BRETELLE, subst. fém.

BRETELLE, subst. fém.
A.− Bande de cuir, d'étoffe, qui, fixée à un objet lourd ou encombrant et passée sur l'épaule, permet de le porter plus facilement. On se sert de bretelles pour porter une civière, un brancard, une hotte, une chaise à porteurs, des seaux d'eau (Ac.1835-1932).La bretelle d'un fusil, d'un instrument de musique, d'un sac; une bretelle de cuir :
1. Il fallut de nouveau emboîter le pas derrière mon maître et, la bretelle de ma harpe tendue sur mon épaule endolorie, cheminer le long des grandes routes... H. Malot, Sans famille,1878, p. 223.
2. En Polynésie, les hommes suspendent les fardeaux aux deux extrémités d'une perche (...). Au contraire de leurs congénères, les Maori portaient tout sur leur dos à l'aide de bretelles. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 175.
Loc. En bretelle. Je mis le fusil en bretelle et rentrai chez moi par le plus court (Courteline, Ah! Jeunesse, Un Souvenir du siège, 1890, p. 216).
P. ext. Courroie, sangle. Un amas de planches à laver, retenues en paquets par des bretelles (Zola, L'Œuvre,1886, p. 61).
B.− Spécialement
1. Gén. au plur. Pièce de vêtement masculin constituée de deux bandes souvent élastiques passant sur les épaules et croisées dans le dos, servant à soutenir le pantalon. Porter des bretelles, mettre des bretelles (Ac. 1798-1932); défaire ses bretelles, un pantalon à bretelles, une paire de bretelles :
3. La bretelle! ... madame de Genlis démontre que cet engin, ignoré de nos pères, est la cause du dépérissement de la jeunesse de ce temps-ci. Selon cette dame érudite, les cavaliers de son temps avaient les épaules larges et la poitrine développée; la bretelle nous a fait, à nous, la poitrine étroite et l'épaule rentrée... Nerval, Bohème galante,1853, p. 258.
Rare [En tant que symbole de confort bourgeois] :
4. O Attila! Quand reviendras-tu, aimable humanitaire, avec quatre cent mille cavaliers, pour incendier cette belle France, pays des dessous de pieds et des bretelles? Flaubert, Correspondance,1843, p. 146.
Loc. En bretelles. En bras de chemise. Quand elle [Boule de Suif] revint au bout de quelques minutes, Cornudet, en bretelles, la suivait (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de Suif, 1880, p. 134).
Rem. Ac. 1835-78, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG, Quillet 1965 ont l'expr. en avoir jusqu'aux (par-dessus les) bretelles : être engagé dans une mauvaise affaire; être ivre.
2. Ruban passant sur l'épaule et servant à retenir certains vêtements ou sous-vêtements féminins. Les bretelles du tablier, de la chemise, de la combinaison; corset, tablier à bretelles.
C.− P. anal.
1. CH. DE FER. Dispositif d'aiguillage formé de deux diagonales de sens contraire faisant la jonction entre deux voies parallèles.
P. ext. Route reliant deux grands axes de circulation.
2. FORTIF. Ligne défensive secondaire établie à l'avant ou à l'arrière de la ligne principale et la reliant en deux points.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀ ətεl]. Buben 1935, § 21 : ,,La tendance à remplacer l'e féminin protonique par l'e fermé a été toujours très forte et elle affecterait encore aujourd'hui beaucoup plus de mots de la langue littéraire, si elle n'était pas contrecarrée par la forme écrite qui impose [ə] partout où l'e ne porte pas d'accent aigu. Dans la langue parlée cette tendance continue à exercer son action dans une large mesure (...); les étrangers commettent aussi cette faute de prononciation et ferment volontiers l'e sourd protonique, surtout après une muette suivie d'une liquide : crevette, bretelle, grenier, grenouille, breloquer, fredonner, etc.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiiies. « bande de cuir ou de tissu pour porter ou soutenir qqc. » escu a breteles (Des Deus Bordeors Ribauz, éd. A. de Montaiglon, I, 9 dans Gdf. Compl.); 2. a) 1718 cost. (Ac.); b) 1894 p. anal. de forme « ligne de jonction entre deux autres » (Ch. Bricka, Cours de ch. de fer, t. 2, p. 275). Empr., avec déplacement d'accent sur la 2esyll., à l'a. h. all. brittil « rêne, bride » (FEW t. 15, 1, p. 290a), prob. par l'intermédiaire de la forme du plur. brittila (v. Günther dans FEW, loc. cit., p. 290b, note 9; v. aussi Karg-Frings, s.v. brittil); l'a. h. all. correspond au m. h. all. brîdel, v. bride. L'hyp. d'un rattachement à braie* (EWFS2, Barb., Rev. dial. rom., t. 4, p. 78) par l'intermédiaire d'un verbe dial. braiter, braiteler, fait difficulté du point de vue phonét.; il serait en outre étonnant qu'en cette hyp. le sens 2 a ne soit attesté qu'au xviiies.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 217. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 109, b) 476; xxes. : a) 310, b) 387.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 296. − Rauville (C. de). La Réunion et son lang. Vie Lang. 1970, p. 332. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 380, 391; t. 2 1972 [1925], p. 164, 188; t. 3 1972 [1930], p. 108, 208.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·