a) Qualité de celui, de celle qui est hardi(e) (cf. hardi I A 1a). Démétrius (...)se mit en bataille dans une plaine découverte, avec une hardiesse qui, si elle ne dénotait pas une ignorance complète de l'art de la guerre, semblait témoigner de sa part la certitude de la victoire (Mérimée, Faux Démétrius,1853, p. 110).Mademoiselle Laheyrard s'arrêta brusquement. Elle ne retrouvait plus sa hardiesse accoutumée, elle était pâle et agitait son éventail d'une façon nerveuse (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 84).Il n'est pas de geôle qui vaille devant un propos de fuite obstiné, pas de barrière ou de fossé que hardiesse et résolution ne franchissent (Gide, Thésée,1946, p. 1432) :1. Dix fois au moins, enhardi par ma hardiesse même, je me mis en devoir d'éclater en aveux significatifs et tendres, lorsqu'à cet instant suprême, la rougeur me montant au visage, et l'émotion m'ôtant la parole, je remis l'affaire à un moment où je me trouverais sans rougeur et sans trouble.
Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 229.
SYNT. a) Faire preuve, manquer, user de hardiesse; montrer de la hardiesse; se signaler par sa hardiesse; admirer, envier qqn pour sa hardiesse; louer la hardiesse de qqn. b) Hardiesse aventureuse, chevaleresque, courageuse, étonnante, extraordinaire, fière, folle, généreuse, incroyable, inimaginable, passionnée, périlleuse, rare, superbe, tranquille.
− [Avec un sens atténué] Liberté que l'on prend. J'avouerai que j'ai eu la hardiesse de laisser aux personnages les aspérités de leurs caractères (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 2).Excusez ma hardiesse, monsieur, mais il me semble que dans votre énumération des livres sacrés, il y a une lacune (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie,1869, II, 1, p. 78).[Lettre au Gouverneur de la Guyane :] Vous priant de bien vouloir me pardonner la hardiesse que je prends en vous faisant parvenir directement ma requête (A.-L. Dussort, Mémoires,1929-1934, dép. par G. Esnault, 1930, p. 13).
− P. anal. [Le compl. de nom désigne un animal] Le pétrel ordinaire [mérite] par sa hardiesse le nom d'oiseau de la tempête (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 216).Pour que le prudent matou se fût décidé à cette hardiesse si peu habituelle à sa race, il fallait qu'il eût deviné quelque résolution suprême (Gautier, Fracasse,1863, p. 46).
b) P. ext. Caractère de ce qui est hardi (cf. hardi I A 1 b). − [Le compl. de nom désigne la manière d'être physique ou morale d'une pers.] Il avait de l'élévation dans l'esprit et de la hardiesse dans le caractère (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 390).Un enfant d'une douzaine d'années, l'allure pleine de hardiesse et de vie, déjà presque un grand garçon (Loti, Matelot,1893, p. 5).Outre sa réputation musicale, la force de Christophe, sa hardiesse de façons en imposaient à Otto (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 152).
− [Le compl. de nom désigne une chose] La troisième partie de la campagne (...) est d'une hardiesse inouïe. Napoléon, découvrant audacieusement Paris, se jetait sur les derrières des armées alliées (A. France, Vie littér.,1890, p. 188).Il souriait en marchant; la hardiesse de son projet subit l'amusait, car il était en mal d'aventure (Gide, Caves,1914, p. 722).