1. [L'obj. désigne un écrit] Lire attentivement, généralement en recherchant les défauts, les erreurs : 2. ... dans la chaleur d'une discussion savamment dirigée, il [le censeur] tamponnait l'article dangereux sans le lire, cependant que nous le laissions éplucher à loisir la chronique du bridge et l'entrefilet sur les sports. Ainsi s'éditait le journal qui, de tous les journaux autorisés d'Europe, fut sans doute le journal le plus ouvertement anti-hitlérien.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 116.
− Expr. fact. On a donné ma dernière brochure à éplucher à un substitut, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de me faire un second procès (Courier, Lettres Fr. et It.,1821, p. 910).
− Emploi pronom. réfl. Pioche bien la « Paysanne » (...) revois tout, épluche-toi; apprends à te critiquer toi-même (Flaub., Corresp.,1852, p. 69).
− En partic. Lire mot à mot, lettre par lettre. (Quasi-)synon. épeler.Irai-je m'amuser à défendre mes phrases, à éplucher des mots comme dans une classe? (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 6, 1863-69, p. 454).
2. [L'obj. désigne (les faits et gestes d') une pers.] a) Examiner le comportement (d'une personne) généralement pour le prendre en défaut. On éplucha sa vie [de M. Ferrand], on discuta ses actes, on le blâma, on le loua, et finalement, les dévotes conclurent en sa faveur, on le proclama un grand saint (Fabre, Courbezon,1862, p. 85):3. ... il ne faut rien attendre de beau des dépositaires de l'autorité, il faut les clouer à leurs devoirs; il ne faut pas exiger qu'ils soient bons, il faut les empêcher d'être méchants : il faut donc les surveiller sans cesse, éplucher leur conduite, éclairer leurs opérations, dévoiler leurs desseins ambitieux, leurs funestes projets, leurs machinations, leurs complots, et les dénoncer ouvertement, ce qui suppose la censure publique.
Marat, Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p. 154.
− Emploi pronom. réfl. Il passa tout un jour à « s'examiner sur le mensonge », à « s'éplucher » (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 323).
b) Détailler l'apparence physique (d'une personne) généralement pour la prendre en défaut. La loupe servit dès lors à éplucher les figures des femmes. Renée fit des découvertes étonnantes; elle trouva des rides inconnues, des peaux rudes, des trous mal bouchés par la poudre de riz (Zola, Curée,1872, p. 428).Rem. La docum. atteste épluché, part. passé, en emploi adj., fig. Qui a été soigneusement étudié, vu mot à mot. Il me semble que je suis très près de tout à fait comprendre votre art, et je crois bien que je pourrais en écrire une page amusante et épluchée (Renard, Journal, 1894, p. 233). Il paraît que mes souhaits et mes bons vœux font date et que l'on me cite encore comme modèle de rédaction à ne pas suivre dans le monde de la transmission électrique qui truste les mots épluchés (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 367).