ANIMOSITÉ, subst. fém.

ANIMOSITÉ, subst. fém.
Manifestation d'un sentiment vif et parfois durable de malveillance systématique :
1. Quant à l'autre objet et pâture de son animosité active, il y arriva vite (...) comme je l'écoutais sans objection, il m'en savait gré, et l'ombre jalouse que j'avais cru voir d'abord à sa face se dissipait en éclair d'amitié, tandis qu'ainsi il m'entretenait de sa haine. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 242.
2. Il est rare qu'une œuvre d'art soulève quelque animosité sans exciter d'autre part quelque sympathie et si, longtemps après ces manifestations diverses du blâme et de la bienveillance, l'auteur, mûri par la réflexion et par les années, veut retoucher son œuvre, il court le risque de déplaire également à ceux qui l'ont condamnée et à ceux qui l'ont défendue : ... G. Sand, Lélia,1839, p. 349.
3. ... ça me paraît un temps où l'usine où je travaille est fermée. Plus de publications de livres, plus de critique dans les journaux; et si par hasard, il est parlé de votre personne, c'est fait sans application, sans passion, sans animosité. E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 310.
4. Oui, mon cher, l'amour nous paraissant trop fade, nous avons pris le parti de nous haïr. À vrai dire, ça a commencé bien avant; oui, dès notre embarquement; d'abord, ce n'était que de l'irritation, une sourde animosité qui n'empêchait pas les corps à corps. Avec le beau temps, c'est devenu féroce. Ah! Je sais à présent ce que c'est que d'éprouver de la passion pour quelqu'un ... Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1194.
5. Heureux xviiiesiècle, où la guerre n'engendrait pas de haine durable, où le poison des animosités nationales n'était pas inoculé et exaspéré à plaisir par tous les moyens dont aujourd'hui l'état dispose, y compris l'école. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 255.
SYNT. Regard chargé d'animosité; animosité profonde, croissante, réciproque; vive, forte, sourde, vieille animosité; avoir de l'animosité contre, pour qqn; nourrir une animosité contre qqn; inspirer, montrer, témoigner de l'animosité à qqn; garder, conserver de l'animosité contre, pour qqn.
En partic. Emportement violent dans une discussion, une polémique, un affrontement. Mettre de l'animosité dans qqc.; avec, sans animosité :
6. Saladin frémit de tant d'arrogance, et se précipite dans l'arêne. Les voilà aux mains : jamais tant d'animosité et de rage n'enflammèrent deux ennemis; la pointe émoussée de leur glaive sert mal leur ressentiment, et, à son défaut, ils voudroient que la violence des coups remplaçât le mal qu'elle ne peut faire. Tous les spectateurs sont émus; ils regardent en silence cette lutte terrible; ... MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 178.
7. ... « il n'a en tout cas pas compris que c'était là une condition sine qua non, dit-il enfin. − Je suppose qu'il a compris ce qu'il voulait comprendre, dit Trarieux avec une pointe d'animosité. Écoutez, dit-il d'un ton conciliant, pourquoi ma proposition vous semble-t-elle tellement inacceptable? Vous vous êtes irrité parce que vous vous êtes cru victime d'une manœuvre malhonnête; ... » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 237.
Par figure étymol. [Subst. corresp. à animé] Grande vivacité :
8. Mais ils sont encore quelques-uns, quelques-unes [des acteurs] que l'on a envie d'applaudir avec une sorte d'animosité affectueuse ... Colette, La Jumelle noire,1938, p. 44.
PRONONC. : [animozite]. Harrap's 1963 est le seul à transcrire la 3esyllabe avec [ɔ] ouvert. Passy 1914 transcrit cette syllabe mi-longue : animo:zite. − Rem. Fér. 1768 fait observer que la 3esyllabe est longue : animôsité. Fér. Crit. t. 1 1787 ne retient pas cette durée. Enq. : /animozite/.
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1382 « ardeur, âpreté » (Oresme, Thèse de Meunier ds Gdf. : Pleins de animosité ou hardiece. Sans animosité ou sans grant courage). Empr. au lat. chrét. animositas « inimitié » (St Augustin, Serm., 285, 6 ds Blaise), lui-même issu du lat. impérial (ives.) au sens de « ardeur passionnée, impétuosité » (Macrobe, Ammien Marcellin ds TLL s.v., 88, 13 et 21).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 169.
BBG. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Noter-Léc. 1912.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·