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DÉBAUCHE, subst. fém.

DÉBAUCHE, subst. fém.
A.− Au sing.
1. Usage excessif ou déréglé de tous les plaisirs des sens, notamment de ceux de l'amour et de ceux de la table. S'adonner, se livrer à la débauche; mener une vie de débauche. Les évêques de Mingrelie sont journellement en fêtes, et passent leur vie en repas de débauche (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 550).En amour, tout ce qui n'était pas vice et débauche le rasait (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 243):
L'apprentissage de la débauche ressemble à un vertige; on y ressent d'abord je ne sais quelle terreur mêlée de volupté, comme sur une tour élevée. Tandis que le libertinage honteux et secret avilit l'homme le plus noble, dans le désordre franc et hardi, dans ce qu'on peut nommer la débauche en plein air, il y a quelque grandeur, même pour le plus dépravé. Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 104.
SYNT. Sombrer, tomber dans la débauche; lieu, maison de débauche; compagnon(s) de débauche; incitation, excitation de mineurs à la débauche.
P. plaisant., fam. [Sans nuance péj.] Petit écart, petit excès (de table, de conduite) inaccoutumé. Nous avons fait hier une petite débauche (Ac.). Un petit rentier maniaque dont l'unique débauche était d'acheter de la peinture (Zola, Œuvre,1886, p. 91).Valentin venait de manger une côtelette, de grand appétit, véritable débauche qu'il ne se permettait pas depuis des mois (Zola, D. Pascal,1893, p. 49).
2. Au fig. Usage excessif ou déréglé de quelque chose. Cet ouvrage est une débauche d'esprit (Ac.). Il ne cessait de fumer. Il faisait une débauche de cigarettes et d'allumettes (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 38).
P. ext. [Exprimant la quantité] Une débauche de + subst. Synon. profusion, surabondance.C'était une gigantesque débauche de fleurs, une colossale orgie aromale (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 235).Débauche de couleurs : toutes les nuances de l'arc-en-ciel (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 942).
B.− P. méton., au sing. ou au plur. Acte de débauche. Une nuit dépensée en débauches raffinées et coûteuses (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 225).Une société secrète qui se livrait à de dégoûtantes débauches (Camus, Possédés,1959, p. 1008).
Prononc. et Orth. : [debo:ʃ]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme desbauche; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1499 (Gringore d'apr. P. Wexler ds Fr. mod., t. 29, 1961, p. 138); 1541 [éd. 1561] « abus des plaisirs des sens » (Calvin, Inst., 263 ds Littré); 1690 fig. j'ay fait une desbauche de melons « ce qui se fait au-delà de l'ordinaire » (Fur.); av. 1872 débauche de couleurs (T. Gautier, Caprices et zigzags, 286 d'apr. Matoré). Déverbal de débaucher*. Fréq. abs. littér. : 866. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 345, b) 1 373; xxes. : a) 1 604, b) 829. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 136.

DÉBAUCHER, verbe trans.

DÉBAUCHER, verbe trans.
A.− Détourner (une personne) de son travail, de ses occupations. Carrier-Belleuse (...) ne fait que débaucher les ouvriers pour les mener au café, où il joue au billard dix heures de suite (Goncourt, Journal,1882, p. 168).
1. Entraîner (une personne) à rompre ses engagements, à manquer à son devoir, à quitter un service pour un autre. Débaucher une femme de chambre. Partout où ils se glissent [les chrétiens], ils font naître des troubles; ils débauchent les soldats de nos armées (Chateaubr., Martyrs,t. 3, 1810, p. 15):
1. La princesse de Caprarola, qui avait fait la connaissance de MmeVerdurin à propos d'une grande exposition qu'elle avait organisée, avait bien été rendre à celle-ci une longue visite, dans l'espoir de débaucher quelques éléments intéressants du petit clan et de les agréger à son propre salon, ... Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 744.
Au fig., fam. Détourner (quelque chose) de son but, de son emploi habituel. Il ne faut pas (...) que les meubles ou les tapisseries trop prodiguées viennent débaucher l'attention du visiteur (Réau, Archives, bibl.,1909, p. 42):
2. ... les diseurs de profession presque toujours me sont insupportables, qui prétendent faire valoir, interpréter, quand ils surchargent, débauchent les intentions, altèrent les harmonies d'un texte; et qu'ils substituent leur lyrisme au chant propre des mots combinés. Valéry, Variété II,1929, p. 177.
2. Congédier un (des) salarié(s). Il avait, lui aussi, débauché des ouvriers non syndiqués (R. Bazin, Blé,1907, p. 116).
Emploi abs. Quand l'usine débauchait, on n'était plus sûr de son pain (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 91).
3. Emploi intrans. abs., région. Quitter le travail :
3. Sa journée terminée, Jos-Mari, aidé parfois de son fidèle et naïf Aloys, qui débauchait plus tôt, lavait ses truelles à la fontaine, riant aux enfants qui l'éclaboussaient. − Alors, tu débraies, Jos-Mari? Tu viens boire un verre? lui proposait Rudi. Peyré, Matterhorn,1939, p. 41.
Rem. On rencontre ds la docum. débauchée, subst. fém., région. (Ouest). Cessation journalière du travail. Le soir, à la débauchée, certains [tonneliers] passeront sur leur vêtement de travail la blouse bleue du paysan (Chardonne, Dest. sent., Femme J. Barnery, 1934, p. 14). Attesté ds la plupart des dict. du xixes. et Quillet 1965.
B.− P. anal., péj. Détourner (une personne) de ses devoirs en l'entraînant ou la poussant à la débauche, à l'inconduite. Débaucher une jeune fille. C'est la fainéantise qui l'a débauché (Ac.). Jésus-Christ et son ami Canon, occupés à débaucher le père Fouan, tous les trois autour d'un litre d'eau-de-vie (Zola, Terre,1887, p. 464):
4. Si elle eût osé, elle aurait débauché les collégiens qu'elle rencontrait, car il entrait dans sa passion pour les enfants un appétit de voluptés honteuses, un besoin d'enseigner le vice et de goûter d'étranges plaisirs... Zola, Madame Férat,1868, p. 116.
Emploi pronom. réfl., fam. S'adonner à la débauche, devenir débauché. La mauvaise compagnie est souvent cause que les jeunes gens se débauchent (Ac.).
P. ext., fam. Détourner (quelqu'un) de ses occupations, en l'entraînant à se distraire, à se divertir. Nous voulons vous débaucher un de ces jours (Ac.).
Emploi pronom. Je pense aussi que ça m'avait fait beaucoup de bien de me débaucher, de me distraire, de changer d'air (Beauvoir, Mém. jeune fille,1958, p. 272).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. débauchant, ante. Qui incite à la débauche. La grand'mère de Nohant [George Sand] ne pensait guère écrire là quelque chose de débauchant (Gide, Si le grain, 1924, p. 387).
Prononc. et Orth. : [deboʃe]. Enq. : (il) débauche/deboʃ, D/. Ds Ac. 1694 et 1718 : desbaucher; ds Ac. 1740-1932 : débaucher. Étymol. et Hist. A. 1195 « disperser [des gens], éparpiller » (Ambroise, Guerre sainte, 9888 ds T.-L.); ca 1300 soi desbauchier « partir » (G. Guiart, Royaux lignages, II, 7179, ibid.). B. 1469 debaucher (Traité entre L. et J. d'Armagnac ds Bartzsch, p. 154); 1606 « faire quitter à un ouvrier le service de son maître » (Nicot); 1687 au fig. « détourner qqn de ses obligations » (J. Racine, Lettres, VI, 561 ds Marty Racine); 1812 fam. « renvoyer un ouvrier » terme d'imprimerie (Boiste). C. Début xves. desbaucher [leurs femmes] (Le livre de Boucicaut, chap. VII ds Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l'Histoire de France, éd. Michaud et Poujoulat, 1resérie, t. 2, p. 323); 1538 « jeter qqn dans la débauche » (Est.); 1549 desbauché adj. (en parlant d'un jeune homme) (Est.); av. 1614 vie desbauchee (Brantôme, Capit. fr., M. de Guyse le Gr. ds Gdf. Compl.). Dér. de l'a. fr. bauc, bauch (bau*) « poutre », débaucher signifiant proprement « dégrossir du bois pour en faire des poutres » (cf. ébaucher) d'où « fendre, séparer » puis « écarter, détourner de son travail » et « détourner de son devoir » (d'apr. FEW t. 15, 1, p. 39, s.v. *balko). Fréq. abs. littér. : 102.
DÉR.
Débaucheur, euse, subst.,vieilli. Personne qui débauche quelqu'un, qui excite quelqu'un à la débauche, à l'inconduite. C'est un débaucheur de filles (Ac.1835, 1878).Oui! c'est elle [Henriette], la débaucheuse, la libertine, qui s'est emparée de ce misérable enfant par les sens (Coppée, Henriette,1889, p. 355). [deboʃ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1798-1932. 1resattest. av. 1544 le desbaucheur des malings espritz (Des Périers, Caresme prenant, I, 170 ds Hug.); 1562 desbaucheur [de filles] (Calvin, Sermons sur le Deutéronome, 129 [XXVIII, 55], ibid.); de débaucher, suff. -eur2*.
BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 442; t. 3 1972 [1930], pp. 11-12.

DÉBAUCHÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.

DÉBAUCHÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.− Part. passé de débaucher*.
II.− Adj. et subst. [Correspond à débaucher B] (Personne ou groupe de personnes) qui s'adonne à la débauche. Un vieux débauché. À mesure que son mari devenait plus débauché, elle devenait moins servante et moins malheureuse (Sand, F. le Champi,1850, p. 44).La vie d'un débauché se compose ordinairement d'ivrognerie et d'impudicité (Alain, Propos,1924, p. 584):
J'ai la prétention de n'admettre dans mes ateliers que des demoiselles irréprochables (...) les débauchées n'ont pas d'avenir dans cette maison! E. Labiche, La Commode de Victorine,1864, 2, p. 648.
[En parlant d'attributs hum., de sentiments, etc.] Il [Tiburce] se rendrait indispensable aux appétits débauchés de sa maîtresse (Zola, M. Férat,1868, p. 119).La fainéantise débauchée des Césars (Zola, Rome,1896, p. 122).
Fréq. abs. littér. : 259. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 458, b) 333; xxes. : a) 402, b) 289.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·