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GRAINE, subst. fém.

GRAINE, subst. fém.
A. − Partie de la plante qui, après avoir germé, assure sa reproduction; en partic. graine non comestible. Graine de lin; graines oléagineuses; semer des graines. Sur 58 000 ha consacrés aux graines de semences, l'essentiel va à la production de graines fourragères ou de plantes sarclées (Wolkowitsch, Élev.,1966, p. 139) :
1. Dans les pays très-froids, si l'on arrive en automne ou dans l'hiver, il faut renoncer à semer des graines de plantes annuelles, qui ne germeraient pas, ou seraient détruites par les premières gelées; on peut tout au plus risquer quelques graines d'arbres, telles que des pépins de pomme, de raisin, des noyaux de différens fruits, etc. parce que ces semences, ne devant lever qu'au printemps, pourront se conserver malgré les froids... Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 209.
1. BOT. ,,La graine, qui provient du développement de l'ovule, comprend deux parties : 1ole tégument ou enveloppe; 2ol'amande contenant une plante en miniature appelée plantule ou embryon. Enfin, il existe souvent une troisième partie nommée albumen, qui servira de nourriture à l'embryon lorsqu'il se développera`` (E. Caustier, Bot., Classes de 5eA et B, Paris, Libr. Vuibert, 1914, p. 80).
2. Locutions
Graine d'Avignon. Synon. de grenette, grainette B.
Graine de Paradis. ,,Appelé aussi grande cardamome ou maniguette, ce condiment vient de Guinée. Ses fruits renferment une amande très blanche à saveur âcre et brûlante; ils sont employés parfois pour donner du montant, de la force aux vinaigres et aux eaux-de-vie`` (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 238). Cf. Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 185.
Monter en graine. [Le suj. désigne une plante] Grandir et se développer jusqu'à ce qu'elle porte graine. La chenille meurt quand elle forme sa chrysalide. La plante meurt quand elle monte en graine (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 570).
Au fig. [Le suj. désigne une femme non mariée] Monter en graine. Laisser passer l'âge du mariage; rester vieille fille; parvenir à la maturité sans être mariée (la jeunesse étant comparée à la fleur de la plante et l'âge à la maturité). Comment! il ne s'est pas trouvé quelque vieux gentilhomme campagnard pour épouser cette chère petite, faite pour devenir une châtelaine (...). Ils l'ont laissée monter en graine (Balzac, Pierrette,1840, p. 82).Et maintenant, bien que très montée en graine et vieille fille, elle est une autre femme, mille fois plus parfaite (Proust, Fugit.,1922, p. 658) :
2. La plupart, déjà sérieusement montées en graine, pensaient avec amertume qu'elles ne se marieraient jamais; leur seule chance d'avoir un jour une vie décente, c'était de réussir leurs examens... Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 173.
B. − Au fig. Il y avait là une vingtaine de jeunes gens, des écrivains, des peintres, des architectes, ou pour mieux dire de la graine de tout cela. − Aujourd'hui la graine a monté (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 229).Je gouverne depuis longtemps des femmes et j'ai pour règle de ne point contrarier leur nature. Toutes les graines ne donnent pas les mêmes fleurs (A. France, Thaïs,1890, p. 345) :
3. Malgré les attendrissements faciles des poètes (...) on ne connaît guère l'enfant; on ignore surtout ce qu'il peut y avoir de personnalité dans ce petit corps, graine d'homme, où tout l'individu tient déjà avec ses instincts et sa destinée... Arène, Veine argile,1896, p. 247.
Expressions
Graine + de + subst. (désignant une réalisation à venir).Toute graine de tragédie lui est bonne (Musset, ds Revue des Deux Mondes,1832, p. 735).De la graine de cauchemar (Gide, Journal,1934, p. 1196).
Graine + de +subst. (désignant une pers. et ce qu'on suppose qu'elle deviendra).Silhouette sinistre, qui semblait grandir à mesure qu'elle s'effaçait et montrer, comme dans de la graine de forçat, un avenir de correctionnelle et de cour d'assises (Goncourt, Journal,1862, p. 1099) :
4. ... il peut rester collé au mur, avec bienséance, toute une soirée; il regardera les tableaux, il fera danser les délaissées; ses habits sont corrects, il fait nombre, honorablement, comme une potiche sur une étagère. Prenez exemple, mon neveu Anatole, voilà une graine d'académicien. Taine, Notes Paris,1867, p. 184.
Graine de niais (vx). ,,C'est une chose qui ne peut tromper que les gens simples`` (Ac. 1835, 1878). Les gens qui veulent faire de l'esprit, cette inutilité peu luxueuse, cette graine de niais dont chacun cherche à se nourrir, débitent à ce sujet mille contes absurdes (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 254).
(C'est une/de la) mauvaise graine. Ceci, cette personne, ne laisse rien présager de bon pour l'avenir. MmeChantal (...) avait coutume d'émettre cette phrase comme conclusion à toute discussion politique : « Tout cela est de la mauvaise graine pour plus tard » (Maupass., Contes et nouv., t. 2; MllePerle, 1886, p. 628).Mais ce Camille, c'est de la mauvaise graine. − Ah mais non! D'où tiendrait-il cela? Il n'y a que de braves gens dans cette famille, modestes, mais braves (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 52).
(En) prendre de la graine. Tirer une leçon (de quelque chose); se servir d'un exemple (personne, événement) pour en tirer des conséquences et déterminer la conduite à venir. Tu liras ça gamin : vous pourrez tous en prendre de la graine (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 204).Pas maquillées, nettes, proprettes, l'air franc, elles ont fait bonne impression dans les milieux comme il faut, « les ouvrières de France pourraient en prendre de la graine... » (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 227).
C. − [P. anal. de forme] Ce qui est rond ou allongé. L'ardent soleil achevait de dorer ces raisins à grosses graines qui mûrissent toujours sur le tard et qui ont une senteur musquée (Loti, Rom. enf.,1890, p. 305).Les larmes arrondies en graines de rosaire (Guèvremont, Survenant,1945, p. 260).
SÉRICICULTURE. Graine (de vers à soie). Synon. de œufs (du bombyx du mûrier).L'un venait au Caucase pour acheter de la graine de vers à soie (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 14).Au mois de mai le magnanier sort de la cave où il la conservait, la graine, c'est-à-dire les œufs d'un certain papillon Bombyx (Bouasse, Cordes et membranes,1926, p. 8) :
5. Jusqu'en 1828, une magnanerie avait été établie là, moins pour faire de la soie que pour obtenir ce qu'on nomme de la graine. Onze arpents plantés en mûriers dans la plaine de Montrouge (...) avaient alimenté cette fabrique d'œufs de vers à soie. Balzac, Initié,1848, p. 361.
Graine d'écarlate. Synon. de cochenille, kermès, (servant à fabriquer la teinture).Le kermès desséché ressemble à une graine; d'où le nom de graine d'écarlate qu'on lui a donné depuis un temps immémorial dans les ateliers de teinture (Guignet, Coul.,1889, pp. 141-142).
Graine d'épinard. Filet ornant les épaulettes des uniformes d'officiers supérieurs; p. méton. grade d'officier supérieur. De grosses épaulettes à graines d'épinard et un grand cordon bleu avec un crachat de l'autre côté (Claudel, Protée, 2eversion, 1927, I, 4, p. 367) :
6. Ce lieutenant-colonel vaut cent fois mieux que toi; c'est un paysan qui, à force de sabrer pour qui le paye, a accroché les épaulettes à graines d'épinard. Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 24.
Arg. et pop. Synon. de nourriture, croûte.− Attrape la graine, ordonna-t-il à Ariane. Elle se penchait (...) vers la banquette arrière, ramassait les victuailles qu'elle y avait déposées en vrac (Vialar, Zingari,1959, p. 260).
Casser la graine. Synon. de manger, casser la croûte (fam.).Gridoux pouvait casser la graine en toute tranquillité. Cette graine était en général une assiette de hachis parmentier (Queneau, Zazie,1959, p. 73).
Prononc. et Orth. : [gʀ εn]. Ds Ac. dép. 1694. Cf. égrener. Étymol. et Hist. I. Ca 1150 « teinture d'écarlate » (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 1148). II. a) 1176 « semence (ici au fig.) » (Chr. de Troyes, Cliges, éd. A. Micha, 2338); 1690 meschante graine « mauvaise engeance » (Fur.); b) 1600 graine des vers à soie (O. de Serres, 456 ds Littré). I calque de l'ar. ḥabba « une baie », forme de l'unité à désinence fém. de ḥabb « baie », mot employé métaphoriquement pour désigner la cochenille dont on tirait une matière colorante. II du lat. pop. grana, plur. neutre de granum « grain* », devenu fém. singulier. Fréq. abs. littér. : 1 000. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 290, b) 1 111; xxes. : a) 1 074, b) 1 910. Bbg. Quem. DDL t. 5.

GRENER, GRAINER, verbe

GRENER, GRAINER, verbe
A. − Emploi intrans.
1. Donner de la graine. Quand on a laissé un seul pied d'arroche grainer dans le jardin, on n'a plus à s'occuper de sa multiplication; il en pousse chaque année plus qu'il n'est nécessaire d'en conserver (Gressent, Potager mod.,1863, p. 583).Pour nous a grainé le houx (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 121) :
1. On doit ranger aussi parmi les végétaux soumis immédiatement aux influences de l'astre des nuits les mousses, dont la plupart ne végètent, ne fleurissent et ne grènent qu'en hiver, lorsque la lune est dans notre hémisphère. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 62.
Au fig. − Ne regrettez rien, pauvre père. Il leur est venu d'un coup beaucoup d'argent? Eh bien, vous verrez, cet argent partira de même. Ces profits-là peuvent fleurir, ils ne grainent point (Pourrat, Gaspard,1930, p. 86).
P. anal. Faire grener le ver à soie. Laisser la chrysalide devenir papillon, le papillon faire ses œufs. (Dict. xixeet xxes.).
2. Se former en grain. Le sirop commençant à grainer dans l'appareil à cuire ne tarde pas à se remplir de cristaux (Rouberty, Sucr.,1922, p. 91).
3. Arg. Manger. Synon. casser la graine.Quelle heure il est? (...) − Midi moins le quart, mec, mais on graine tout de suite! (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 196).
B. − Emploi trans.
1. Réduire une matière en petits grains. Grener du sel, du tabac à priser. Les poudres de chasse françaises sont grenées en 5 numéros (...) caractérisés par la grosseur des grains (Vennin, Chesneau, Poudres et explosifs,1914, p. 335).Le sucre a pris l'humidité : il faut le grener (Colin1971) :
2. Sur les planches et aux clous s'étageaient des verreries, des cuivres, un alambic, un récipient assez semblable à ces vases à grener la cire (...) et une confusion d'objets bizarres (...) qui était une batterie de cuisine de chimiste. Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 156.
Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne le sel] Dans les marais salants, se cristalliser sous l'action du soleil. (Dict. xixeet xxes.).
2. Rendre grenu. Grener un cuir, une étoffe (Dict. xixeet xxes.).
IMPR. Grainer une surface. La rendre légèrement rugueuse en vue d'un travail ultérieur. Il est nécessaire de grainer la surface [des plaques de zinc], car le grain est indispensable pour le tirage à la machine (Chelet, Lithogr.,1933, p. 223).Comme la pierre, le zinc et l'aluminium doivent être convenablement grainés, soit à la main, avec du grès ou du sable, soit sur une machine spéciale (Arts et litt.,1935, p. 30-18).
REM.
Grenaison, subst. fém.Formation de la graine dans les céréales. (Dict. xixeet xxes.). La grenaison du blé (Littré).
Prononc. et Orth. : [gʀ əne], (il) grène [gʀ εn]; [gʀ εne] et [gʀe-], (il) graine [gʀ εn]. Ds Ac. dep. 1694, s.v. grener. Var. grainer (dérivé grainaison) ds la plupart des dict. gén. du xixeet xxes. qui renvoient de grai- à gre- (cf. Lar. 19e-20e, Littré, DG, Rob., Lar. Lang. fr.). Le sens arg. « manger » semble s'écrire uniquement grainer. V. égrener. Étymol. et Hist. 1. 1180-85 grener « monter en graine » (Gace Brulé, éd. H. Petersen Dyggve, 28, 4); 2. a) 1528 grené « en grains, granuleux » (Platine de honneste volupté, fo12 vods Gdf.); b) 1745 grainer (Bosse, Manière de graver, p. 130 : l'on grainera avec le petit berceau celles [les parties] qui paroîtront trop claires); 1753 cuir grainé (Encyclop. t. 3, s.v. chagrin); c) 1745 subst. (Bosse, op. cit., p. 134 : cette espèce de grainé occasionné par le crayon sur un papier plus ou moins doux); 3. a) 1593-96 grené « réduit en grains » (Du Villars, Mém., IV, an 1553, Michaud ds Gdf. : poudre menue grenee); b) 1723 grener « réduire en graine » (Savary : Grener le sel); 4. 1600 « produire des œufs » (O. de Serr., V, 15 ds Gdf. Compl. : Faire grainer les papillons [de vers à soie]). Dér. de grain* I, graine*; dés. -er. Bbg. Quem. DDL t. 10, 13.

GRENÉ, -ÉE, GRAINÉ, -ÉE, part. passé et adj.

GRENÉ, -ÉE, GRAINÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de grener* et grainer*.
II. − Adjectif
A. − Réduit en grain. Sel, tabac grené. [Pour préparer] la poudre grenée. Les matières, finement pulvérisées (...) étaient mouillées, puis pétries en galettes (...) et réduites en petits fragments (Chalon, Explosifs mod.,1911, p. 228).
B. −
1. Qui présente à la vue et au toucher une multitude de petits grains ou points très rapprochés. Dessin, cuir grené. L'ivoire est grené d'une manière très-apparente à l'œil, ce qui le fait distinguer des os proprement dits (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 137).
Emploi subst. masc. Synon. grenu. (Dict. xixeet xxes.).Un beau grené; le grené d'un cuir, d'une gravure.
2. Qui présente des ombres dans le dessin, dans la gravure, ombres formées par une multitude de petits points très rapprochés.
Emploi subst. masc. :
... se rappelant avoir lu cette définition : « Le dessin se compose de trois choses : la ligne, le grain, le grainé fin, de plus le trait de force. Mais le trait de force, il n'y a que le maître seul qui le donne. » Il rectifiait la ligne, collaborait au grain, surveillait le grainé fin.... Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 163.
Prononc. et Orth. : [gʀ əne], [gʀ εne] ou [gʀe-]. Ds Ac. 1694-1878.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·