1. [Emploi avec un compl. nom. désignant l'objet du dédain] a) [Compl. prép. de + n. de chose, plus rarement de pers.] Être dédaigneux des conseils, des recommandations. Dédaigneux de nos rites dérisoires (Mauriac, Préséances,1921, p. 164).Cette vie (...) dédaigneuse des soutiens vulgaires (Gracq, Syrtes,1951, p. 37):1. Mais à quels divertissements le seigneur Mars, qui près de moi n'est qu'un bien petit compagnon, passe-t-il ses vacances et congés? Entre les bras blancs et poupins de la dame Vénus, laquelle, comme déesse de bon entendement, préfère les gens d'armes à tous autres, fort dédaigneuse de son boiteux et cornard de mari.
Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 115.
b) [Compl. prép. + n. de pers.] Toutefois, s'il est préférable qu'elles soient un peu dédaigneuses envers ceux qui les complimentent (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 129).
c) Rare [Compl. introd. par pour] Les Bourbons des deux branches furent toujours illettrés ou dédaigneux pour les lettres (Vigny, Journal poète,1849, p. 1270):2. Dans la première voiture, Maria Blond et Tatan Néné, renversées comme des duchesses, les jupes bouffant par-dessus les roues, avaient des regards dédaigneux pour ces femmes honnêtes qui allaient à pied.
Zola, Nana,1880, p. 1251.
2. [Emploi avec de + inf.] Rare, littér. Qui refuse par dédain (cf. dédaigner II). Dédaigneux de me voir, Vous refusiez, Myrdhinn, à mes yeux le miroir De vos yeux (Lorrain, Viviane,1885, p. 7).Dédaigneux de les percer de flèches, tant il [Léonard de Vinci] les pénétrait de questions (Valéry, Variété I,1924, p. 182):3. Ce n'est peut-être après tout qu'un instrument absolu se suffisant à lui-même, incapable et dédaigneux de construire un luxe absurde et magnifique de la dialectique.
Arnoux, Le Seigneur de l'heure,1955, p. 69.
3. [Emploi sans compl.; en parlant d'une pers. ou, plus souvent, de son attitude] Synon. altier, hautain.L'irrévérence des paroles de Modeste fut aggravée par un petit ton méprisant et dédaigneux qu'elle prit à dessein (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 213).J'ai su depuis que j'avais eu l'air très froid et très dédaigneux (Drieu la Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 298):4. Non, il ne sera plus possible d'affronter le regard de Madame, ce regard indifférent, dédaigneux, qui ne saura rien de son secret.
Bernanos, Nouvelle Histoire de Mouchette,1937, p. 1305.
♦ [Avec antéposition de l'adj.] Une politesse d'une dédaigneuse condescendance. Josserand, découvre que sa dédaigneuse jeune femme Fernande n'a plus, depuis longtemps, le droit de lapider Noix-de-Coco (Colette, Jumelle,1938p. 91).
♦ [Avec un adv. d'intensité] Homme du monde et de Cour, délicat à l'excès et dégoûté, un peu dédaigneux des gens de lettres, il [Voiture] craignait apparemment de s'ennuyer parmi eux (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 5, 1851-62, p. 210).Il n'y a rien de plus triste, de plus digne, de plus dédaigneux que cet homme (Colette, Vagab.,1910, p. 48).
♦ [Avec valeur de neutre] Et don Quichotte répondrait quelque chose d'héroïque, de dédaigneux (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 136).
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En partic., dans le lang. de l'amour. Béretti (...) toujours éperdu de tendresse platonique et d'adoration pour quelque beauté dédaigneuse (Arnoux, Rossignol napol.,1937, p. 164).SYNT. Air, bouche, lèvre, moue, œil, poses, regard, sourcil, sourire dédaigneux/-euse(s); aisance, amabilité, condescendance, colère, indifférence, indulgence, insouciance, jugement, lenteur, négligence, protection, silence, sottise, stupidité dédaigneux/-euse; affirmation, phrase, ruse dédaigneuse.