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AVEUGLEMENT, subst. masc.

AVEUGLEMENT, subst. masc.
A.− Rare. Action d'aveugler, de priver quelqu'un de la vue :
1. Alors, la voix forte du capitaine hurla : « Feu, nom de dieu! » Et cinquante coups de fusil crevèrent le silence glacé des champs; quatre ou cinq détonations attardées partirent encore, puis une autre, toute seule, la dernière; et quand l'aveuglement de la poudre enflammée fut dissipé, on vit que les douze hommes, avec neuf chevaux, étaient tombés. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Souvenir, 1882, p. 170.
DR. ANC. ,,Supplice qui consistait à priver le condamné du sens de la vue`` (St-Edme t. 2 1825).
P. anal. [En parlant d'une chose ouverte] Obturation :
2. Les ciments à prise rapide trouvent leur emploi pour les enduits, pour les travaux d'aveuglement de venue d'eau, pour certains moulages, pour les cachetages. J. Cléret de Langavant, Ciments et bétons,1953, p. 138.
P. métaph. :
3. Souvent Léonard avait goûté la force d'aveuglement volontaire mise dans son cœur par une pareille méthode. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 37.
B.− État d'un être privé du sens de la vue.
1. Privation définitive, irrémédiable de la vue. Synon. cécité :
4. Il [le roi féroce] ordonne que l'on coupe toutes les vignes, et menace et Nérée et Bacchus. Jupiter frappe d'aveuglement le tyran, qui déjà ne peut plus reconnaître sa route. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 196.
2. Baisse momentanée de l'acuité visuelle due à l'intensité trop vive de la lumière. Synon. éblouissement :
5. ... cette route droite emplie de ténèbres où les phares d'automobiles happent les couples enlacés et les cyclistes, où règnent le vertige et l'aveuglement. A. Arnoux, Les Gentilshommes de ceinture,1928, p. 38.
3. Au fig. Fait de priver quelqu'un de discernement de sens critique; état d'une personne privée de discernement, de sens critique (notamment sous l'empire de la passion). L'aveuglement de l'esprit est aussi digne de compassion que celui du corps (Ac.1878, 1932) :
6. Nous causions du passé et de l'avenir, des fautes que l'on avait commises, de celles que l'on commettrait; nous déplorions l'aveuglement des princes, qui croyaient revenir dans leur patrie avec une poignée de serviteurs, et raffermir par le bras de l'étranger la couronne sur la tête de leur frère. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 410.
7. Ce qu'il a mangé de sa fortune à lui et de sa mère et de sa sœur, on ne le sait pas, on ne peut en trouver le fond, et il y a des saisies sur tout chez le monde Hugo, et jusque sur le traitement de député de Lockroy, qui n'a que son traitement pour vivre. Sa femme, dans l'aveuglement de l'amour maternel, a tenu la chose secrète jusqu'au dernier moment; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1132.
Au plur. Jugements erronés causés par la passion :
8. L'idée de nation et de souveraineté nationale est soumise à de rudes attaques par l'évolution historique elle-même; les aveuglements des jeunes nationalismes n'y changent rien; ... Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 608.
PRONONC. : [avœgləmɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xiies. avoglement « cécité » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 12, 7 ds T.-L. : ne porent pas lui mëisme vëoir. Et ensi deceut de lur avoglement [caecitate], vuit s'en ralerent del monstier); cf. Ac. 1762 ([...] On dit aujourd'hui Cécité au propre. Aveuglement, ne se dit guère qu'au figuré); fin xiie-début xiiies. fig. (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, 312, 1 ds T.-L. : Par lo jor puet l'om alsi lo deleit del pechiet, et par la nuit l'avoglement de la pense entendre, par cui li hom soi soffret avoir la prosperiteit de l'oevre del pechiet); 1545 aveuglement (J. Bouchet, Ep. fam., CV ds Gdf. Compl.). Dér. de aveugle*; suff. -ment1*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 482. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 797, b) 730; xxes. : a) 600, b) 616.
BBG. − Barb. Misc. 10 1932-35, pp. 73-74. − Foi t. 1 1968. − Marcel 1938. − Noter-Léc. 1912. − Piéron 1963. − Ritter (E.), Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 355. − Sexol. 1970. − St-Edme t. 2 1825.

AVEUGLÉMENT, adv.

AVEUGLÉMENT, adv.
A.− Vx. Synon. de à l'aveuglette.
Rare, p. métaph. À la manière d'une aveugle :
1. Il n'y a point doute en ce livre; il conduit droit celui qui marche aveuglément, qui reçoit sans discussion la parole divine descendue sur le prophète pour sauver le simple et confondre le savant. Volney, Les Ruines,1791, p. 167.
B.− Au fig. D'une manière aveugle.
1. Sans esprit critique, sans examen :
2. Les recettes de nos grand-mères, mises au point par empirisme, étaient autrefois suivies aveuglément. Les recettes données aujourd'hui au cours ménager sont raisonnées, calculées, largement commentées. G. Mathiot, Comment enseigner l'éduc. ménagère,1957, p. 93.
SYNT. Accorder, aimer, consentir, croire, obéir aveuglément; faire aveuglément confiance. répéter aveuglément. s'abandonner, se soumettre aveuglément.
2. Fortuitement, au hasard :
3. ... l'homme qui exerce la médecine n'a plus recours à l'inspiration d'un être surnaturel; il agit d'après ce qu'il a vu et appris, mais il agit en quelque sorte aveuglément, au hasard, et comme instinctivement et sans comprendre ce qu'il fait et sans remonter à la loi naturelle des phénomènes (médecine empirique). C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 37.
4. Bien que se faisant au hasard et pour ainsi dire aveuglément, ces chocs transforment le chaos en un cosmos admirablement réglé, où l'uniformité primitive a fait place à la variété, mais à une variété harmonieuse. H. Poincaré, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques,1911, p. LIV.
PRONONC. : [avœglemɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − xves. fig. aveuglement « d'une manière aveugle, sans réflexion » (G. Chastellain, Chron., ch. LV ds Gdf. Compl. : Et de faict, aveuglement les aucuns, et bien simplement, mirent leurs sceaulx, parce qu'ils veoient que aultres notables personnes y avoient mis le leur); 1555 aveuglément (E. Pasquier, Le Monophile, 138 a d'apr. Vaganay ds Revue des études rabelaisiennes, t. 9, p. 301 : Sottes entreprises, esquelles pourroit trop aveuglément tomber). Dér. de l'adj. aveuglé, part. passé de aveugler*; suff. -ment2*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 310. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 493, b) 523; xxes. : a) 325, b) 421.
BBG. − Barb. Misc. 10 1932-35, pp. 73-74. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 28. − Pope 1961 [1952], § 270. − St-Edme t. 2 1825.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·