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CHATOUILLANT, ANTE, part. prés. et adj.

CHATOUILLANT, ANTE, part. prés. et adj.
I.− Part. prés. de chatouiller*.
II.− Adjectif
A.− [Correspond à chatouiller A] Qui provoque par des attouchements légers et répétés sur certaines parties du corps, des sensations s'accompagnant facilement d'un rire convulsif. Une jouissance la portait, comme un souffle plein de caresses chatouillantes (Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 821).
Péjoratif :
1. J'ai à peine jeté l'œil sur ces magots, cette vaisselle, ces poupées d'argile, [à la céramique au Louvre] − la couverture de Fantasio en moins fin, en moins chatouillant. A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 21.
B.− Au fig.
1. [En parlant de l'ouïe, de la vue, de l'odorat, etc.] Qui produit (sur ces sens) des sensations agréables. Elle [Lyonnette] avait des bas couleur chair, tellement chatouillants à la vue, qu'anges et saints n'y eussent tenu (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 211).
2. Qui plaît :
2. ... de les constater heureux [ces deux amants] (...) cela lui était positivement agréable et chatouillant au cœur. J. Richepin, Le Cadet,1890, p. 240.
Prononc. : [ʃatujɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Fréq. abs. littér. : 35.

CHATOUILLER, verbe trans.

CHATOUILLER, verbe trans.
A.− Exciter l'épiderme de quelqu'un par des attouchements réguliers provoquant facilement un rire convulsif. Chatouiller qqn sur la plante des pieds :
1. ... il [Hassler] disait des mots drôles, et il le [Christophe] chatouillait pour le faire rire; et Christophe ne pouvait s'empêcher de rire au milieu de ses larmes. R. Rolland, Jean-Christophe,L'Aube, 1904, p. 80.
Loc. fig. Chatouiller les côtes à qqn.
Lui procurer une sensation de satisfaction :
2. ... il [Jeanlin] continuait à rire, plein d'un immense dédain pour Lydie et Bébert. Jamais on n'avait vu des enfants si cruches. L'idée qu'ils gobaient toutes ses bourdes, et qu'ils s'en allaient les mains vides, pendant qu'il mangeait la morue, au chaud, lui chatouillait les côtes d'aise. Zola, Germinal,1885, p. 1370.
P. antiphrase. Le frapper.
Loc. pronom. Se chatouiller pour se faire rire. Se forcer à rire alors qu'on n'en n'a pas envie :
3. ... rien n'est plus attristant que de voir des gens mécontents d'eux et de tout, qui se chatouillent les uns les autres pour se faire rire. Alain, Propos,1907, p. 25.
P. euphém. Chatouiller une femme. La caresser. Elle [Thérèse] était sur une vache avec un grand soldat basané, qui la chatouillait, et la serrait de très près (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 183).
Péj. Provoquer une sensation souvent désagréable de démangeaison, par des attouchements ou des frottements. Madge avait appuyé sa main contre la vis de chêne. Un frottement continu lui chatouillait la peau (Schwob, Le Livre de Monelle,1894, p. 46).Je vais jouer (...) à me chatouiller l'intérieur des narines avec la pointe d'une herbe parfumée (Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 130).
B.− P. ext.
1. Toucher quelqu'un ou quelque chose de manière à provoquer une réaction. Il [le marchand] examina les dents, chatouilla les ventres, puis demanda qu'on les [chevaux] fît sortir, pour les voir trotter (Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 234):
4. ... quand ça tombait un peu trop pour son goût, il se couchait sur le ventre, au fond de la tranchée, et tu pouvais toujours lui masser les entre-côtes à coup de talon, pendant des heures, lui faire des piqûres fortifiantes avec ta baïonnette dans le gras des fesses, même lui chatouiller le dedans de l'oreille avec le canon de ton revolver, il bougeait pas, le frère!... Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 171.
MAN. Chatouiller un cheval de l'éperon. Le toucher légèrement de l'éperon.
2. Au fig.
a) Produire (sur l'ouïe, la vue, l'odorat, le goût) des sensations agréables. Cette odeur chatouille mes narines; cette nourriture chatouille mes papilles :
5. Le glouton ignore le principe élémentaire de la gastronomie, l'art sublime de broyer : il avale les morceaux entiers; ils passent dans sa bouche sans chatouiller son palais, sans éveiller la plus petite idée... Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 63.
b) Flatter une personne ou certains de ses penchants par d'aimables paroles ou attitudes. Chatouiller l'amour-propre, l'orgueil, la vanité de qqn :
6. ... tu peux être épousée par amour, et cela ne te suffit pas. Grand merci! Tâche de trouver mieux; je t'en souhaite. Dans ces dernières paroles de M. Levrault, il y avait bien quelque chose qui chatouillait agréablement l'orgueil de sa fille. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 12.
7. [à ...] : Je vous remercie, mon cher Ami, d'avoir songé à moi pour cette ouverture qui ne vous intéresse pas seulement, mais tous ceux qui vous lisent. Vous assaisonnez cela de choses bien aimables et qui me chatouillent fort. Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 5, 1818-69, p. 580.
Absolument :
8. ... voilà qu'un écrivain de nos amis et qui dit être de nos confidents, publiant deux gros volumes sur le Travail intellectuel en France au xixesiècle, a jugé ce fait capital digne de mention. Jusque-là tout est bien, et de telles mentions chatouillent; ... Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 315.
Rare, pronom. :
9. clytemnestre. Ma petite Électre... électre. Je ne suis pas ta petite Électre. À frotter ainsi tes deux enfants contre toi, ta maternité se chatouille et s'éveille. Giraudoux, Électre,1937, I, 4, p. 78.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. chatouillage. Action de chatouiller. La nourriture produit, chez cette créature d'apparence idéale, une fébrilité singulière, qui se traduit par de petits rires enfantins, de petits cris insensés, de petits propos bêtement exaltés, le chatouillage fou de sa mère (E. et J. de Goncourt, Journal, 1871, p. 830).
Prononc. et Orth. : [ʃatuje], (je) chatouille [ʃatuj]. Ds Ac. 1694-1932; écrit chatoüiller ds Ac. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 catellier « provoquer des tressaillements » (G. de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 44, 524 : [var. chatollier ms. B (xiiies.)]); 2. 1414 fig. catoillier « exciter » (Ch. d'Orléans, La Retenue d'Amours, éd. P. Champion, 222 : Quant dedans fu [le dard], mon cueur vint esveillier, Et tellement le vint à catoillier Que je senti que trop rioit de joye); 3. xves. « provoquer des sensations agréables » (Basselin, Vau de Vire, 9 ds Littré); av. 1625 fig. « faire plaisir, flatter » (Malh., V, 25 ds Littré). Orig. incertaine; l'hyp. la plus probable est celle d'une orig. onomatopéique, plusieurs lang. européennes exprimant cette même notion par la succession des consonnes k-t-l (FEW, s.v. kat-l ; Bl.-W.5) g-t-l (REW3, no4684), notamment pour les lang. rom., dans les domaines ital. (REW3) et prov. (catilha, gatilha, Mistral) avec voyelle radicale -a- et dans les lang. germ. : a. h. all. kizzilōn, m. h. all. kitzeln, a. nord. kitla (Kluge20, s.v. kitzeln) avec voyelle radicale i; cf. lat. médiév. catilare « chatouiller » (viiie-ixes. ds Mittellat. W. s.v., 382, 9). En fr. la forme suffixée en -ouiller a prévalu sur les autres types : catillier (xiiies., pic. Dit de Cointise, éd. A. Henry, 102 ds R. Lang. rom., t. 68, p. 189) et cateillier (v. supra); dans les formes non dial. en ca- (Ch. d'Orléans), la force expressive de l'onomatopée se serait maintenue (d'apr. FEW. loc. cit.) empêchant le développement régulier k > č. Cette évolution k > č montre l'ancienneté du mot : aussi l'hyp. d'un empr. au b. all. (EWFS2) ou au néerl. katelen « chatouiller » (Dauzat 1973) semble-t-elle à écarter. Une dérivation directe de chat (Sainéan, La Création métaphorique en fr. et en rom., le chat ds Beihefte zur Z. rom. Philol., t. 1, 1905, p. 33 repris par Dauzat 1973) offre peu de vraisemblance, ce mot ne pouvant être évoqué que comme étymol. seconde. Fréq. abs. littér. : 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 224, b) 730; xxes. : a) 643, b) 319. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 315; t. 3 1972 [1930], p. 175.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·