3. [En parlant des activités de l'esprit hum. et de ses créations dans les arts, les techn., les instit.] Ouvrir le domaine de la culture à tous; se trouver dans le domaine de l'hypothèse, de l'impossible; explorer le domaine réel de l'expérience. (Quasi-) synon. monde, univers, étendue, champ, cercle, sphère.Frappé d'étonnement et saisi du frisson de l'effroi, en considérant ce vaste domaine de la désolation et de la mort (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 216).Voir (...) des entités vagues appartenant au domaine de la spéculation pure (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 321).Offre (...) de collaboration américaine dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie atomique (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 104):6. ... il est admis qu'aucune trace matérielle ne peut subsister des fameux autographes impériaux. C'est le domaine des affirmations gratuites. Devant ces fumées, nous sommes sans armes; pas de lutte possible.
Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 423.
7. Cela commence dans les arbres des Champs-Élysées, cela tourne par les boulevards, jusqu'à la République, dans ce domaine des théâtres et des cafés, des boîtes de nuit et des bordels qui grimpe les pentes de Montmartre avec des bouffées de musique et des tamponnements de taxis.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 192.
SYNT. Domaine des sens, de la sensibilité, du sentiment, des affections, des rêves, des fictions, de la semi-conscience, de l'imagination, de la magie, de la spéculation, des utopies, de la raison, de la pensée, de la critique, de la connaissance, de la volonté; domaine de l'art, de l'érudition, de la création littéraire, du droit, de l'ethnologie, de la médecine; domaine matériel, intellectuel, moral, temporel, culturel, esthétique, économique, social, politique, diplomatique, historique, militaire, industriel, monétaire, biologique; domaine des fréquences audibles.
− P. métaph. C'est à titre d'ami que vous m'avez prêté de l'argent. Or donc, s'il vous plaît, quittons le domaine de la chaussure, et entrons dans les domaines de la confiance et de l'amitié, qui exigent un compte à part. À combien se monte votre amitié pour moi? − Vingt-sept francs (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 113).
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Spécialement ♦ LING. Domaine d'une transformation. Ensemble des arbres auxquels elle peut s'appliquer (ou des suites terminales à indicateur syntagmatique) (d'apr. Lang. 1973).
♦ MATH. ,,Ensemble ouvert tel que deux quelconques de ses points peuvent être joints par une ligne polygonale tout entière plongée dans cet ensemble`` (Uv.-Chapman 1956).
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Loc. Le domaine de qqn. L'ensemble de ce qu'il connaît plus particulièrement; ce qui est de sa compétence. L'archéologie est son domaine exclusif; impossible de vous renseigner : ce n'est pas notre domaine. (Quasi-) synon. matière, spécialité, terrain, rayon (fam.).Son petit domaine à lui [Placide], c'était la conversation, avec sous-entendus, allusions (Morand, Homme pressé,1941, p. 45).Tous trois faisaient de leur mieux dans leurs domaines respectifs (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 61).Quoi de plus néfaste, Messieurs, dans nos domaines, que la fantaisie (Cocteau, Poés. crit. II,1960, p. 147):8. Nous allons parler de fort vilaines choses, et que, pour plus d'une raison, nous voudrions taire; mais nous sommes forcés d'en venir à des événements qui sont de notre domaine, puisqu'ils ont pour théâtre le cœur des personnages.
Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 389.
9. ... Chopin malade était désespérant dans l'intimité exclusive. (...) nul esprit plus brillant dans la gaieté, nulle intelligence plus sérieuse et plus complète dans ce qui était de son domaine; mais en revanche, hélas! nulle humeur n'était plus inégale...
Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 443.
10. Mon domaine : comme j'ai dit ce mot! Entendez bien que je veux désigner non point un objet que je possède, mais un objet où je m'applique : mon champ d'étude.
Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme,t. 1, 1902, p. 8.
Rem. On trouve ds la docum. un ex. du dér. domaniaire, adj. en manière de plaisant. Et ce, pour toutes emphytéoses, baux, alleux, contrats domaniaires et domaniaux, hypothécaires et hypothécaux (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 797).