ds Ac. dep. 1694). Étymol. et Hist. 1. [xes. lat. médiév. rata anat. (De corporis humani partibus, ms. B.N., lat. 6810, f o48 ds R. Philol. Litt. Hist. anc., 3esérie, t. 44, 1970, p. 100: lien, quam rustici ratam vocant)] xiies. (Gloss. Tours, 329 ds T.-L.); 2. a) 1652 dilater, épanouir, etc. la rate « faire rire » (Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarral, IV, 5 ds Littré, s.v. épanouir: pour lui faire épanouir la rate); b) 1808 se fouler la rate « faire des efforts » (Hautel); c) 1842 ne pas se fouler* la rate. Orig. incertaine. L'hyp., proposée par Diez et reprise avec réticence par le FEW t. 16, pp. 673-674, d'un empr. au m. néerl. rate « rayon de miel », qui se serait fait en raison d'une certaine ressemblance de l'intérieur de la rate avec un rayon de miel, se heurte au fait que le mot néerl. ne signifie jamais « rate » et que le mot fr. ne signifie jamais « rayon de miel »: le changement de sens aurait donc dû se faire au moment même de l'empr. Fréq. abs. littér.: 159. Bbg. Quem. DDL t. 17.

RATER, verbe

RATER, verbe
I. − Empl. intrans. Qqc. rate
A. − [Le suj. désigne une arme à feu, une charge explosive, une détonation] Ne pas partir, ne pas avoir lieu. Synon. louper (fam.), foirer (pop.).Louis tire à la fois avec les deux pistolets. Les deux coups ratent (Claudel,Pain dur,1918, ii, 3, p. 455):
1. Les pièces pyrotechniques envoyées à l'adresse du sieur Tuvache avaient, par excès de précaution, été enfermées dans sa cave; aussi la poudre humide ne s'enflammait guère, et le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement. Flaub.,MmeBovary, t. 1, 1857, p. 174.
B. − Au fig., fam. [Le suj. désigne une réalité abstr.] Ne pas réussir, ne pas obtenir le résultat souhaité. Synon. avorter, échouer, foirer (pop.), louper (fam.).Affaire, entreprise, projet qui rate. C'est bien là (...) la grande péripétie de la vie de Cromwell. C'est le moment où (...) pour employer une vulgarité énergique, sa destinée rate (Hugo,Préf. Cromwell,1827, p. 39).
[Empl. dans des tours impers.]
C'est raté, p. ell. raté (!). « Eh bien? » cria Jenny (...). − « Raté », fit Daniel sèchement (...). Nicole eut un sourire malicieux: − « Complètement raté! » répétait-elle (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 804).Ce n'est rien. L'os n'est pas touché. Et la balle est ressortie. Allons, c'est raté! (Malraux,Conquér.,1928, p. 141).
Ça ne rate pas/jamais, ça n'a pas raté. C'est, c'était prévisible, inévitable. Cet excellent homme se trompe toujours en rendant la monnaie. Avec des clients comme moi, ça ne rate pas (Bloy,Journal,1904, p. 208).Je me disais: il a encore inventé quelque chose. Eh bien! ça n'a pas raté (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 256).
II. − Empl. trans. Qqn rate qqc., qqn.Synon. fam. louper.
A. − [Le suj. désigne un tireur, un chasseur] Manquer (la cible, la proie) en raison du mauvais fonctionnement de l'arme, ou par maladresse. Rater un faisan, un lièvre. Raté plusieurs coups de fusil, ce qui m'enlève beaucoup de mon assurance. D'avoir réussi mes premiers coups, m'avait rempli de superbe. Je ne visais déjà plus (Gide,Voy. Congo,1927, p. 753).Il s'est réellement suicidé à côté de moi, il y a quelques jours (...) après avoir vidé son chargeur sur les gardes mobiles qui couraient sur nous et les avoir tous ratés (Abellio,Pacifiques,1946, p. 29).
En partic., empl. pronom. réfl. Ne pas réussir son suicide (avec une arme à feu ou par un autre moyen). Ils délibérèrent sur le genre de mort. Le poison fait souffrir. Pour s'égorger, il faut trop de courage. Avec l'asphyxie, on se rate souvent (Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 108).Avec du véronal, aucune chance que j'en revienne. − Pourquoi pas un bon coup de revolver? (...) avec un revolver, l'arme se redresse, et on risque de se rater (Montherl.,Pitié femmes,1936, p. 1180).
B. − P. anal. ou au fig., fam.
1. Rater qqc.
a) Ne pas atteindre, ne pas obtenir ce que l'on visait; ne pas saisir une occasion.
[Le compl. désigne une chose concr., une réalité tangible] Un jour, au tennis, chez les Dubreuil... Tu me regardais tout le temps... Tu ratais toutes les balles (H. Bataille, Maman Colibri,1904, i, 12, p. 11).Les Anglaises que l'on rencontre à Saint-Moritz prétendent qu'elles s'y trouvent par erreur, ayant raté le train de Malte (Morand,Londres,1933, p. 76).
[Le compl. désigne une réalité abstr.] Synon. manquer.Rater une affaire, son effet. Il ratera son élection. Eh! bien, tant mieux: il sera déplacé et nous en serons délivrés (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 121).Si draconien soit-il, un règlement trouve toujours des accommodements. Notre mère, qui avait raté sa vocation de surveillante pour centrale de femmes, se chargea de veiller à sa plus stricte application (H. Bazin, Vipère,1948, p. 51).
Locutions
Rater le coche. V. coche2.
Rater son coup*.
Ne pas (ne jamais) rater une (l')occasion de (+ verbe inf.). Ne pas laisser échapper la possibilité de. Cet universel brochurier (...) ne rate jamais l'occasion de se faire un peu de réclame (Bloy,Journal,1892, p. 24).Edmond, lui, n'était pas un compagnon pour son jeune frère (...) il ne rate pas une occasion de l'humilier, parce qu'il n'est pas fort (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 51).Ne pas en rater une (pop.). Accumuler les impairs, les gaffes. C'est le plus haut devoir des poètes, pendant les heures tragiques que nous traversons, déclara le professeur Bestombes, qui n'en ratait pas une, de nous redonner le goût de l'épopée (Céline,Voyage,1932, p. 124).
b) Ne pas réussir. Rater une robe, une sauce, un tableau; rater un examen. Il suait de peur à l'idée qu'il pouvait le rater, son bouquin (Martin du G.,Thib., Sorell., 1928, p. 1235).− Tu arrives en plein drame! me dit-elle gaiement. La mayonnaise est ratée! − Bonjour, dit Lambert d'un air sombre. Oui, elle est ratée, moi qui ne les rate jamais! − Je te dis que ça peut se reprendre, continue, dit Nadine (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 214).
En partic. Rater sa carrière, sa vie. Ne pas réussir comme on pouvait l'espérer. Certes, sa vie était ratée, tout à fait ratée. Pourtant il avait aimé, lui (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Regret, 1883, p. 904):
2. Barrès a raté sa carrière. Il a beaucoup de charme, mais pas grande valeur. S'il avait su quelle était sa séduction, il ne se serait peut-être pas lancé dans des affirmations qui en comportent si peu. C'est pourtant lui qui fait les meilleurs articles dans le genre dit: nationaliste, mais encore faut-il les choisir. Gide,Corresp. [avec Valéry], 1899, p. 348.
2.
a) Rater qqn.Ne pas réussir à joindre, à rencontrer quelqu'un. Je vous attends demain vers 10 heures, et pour vous je rate la mère Viardot. Voilà un sacrifice! (Flaub.,Corresp.,1873, p. 81).J'ai raté l'abbé Chevance d'un rien, d'un cheveu, Mmed'Arpenans a failli me le faire rencontrer chez votre ami Tissier (Bernanos,Joie,1929, p. 644).
b) Ne pas rater qqn.Régler son compte à quelqu'un en usant parfois de violences verbales ou physiques; lui répondre de façon imparable. Gêné, il cherche à faire l'aimable, mais en voilà un qui ne me ratera pas, dans quatre ans (Renard,Journal,1904, p. 916).Ah! ces deux dégoûtants-là, je vous promets que s'ils me tombent sous la main, je ne les raterai pas (Aymé,Mouche,1957, p. 205).
REM.
Rateur, subst. masc.,hapax. S'il est un rateur et un raté de l'esprit, c'est bien lui [A. Daudet] (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 121).
Prononc. et Orth.: [ʀate], (il) rate [ʀat]. Homon. et homogr. rate (organe) et rate (fém. de rat). Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1715 verbe trans. « ne pas réussir (une entreprise) » (Lesage, Gil Blas, éd. M. Bardon, p. 158); b) verbe trans. 1718 « ne pas mener à bien une tâche » (Ac.); 2. a) verbe intrans. 1718 « ne pas faire feu, en parlant d'une arme » (ibid.); b) 1722 « échouer » (Marivaux, Le Spectateur français, 117); 3. a) 1833 rater son coup (Borel, Champavert, p. 350); b) 1873 rater qqn « ne pas le rencontrer » (Flaub., Corresp., p. 81); c) 1904 ne pas rater qqn (Renard, loc. cit.); d) 1929 ne pas en rater une (L. Daudet, Cœur brûlé, p. 82); 4. a) 1867 part. passé subst. sing. « personne qui n'a pas réussi dans sa carrière » (Goncourt, Man. Salomon, p. 138); b) 1890 part. passé subst. plur. « bruit anormal d'un moteur à explosion » (E. Delamare-Debouteville, Moteur à air dilaté, 5 ds Quem. DDL t. 6). Dér. de l'expr. prendre un rat (v. rat); dés. -er. Fréq. abs. littér.: 356. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 199, b) 483; xxes.: a) 621, b) 705.

RATÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

RATÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de rater*.
II. − Adj. et subst., fam. (Personne) qui a raté sa carrière, sa vie. Comédienne ratée; poète raté. Je suis une espèce de grand homme raté, je le sais mieux que personne (Bloy,Femme pauvre,1897, p. 125).Qu'est-ce qu'il est, ce Valdemar? Un raté, un fou, un malade. Oui, c'est surtout cela. Un neurasthénique! (Duhamel,Terre promise,1934, p. 60):
1. Un artiste et un artiste insatisfait, un peintre raté pour tout dire, fait payer cher à l'Europe son insuffisance. Parmi les maîtres du monde, les plus redoutables appartiennent à cette espèce: un Néron, un Robespierre sculptent dans la chair des hommes une œuvre qui aurait pu n'être pas sanglante. Mauriac,Journal 3,1940, p. 288.
III. − Subst. masc.
A. − [À propos d'une arme à feu, d'une charge explosive] Coup qui n'est pas parti, explosion qui ne s'est pas produite. Il fit un écart pour éviter l'énorme bête, l'évita, prit du champ, épaula de nouveau son fusil, appuya sur la gâchette... Tac! un raté (Maran,Batouala,1925, p. 164).Avec la poudre, lorsqu'on a des ratés ou des longs feux, on doit attendre au moins une demi-heure avant de revenir auprès de la mine (Bourde,Trav. publ.,1928, p. 110).
B. − [À propos d'un moteur à explosion, dans une automobile notamment] Légère détonation qui révèle le fonctionnement défectueux de l'allumage. Il y eut au dehors trois ou quatre ratés qui claquèrent comme des coups de feu. Puis un gros moteur endormi tourna (Van der Meersch,Empreinte dieu,1936, p. 73).Par suite d'usure, d'échauffement exagéré ou de toute autre raison, l'étanchéité des chambres de compression n'est plus assurée, le moteur a des « ratés », ne « tire plus » (Chapelain,Techn. automob.,1956, p. 35).
1. P. anal. Mauvais fonctionnement d'un organe du corps humain. Vous ne savez pas qu'avec une pareille fièvre nous sommes à la merci d'un raté cardiaque (Bernanos,Crime,1935, p. 840).Sa voix était saccadée, avec des ratés comme un moteur (Montherl.,Démon bien,1937, p. 1360).
2. Au fig. Difficulté ou impossibilité de mener à bien un processus, un programme fixé. Synon. défaillance.Les images apparaissent aux arrêts et aux ratés de la lecture. Le reste du temps, quand le lecteur est bien pris, il n'y a pas d'image mentale (Sartre,Imaginaire,1940, p. 86):
2. On voit (...) apparaître toute la distance entre le péché et la faute; la faute, certes, est liée à notre existence personnelle, je ne puis la renier comme mienne, mais elle est plutôt, comme son nom le suggère, une défaillance de mon être, un raté de mon existence, tandis que le péché apparaît comme dimension de mon existence. Philos., Relig., 1957, p. 38-16.
C. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il y a des délicats en art, des raffinés, des prétentieux, des pointus qui n'aiment que le raté ou le lâché en art (Goncourt,Journal,1862, p. 1016).
Prononc. et Orth.: [ʀate]. Att. ds Ac. 1798-1878. Fréq. abs. littér.: 454. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4, b) 365; xxes.: a) 1 067, b) 1 089. Bbg. Quem. DDL t. 6.

Rate, subst. fém.

Rate, subst. fém.Femelle du rat. Rate musquée (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 291).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·