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ARCHITECTURE, subst. fém.

ARCHITECTURE, subst. fém.
A.− TECHNOLOGIE
1. Art, science et technique de la construction, de la restauration, de l'aménagement des édifices :
1. Au vrai, l'architecture offre l'aspect émouvant d'une géométrie vivante, ce qui ne peut être obtenu qu'à condition de ne pas observer une rigueur absolue dans les distances, les mesures et les proportions. L'inscription approximative de tout édifice bien construit dans des cercles et des rectangles appartient à l'éternelle architecture. Il ne s'agit, quand notre instinct géométrique sait maintenir, au moins grossièrement, cette formule-là, que d'animer à sa façon les surfaces expressives, ce qui est la tâche propre de l'époque et du moment. É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 169.
En partic. [Avec un adj. indiquant le cadre ou la destination de la construction] Architecture civile, hydraulique, militaire, religieuse, rurale, urbaine; p. anal., vx, architecture navale. Synon. usuel construction navale.
Spéc. Jeu d'architecture. Jeu d'enfant constitué d'éléments destinés à être assemblés de manière à figurer divers édifices. Synon. jeu de construction.
2. [Le plus souvent suivi d'un adj., d'une relative, d'un compl. déterminatif,...] Mode, style de construction, caractère architectural, ordonnance d'un édifice :
2. ... un temple aux proportions gigantesques, d'une architecture lourde, violente et convulsive comme celle des œuvres du Piranèse, ... Gracq, Au château d'Argol,1938, p. 162.
SYNT. Architecture antique, ancienne; architecture égyptienne, grecque, romane, gothique ou ogivale, de la Renaissance, classique, baroque, contemporaine, moderne; belle, noble, riche architecture; architecture simple, admirable, massive, compliquée; architecture bourgeoise, industrielle.
P. métaph. :
3. Quant aux substances albuminoïdes, ou protéines, elles sont les plus compliquées de toutes celles qui existent sur terre. Dans leur molécule, il entre essentiellement du carbone, de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote, mais ces quatre corps y figurent chacun par des milliers d'atomes, disposés en édifices d'une architecture grandiose. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 19.
Spécialement
Architecture feinte, architecture simulée. Peinture décorative qui, par le moyen de la perspective et de la couleur, simule l'architecture réelle.
Architecture polychrome :
4. Un portique soutenu par dix colonnes gigantesques fait suite aux seconds pylônes; les fûts en étaient peints, les chapiteaux le sont encore. De belles couleurs bleues et blanches, fraîches comme si on venait de les appliquer aujourd'hui, font vigoureusement ressortir les contours des feuilles de palmiers et des fleurs de lotus; cela est magnifique, et convertirait à première vue les ennemis de l'architecture polychrome. Mais où trouver le soleil qui pourrait la faire adopter dans nos pays? Du Camp, Le Nil,1854, p. 176.
3. P. méton. Ensemble d'un édifice et de ses caractères architecturaux typiques, ou bien ses différentes parties, ou encore ses éléments d'ornementation :
5. Et ce fut un palais, vaste, immense, confus, Une ample colonnade aux innombrables fûts. Dans ce monde peuplé d'un monde de sculptures Grinçaient les oripeaux de mille architectures. Banville, Les Cariatides,1842, p. 98.
6. ... peu à peu, l'église entière se dégagea, haute architecture de style jésuite. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 42.
Peinture d'architecture. Synon. vieilli de architecturiste.Décoration, décor d'architecture. Par opposition à décoration de sculpture et à décoration de peinture :
7. ... dans le tombeau de Philippe Pot (...) il n'y a plus de galerie gothique (...) le décor d'architecture est remplacé par la statuaire. L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art,La France, 1914, p. 113.
Absol. Les architectures. Les monuments historiques, classés.
B.− P. anal.
1. Principe d'organisation d'un ensemble, agencement, structure :
8. Elle portait des robes d'une architecture très étudiée, mettant en valeur sa poitrine par un drapé exact, de ces robes sobres sans être dépouillées, dont on disait alors dans la couture qu'elles avaient du chien. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 40.
[En parlant de la conformation du corps] :
9. Le succès de Maupassant près des femmes putes de la société constate leur goût canaille, car je n'ai jamais vu chez un homme du monde un teint plus sanguin, des traits plus communs, une architecture de l'être plus peuple, − et là-dessus, des vêtements ayant l'air de venir de la Belle Jardinière et des chapeaux enfoncés par derrière jusqu'aux oreilles. E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 429.
10. Les vieilles dames musicophiles accouraient minaudières, empressées, montrant ces architectures dévastées ou branlantes que l'on appelle euphémiquement de beaux restes. L. Daudet, Fantômes et vivants,1914, p. 44.
Au fig. :
11. − Orgueil, confiance, reprit Lélia, ce sont deux mots différents pour exprimer la même idée; ce sont deux manières diverses d'envisager le même sentiment. De quelque nom que vous l'appelliez, il est le complément de notre organisation et comme la clef de voûte de notre architecture intellectuelle. G. Sand, Lélia,1833, p. 168.
12. Sous ce rapport, l'Est ainsi que l'Ouest sont poussés dans les voies de l'impérialisme, par le désajustement des formes de l'économie réelle et des formes de l'architecture politique et juridique des nations. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 588.
En partic., dans le domaine des arts (litt., mus., peint.) :
13. Le fond psychique imprègne la forme. Et le miracle de cet art est que la forme est adéquate au sentiment. Je tâcherai de le faire voir et toucher dans mes analyses de quelques œuvres, et particulièrement de l'op. 106. Si grandiose qu'en soit l'architecture, la solution des problèmes de construction ne serait qu'un jeu de techniciens et d'esthètes, si, sous ces lignes et ces volumes solidement arrêtés et agencés, le flux de la vie intérieure la plus profonde et la plus libre ne réussissait à se couler, − si l'architecture musicale n'était l'étoffe qui recouvre, en s'y appliquant exactement, une âme vivante, dont les problèmes sont un jeu bien autrement grandiose. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 26.
14. Quoi qu'il en soit, notre langue, rebelle aux formations des mots composés, aux facilités d'accord, au placement arbitraire des mots dans la phrase (...) est justement fameuse pour la clarté de sa structure, qui (...) fit concevoir et réaliser tant des chefs-d'œuvre d'organisation verbale, des pages d'une perfection d'architecture... Valéry, Regards sur le monde actuel,1931, p. 183.
15. L'espace fictif de la profondeur créée par la perspective peut encore venir se combiner avec celui de la surface peinte. Les lignes se liront à la fois dans l'éloignement dont elles créent l'illusion et où elles semblent courir vers l'horizon, et dans le plan de la peinture, dont elles édifient l'architecture plastique. Trompe-l'œil et composition, au lieu de se contrecarrer, viennent alors collaborer. C'est là un procédé dont le plus illustre exemple reste La Cène de Léonard de Vinci : le point de fuite coïncide avec le sujet principal, qui est la tête du Christ; ... Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 215.
2. Ensemble structuré, organisé, construction :
16. ... les rochers, bâtis pêle-mêle, composent un monument monstre; nulle logique, un vaste équilibre. C'est plus que de la solidité, c'est de l'éternité. En même temps, c'est le désordre. Le tumulte de la vague semble avoir passé dans le granit. Un écueil, c'est de la tempête pétrifiée. Rien de plus émouvant pour l'esprit que cette farouche architecture, toujours croulante, toujours debout. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 277.
Au fig. :
17. Les grandes architectures de la pensée ne voient pas un type nouveau s'ajouter à elles, quand même la masse des matériaux et le nombre des ouvriers s'augmentent indéfiniment. − En se mettant au courant des recherches, on se sent gonflé de faits, mais affamé d'idées. Amiel, Journal intime,1866, p. 282.
18. Il est bien entendu que l'Europe sans épithète est plus vaste que l'Europe des six, que des formules heureusement expérimentales d'unification valent mieux que les architectures abstraites, que l'Europe n'est pas un lieu mais une tâche, qu'elle n'est point un territoire mais une combinaison de grandes fonctions, (...) Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 398.
Spéc., FRANC-MAÇONN. Morceau, pièce d'architecture. Discours. Livre d'architecture. ,,Registre qui contient les procès-verbaux d'une loge, (...).`` (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1867, p. 281) :
19. Le bénédictin Pernetty, fondateur de la loge illuminée du faubourg Saint-Jacques, nous dicta et nous fit adopter les termes de la sommation qu'envoya le Grand-Orient, sous la signature de Philippe, duc d'Orléans, grand maître de l'ordre, aux souverains d'Allemagne et à l'empereur Joseph II. Ce despote, effrayé de nos mouvements révolutionnaires, venait d'interdire la maçonnerie dans ses états. Le morceau d'architecture du bénédiction ordonnait, dans un style excellent, aux monarques initiés (et ils l'étaient presque tous) de se confédérer pour défendre les principes de notre Assemblée Nationale. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 346.
Rem. 1. Le terme est employé, tant sur le plan concr. que sur le plan abstr., dans des cas très divers où il y a agencement, combinaison de différentes parties pour former un tout, un ensemble homogène, organisé (ou paraissant l'être) selon une certaine structure, un certain plan. 2. Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. et Quillet 1965 mentionnent le subst. rare et vieilli, architecturiste. Peintre spécialisé dans les sujets d'architecture.
PRONONC. ET ORTH. : [aʀ ʃitεkty:ʀ]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit architectûre. Architecturiste. Dernière transcription ds Littré : ar-chi-tè-ktu-ri-st'.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xves. Archisseture « art de construire des édifices » (Chron. et hist. saint. et prof., Ars. 3515, fo155 vods Gdf. Compl.); 1504 architecture (J. Le Maire de Belges, La Couronne Margaritique ds Œuvres, éd. Stecher t. 4, p. 166, Louvain 1891 : D'architecture, et de peinture ensemble Tu te meslas par tel vsage et style, Que ton engin plus haut qu'humain ressemble); 2. 1596 « mode de construction » (Est. Pasquier, Recherches de la France, III, 38 ds Dict. hist. Ac. fr. : La Sainte-Chapelle de Paris fut bastie par le roy saint Louys d'une architecture admirable, telle que nous pouvons voir); 3. 1636 « édifice, monument d'architecture » (Monet, Inventaire des deux langues, françoise et lat.); 4. av. 1560 p. ext. « structure, forme » (J. Du Bellay, Sonnet ds Dict. hist. Ac. fr.); av. 1704 architecture (du corps humain) (Bossuet, De la Connoissance de Dieu et de soi-même c. 2, no7, ibid.). Empr. au lat. architectura « art de construire » (dep. Cicéron, Off., 1, 151 ds TLL s.v., 464, 74), Vitruve, 1, 2, 1, ibid., 464, 80; cf. ital. architettura « id. » attesté au sens 1 dep. la 1remoitié du xvies. (Berni [1497-8-1535] 168 ds Batt.) et au sens 2 dep. le 1erquart xvies. (Arioste, Roland Fur. [1616-21] 3-7 ds Batt.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 411. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 332, b) 1 635; xxes. : a) 1 399, b) 2 293.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bal.-Maq. 1968. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Cagnon (M.), Smith (S.). Le Vocab. de l'archit. en France de 1500 à 1550. Cah. Lexicol. 1971, no18, p. 99. − Chabat 1881. − Éd. 1913. − Galiana Déc. sc. 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Laborde 1872. − Lacr. 1963. − Lar. mén. 1926. − Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, p. 35. − Marcel 1938. − Noël 1968. − Pope 1961 [1952], § 57. − Viollet 1875. − Will. 1831.

ARCHITECTURER, verbe trans.

ARCHITECTURER, verbe trans.
Vx, inus. Construire.
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e(qui limitent son emploi au style burlesque) et Nouv. Lar. ill.
P. ext., mod. [Le compl. désigne le plus souvent une œuvre littér. ou artistique; il peut désigner une œuvre soc. ou pol., etc.] Construire, agencer quelque chose comme un tout organisé; donner un caractère architectural à quelque chose :
1. ... Daudet s'ouvre, se répand, et conte le roman qu'il fait actuellement (...). Dans ce qu'il conte, en marchant, en jetant des bouffées de sa petite pipe brûlée, ça me paraît très bien arrangé, très bien architecturé, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1883, p. 267.
2. ... cette fugue est solidement architecturée, en trois parties, en sorte qu'elle forme, dans la construction générale, un corps de bâtiment, qui a son achèvement en soi. Qu'exprime-t-il? − Rien autre, à mon sens, que le jeu constructeur. Les éléments de la pensée, qui sont repris à la première partie du morceau, elle-même thématiquement apparentée au premier Allegretto de la sonate, sont maintenant dépouillés de leur caractère de rêve, ou tendre, ou triste; ils sont mis au service de l'architecte qui manifeste, en les ordonnant selon un rythme clair, gai et raisonné, sa joie de créer. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 136.
3. [Poèmes] (...) le musicien donne au mot qui domine le rôle de pont, de tenue, de rentrée mélodique. Il architecture donc sa ligne vocale en lui trouvant une prosodie vocale qui lui permette d'atteindre à cet effet. G. Migot, Lex. de quelques termes utilisés en mus.,1935, p. 124.
Emploi pronom., rare. S'architecturer.[Le suj. désigne une chose concr.] S'agencer de manière architecturale :
4. Sur les coteaux d'en face, des apparences presque consistantes, des fantaisies de constructions, ainsi que les bâtit le caprice des nuages, se dessinent et s'architecturent à chaque éclatement d'obus. Je vois longtemps, détachée sur la verdure d'un petit bois, une blanche grotte de stalactites. E. et J. de Goncourt, Journal,1870, p. 646.
Rem. 1reattest. 1820 (Lav.); dér. de architecture*, dés. -er.
PRONONC. : [aʀ ʃitεktyʀe].
STAT. − Fréq. abs. littér. : 7.
BBG. − Rheims 1969.

ARCHITECTURÉ, ÉE, part. passé et adj.

ARCHITECTURÉ, ÉE, part. passé et adj.
A.− Part. passé de architecturer*.
B.− Adj. [En parlant des choses de la nature] Qui présente par sa nature même, un caractère architectural :
1. Disons-le, dans ce goût de jardinage où se mêle un peu de bibeloterie, l'arbuste élégamment branché, joliment architecturé, coquettement tacheté, devient une espèce d'objet d'art... E. de Goncourt, La Maison d'un artiste,1881, p. 374.
2. ... il [un peuple d'oliviers] ne développe pas l'enlacement de ses monstrueux serpents, de ses individus noués, proliférant dans une terre façonnée en amphithéâtre, architecturée... A. Arnoux, Rhône, mon fleuve,1944, p. 219.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·